Durban II, un espoir ou un paradoxe ? |
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Le 20 avril 2009 -
(E.S.M.)
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Au-delà de la controverse, son objectif principal est d’évaluer les
éventuels progrès réalisés dans l’accomplissement des objectifs de lutte
contre le racisme et ses variantes, définis en 2001 avec la Durban Declaration and Programme of Action (Dppa),
par la première Conférence mondiale contre le racisme, la
discrimination raciale, la xénophobie et les formes
d’intolérance.
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Durban II, un espoir ou un paradoxe ?
Le 20 avril 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- L’absence des États-Unis – qui ont depuis quelques mois un président
afro-américain – risque de faire glisser le climat de fond de Durban
(ou Durban Review Conference) du plan de la grande occasion de
civilisation à celui du paradoxe; la rencontre, en cours depuis ce matin à
Genève (Suisse), avait été précédée par
quelques polémiques et des défections.
[NDLR : Hier le pape Benoît XVI après la prière du Regina Caeli a souligné
l'initiative importante de la Conférence de Durban et a formulé des vœux "pour
que les Délégués présents à la Conférence de Genève travaillent ensemble,
dans un esprit de dialogue et d'accueil réciproque, pour mettre fin à toute
forme de racisme, de discrimination et d'intolérance, en marquant ainsi un
pas fondamental vers l'affirmation de la valeur universelle de la dignité de
l'homme et de ses droits, dans un horizon de respect et de justice pour
chaque personne et peuple" ►
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Au-delà de la controverse, son objectif principal est d’évaluer les
éventuels progrès réalisés dans l’accomplissement des objectifs de lutte
contre le racisme et ses variantes, définis en 2001 avec la Durban Declaration and Programme of Action (Dppa), par
la première Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination
raciale, la xénophobie et les formes d’intolérance liées, qui s’est tenue
dans un climat très tendu à Durban, en Afrique du Sud, il y a huit ans. Cent
soixante pays et 10.000 organisations non-gouvernementales ou d’autres
organismes avaient pris part à cette première rencontre importante, mais à
la fin Israël et les États-Unis l’abandonnèrent en signe de protestation
contre des positions considérées antisémites qui comparaient la situation
des palestiniens au régime de l’apartheid sud-africain.
“Des paroles de haine et d’insultes ethniques seront interdites, nous ne
permettrons pas que ce qui s’est passé à Durban en 2001 se reproduise”,
avait assuré il y a quelques jours Marie Heuzé, porte-parole de l’Onu,
essayant d’apaiser les polémiques engendrées par quelques prises de
positions contraires à un passage du premier projet de déclaration
officielle retenu encore une fois antisémite (en réalité seulement
antisioniste ou au plus anti-israélien), supprimé d’un second projet auquel
Israël, les États-Unis et quelques autres pays se sont encore opposés, à tel
point qu’ils ont décidé de boycotter la Conférence qui devrait accorder une
attention toute particulière aux migrants. Dans tous les cas, Durban I
s’était conclue avec une solution de compromis après avoir eu recours à
l’expédient diplomatique de “bloquer les aiguilles de la montre” pour
parvenir à un accord et éviter l’échec de la rencontre.
On peut bien suspecter que cette fois, tout le processus préparatoire de la
délicate rencontre, ayant duré trois ans, n’ait pas été exempt
d’instrumentalisations dérivant des moments les plus houleux de Durban I,
lorsque quelques groupes de militants organisèrent des marches et des
protestations considérées à l’époque antisémites. Mais au-delà des contenus
du projet de Déclaration finale, réécrits entre mi-mars et le 15 avril,
après de larges consultations internationales, c’est la présence du
président iranien Mahmoud Ahmadinejad qui durcit la position de quelques
pays. Il y a quelques heures, l’organisation américaine Human Rights
Network, qui regroupe 300 associations de défense des droits de l’homme, a
cependant souligné l’aspect paradoxal de l’absence de Washington à Genève;
dans un communiqué, elle déplore ouvertement le fauteuil vide américain,
soulignant que l’élection d’Obama “ne clôt pas le chapitre du racisme aux
États-Unis ... ne conclut pas l’impératif américain de lutter contre le
racisme au niveau mondial ; au contraire, le monde attend de
l’administration Obama qu’elle assume le rôle de guide dans la bataille pour
la justice et les droits humains".
Mal obscur, dont la première éclatante manifestation officielle remonte à
1492, lorsque les Juifs furent expulsés par l’Espagne, le racisme – avec ses
variantes multiples et venimeuses qui comprennent la xénophobie, la
discrimination et l’intolérance, sous toutes leurs formes – continue de se
perpétrer au fil des siècles, jusqu’à nos jours, sous toutes les latitudes
et longitudes. Avec une recrudescence particulière récemment observée à
l’encontre des migrants, ce qu’a confirmé la récente affaire des 140
personnes abandonnées à la merci de la Méditerranée et des querelles
internationales. Racisme et intolérance se développent le plus souvent dans
le contexte de régimes antilibéraux et autoritaires, pour des motifs
idéologiques mais aussi seulement utilitaristes, presque toujours à l’égard
de ceux qui, à un moment historique donné, sont plus faibles et attaquables,
toujours par pure ignorance...
Une analyse de la MISNA en date du 10 septembre 2001, rappelait le laborieux
“compromis” de clôture de Durban I, concluant que : “La Haut-Commissaire
aux droits de l’homme Mary Robinson a défini le sommet de succès "car pour
la première fois il a donné la parole à des millions de victimes oubliées"
et a fixé "une marche à suivre et un plan de lutte rigoureux contre le
racisme". Navanethem Pillay, qui entre temps a pris la place de Mme
Robinson, en plus d’exprimer hier toute sa déception pour le boycott
américain, avait déjà dit que les objectifs définis dans la Déclaration et
le programme d’action (Dppa) d’il y a huit ans
– précisément à la veille de ce tragique 11 septembre - “n’ont pas été
atteints”. Et d’ailleurs, comment cela aurait-il pu être possible en ce
laborieux et tortueux début de millénaire empoisonné de puissants désirs
internationaux de “choc des civilisations”? Mais aujourd’hui, avec un
afro-américain à la Maison Blanche, un fait incroyable survenu il y a tout
juste quelques mois, n’aurait-il pas été plus juste pour tous – vraiment
pour tous – de tourner la page pour de bon, en allant au-delà de toute
controverse autant fondée et attrayante soit-elle ? Sans doute justement
Israël (qui célèbre aujourd’hui sa Journée de la Shoah)
avec ses alliés (rappelant non seulement la Shoah mais
aussi le terrible destin des juifs en Espagne il y a plus de cinq cent ans,
comme par hasard juste la même année que la découverte de l’Amérique)
devrait être aujourd’hui à la première place pour une tentative de dialogue
interculturel sincère et convaincu, de mise au banc totale du racisme et de
vraie alliance des civilisations. Tandis que les travaux de l’importante
rencontre sont en cours, au-delà de toute polémique, il ne reste qu’à se
joindre au
souhait exprimé hier par Benoît XVI, après la prière du
Regina Coeli.(par Pietro Mariano Benni-traduction)
Sources :
misna
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 20.04.09 -
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