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Benoît XVI : la nature de la Résurrection et sa
signification historique
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Le 21 février 2023 -
(E.S.M.)
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À partir de tous ces renseignements bibliques, s'interroge Benoît
XVI, que pouvons-nous
véritablement dire maintenant sur la nature particulière de la
Résurrection du Christ ?
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Le Christ Miséricordieux -
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3. Résumé : la nature de la Résurrection et sa signification historique
Demandons-nous maintenant, s'interroge Benoît XVI,
encore une fois, de façon résumée, de quel genre a été la rencontre avec le
Seigneur ressuscité. Les distinctions suivantes sont importantes :
• Jésus n'est pas quelqu'un qui est revenu à la vie
biologique ordinaire et qui par la suite, selon les lois de la biologie,
devait un jour ou l'autre mourir de nouveau.
• Jésus n'est pas un fantôme (un « esprit »). Cela veut dire
qu'il n'est pas quelqu'un qui, en réalité, appartient au monde des morts,
même s'il lui est possible de se manifester de quelque manière dans le monde
de la vie.
• Les rencontres avec le Ressuscité sont pourtant quelque
chose qui diffère aussi des expériences mystiques, dans lesquelles l'esprit
humain est un moment soulevé au-dessus de lui-même et où il perçoit le monde
du divin et de l'éternel, pour revenir ensuite à l'horizon normal de son
existence. L'expérience mystique est un dépassement momentané du domaine de
l'âme et de ses facultés perceptives. Mais ce n'est pas une rencontre avec
une personne qui, de l'extérieur s'approche de moi. Paul a très clairement
fait la distinction entre ses expériences mystiques - comme par exemple son
élévation jusqu'au troisième ciel décrite en 2 Corinthiens 12,1-4 -
et sa rencontre avec le Ressuscité sur le chemin de Damas, qui était un
événement dans l'histoire, une rencontre avec une personne vivante.
À partir de tous ces renseignements
bibliques, que pouvons-nous véritablement dire maintenant sur la nature
particulière de la Résurrection du Christ ?
C'est un événement qui fait partie de l'histoire et qui,
pourtant, fait éclater le domaine de l'histoire et va au-delà de celle-ci.
Nous pourrions peut-être utiliser ici un langage analogique qui, sous de
multiples aspects demeure inadéquat, mais qui peut toutefois nous ouvrir un
accès à la compréhension. Nous pourrions (comme nous l'avons déjà fait
auparavant dans la première section de ce chapitre) considérer la
Résurrection comme quasiment une sorte de saut qualitatif radical par lequel
s'ouvre une nouvelle dimension de la vie, de l'être homme.
Bien plus, la matière elle-même est transformée en un nouveau
genre de réalité. Désormais, avec son propre corps
lui-même, l'homme Jésus appartient aussi et totalement à la sphère du divin
et de l'éternel. À partir de ce moment - dit un jour Tertullien -, «
l'esprit et le sang » ont leur place en Dieu (cf. De resurrect. mort.
51,3: CC lat. II 994). Même si l'homme, selon sa nature, est créé
pour l'immortalité, le lieu où son âme immortelle trouve un « espace »
n'existe que maintenant, et c'est dans cette « corporéité » que
l'immortalité acquiert sa signification en tant que communion avec Dieu et
avec l'humanité tout entière réconciliée. Les Lettres de Paul
adressées depuis sa captivité aux Colossiens (cf. 1,12-23) et aux
Éphésiens (cf. 1,3-23) entendent cela quand elles
parlent du corps cosmique du Christ,
indiquant par là que le corps transformé du Christ est aussi le lieu où les
hommes entrent dans la communion avec Dieu et entre eux et peuvent ainsi
vivre définitivement dans la plénitude de la vie indestructible.
Étant donné que nous-mêmes n'avons aucune expérience de ce genre renouvelé
et transformé de matérialité et de vie, nous ne devons pas être étonnés du
fait que cela dépasse complètement ce que nous pouvons imaginer.
L'essentiel est le fait que, dans la
Résurrection de Jésus, il n'y a pas eu la revitalisation d'un mort
quelconque à un moment quelconque, mais que, dans la Résurrection, un saut
ontologique a été réalisé. Ce saut concerne l'être en tant que tel et ainsi
a été inaugurée une dimension qui nous intéresse tous et qui a créé pour
nous tous un nouveau milieu de vie, de l'être avec Dieu.
Partant de là, il nous faut aussi affronter la question
concernant la Résurrection en tant qu'événement historique. D'un côté, nous
devons dire que l'essence de la Résurrection se trouve justement dans le
fait qu'elle brise l'histoire et qu'elle inaugure une nouvelle dimension que
nous appelons communément la dimension eschatologique. La Résurrection fait
entrevoir l'espace nouveau qui ouvre l'histoire au-delà d'elle-même et crée
le définitif. En ce sens, il est vrai que la Résurrection n'est pas un
événement historique du même genre que la naissance ou le crucifiement de
Jésus. C'est quelque chose de nouveau. Un genre nouveau d'événement.
Il faut pourtant, en même temps, prendre acte du fait que
celle-ci n'est pas simplement hors de l'histoire et au-dessus d'elle. En
tant qu'éruption hors de l'histoire en la dépassant, la Résurrection
commence toutefois dans l'histoire elle-même et elle lui appartient jusqu'à
un certain point. On pourrait peut-être exprimer cela de cette manière :
la Résurrection de Jésus va au-delà de l'histoire,
mais elle a laissé son empreinte dans l'histoire. C'est pourquoi elle peut
être attestée par les témoins comme un événement d'une qualité entièrement
nouvelle.
De fait, l'annonce apostolique avec son enthousiasme et son
audace est impensable sans un contact réel des témoins avec le phénomène
totalement nouveau et inattendu qui les atteignait de l'extérieur et
consistait dans la manifestation et l'annonce du Christ ressuscité. Seul un
événement réel d'une qualité radicalement nouvelle était en mesure de rendre
possible l'annonce apostolique, qui ne peut être expliquée par des
spéculations ou des expériences intérieures mystiques.
Dans son audace et sa nouveauté, cette annonce prend vie de la force
impétueuse d'un événement que personne n'avait pu concevoir et qui dépassait
toute imagination.
En fin de compte, cependant, pour nous tous, demeure la
question que Judas posa à Jésus au Cénacle : « Seigneur, comment se fait-il
que tu doives te manifester à nous et non pas au monde ? » (Jn
14,22). Oui, pourquoi ne t'es-tu pas opposé avec force à tes ennemis qui
t'ont mis en Croix ? - c'est ce que nous voudrions demander. Pourquoi ne
leur as-tu pas montré avec une vigueur irréfutable que tu es le Vivant, le
Seigneur de la vie et de la mort ? Pourquoi t'es-tu manifesté seulement à un
petit groupe de disciples au témoignage desquels nous devons maintenant nous
fier ?
Cette question concerne toutefois, non seulement la
Résurrection, mais le mode tout entier par lequel Dieu se révèle au monde.
Pourquoi seulement à Abraham -pourquoi pas aux puissants de ce monde?
Pourquoi seulement à Israël et non pas de manière indiscutable à tous les
peuples de la terre ?
C'est bien le propre du mystère de Dieu d'agir de manière
humble. C'est seulement petit à petit qu'il construit dans la grande
histoire de l'humanité son histoire. Il se fait homme mais d'une telle
manière qu'il peut être ignoré de ses contemporains, des forces autorisées
de l'histoire. Il souffre et il meurt et, comme Ressuscité,
il ne veut atteindre l'humanité qu'à travers la foi
des siens auxquels il se manifeste.
Continuellement, il frappe humblement aux portes de nos cœurs et, si nous
lui ouvrons, lentement il nous rend capables de «
voir ».
Et pourtant, n'est-ce pas là justement
le style du divin ? Ne pas écraser par la
puissance extérieure, mais donner la liberté, donner et susciter l'amour.
Et ce qui apparemment est si petit n'est-ce pas - à y bien réfléchir - la
chose vraiment grande ? Est-ce qu'il n'émane pas de Jésus un rayon de
lumière qui s'élargit au long des siècles, un rayon qui ne pouvait pas
provenir de n'importe quel simple être humain, un rayon par lequel la
splendeur de la lumière de Dieu entre véritablement dans le monde ? Est-ce
que l'annonce des apôtres aurait pu trouver la foi et construire une
communauté universelle, si la force de la vérité n'avait pas été à l'œuvre
en elle ?
Si nous écoutons les témoins avec un cœur attentif et si nous
nous ouvrons aux signes par lesquels le Seigneur les accrédite toujours de
manière nouvelle, ainsi que lui-même, alors nous savons : il est vraiment
ressuscité. Il est le Vivant.
Nous nous confions à lui et nous savons que nous sommes sur
la bonne voie. Avec Thomas, mettons nos mains sur le côté transpercé de
Jésus et confessons : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jn 20.28).
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Dévotion au Christ Miséricordieux
Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 21.02.2023
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