 |
Commentaire de Benoît XVI: Evangile
du dimanche 20 août |
ROME, Samedi 19 août 2006 – Nous
publions ci-dessous l’Evangile de ce dimanche, le commentaire du pape Benoît XVI
ainsi que l'homélie du père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la
Maison pontificale. |
|
Commentaire de Benoît XVI: Evangile
du dimanche 20 août
Commentaire du pape Benoît XVI
(1)
Homélie du dimanche 20 août, par le p.
Cantalamessa
(2)
Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 6, 51-59
Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du
ciel : si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je
donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. » Les Juifs
discutaient entre eux : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à
manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne
mangez pas la chair du Fils de l'homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous
n'aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie
éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est
la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair
et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. De même que le Père,
qui est vivant, m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui
qui me mangera vivra par moi. Tel est le pain qui descend du ciel : il n'est pas
comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce
pain vivra éternellement. »
Voilà ce que Jésus a dit, dans son enseignement à la synagogue de Capharnaüm.
(1)
Homélie du pape Benoît XVI, lors de
la
Célébration eucharistique JMJ 2005,
21/08/05 (trad. DC 2343,
p. 907)
« Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang la
vraie boisson »
« Ceci est mon Corps donné pour vous en sacrifice. Ce calice est la Nouvelle
Alliance en mon Sang »… Qu'est ce qui est en train de se passer ? Comment Jésus
peut-il donner son Corps et son Sang ? Faisant du pain son Corps et du vin son
Sang, il anticipe sa mort, il l'accepte au plus profond de lui-même et il la
transforme en un acte d'amour. Ce qui de l'extérieur est une violence brutale --
la crucifixion -- devient de l'intérieur l'acte d'un amour qui se donne
totalement. Telle est la transformation véritable qui s'est réalisée au Cénacle
et qui visait à mettre en oeuvre un processus de transformations, dont le terme
ultime est la transformation du monde jusqu'à ce que Dieu soit tout en tous
(1Co 15,28).
Depuis toujours, rappelle Benoît XVI, tous les hommes, d'une manière ou d'une
autre, attendent dans leur coeur un changement, une transformation du monde.
Maintenant se réalise l'acte central de transformation qui
est seul en mesure de renouveler vraiment le monde : la violence se
transforme en amour et, de cette façon, la mort en vie. Puisque cet acte change
la mort en amour, la mort comme telle est déjà dépassée au plus profond
d'elle-même, la résurrection est déjà présente en elle. La mort est, pour ainsi
dire, blessée en son coeur même, de telle sorte qu'elle ne peut pas avoir le
dernier mot…
Cette première transformation fondamentale de la violence en amour, de la mort
en vie, entraîne à sa suite les autres transformations. Le pain et le vin
deviennent son Corps et son Sang. Cependant, la transformation ne doit pas
s'arrêter là, c'est plutôt à ce point qu'elle doit commencer pleinement.
Le Corps et le Sang du Christ nous sont donnés afin que,
nous-mêmes, nous soyons transformés à notre tour. Nous-mêmes, nous
devons devenir Corps du Christ, consanguins avec lui.
Tous nous mangeons l'unique pain, mais cela signifie qu'entre nous nous
devenions un. L’adoration, avons-nous dit, devient ainsi union. Dieu n'est plus
seulement en face de nous, comme le Tout Autre. Il est au-dedans de nous, et
nous sommes en lui. Sa dynamique nous pénètre et, à partir de nous, elle veut se
propager aux autres et s'étendre au monde entier, pour
que son amour devienne réellement la mesure dominante du monde.
(2) « Mon sang est la vraie boisson »
Nous
publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche, proposé par le
père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale de
Benoît XVI.
« Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de
l'homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le
ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et
mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure
en moi, et moi je demeure en lui ».
Dans ce passage de l’évangile nous poursuivons la lecture du chapitre six de
Jean. L’élément nouveau est que Jésus ajoute le discours sur le vin au discours
sur le pain, il ajoute l’image de la boisson à celle de la nourriture, le don de
son sang à celui de sa chair. Le symbolisme eucharistique atteint son sommet et
parvient à son accomplissement.
Pour comprendre l’Eucharistie il est essentiel de partir des signes choisis par
Jésus. Le pain est signe de nourriture, de communion entre ceux qui le mangent
ensemble ; à travers le pain, tout le travail humain parvient sur l’autel et est
sanctifié. Nous nous posons la même question en ce qui concerne le sang. Que
signifie et qu’évoque pour nous le mot sang ? Il évoque en premier lieu toute la
souffrance présente dans le monde. Si donc à travers le signe du pain, tout le
travail humain parvient sur l’autel, à travers le signe du vin, c’est toute la
souffrance humaine qui y parvient ; elle y parvient pour être sanctifiée et
recevoir un sens et une espérance de rachat grâce au sang de l’Agneau immaculé,
auquel il est uni comme les gouttes d’eau mélangées au vin dans le calice.
Mais pourquoi Jésus a-t-il choisi le vin pour désigner son sang ? Seulement en
raison de la similitude de couleur ? Que représente le vin pour les hommes ? Il
représente la joie, la fête ; il ne représente pas tant ce qui est utile (comme
le pain) que ce qui est agréable. Il n’est pas fait seulement pour boire mais
pour trinquer. Jésus multiplie les pains pour le besoin des personnes mais à
Cana il multiplie le vin pour la joie des convives. L’Ecriture parle du « vin
qui réjouit le coeur de l'homme (…) et le pain qui fortifie le coeur de l'homme
» (Ps 103 [104], 15).
Si Jésus avait choisi, pour l’Eucharistie, le pain et l’eau, il n’aurait indiqué
que la sanctification de la souffrance (« pain et eau » sont en effet synonymes
de jeûne, d’austérité et de pénitence). En choisissant le pain et le vin il a
également voulu indiquer la sanctification de la joie. Ce serait tellement beau
si nous apprenions à vivre également les joies de la vie, de manière
eucharistique, c’est-à-dire en rendant grâce à Dieu. La présence et le regard de
Dieu ne voilent pas nos vraies joies, au contraire ils les intensifient.
Mais le vin, outre la joie, évoque également un problème grave. Dans la deuxième
lecture nous écoutons cette mise en garde de l’Apôtre : « Ne vous enivrez pas,
car le vin porte à la débauche. Laissez-vous plutôt remplir par l'Esprit Saint
». Il suggère de combattre l’ivresse du vin par « la sobre ivresse de l’Esprit
», une ivresse par une autre.
Il existe aujourd’hui de nombreuses initiatives de désintoxication pour les
personnes souffrant de problèmes d’alcoolisme. Elles tentent de mettre à profit
tous les moyens proposés par la science ou la psychologie. On ne peut que les
encourager et les soutenir. Celui qui croit ne devrait pas cependant négliger
les moyens spirituels, qui sont la prière, les sacrements et la parole de Dieu.
Dans l’ouvrage Récits d’un pèlerin russe, on peut lire cette histoire
vraie. Un soldat esclave de l’alcool et menacé de licenciement se rend auprès
d’un saint moine et lui demande ce qu’il devrait faire pour vaincre son vice.
Celui-ci lui recommande de lire chaque soir, avant de se coucher, un chapitre de
l’évangile. Il se procure un évangile et commence à le faire consciencieusement.
Cependant, au bout d’un certain temps, il se rend à nouveau auprès du moine, et
désolé, lui dit : « Père, je suis trop ignorant et je ne comprends rien à ce que
je lis ! Donnez-moi autre chose à faire ». Il lui répond : « Continue seulement
à lire. Toi, tu ne comprends pas mais les démons comprennent et tremblent ». Il
obéit et fut libéré de son vice. Pourquoi ne pas essayer ?
Sources: Vatican
Eucharistie sacrement de la miséricorde
- 19.08.2006 - BENOÎT XVI
|