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Lucetta Scaraffia et les 94 ans de Benoît XVI
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Le 20 avril 2021 -
(E.S.M.)
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Celle que les médias ont essayé d’instrumentaliser en la
présentant un peu abusivement comme « la féministe du Vatican »,
responsable un temps du supplément hebdomadaire de l’OR consacré aux
femmes, nous remet en mémoire quatre discours fondamentaux pour
comprendre le pontificat, prononcés entre le 24 février et le 24
avril 2005.
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Le pape émérite Benoît XVI
Lucetta Scaraffia et les 94 ans de Benoît XVI
Le pont de Ratzinger entre la foi et le monde
Le 14 janvier 2021 - E.
S. M. -
Le Pape émérite a 94 ans: c’est la plus grande longévité de
l’histoire pour un Pape. Dans sa dénonciation du relativisme, un
magistère durable pour l’Église.
Benoît XVI nous surprend une fois de plus, lui qui avait quitté la
papauté parce qu’il se sentait trop vieux: à 94 ans, il est devenu
le pape ayant vécu le plus longtemps dans l’histoire, bien qu’il
soit « émérite ». C’est lui qui, à première vue, semble avoir été le
pontife le moins aimé de cette époque, celui qui a reçu le moins de
consensus de la part des médias, qui pour finir l’ont toujours
qualifié de conservateur, voire de réactionnaire, même au prix d’une
mauvaise écoute de ses paroles. C’est plutôt vers Ratzinger, vers
ses livres et ses homélies qu’il faut se tourner si l’on veut une
évaluation sérieuse et globale du rapport entre l’Église et le
climat du monde contemporain, si l’on veut comprendre qui nous
sommes et où nous allons. Surtout dans quatre grands discours
concentrés entre le 24 février et le 24 avril 2005 – pour la mort de
Giussani (1), aux funérailles de Woityla (2), pendant la Missa
pro eligendo romano pontifice (3) avant le début du conclave, et
l’homélie pour le début du pontificat (4) – il a réussi en quelques
phrases à synthétiser son regard critique et son programme adressé à
une Eglise en crise profonde.
Aux nombreux catholiques qui confondent souvent foi et volontariat,
il a rappelé (obsèques de don Giussiani):
A ce rythme, en remplaçant la foi par le moralisme, le croire par le
faire, on tombe dans les particularismes, on perd surtout les
critères et les orientations, et à la fin on ne construit pas, mais
on divise.
Un moralisme qui sévit aujourd’hui dans nos sociétés, aussi sous la
forme du politiquement correct, qui cherche à nous faire sentir
justes « à bon marché », sans recourir à la référence d’une foi.
Ainsi, la bonté devient souvent une forme d’activisme, consistant à
faire quelque chose pour les autres sans aborder le problème
sous-jacent qui est caché et auquel seul le christianisme apporte
une réponse, à savoir trouver et donner un sens et un but à la
souffrance.
Sa dénonciation la plus connue, celle pour laquelle il a été
critiqué y compris dans de nombreux milieux catholiques, est celle
contre le relativisme (Missa pro eligendo…):
Avoir une foi claire, selon le Credo de l’Église, est souvent taxé
de fondamentalisme. Alors que le relativisme, c’est-à-dire le
fait de se laisser porter ça et là par tous les vents de la
doctrine, apparaît comme la seule attitude capable de faire face aux
temps actuels. Une dictature du relativisme est en train de prendre
forme, qui ne reconnaît rien comme définitif et qui ne laisse comme
mesure ultime que son propre ego et ses désirs. Nous avons, au
contraire, une autre mesure: le Fils de Dieu, l’homme véritable. Il
est la mesure du véritable humanisme.
Une affirmation qui va à l’encontre des modes culturelles qui
prêchent une tolérance qui devient indifférence et même cynisme
envers toute forme de vérité, et laisse les êtres humains seuls et
désespérés.
Ainsi, dans la solitude et le désespoir de l’être humain qui ne se
reconnaît plus comme faisant partie de la création, mais veut
seulement la dominer, il voit les racines de la destruction de la
nature, la première maladie de notre temps (Messe d’intronisation):
Il y a le désert de l’obscurité de Dieu, du vide des âmes qui n’ont
plus conscience de la dignité et du parcours de l’homme. Les déserts
extérieurs se multiplient dans le monde, car les déserts intérieurs
sont devenus si vastes. Ainsi, les trésors de la terre ne sont plus
au service de la construction du jardin de Dieu, dans lequel tous
peuvent vivre, mais sont asservis aux puissances d’exploitation et
de destruction.
Même si nous avons recours à ses mots et à ses livres pour
comprendre, l’extrême fragilité et la luminosité de sa vieillesse
nous rappellent la chose la plus importante (Missa
pro eligendo…):
Tout homme veut laisser une trace qui demeure. Mais que reste-t-il?
L’argent, non. Les bâtiments ne restent pas non plus, les livres non
plus. Après un certain temps, plus ou moins long, toutes ces choses
disparaissent. La seule chose qui reste dans l’éternité est l’âme
humaine, l’homme créé par Dieu pour l’éternité. Le fruit qui reste
est donc ce que nous avons semé dans les âmes humaines : l’amour, la
connaissance, le geste capable de toucher le cœur ; la parole qui
ouvre l’âme à la joie du Seigneur.
NDT
(1) Homélie pour les
obsèques don Giussiani:
benoit-et-moi.fr/2012-I
(2) Homélie pour les funérailles de Jean-Paul II:
www.vatican.va/gpII/documents/homily-card-ratzinger
(3) Missa pro eligendo romano pontefice:
benoit-et-moi.fr/2009
(4) Messe d’inauguration du pontificat:
www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2005/documents/hf_ben-xvi_hom_20050424_inizio-pontificato
Sources : Il
Sismografo, Trad.benoit-et-moi
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E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.)14.01.2021
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