Benoît XVI au Royaume-Uni : Et
finalement l’Angleterre l’a aimé ! |
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Le 20 septembre 2010
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(E.S.M.)
- En vingt quatre heures Benoît XVI a laissé dans l’air de
Westminster Hall
un autre
discours pour
l’histoire, dans
la foulée de
ceux qu’il a
prononcés à
Ratisbonne, à
l’Université de
La Sapienza, aux
Bernardins à
Paris.
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Le pape Benoît XVI -
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Benoît XVI au Royaume-Uni : Et
finalement l’Angleterre l’a aimé
Le 20 septembre 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
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Il suffit du silence intense et chargé d’espérance de plus de cent mille
personnes devant le Saint Sacrement exposé à Hyde Park pour expliquer le
cœur de ce voyage émouvant. Le Pape avait parcouru des kilomètres, entouré
d’une multitude de gens qui le saluait dans les rues. À cette heure là
c’était déjà un fait que l’Angleterre l’avait adopté: ses hommes de culture,
ses politiques, jusqu’aux plus intraitables médias, mais surtout le peuple.
Mais lui il ne cherche ni les flatteries, ni les compromis, il continue à
aller de l’avant avec ce mélange d’exigence et de mansuétude, d’intelligence
et de cœur.
Il veut communiquer à cette multitude assoiffée que la Vérité, ce n’est pas
un concept abstrait, ce n’est pas le terme d’un processus intellectuel
complexe, mais c’est la personne du Christ que l’on peut rencontrer et aimer
dans la vie de l’Église, et qui nous permet d’atteindre notre “liberté
ultime et l’accomplissement de nos aspirations humaines les plus profondes”.
Et quand cette Vérité est embrassée, quand elle donne forme à notre vie,
elle ne peut pas être cachée mais elle demande à être communiquée, même si
c’est au prix fort. Pour la vivre à ciel ouvert certains peuvent être «
exclus, ridiculisés ou parodiés », mais le chrétien ne peut se
soustraire à cette mission.
Maintenant, il est arrivé au centre de gravité de cette visite, et il parle
de la mission prophétique de tout chrétien au milieu d’un monde plein de
bruit et de confusion, d’angoisses et de mirages. Comme si la figure du
grand John Henry Newman se rappelait avec un réalisme inespéré sur le fond
de notre actualité, Benoît XVI décrit un temps de crise et de trouble dans
lequel les chrétiens “ne peuvent se permettre le luxe de continuer comme
s’il ne se passait rien, en faisant abstraction de la profonde crise de foi
qui imprègne notre société ou en s’en remettant simplement au patrimoine de
valeurs transmis durant des siècles pour qu’il continue à inspirer et
configurer le futur de notre société."
À chacun et spécialement aux jeunes qui l’ont suivi avec enthousiasme depuis
le début de son voyage, le Pape encourage à irradier la lumière du Christ
pour « changer le monde et travailler à la culture de la vie, une culture
forgée par l’amour et le respect de la dignité de chaque personne humaine ».
L’intensité de l’écoute impressionne de même que le regard intense et chargé
d’attente de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants avec des bougies
allumées dans une douce nuit durant laquelle le Successeur de Pierre
renouvelle sa mission : il confirme dans la foi ses frères, fait paître son
troupeau.
C’est vrai qu’à ce moment précis nous touchons le cœur de cette visite, la
pertinence de la foi chrétienne en ce XXIème siècle qui a déjà fait ses
premiers pas.
Mais en vingt quatre heures Benoît XVI a laissé dans l’air de Westminster
Hall un autre discours pour l’histoire, dans la foulée de ceux qu’il a
prononcés à Ratisbonne, à l’Université de La Sapienza (en réalité non
prononcé, mais écrit), aux Bernardins à Paris. Sa voix a été un écho de
celle qui a résonné il y a cinq cents ans dans la même salle, dans la bouche
du grand Thomas More, et on s’interroge de nouveau sur la place de la foi
dans le processus politique. Devant les grands du Royaume Uni, le Pape
indique que « chaque génération doit poser de nouveau quelles exigences
les gouvernements peuvent imposer aux citoyens de manière raisonnable et au
nom de quelle autorité peuvent se résoudre les dilemmes moraux ». Et
ensuite il vise le cœur du problème : « si les principes éthiques qui
soutiennent le processus démocratique ne se régissent par rien de plus
solides que le simple consensus social, alors ce processus se présente
évidemment fragile ». C’est là que réside le véritable défi pour la
démocratie.
Nous pouvons ressentir une certaine émotion en pensant que c’est l’Évêque de
Rome, celui qui parle en ce moment, en ayant en mémoire l’homme qui fut bon serviteur du Roi, mais d’abord de Dieu (ndt en référence à Thomas More
et son the King's good servant-but God's first). Benoît dit à son imposant
auditoire que le rôle de la religion dans le débat politique ce n’est pas de
fournir les normes et moins encore de proposer des solutions concrètes, mais
bien d’aider à purifier et à illuminer l’application de la raison à la
découverte des principes moraux objectifs. Et il trace un chemin à double
sens : la religion requiert le rôle purificateur et structurant de la
raison, la raison peut être aussi prisonnière de distorsions comme l’ont
montré les idéologies totalitaires du XXème siècle. « Pour cela je désire
indiquer que le monde de la raison et le monde de la foi…ont besoin l’un de
l’autre et nous ne devrions pas avoir peur d’entamer un dialogue profond et
continu pour le bien de notre civilisation ».
À partir de cette proposition positive, le Pape n’a pas peur d’attaquer le
laïcisme agressif qui essaie d’expulser la religion (spécialement le
christianisme) de la cité (ndt l’auteur a employé directement le terme grec
latinisé : polis, πόλις), ou qui prétend imposer aux croyants l’obligation
de faire abstraction de ses convictions au moment d’intervenir dans le débat
public). C’est en lui-même un échec social, en plus d’une injustice et un
appauvrissement pour tous. Pour cela il lance l’invitation à la promotion du
dialogue entre la foi et la raison dans tous les domaines de la vie de la
nation. Un impressionnant discours qui ouvre des chemins d’avenir pour une
des questions les plus vitales de nos démocraties dans ce siècle.
Nous devons conclure à Birmingham, au cœur de l’Angleterre, où Newman a vécu
comme prêtre catholique et où reposent ses restes. Devant soixante-dix mille
personnes, Benoît XVI a reparle du Newman moderne et ancré dans la
Tradition, de l’homme de conscience, de droiture et de mansuétude, de
l’homme qui avec l’expérience vivante de la foi (raison et cœur) n’a jamais
cessé d’affronter « les questions du jour ». Mais aussi le pasteur
des âmes qui passait son temps à s’occuper de ceux qui cherchaient, des
pauvres et de ceux qui souffraient de la solitude ou de la douleur physique.
Et il a fait sienne une phrase du nouveau Béatifié qui est tout un programme
: « je veux un laïcat qui ne soit ni arrogant, ni imprudent au moment de
parler, ni non plus fauteur de troubles, mais des hommes qui connaissent
bien leur religion, qui approfondissement en elle, qui sachent bien où ils
sont, qui sachent ce qu’ils ont et ce qu’ils n’ont pas, que connaissent leur
credo à un point tel qu’ils puissent en rendre compte, qu’ils connaissent si
bien l’histoire qu’ils puissent la défendre ».
Merci, votre Sainteté, pour ce voyage.
Toutes les photos du voyage
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Le programme et les textes du voyage de Benoît XVI
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Sources : Benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 20.09.2010 -
T/Benoît XVI
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