Quatrième jour du pape Benoît XVI aux
États-Unis |
 |
Cité du Vatican, le 20 avril 2008 -
(E.S.M.)
- Benoît XVI explique pourquoi les chrétiens sont si divisés: parce qu'ils se conforment au monde. Et qu'au lieu de prêcher la vérité
objective de la foi, ils incitent à choisir la communauté qui correspond le
mieux aux goûts de chacun. Le discours choc que le pape a lu aux
représentants de l'œcuménisme
|
Le pape
Benoît XVI - Pour
agrandir l'image ►
Cliquer
Quatrième jour du pape Benoît XVI aux États-Unis
Quatrième jour du pape aux États-Unis. Benoît XVI explique pourquoi les
chrétiens sont si divisés
Parce qu'ils se conforment au monde. Et qu'au lieu de prêcher la vérité
objective de la foi, ils incitent à choisir la communauté qui correspond le
mieux aux goûts de chacun. Le discours choc que le pape a lu aux
représentants de l'œcuménisme
par Sandro Magister
ROMA, le 20 avril 2008 – Indiscutablement, le moment clou de la quatrième
journée de Benoît XVI aux Etats-Unis a été son
discours à l'assemblée
générale des Nations Unies.
Mais, dans l’après-midi de ce même vendredi 18 avril, à New York, le pape a
accompli deux autres gestes.
Le premier a été une visite à la
Synagogue de Park East, dirigée par le
rabbin Arthur Schneier, à la veille de la Pâque juive.
Le second a été une
rencontre œcuménique, à l’église Saint-Joseph, avec 250
représentants d’une dizaine de confessions chrétiennes.
Pendant cette rencontre, Benoît XVI a adressé à l’assistance, à la fin de la
liturgie de la Parole, un discours tout à fait insolite dans de telles
assemblées. A vrai dire, très nouveau même par rapport à de précédentes
interventions du pape Ratzinger sur l’œcuménisme.
Selon Benoît XVI, si la chrétienté est tellement divisée, c’est dû à une
rivalité réciproque, faite d’"actions prophétiques" qui visent à se
différencier et à se séparer de la "communion avec l’Eglise de tous les
temps" mais aussi à "une approche relativiste de la doctrine chrétienne
semblable à celle que l’on trouve dans les idéologies sécularisées".
C’est pourquoi, au lieu de prêcher Jésus-Christ et "Jésus-Christ crucifié"
(1 Cor 2, 2) – c’est-à-dire "la vérité objective" de la foi apostolique –
beaucoup de chrétiens des diverses dénominations préfèrent inciter chacun à
suivre sa conscience et à choisir la communauté qui correspond le mieux à
ses goûts personnels.
D’après Benoît XVI, cette réticence à affirmer la place centrale de la
doctrine "par crainte qu’elle ne fasse qu’aggraver les blessures de la
division au lieu de les soigner" existe même au sein du mouvement
œcuménique.
En revanche, voici l'appel du pape.
"Ce n’est qu’en 'gardant fermement' l’enseignement sûr
(cf. 2 Ts 2, 15) que
nous réussirons à faire face aux défis que nous sommes appelés à relever
dans un monde qui change. Ce n’est qu’ainsi que nous donnerons un témoignage
ferme de la vérité de l’Evangile et de son enseignement moral. Voilà le
message que le monde attend de nous".
Un appel qui est encore plus actuel "précisément au moment où le monde est
désorienté et a besoin de témoignages communs et convaincants sur le pouvoir
salvateur de l’Evangile (cf. Rm 1, 18-23)".
On trouvera ci-dessous les principaux passages du discours du pape:
Sur la fragmentation des communautés chrétiennes
par Benoît XVI
New York, rencontre œcuménique à l’église Saint-Joseph, vendredi 18 avril
2008
[...] Trop souvent, les non-chrétiens qui observent la fragmentation des
communautés chrétiennes restent à juste titre perplexes quant au message
même de l’Evangile. Les croyances et comportements chrétiens fondamentaux
sont parfois modifiés au sein des communautés par ce qu’on appelle des
"actions prophétiques" fondées sur une herméneutique qui n’est pas toujours
en accord avec ce que disent l’Ecriture et la Tradition. En conséquence les
communautés renoncent à agir comme un corps uni et préfèrent au contraire
opérer selon le principe des "options locales". En agissant ainsi, on perd
quelque part le besoin d’une koinonia diachronique – la communion avec
l’Eglise de tous les temps – précisément au moment où le monde est
désorienté et a besoin de témoignages communs et convaincants sur le pouvoir
salvateur de l’Evangile (cf. Rm 1, 18-23).
Face à ces difficultés, nous devons en premier lieu nous rappeler que
l’unité de l’Eglise découle de la parfaite unité de la Trinité. L’Evangile
de Jean nous dit que Jésus a prié son Père pour que ses disciples puissent
être un, "comme tu es en moi et moi en toi" (cf. Jn 17, 21). Ce passage
reflète la ferme conviction de la communauté chrétienne des origines que son
unité était le fruit et le reflet de l’unité du Père, du Fils et du Saint
Esprit. Cela montre, à son tour, que la cohésion des croyants entre eux
était fondée sur la pleine intégrité de la confession de leur credo (cf. 1
Tm 1, 3-11). Dans tout le Nouveau Testament nous voyons que les Apôtres ont
été à de nombreuses reprises appelés à rendre raison de leur foi tant aux
Gentils (cf. Ac 17, 16-34) qu’aux Juifs (cf. Ac 4, 5-22; 5, 27-42). Le noyau
central de leur argumentation a toujours été le fait historique de la
résurrection physique du Seigneur hors du tombeau (Ac 2, 24,32; 3, 15; 4,10;
5,30; 10,40; 13,30). L’efficacité ultime de leur prédication ne dépendait
pas d’un "langage recherché" ou d’une "sagesse humaine"
(1 Cor 2, 13), mais
plutôt de l’action de l’Esprit (Ep 3, 5) qui confirmait le témoignage
autorisé des Apôtres (cf. 1 Cor 15, 1-11). Le noyau de la prédication de
Paul et de l’Eglise des origines n’était autre que Jésus-Christ, et "Jésus
crucifié" (1 Cor 2, 2). Et cette proclamation devait être garantie par la
pureté de la doctrine normative exprimée dans les formules de foi – les
symboles – qui structuraient l’essence de la foi chrétienne et constituaient
le fondement de l’unité des baptisés (cf. 1 Cor 15,3-5; Ga 1,6-9;
Unitatis Redintegratio, 2).
Mes chers amis, la force du kérygme n’a rien perdu de son dynamisme
intérieur. Nous devons pourtant nous demander si sa pleine vigueur n’a pas
été atténuée par une approche relativiste de la doctrine chrétienne
semblable à celle que nous trouvons dans les idéologies sécularisées;
soutenant que seule la science est "objective", elles relèguent complètement
la religion dans la sphère subjective du sentiment de l’individu. Les
découvertes scientifiques et leurs réalisations grâce au génie humain
offrent sans doute à l’humanité de nouvelles possibilités d’amélioration.
Cela ne signifie pas, toutefois, que le "connaissable" soit limité à ce qui
est vérifiable empiriquement, ni que la religion soit limitée au monde
changeant de l’"expérience personnelle".
Accepter cette façon de penser erronée amènerait les chrétiens à conclure
que, dans la présentation de la foi chrétienne, il n’est pas nécessaire de
souligner la vérité objective, parce que l’on doit seulement suivre sa
conscience et choisir la communauté qui correspond le mieux à ses goûts
personnels. On voit le résultat dans la prolifération continue de
communautés qui évitent souvent d’avoir des structures institutionnelles et
qui minimisent l’importance du contenu doctrinal pour la vie chrétienne.
Même au sein du mouvement œcuménique les chrétiens peuvent se montrer
réticents à affirmer le rôle de la doctrine par crainte qu’il ne fasse
qu’aggraver les blessures de la division au lieu de les soigner. Malgré
cela, un témoignage clair et convaincant sur le salut opéré pour nous en
Jésus-Christ doit être fondé sur la notion d’enseignement apostolique
normatif – un enseignement qui souligne vraiment la parole inspirée de Dieu
et soutient la vie sacramentelle des chrétiens d’aujourd’hui.
Ce n’est qu’en "gardant fermement" l’enseignement sûr
(cf. 2 Ts 2, 15) que
nous réussirons à faire face aux défis que nous sommes appelés à relever
dans un monde qui change. Ce n’est qu’ainsi que nous donnerons un témoignage
ferme de la vérité de l’Evangile et de son enseignement moral. Voilà le
message que le monde attend de nous. Comme les premiers chrétiens, nous
avons la responsabilité de donner un témoignage transparent des "raisons de
notre espérance", afin que les yeux de tous les hommes de bonne volonté
puissent s’ouvrir pour voir que Dieu a manifesté son visage (cf. 2 Cor
3,12-18) et nous a permis d’accéder à sa vie divine à travers Jésus-Christ.
Lui seul est notre espérance! Dieu a révélé son amour pour tous les peuples
à travers le mystère de la passion et de la mort de son Fils, et il nous a
appelés à proclamer qu’il est vraiment ressuscité, qu’il est assis à la
droite du Père et qu’il "viendra de nouveau, dans la gloire, pour juger les
vivants et les morts" (Credo de Nicée). [...]
 |
Tous
les articles sur le voyage apostolique du pape aux États-Unis ►
Cliquez ici |
Sources : www.vatican.va -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 20.04.2008 -
T/USA |