Benoît XVI : Quatre années de
Pontificat |
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Le 19 avril 2009 -
(E.S.M.)
- Quatre années se sont écoulées depuis l'accession de
Benoît XVI à la Chaire de Pierre. Ce n'est pas forcément le
moment de dresser un "bilan", la période de "quatre
ans" étant évidemment arbitraire - et le mot suscite chez
moi une certaine méfiance. C'est pourtant ce que fait ici le
père Scalese. (benoit-et-moi)
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Le pape Benoît XVI -
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Benoît XVI : Quatre années de
Pontificat
Le Père Scalese dresse un "bilan".
Le 19 avril 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Quatre années se sont écoulées depuis l'accession de Benoît XVI à la
Chaire de Pierre. Ce n'est pas forcément le moment de dresser un "bilan",
la période de "quatre ans" étant évidemment arbitraire - et le mot
suscite chez moi une certaine méfiance.
C'est pourtant ce que fait ici le père Scalese, précédant sa démarche de
quelques précautions nécessaires. Disons tout de suite - ou rappelons - que
le père Scalese n'est pas un inconditionnel. De son propre aveu, il n'est
pas papolâtre, ce qui donne évidemment plus de poids à ses analyses,
indépendamment de son appartenance au milieu ecclésial..
Voici donc une analyse libre, et différente de ce qu'on a pu lire ailleurs,
bien dans la ligne du blog "Senza
peli sulla lingua".
Article original en italien ici:
benedetto-xvi-quattro-anni-di.html,
Traduction :
benoit-et-moi
Benoît XVI, quatre années de pontificat
(extrait)
Jeudi, c'était l'anniversaire du Pape; dimanche prochain, ce sera
l'anniversaire de son élection.
Occasions propices pour rédiger un bilan de ce pontificat. Je ne suis rien
pour faire un bilan; je me limiterai à exprimer librement quelques opinions,
selon mon habitude, sur ce sujet aussi.
Avant tout, quelques prémisses.
Première prémisse: je suis romain. Nous, romains, nous aimons le Pape. Pas
tel ou tel Pape, mais le Pape, quel qu'il soit. Lorsqu'avec Jean Paul II,
après des siècles, nous avons eu un Pape étranger, nous n'avons eu aucun mal
à l'accepter, simplement... parce qu'il était le Pape. Nous aimons bien le
Pape, mais nous sommes aussi un peu désinvoltes : nous n'oublions pas que
Rome est la patrie de Pasquino (..).
Seconde prémisse. J'appartiens à un Ordre religieux qui, tout en restant
toujours fidèle à l'Église, a vécu un rapport souvent conflictuel avec le
Siège Apostolique. Aux origines, les Barnabites durent subir une visite
apostolique, qui les obligea à renoncer à beaucoup de nouveautés qui les
caractérisaient. Un instant de forte tension fut celui vécu au XVIIIème
siècle à cause de la question rosminienne (?). Au XXème siècle, Pie X fut
même tenté de procéder à la suppression de l'Ordre, suspecté de sympathies
modernistes. Mais, malgré cela, les Barnabites ont toujours été des fils
obéissants de l'Église et les Papes ont toujours su qu'ils pouvaient avoir
confiance en eux.
Troisième prémisse. La formation que j'ai reçue, de la part des Dominicains
et des Jésuites, est d'absolue fidélité à l'Église, mais exempt de toute
flagornerie. L'unique préoccupation des Dominicains était le culte pour la
vérité. Des Jésuites je me souviendrai toujours de l'attitude de totale
soumission au Pontife au moment du « commissariamento » de la
Compagnie de la part de Jean Paul II.
Quatrième prémisse. Personnellement, j'en suis resté à la bulle Unam Sanctam
de Boniface VIII : je crois avec conviction que « subesse Romano
Pontifici omni humanæ creaturæ ... omnino esse de necessitate salutis ».
(De plus, nous déclarons, nous proclamons, nous
définissons qu'il est absolument nécessaire pour le salut que chaque
créature humaine soit sujet du Pontife Romain,
http://www.religioustolerance.org/rcc_salv.htm). Mais, en même
temps, je suis tout autant convaincu que soumission au Pape n'est pas
synonyme de courtisanerie, encore moins de « papolâtrie ». Vous
pouvez imaginer dans quel esprit j'ai observé certaines manifestations «
populaires » (je ne sais si elles étaient spontanées
ou suscitées) pendant le précédent pontificat.
Après ces prémisses, venons-en à Benoît XVI.
Avant tout, disons que je nourrissais une grande admiration pour lui avant
qu'il ne devînt Pape. Il me semblait que sa présence aux côtés de Jean Paul
II était une garantie pour l'Église. Pour autant que ce Pape ait fait
beaucoup pour l'Église pendant son pontificat, quelques unes de ses
attitudes me laissaient un tantinet perplexe (on pense aux
différents « mea culpa » et aux Journées d'Assise). Eh
bien, le fait que le Cardinal Ratzinger fût toujours là pour mettre les
points sur les « i », m'inspirait confiance. Pour cette raison, je
m'attendais (et j'ai désiré ardemment) son
élection comme Souverain Pontife et, une fois advenue, je l'ai accueillie
avec joie.
Je n'oublierai jamais cet instant : j'étais à Manille ; j'étais allé me
coucher; à un certain moment, pendant la nuit, je me réveille et me dis :
allons voir qui ils ont fait Pape; j'allume la télévision et je vois
Ratzinger qui adressait son premier salut en donnant sa première
bénédiction. Peu de jours après j'étais à Rome et j'ai pu participer à sa
première audience générale, celle-là même où expliquait pourquoi il avait
choisi le nom de Benoît.
Je pense que ce Pape a été vraiment voulu par l'Esprit Saint. Il fait ce que
lui seul pouvait faire. Il a été souligné qu'avec Jean Paul II s'achevait la
génération des Évêques qui avaient participé au Concile; maintenant, c'est
le tour des experts conciliaires. Remarquez que ces experts on joué un rôle
non négligeable pendant le Concile. Beaucoup de problèmes suscités par
Vatican II doivent être ramenés au travail de ces jeunes théologiens, qui
pensaient refonder l'Église avec le Concile. Je ne sais pas, parce que je
n'ai pas approfondi la question, quelle a été la contribution spécifique des
Ratzinger, Küng, Rahner, Congar ou De Lubac ; je sais seulement que beaucoup
d'Évêques, spécialement ceux originaires de l'Europe du Nord, dépendaient de
leurs théories. Pour cette raison, je dis que ce sont les seuls aujourd'hui
à pouvoir porter remède aux dommages qu'eux-mêmes avaient provoqués. Je suis
bien conscient qu'on ne peut pas mettre sur un même plan un Ratzinger et un
Küng ; mais de toute façon, ce fut Ratzinger qui prépara le célèbre discours
du Cardinal Frings contre le Saint-Office (le hasard a
voulu qu'il finisse sur ce même fauteuil et fasse personnellement
l'expérience de critiques semblables à celles qu'il avait adressées au
Cardinal Ottaviani).
Par rapport à ses positions comme Cardinal, Benoît XVI, en quelques
occasions, a dû faire marche-arrière. Par exemple, lui qui était si critique
en ce qui concerne le dialogue interreligieux, passe maintenant pour un de
ses principaux défenseurs (??). Cela ne m'étonne pas, dès l'instant où,
lorsqu'on assume une nouvelle charge, on voit les choses avec un regard
différent. Ce qui compte est la façon avec laquelle on fait les choses
ensuite. Et il me semble que, particulièrement envers l'Islam, les termes du
dialogue ont été établis correctement (sur un plan
rationnel plutôt que théologique).
Surtout dans les jours ayant suivi immédiatement son élection, on parlait
beaucoup d'une réforme de la Curie Romaine, mais celle-ci semble encore «
à venir ». Cela montre à quel point toutes les Curie sont des réalités
très difficiles à gérer. On pensait qu'en élisant un homme de Curie, il lui
serait plus facile de procéder à la réforme. Au contraire, nous nous sommes
aperçus qu'un homme issu de ce milieu est trop conditionné par lui pour
avoir les coudées franches. La connaissance approfondie d'une réalité ne
permet pas toujours d'intervenir sur elle ; parfois il est préférable d'être
des étrangers pour agir, peut-être avec un peu d'inconscience, mais avec une
plus grande liberté. Un fait est certain : beaucoup d'oppositions à Benoît
XVI viennent des mêmes qui étaient ses ennemis lorsqu'il était Préfet de la
Doctrine de la Foi.
Un des points auxquels Benoît XVI semble donner la plus grande attention est
la liturgie. Cela parce qu'il est convaincu que beaucoup des maux de
l'Église dépendent de la façon dont la liturgie est comprise et célébrée. Le
Pape Ratzinger est pleinement conscient qu'avec la réforme liturgique, on
est allé trop loin. C'est pourquoi il parle d'une « réforme de la réforme
». J'ai déjà dit plusieurs fois que ce programme me trouve pleinement
d'accord. Le problème est que maintenant l'image qu'on a de lui est celle de
quelqu'un qui veut simplement restaurer la liturgie tridentine. Le
Motu Proprio Summorum Pontificum, en soi pleinement légitime et
compréhensible, a transmis cette idée, dont je n'ai moi-même - je le
confesse - pas été entièrement exempt : « OK, les enfants, jusqu'à
présent nous avons plaisanté ; la réforme liturgique a été un diversion ;
maintenant nous passons aux choses sérieuses », désavouant ainsi Vatican
II. Personnellement je suis d'accord que la réforme, ainsi qu'elle a été
réalisée (lisez : Mgr Bugnini), ne
correspondait peut-être pas à la prescription du Concile ; mais même s'il
fallait une réforme liturgique, je pense qu'elle ne tombera du ciel (?). Il
s'agit, comme je continue à le répéter, « de revenir » à Vatican II
(au vrai). Et ceci est possible seulement à
travers une « réforme de la réforme », qui vaille pour tous, et pas
seulement pour certains.
Quant à la tentative de recoudre le schisme lefebvriste
(je ne sais pas s'il est correct d'employer cette expression, mais je
l'utilise pour me faire comprendre), là encore, je suis
totalement sur la même ligne que Benoît XVI. Dans ce cas aussi, il a été
justement souligné une question personnelle : le « schisme » s'est
consommé durant son mandat comme Préfet du Saint-Office ; il ne veut
évidemment pas quitter cette vie avant d'avoir guéri cette fracture. Un but
digne d'éloges. Sans doute, il y a aussi le désir de récupérer à la cause de
l'Église des forces fraîches, prêtes pour l'évangélisation. Là encore, une
préoccupation plus que légitime de la part d'un Pape. Jean Paul II l'avait
déjà fait avec les divers mouvements ecclésiaux. L'expérience de ce Pontife,
cependant, devrait nous inciter à ne pas accorder trop de confiance à ces
réalités, en négligeant le reste de l'Église, considéré comme presque
irrécupérable. Je comprends que la tentation existe, mais on ne peut pas
considérer comme perdue la structure ordinaire de l'Église
(diocèse et paroisses), parce que c'est là que la partie se joue.
Ces autres réalités (précieuses, mais humainement
faillibles comme le reste de l'Église) peuvent aider, mais elles
ne peuvent pas être surestimées ou même rendues exclusives.
Mais l'aspect le plus beau de ce pontificat, c'est la capacité communicative
qu'a Benoît XVI. Malgré qu'il ait tout le système médiatique contre lui, il
réussit à établir un contact direct avec les gens (les
vrais, pas ceux dépeints par les media). Et, une fois le contact
établi, il réussit même à transmettre des contenus pas toujours évidents, ni
banals. Ses discours sont profonds et parfois difficiles, mais les gens
réussissent à les comprendre...

Sources : benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 19.04.09 -
T/Benoît XVI |