Les apôtres, rappelle Benoît XVI, sont avant
tout des évangélistes |
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Le 19 décembre 2007 -
(E.S.M.) - Les guérisons miraculeuses opérées
par Jésus lui-même et par les siens sont un élément second dans
l'ensemble de leur activité, dans laquelle est en jeu la réalité la plus
profonde, le « Royaume de Dieu » précisément, c'est-à-dire le fait que
Dieu règne en nous et dans le monde.
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Les
évangélistes -
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Les apôtres, rappelle Benoît XVI, sont avant tout des évangélistes
Sixième chapitre - Les disciples
1) Le choix des douze
2)
Quel est, d'après ce texte, le but assigné
aux envoyés ?
Quel est, d'après ce texte, le but assigné aux envoyés ? « Prêcher avec le
pouvoir de chasser les esprits mauvais » (Mc 3, 14-15). Matthieu développe
avec quelques particularités le contenu de la mission : « Et [il] leur donna
le pouvoir d'expulser les esprits mauvais et de guérir toute maladie et
toute infirmité » (Mt 10, 1). Le premier mandat qui leur est confié est de
prêcher, c'est-à-dire de faire don aux hommes de la lumière de la Parole, du
message de Jésus. Les apôtres, rappelle Benoît XVI, sont avant tout des évangélistes ; comme
Jésus, ils proclament le Royaume de Dieu et rassemblent
ainsi les hommes qui
constitueront la nouvelle famille de Dieu. Mais la prédication du Royaume de
Dieu ne se réduit jamais à une simple parole, à un simple enseignement. Elle
est événement, tout comme Jésus lui-même est événement ;
elle est la Parole
de Dieu en personne. En l'annonçant, les apôtres conduisent à la rencontre
avec Jésus.
Parce que le monde est dominé par les puissances du Mal, cette prédication
est aussi une lutte menée contre elles. « L'essentiel pour les envoyés de
Jésus, c'est, à sa suite, d'exorciser le monde afin de fonder dans
l'Esprit-Saint une nouvelle forme de vie qui sauve des possessions
(R. Pesch, Das Markusevangelium, I, p.
205, voir bibliographie, p. 400). » Comme
l'a bien montré Henri de Lubac, le monde antique a effectivement vécu
l'irruption de la foi chrétienne comme une libération de la peur des démons,
une peur qui, malgré le scepticisme et l'illuminisme, dominait tout : et la
même chose se produit aussi aujourd'hui partout où le christianisme prend la
place des anciennes religions tribales, dont il assimile les aspects
positifs tout en les transformant. On sent toute la puissance de cette
irruption lorsque Paul dit :
« II n'y a pas de dieu sauf le Dieu unique. Bien qu'il y ait en effet, au
ciel et sur la terre, des êtres qu'on appelle des dieux - et il y a une
quantité de "dieux" et de "seigneurs" - pour nous, en tout cas,
il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui tout vient et vers qui nous allons
; et il n'y a qu'un seul Seigneur, Jésus Christ, par
qui tout existe et par qui nous existons »
(1 Co 8, 4-6). Ces paroles recèlent un pouvoir libérateur, elles
sont le grand exorcisme qui purifie le monde. Quel que soit le nombre des
dieux qui ont pu se promener de par le monde, il n'y a qu'un seul Dieu et
qu'un seul Seigneur.
Si nous lui appartenons
le reste n'a plus aucun pouvoir et perd son aura divine.
Le monde se présente alors dans sa rationalité, il provient de la Raison
éternelle, et seule cette Raison créatrice constitue le vrai pouvoir sur le
monde et dans le monde. Seule la foi en un Dieu unique libère et «
rationalise » réellement le monde. Quand la foi
disparaît, la rationalité accrue du monde n'est qu'une apparence.
En réalité, ce sont alors les forces du hasard qu'il faut reconnaître, et
elles ne peuvent être déterminées. La « théorie du chaos » vient se greffer
sur la connaissance de la structure rationnelle du monde et place l'homme
devant des obscurités qu'il ne peut dissiper et qui assignent ses limites au
côté rationnel du monde. « Exorciser », placer le monde dans la lumière de
la ratio
qui provient de l'éternelle Raison créatrice et de sa
bonté qui guérit tout en renvoyant à elle,
telle est la tâche permanente et fondamentale des messagers de Jésus Christ.
Dans sa Lettre aux Éphésiens, saint Paul a décrit sous un autre aspect le
pouvoir d'exorciser qui est le propre du christianisme : « Puisez votre
énergie dans le Seigneur et dans la vigueur de sa force. Revêtez
l'équipement de Dieu pour le combat, afin de pouvoir tenir contre les
manœuvres du démon. Car nous ne luttons pas contre des
hommes de chair et de sang, mais contre les forces invisibles, les
puissances des ténèbres qui dominent le monde, les esprits du mal qui
sont au-dessus de nous» (Ep 6,
10-12).
Voici comment Heinrich Schlier a expliqué cette représentation du combat des
chrétiens que nous trouvons étonnante ou même déconcertante aujourd'hui : «
Les ennemis ne sont pas un tel ou un tel, ils ne sont pas moi non plus, ils
ne sont pas de chair et de sang [...]. L'affrontement va plus profond. On
livre combat contre une armée d'adversaires qui
attaquent sans répit, sont quasiment insaisissables, n'ont pas
véritablement de nom, mais seulement des appellations collectives. Ils
dominent aussi d'emblée les hommes puisqu'ils se situent "dans les cieux" de
l'existence, ils les dominent aussi par le caractère impénétrable de cette
position et par le fait qu'ils sont inattaquables puisqu'ils logent dans
"l'atmosphère" existentielle qu'ils répandent eux-mêmes autour d'eux comme
ils l'entendent, eux qui finalement sont tous foncièrement mauvais et
mortifères.» (H.Schlier, Der Brief an die
Ephesen, p. 291)
Comment ne pas voir là justement une description de notre monde dans lequel
le chrétien est menacé par une atmosphère anonyme, par «
l'air du temps
», qui lui fait apparaître la foi comme ridicule
et absurde ? Et comment ne pas voir qu'existe
dans le monde entier un climat spirituel vicié qui menace l'humanité dans
sa dignité, voire dans sa survie ? L'individu, et même les
communautés humaines, semblent livrés sans espoir à l'action de telles
forces. Le chrétien sait que par lui-même, il ne pourra maîtriser cette
menace. Mais dans la foi, dans la communion avec le
seul véritable Seigneur du monde, lui est déjà donné « l'équipement
de Dieu » grâce auquel, dans la communion avec le corps tout entier du
Christ, il pourra s'opposer à ces forces. Car il sait que dans la foi, le
Seigneur nous restitue le souffle pur, le souffle
du Créateur, le souffle de l'Esprit Saint qui seul apporte au
monde la guérison
Au mandat d'exorciser, Matthieu ajoute la mission de guérir ; les Douze sont
envoyés pour « guérir toute maladie et toute infirmité »
(Mt 10, 1). Guérir
est une dimension essentielle de la mission apostolique et de la foi
chrétienne en général. Eugen Biser qualifie carrément le christianisme de «
religion thérapeutique », de religion de la guérison. Si l'on conçoit cette
formulation avec la profondeur nécessaire, on y trouve exprimé tout ce que
contient le terme de « rédemption ». Le pouvoir de chasser les démons et de
libérer le monde de leur sombre menace pour le tourner vers le Dieu unique
et vrai, indique Benoît XVI, ce pouvoir-là exclut toute compréhension magique de la guérison,
car la magie tente justement d'utiliser ces forces occultes. De plus, avoir
recours à la magie pour guérir est toujours lié à l'art de retourner le mal
contre le prochain et de mobiliser contre lui les « démons ». Seigneurie de
Dieu, Royaume de Dieu, signifie justement que ces puissances sont privées de
tout pouvoir par l'avènement du Dieu unique qui est bon, qui est en soi le
Bien. Le pouvoir de guérir dont disposent les envoyés de Jésus Christ est le
contraire de la magie, il exorcise le monde y compris dans le domaine de la
médecine. Les guérisons miraculeuses accomplies par le Seigneur et par les
Douze révèlent Dieu dans son pouvoir bienfaisant sur le monde. Elles sont
par essence des « signes » qui renvoient à Dieu lui-même et qui sont
destinés à mettre l'homme en mouvement vers Dieu. Seul le chemin d'union
progressive avec lui constitue le vrai processus de guérison de l'homme.
Ainsi les guérisons miraculeuses opérées par Jésus lui-même et par les siens
sont un élément second dans l'ensemble de leur activité, dans laquelle est
en jeu la réalité la
plus profonde, le « Royaume de Dieu » précisément, c'est-à-dire le fait que
Dieu règne en nous et dans le monde. De même que l'exorcisme chasse la peur
des démons et lègue à la raison humaine le monde qui provient de la raison
de Dieu, de même l'acte de guérir grâce au pouvoir divin est un appel à
croire en Dieu et à mettre les forces de la raison au service de la
guérison. Il s'agit toujours là d'une raison très ouverte, qui perçoit Dieu
et qui, de ce fait, reconnaît l'homme en tant qu'unité de corps et d'âme.
Pour réellement guérir l'homme, explique Benoît XVI, il faut le concevoir dans sa totalité
et
savoir que sa guérison définitive ne peut venir que de l'amour de Dieu.
à suivre...
3)
les Douze sont nommés un à un
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"Jésus de Nazareth"
Sources: www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 19.12.2007 - BENOÎT XVI
- T/J.N. |