Homélie du Cardinal André Vingt-Trois
à l’occasion de la messe des Étudiants |
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Le 20 novembre 2008 -
(E.S.M.)
- Homélie du Cardinal André Vingt-Trois
à l’occasion de la messe des Étudiants d’Ile de France, en la
Cathédrale Notre-Dame de Paris - mardi 18
novembre 2008
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Le cardinal
Vingt-Trois -
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Homélie du Cardinal André Vingt-Trois à l’occasion de la messe des Étudiants
Ac 28, 11.31 ;
Ps 97 (98) ;
Mt 14, 22-33
Chers amis,
Le passage du Livre des Actes des Apôtres que nous avons entendu, évoque
discrètement la dernière étape de la vie de Paul lorsqu’il arrive à Rome
comme prisonnier.
Paul est citoyen romain, et il a demandé à être déféré au jugement de
l’empereur. On le conduit donc à Rome.
En attendant le jugement, il est autorisé à rester dans un logement
qu’il a loué et où chacun peut venir le visiter et recevoir sa parole.
Vous avez sans doute remarqué la conclusion de ce passage, « Il
annonçait le règne de Dieu et il enseignait ce qui concerne le Christ
avec une assurance totale et sans rencontrer aucun obstacle ».
Aujourd’hui, dans deux circonstances très différentes, j’ai rencontré
deux personnes d’une quarantaine d’années et engagées dans une vie
professionnelle.
Toutes les deux faisaient part de la difficulté qu’elles avaient, non
seulement à annoncer le règne de Dieu ou à enseigner ce qui concerne le
Seigneur Jésus-Christ, mais même simplement à se déclarer chrétiennes.
Elles rencontraient apparemment des obstacles, et en tous cas elles
n’avaient pas une assurance totale.
Ce contraste entre l’assurance totale de l’apôtre Paul prisonnier décrit
par les Actes des apôtres et les inquiétudes de ces deux chrétiennes
immergées par leur vie professionnelle dans un milieu complètement
séculier, me semble évocateur de ce que nous connaissons tous d’une
façon ou d’une autre.
Quand je dis tous, je veux parler de toutes celles et de tous ceux qui
essayent tout simplement d’être chrétiens et de
vivre fidèlement la Parole du Christ dans un univers qui n’a pas été
conçu pour respecter les commandements de Dieu et les orientations
données par le Christ dans l’Évangile.
D’un côté, nous sommes habités par une certaine assurance.
D’abord, nous savons qu’il ne s’agit pas simplement d’une question
d’opinion dans laquelle on dirait : « Moi je pense cela, toi tu penses
cela. Nous sommes en régime de liberté et de tolérance donc chacun peut
penser ce qu’il veut… »
Car la vérité ne peut pas être à la fois blanche et noire. Et si nous
pensons différemment d’un autre, il faut bien que, au moins pour
nous-mêmes, dans notre esprit, nous tranchions.
De plus, nous avons le sentiment que notre parole n’est pas seulement
notre opinion, mais qu’elle porte ce que Dieu veut révéler aux hommes.
L’annonce du règne de Dieu, c’est le témoignage de ce que Dieu désire
réaliser avec les hommes à travers le temps et l’espace.
Le désir d’amour de Dieu embrasse et veut atteindre aujourd’hui encore,
tous les garçons, les filles, les hommes et les femmes avec lesquels
nous vivons.
Mais en même temps que nous sommes habités par cette certitude et
cette assurance, nous sommes traversés par la crainte et l’inquiétude à
cause de notre faiblesse. Comme nous le voyons dans l’évangile qui
vient d’être lu, le plus difficile dans la mission de témoins de la foi,
n’est pas de sauter de la barque – tout le monde peut le faire - mais de
tenir sur les eaux. Il est facile d’être habité par un sentiment
généreux qui nous fait dire : « Moi aussi je vais faire quelque chose ».
Mais comment tenir au moment où le vent se lève, où l’on s’aperçoit que
l’on s’appuie sur un sol qui n’est pas solide mais liquide, où l’on
réalise que les choses ne vont peut-être pas se passer comme prévu ? Et
l’Évangile nous dit : « Il eut peur » : Pierre eut peur, et comme il
commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ».
Être appelé à devenir témoin du Christ, ne revient pas à faire des
choses extraordinaires que les autres ne seraient pas capables de faire,
ni à réussir le tour formidable de marcher sur les eaux.
Être appelé à devenir témoin du Christ, c’est vivre de la foi et croire
que c’est le Christ lui-même qui nous fait tenir debout, et pas notre
habileté ou un sortilège. Jésus lui dit : « Viens ».
Et sur cette parole Pierre descend de la barque et marche sur les eaux.
Chaque jour nous marchons sur les eaux, nous sommes attirés ou poussés
par la Parole du Christ, si nous voulons bien l’écouter et la méditer
dans la prière.
Chaque jour elle nous entraîne à aller vers les autres et à partager le
trésor que nous avons reçu. Mais chaque jour aussi, nous sentons le vent
qui se lève, nos genoux qui fléchissent et nos pieds qui s’enfoncent.
Et la vraie question est de savoir ce que l’on fait alors : crier «
c’est un fantôme » et regagner la barque ou la terre ferme vite fait, ou
bien se tourner vers Jésus et l’appeler : « Seigneur sauve-moi ? »
Essayer de vivre en chrétien, tenter de partager la joie d’être
chrétien avec ceux et celles qui nous entourent, c’est s’engager dans
cette épreuve de la foi.
Par nous-mêmes nous ne pouvons pas marcher sur les eaux ni braver la
tempête. Par nous-mêmes nous ne pouvons que nous enfoncer. Mais au
moment où nous éprouvons cette faiblesse, nous prenons conscience que la
vie chrétienne n’est pas simplement un programme humaine de générosité,
mais qu’elle requiert un acte de foi : « Seigneur sauve-moi ! »
« Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba, alors
ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui et lui
dirent : ‘Vraiment tu es le Fils de Dieu’ ».
Si nous reconnaissons en Jésus le Fils de Dieu, ce n’est pas simplement
parce qu’il est capable de nous faire marcher sur les eaux, mais parce
qu’il peut susciter la foi en nos cœur(s), parce qu’il nous entraîne à
surmonter nos faiblesses, nos craintes, nos timidités et notre respect
humain ; parce qu’il nous pousse pour que vraiment nous l’annoncions.
Les temps que nous vivons sont des temps propices parce que chacun
d’entre-nous, sans avoir à faire le moindre effort, ni la moindre
recherche, est chaque jour au contact d’hommes et de femmes qui
attendent l’espérance.
Chaque jour nous rencontrons des personnes qui ignorent que Dieu les
aime, que cet amour de Dieu peut transformer leur vie, que le Christ
n’est pas un fantôme mais quelqu’un de bien réel qui peut les faire
marcher non seulement sur l’eau, mais encore tout au long de leur vie.
Pour nous, nous le savons, nous en vivons ou essayons d’en vivre. Mais
qu’en faisons-nous paraître ?
Qu’en proposons-nous à découvrir ? Sans même parler d’annoncer ou de
provoquer, que laissons-nous voir de ce que l’amour de Dieu produit en
nous ?
Devant ces deux géants de la foi que sont Paul et Pierre, je vous
propose simplement qu’avec beaucoup de disponibilité nous nous
remettions devant le Seigneur et que nous reprenions dans notre cœur la
parole de Pierre : « Seigneur, si c’est bien toi ordonne-moi de venir
vers toi sur l’eau », et alors nous irons vers lui en allant vers
nos frères.
Qu’il augmente en nous la foi, car nous avons peu de foi. Qu’il fasse
croître en nous la confiance, car nous manquons d’assurance. Qu’il fasse
grandir en nous la joie pour que notre présence soit un signe. Amen.
+André cardinal Vingt-Trois, archevêque
de Paris
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Sources : catholique-paris
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
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20.11.2008 -
T/Jeunes
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