Benoît XVI souligne la "culture du
volontariat" très marquée en Autriche |
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Cité du Vatican, le 20 septembre 2007 -
(E.S.M.) -
Lorsqu'une personne ne fait pas seulement son devoir dans la profession
et dans la famille mais qu'elle s'engage également pour les autres, en
mettant son temps précieux au service de l'homme et de sa dignité, son
cœur s'élargit. Ce sont les paroles du pape Benoît XVI s'adressant au
monde du volontariat à Vienne.
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Le pape Benoît XVI -
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Benoît XVI souligne la "culture du volontariat" très marquée en Autriche
VOYAGE APOSTOLIQUE
DU PAPE BENOÎT XVI
EN AUTRICHE
À L'OCCASION DU 850 ANNIVERSAIRE
DE LA FONDATION DU SANCTUAIRE DE MARIAZELL
RENCONTRE AVEC LE MONDE DU VOLONTARIAT
DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
Wiener Konzerthaus, Vienne
Monsieur le Président fédéral,
Mgr l'Archevêque Kothgasser,
chers collaborateurs et collaboratrices volontaires et honoraires des divers
Organismes d'assistance en Autriche,
Mesdames et Messieurs,
et surtout chers jeunes amis!
J'ai attendu avec une joie particulière cette rencontre avec vous, qui a
lieu presque au terme de ma visite en Autriche. Et naturellement, s'ajoute
également la joie d'avoir pu écouter non seulement une merveilleuse
interprétation de Mozart, mais de façon inattendue également les "Wiener Sängerknaben". Je vous remercie de tout cœur! Il est beau de rencontrer des
personnes qui, dans notre société, s'efforcent de donner un visage au
message de l'Evangile; voir des personnes âgées et des jeunes qui
manifestent de façon concrète dans l'Eglise et dans la société l'amour par
lequel, en tant que chrétiens, nous devons être conquis: c'est l'amour de
Dieu qui fait reconnaître dans l'autre notre prochain, notre frère ou notre
sœur! Je suis empli de gratitude et d'admiration pour la contribution
généreuse dans le domaine du volontariat de tant de personnes de tous âges
dans ce pays; à vous tous, ainsi qu'à ceux qui accomplissent une fonction
bénévole en Autriche, je voudrais exprimer aujourd'hui ma considération
particulière a déclaré Benoît XVI. Je vous remercie de tout cœur, Monsieur le Président, ainsi
que vous, cher Archevêque de Salzbourg, et surtout vous, jeunes
représentants des volontaires en Autriche, pour les belles et profondes
paroles qui m'ont été adressées.
Grâce à Dieu, pour beaucoup de personnes, c'est une question d'honneur de
s'engager volontairement pour les autres, pour une association, pour une
union ou pour des situations déterminées de bien commun.
Un tel engagement
représente avant tout une occasion de former sa personnalité et de s'insérer
à travers une contribution active et responsable dans la vie sociale.
Toutefois, la disponibilité à l'égard du volontariat se fonde parfois sur
des motivations multiples et diverses. Souvent, il y a simplement à
l'origine le désir de faire quelque chose qui ait un sens et qui soit utile
et de s'ouvrir à de nouveaux domaines d'expérience. Naturellement et à juste
titre, les jeunes y cherchent également la joie et l'occasion de vivre des
choses belles, une expérience d'authentique camaraderie dans une activité
commune riche de sens. Souvent, les idées et les initiatives personnelles
sont liées à un amour concret pour le prochain; ainsi, la personne est
intégrée dans une communauté qui la soutient. A cet égard, je voudrais
exprimer mon remerciement très sincère pour la "culture du volontariat" très
marquée en Autriche. Je voudrais remercier toutes les femmes, tous les
hommes, tous les jeunes et tous les enfants - l'engagement des enfants dans
le volontariat, en effet, est souvent important: il suffit de penser à
l'action des "Sternsinger" lors du temps de Noël; et vous, cher Monseigneur,
l'avez déjà mentionné. Je voudrais en particulier exprimer mes remerciements
également pour les petits et grands services et efforts qui ne sautent pas
toujours aux yeux. Merci et "Vergelt's Gott" pour votre contribution
à l'édification de la "civilisation de l'amour" qui se place au service de
tous et qui crée la Patrie! On ne peut déléguer l'amour du prochain; l'Etat
et la politique, même avec leurs nécessaires préoccupations sociales - c'est
ce que vous avez affirmé, Monsieur le Président - ne peuvent s'y substituer.
L'amour du prochain exige toujours un engagement personnel et volontaire,
pour lequel l'Etat peut et doit certainement créer les conditions d'ensemble
favorables. Grâce à cet engagement, l'aide conserve sa dimension humaine et
n'est pas dépersonnalisée. Et c'est précisément la raison pour laquelle
vous, volontaires, n'êtes pas des "bouche-trous" dans le réseau social, mais
des personnes qui contribuent véritablement à manifester le visage humain et
chrétien de notre société.
Les jeunes désirent précisément que leurs capacités et leurs talents soient
"suscités et découverts". Les volontaires veulent être impliqués
personnellement. "J'ai besoin de toi!", "Tu en es capable!"; combien une
telle demande nous fait du bien! Précisément dans sa simplicité humaine,
elle nous renvoie de façon indirecte à ce Dieu qui a voulu chacun de nous et
qui a donné un devoir personnel à chacun de nous, et même, qui a besoin de
chacun de nous et qui attend notre engagement. Ainsi, Jésus a appelé les
hommes et leur a donné le courage de faire une grande chose, que seuls, ils
ne se seraient pas sentis capables de faire. Se laisser appeler, se décider,
puis entreprendre un chemin sans se poser l'habituelle question relative à
l'utilité et au profit - ce comportement laissera des traces bénéfiques.
Leurs saints ont indiqué cette voie à travers leur vie. Il s'agit d'un
chemin riche et passionnant, un chemin généreux et précisément aujourd'hui,
actuel. Le "oui" à un engagement dans le volontariat et la solidarité est
une décision qui rend libre et qui ouvre aux nécessités de l'autre; aux
exigences de la justice, de la défense de la vie et de la sauvegarde de la
création. Dans les engagements dans le volontariat entre en jeu la
dimension-clé de l'image chrétienne de Dieu et de l'homme: l'amour de Dieu
et l'amour du prochain.
Chers volontaires, mesdames et messieurs! S'engager à titre volontaire
constitue un écho de la gratitude et c'est la transmission de l'amour reçu.
"Deus vult condiligentes - Dieu veut des personnes qui aiment avec Lui",
affirmait le théologien Duns Scot au XIV siècle [1]. Vu sous cet angle,
l'engagement bénévole est lié dans une large mesure à la Grâce. Une culture
qui veut tout compter et tout payer, qui place le rapport entre les hommes
dans une sorte de carcan de droits et de devoirs, fait l'expérience, grâce
aux innombrables personnes engagées à titre bénévole, que la vie même est un
don non mérité. Quelque différentes, multiples, ou même contradictoires que
puissent être les motivations et même les voies de l'engagement dans le
volontariat, à la base de toutes figure, en dernière analyse, la communion
profonde qui jaillit de la "gratuité". C'est gratuitement que nous avons
reçu la vie de notre Créateur, gratuitement que nous avons été libérés de
l'impasse du péché et du mal, gratuitement que nous a été donné l'Esprit
avec ses multiples dons. Dans mon Encyclique, précise Benoît XVI, j'ai écrit: "L'amour est
gratuit. Il n'est pas utilisé pour parvenir à d'autres fins"
[2]. "Celui qui
peut aider reconnaît que c'est justement de cette manière qu'il est aidé lui
aussi. Le fait de pouvoir aider n'est ni son mérite ni un titre d'orgueil.
Cette tâche est une grâce"
[3]. Nous transmettons gratuitement ce que nous
avons reçu, à travers notre engagement, notre fonction dans le volontariat.
Cette logique de la gratuité se situe au-delà des simples droits et devoirs
moraux.
Sans engagement dans le volontariat, le bien commun et la société ne
pouvaient pas, ne peuvent et ne pourront pas perdurer. La disponibilité
spontanée vit et se démontre au-delà du calcul et de l'échange attendu; elle
brise les règles de l'économie de marché. En effet, l'homme est beaucoup
plus qu'un simple facteur économique à évaluer selon des critères
économiques. Le progrès et la dignité d'une société dépendent toujours à
nouveau précisément des personnes qui font davantage que leur strict devoir.
Mesdames et Messieurs! L'engagement dans le volontariat est un service à la
dignité de l'homme fondée sur le fait qu'il a été créé à l'image et à la
ressemblance de Dieu. Irénée de Lyon, au II siècle, a dit: "La gloire de
Dieu est l'homme vivant et la vie de l'homme est la vision de Dieu"
[4]. Et Nicola Cusano, dans son œuvre sur la vision de Dieu, a développé cette
pensée de la façon suivante: "Etant donné que l'œil est là où se trouve
l'amour, je sens que Tu m'aimes... Ton regard, Seigneur, est amour... En
posant ton regard sur moi, Toi, Dieu caché, tu me laisses T'entrevoir... Ton
regard est vivifiant... Ton regard signifie agir"
[5]. Le regard de Dieu -
le regard de Jésus nous contamine par l'amour de Dieu. Il y a des regards
qui peuvent se poser dans le vide ou même mépriser. Et des regards qui
peuvent apporter une sollicitude et exprimer l'amour. Les personnes engagées
bénévolement confèrent au prochain une considération, rappellent la dignité
de l'homme et suscitent la joie de vivre et l'espérance. Les représentants
du volontariat sont des gardiens et des avocats des droits de l'homme et de
sa dignité.
Une autre forme de regard est également liée au regard de Jésus. "Il le vit
et passa outre", lit-on dans l'Evangile du prêtre et du lévite qui voient
l'homme à demi-mort gisant au bord de la route, mais qui n'interviennent pas
(cf. Lc 10, 31.32). Il y a ceux
qui voient et qui font semblant de ne pas voir, ceux qui voient les
situations de besoin sous leurs yeux, mais qui demeurent indifférents, cela
fait partie des courants d'indifférence de notre époque. Dans le regard des
autres, précisément dans le regard de ceux qui ont besoin de notre aide,
nous ressentons l'exigence concrète de l'amour chrétien. Jésus Christ ne
nous enseigne pas une mystique "des yeux fermés", mais une mystique "du
regard ouvert", et à travers cela, une mystique du devoir absolu de
percevoir la condition des autres, la situation dans laquelle se trouve
l'homme qui, selon l'Evangile, est notre prochain. Le regard de Jésus,
l'école des yeux de Jésus introduit à une proximité humaine, à la
solidarité, au partage du temps, au partage des dons et également des biens
matériels. C'est pourquoi "les personnes qui œuvrent dans les Institutions
caritatives doivent se distinguer par le fait qu'elles ne se contentent pas
d'exécuter avec dextérité le geste qui convient sur le moment, mais qu'elles
se consacrent à autrui avec des attentions qui leur viennent du cœur [...]
Ce cœur voit où l'amour est nécessaire et il agit en conséquence"
[6]. Oui,
"il me faut devenir quelqu'un qui aime, une personne dont le cœur se laisse
bouleverser par la détresse de l'autre. C'est alors que je trouverai mon
prochain, ou plus exactement, c'est alors que je serai trouvé par lui"
[7].
Enfin, le commandement de l'amour de Dieu et du prochain
(cf. Mt 22, 37-40; Lc 10, 27) nous
rappelle que c'est à Dieu lui-même, à travers l'amour du prochain, que nous,
chrétiens, rendons honneur. Monseigneur Kothgasser a déjà cité la parole de
Jésus: "Dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes
frères c'est à moi que vous l'avez fait"
(Mt 25, 40). Si dans l'homme concret que nous rencontrons, Jésus
est présent, alors l'activité à titre bénévole peut devenir une expérience
de Dieu. La participation aux situations et aux nécessités des hommes
conduit à une façon "nouvelle" d'être ensemble et agit "en donnant du sens".
Ainsi, le service bénévole peut aider à faire sortir les personnes de
l'isolement et à les intégrer dans la communauté.
Enfin, je voudrais rappeler la force et l'importance de la prière pour tous
ceux qui sont engagés dans le travail caritatif. La prière à Dieu est une
voie qui permet de sortir de l'idéologie et de la résignation face à
l'infinitude du besoin. "En effet, les chrétiens continuent de croire,
malgré toutes les incompréhensions et toutes les confusions du monde qui les
entoure, en la "bonté de Dieu" et en "sa tendresse pour les hommes"
(Tt 3, 4). Bien que plongés comme
tous les autres hommes dans la complexité dramatique des événements de
l'histoire, ils restent fermes dans la certitude que Dieu est Père et qu'il
nous aime, même si son silence nous demeure incompréhensible" [8]
Chers collaborateurs volontaires et à titre honorifique des œuvres
d'assistance en Autriche, Mesdames, Messieurs ! Lorsqu'une personne ne fait
pas seulement son devoir dans la profession et dans la famille, conclut
Benoît XVI - et pour
bien le faire, il faut déjà une grande force et un grand amour - mais
qu'elle s'engage également pour les autres, en mettant son temps précieux au
service de l'homme et de sa dignité, son cœur s'élargit. Les volontaires ne
conçoivent pas l'idée de prochain de façon restrictive; ils reconnaissent
également dans "celui qui est loin" notre prochain qui est accepté par Dieu
et qui, avec notre aide, doit être également touché par l'œuvre de
rédemption réalisée par le Christ. L'autre, le prochain dans le sens
évangélique, devient pour nous comme un partenaire privilégié face aux
pressions et aux contraintes du monde dans lequel nous vivons. Celui qui
respecte la "priorité du prochain", vit et agit selon l'Evangile et prend
part également à la mission de l'Eglise, qui regarde toujours l'homme dans
son ensemble et qui veut lui faire ressentir l'amour de Dieu. Chers
volontaires, l'Eglise soutient pleinement votre service. Je suis convaincu
que de nombreuses Bénédictions proviendront également à l'avenir des
volontaires d'Autriche et je vous accompagne tous par ma prière. Je demande
pour vous tous la joie du Seigneur (cf. Ne
8, 10), qui est notre force. Que le Bon Dieu soit toujours proche
de vous et vous guide constamment à l'aide de sa grâce.
Notes
[1] Opus Oxoniense III d. 32 q.1 n. 6.
[2] Benoît XVI, Deus caritas est, n. 31c.
[3] Ibid., n. 35.
[4] Adversus haereses IV, 20, 7.
[5] De visione Dei/Die Gottesschau, in: Philosophisch-Theologische Schriften,
hg. und eingef. von Leo Gabriel, übersetzt von Dietlind und Wilhelm Dupré,
Vienne 1967, Bd. III, 105-111.
[6] Benoît XVI, Deus caritas est, n. 31a; 31b.
[7] Joseph Ratzinger/Benoît XVI, Jésus de Nazareth, Flammarion, Paris 2007,
p. 222.
[8] Benoît XVI, Deus caritas est, n. 38.
Texte original du discours du Saint Père
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Benoît XVI à Mariazell - du 7 au 9 septembre
2007
Sources: www.vatican.va -
E.S.M.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 20.09.2007 - BENOÎT XVI -
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