Fraternité St Pie X: un livre contre
le Pape Benoît XVI |
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Le 19 janvier 2011
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(E.S.M.)
- Massimo Introvigne s'est dévoué pour lire un livre à charge contre Benoît XVI, écrit par l'un des 4 évêques à qui il a levé l'excommunication.
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Le pape Benoît XVI
Fraternité St Pie X: un livre contre
le Pape Benoît XVI
La FSSPX veut rester en dissidence...
Le 19 janvier 2011 - E.
S. M. -
Massimo Introvigne a lu un livre publié par l'un des 4 évêques lefebvristes
dont Benoît XVI a eu la générosité de lever l'excommunication (et on peut dire
qu'en échange, il n'a reçu que des pierres).
Je dois à la vérité admettre que je n'ai pas de compétences particulières
en théologie, ni en philosophie, même si je pense pouvoir comprendre
quelques concepts.
L'auteur du livre (Mgr Bernard Tissier de Mallerais) me donne l'impression
de faire partie de ces gens pour qui la théologie est l'objet de pures
spéculations intellectuelles, et surtout que lui, et son mouvement, après
avoir imposé au Saint-Père la "croix" Williamson (tellement caricaturale
qu'on en vient à se demander s'il ne s'agit pas d'un montage), ne veulent à
aucun prix rentrer au bercail. Ils tiennent à garder leur statut de
dissidents.
Dommage. Tout ce qu'on peut espérer, désormais, c'est qu'ils se trouvent
dans la situation de généraux sans armée.
Fraternité Saint Pie X et Saint-Siège. Un livre
attaque le pape
Massimo Introvigne
Comme on le sait, des pourparlers sont en cours depuis des mois entre le
Saint-Siège et la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X fondée par Mgr Marcel
Lefebvre, afin d'explorer les conditions théologiques et canoniques d'une
réconciliation, après la levée par Benoît XVI de l'excommunication des
quatre évêques consacrés sans l'approbation de Rome en 1988, un geste -
comme le Pape l'a expliqué à plusieurs reprises - qui initie - et non pas
conclut - le dialogue, dès l'instant que les questions doctrinales demeurent
non résolues.
On dit souvent que le succès de ces conversations est également affectée par
les actions perturbatrices de catholiques qui, pour diverses raisons, ne
voient pas avec faveur le retour de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X en
pleine communion avec Rome. Il se peut que dans ces soupçons, il y ait aussi
une part de vérité.
Nous devons cependant nous demander si ce n'est pas la Fraternité Saint Pie
X elle-même qui met en péril le succès du dialogue.
Ces dernières semaines, de ce bord, sont en effet parvenues de très
virulentes critiques contre Benoît XVI et sa proposition de lire le Concile
Vatican II selon une "herméneutique de la réforme dans la continuité" par
rapport au précédent Magistère de l'Église.
Je ne parle pas tant des réactions à l'annonce d'une nouvelle rencontre
interreligieuse à Assise, des réactions à bien des égards prévisibles, même
si l'image évoquée dans l'homélie de Mgr Bernard Fellay, le supérieur de la
Fraternité, le 9 Janvier 2011 à Paris, de "démons sur Assise", suivie de la
question rhétorique "Est-ce cela la continuité?" n'est pas vraiment un
exemple de langage modéré. (ndt: "tous les dieux des païens, ce sont des
démons, ce sont des démons, et Assise, ce sera plein de démons. C'est la
Révélation, c'est la Foi de l'Église, c'est l'Enseignement de l'Église. Elle
est où, la continuité ? Elle est où, la rupture ?" ici).
Plus grave semble la publication fin 2010 d'un livre d'un autre des évêques
à qui l'excommunication a été levée, Mgr Bernard Tissier de Mallerais,
intitulé "L'étrange Théologie de Benoît XVI. Herméneutique de continuité ou
rupture?" , une œuvre qui se présente comme une critique complète du
Magistère du Pape, et en particulier de son herméneutique de Vatican II.
Une note de la rédaction (p. 7) donne déjà le ton de l'ouvrage: "La
théologie de Benoît XVI s'éloigne de manière impressionnante de la théologie
catholique, elle est la principale cause de la crise actuelle dans
l'Église.."
Le livre cherche à reconstruire la pensée du théologien Joseph Ratzinger et
de Benoît XVI - entre les deux, insiste l'auteur, il y a vraiment
continuité, et non pas rupture - comme fondée sur une philosophie
personnaliste et sur la prétention d'importer dans la théologie la
philosophie moderne, en particulier celle de langue allemande, du kantisme à
la notion Heideggerienne de l'être, si différente de la classique... Ce
faisant, selon Mgr Tissier de Mallerais, Ratzinger / Benoît XVI s'illusionne
de christianiser la philosophie moderne comme le Moyen Age avait
christianisé la pensée grecque. Mais, contrairement à cette dernière, la
philosophie moderne est fondamentalement anti-chrétienne, selon l'auteur, et
il ne peut en sortir rien de bon.
Si on emprunte cette voie, insiste le livre, on ne propose pas une version
chrétienne de la philosophie moderne, mais on réduit les bases de la foi
chrétienne à une version diluée et affaiblie sur la base de cette
philosophie. Le résultat final a peu à voir avec la foi chrétienne
authentique, et parvient à rien moins qu'"un refus pire que celui de
[Martin] Luther"(p. 73) de la doctrine catholique. En effet, une
confrontation entre Ratzinger XVI / Benoît et Luther pose la question:
"Lequel des deux est chrétien" (P. 75), et la réponse suggérée est que le
père du protestantisme sauve au moins une notion de la rédemption
chrétienne, tandis que le pape actuel, dans une interprétation réductrice de
la rédemption, sur la base de subjectivisme et du personnalisme de la
philosophie moderne, risque de glisser hors du christianisme.
Problème après problème, les jugements sont tout aussi radicaux. Même quand
dans les textes du Pape, le langage chrétien est conservé, le sens serait
toujours faussé par le personnalisme et le subjectivisme, lesquels
conduisent à une humanitarisme dont l'auteur dénonce les similitudes et les
dérives maçonniques. Nous lisons ainsi: "Le droit conciliaire à la liberté
religieuse est un manque de foi. En soutenant ce droit, Benoît XVI manque de
foi" (p. 96). Voici [...] un pape qui se désintéresse de la réalité de
l'Incarnation, qui pratique l''epochè sur la matérialité de la Rédemption,
et qui nie la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ" (p. 97). "Benoît XVI,
dans son encyclique [...]
Spe Salvi ne comprend plus la belle définition que
saint Paul donne la foi" (pp. 100-101).
Les modernistes, déjà, se sont servis de la philosophie moderne. Mais,
puisque celle-ci, depuis l'époque de la crise moderniste a continué sa
course, devenant de plus en plus radicalement éloignée de la chrétienté,
l'attitude du Pape serait "un sceptisme ultra-moderniste. Pour conclure, je
dirais que nous sommes confrontés aujourd'hui à un modernisme renouvelé,
perfectionné".(p. 103).
L'herméneutique de la réforme dans la continuité de Benoît XVI pour Vatican
II, se ramène, selon l'auteur, à une tentative pour déguiser la dépendance
des textes fondamentaux du Concile - sur certains desquels, du reste de le
théologien Ratzinger a eu une influence directe - de la philosophie moderne.
En tant que telle, l'herméneutique proposée par Benoît XVI n'est pas un
programme mais un "anti-programme", qui nie toute la tradition catholique.
Et "les avocats de cet anti-programme désincarné, décrucifient et
découronnent Jésus-Christ avec plus de brio que Kant et Loisy "(p. 104). En
somme, "le manque de foi dont souffre Benoît XVI [...] s'explique par son
herméneutique" (p. 106).
Ce qui fait les frais de ce procesus, selon Mgr Tissier de Mallerais, c'est
surtout la notion de rédemption, qu'une théologie inféodée à la philosophie
moderne, avec son optimisme personnaliste, n'est plus en mesure de concevoir
dans sa référence constitutive aux exigences de la justice divine causée par
le péché de l'homme, mais ne peut que réduire à une manifestation de la
miséricorde, où le Christ vient plutôt confirmer et célébrer une grandeur et
une dignité de la personne humaine fondée sur des prémisses philosophiques
modernes entièrement étrangères au christianisme (!!!).
Par rapport au théologien Ratzinger, Benoît XVI ne marque aucun repentir,
persiste à ne pas accepter le mystère de la Rédemption" (p. 110). Le
Catéchisme de l'Église catholique de 1992 , ne saurait lui non plus être un
point de rencontre, au contraire la théologie du cardinal Ratzinger s'y
exprime, au point que "la justice divine et ses exigences sont tuées par le
«Catéchisme»" ( p. 167).
Le texte, un authentique "tour de force" (en français dans le texte),
revendique dès le départ sa nature de "pamphlet" (p. 11) et l'appartenance
au genre "polémique" (ibid.). Comme tous les "pamphlets", il est construit
selon la méthode des citations sélectives. Celles-ci montrent bien que
l'enseignement catholique récent, depuis le Concile jusqu'à Benoît XVI, a
voulu prendre en considération les questions et les exigences posées par la
culture moderne et la philosophie. Mais il ne s'ensuit absolument pas que le
Magistère ait emprunté les réponse à des philosophies contemporaines aux
antipodes du christianisme, ni que le texte convainque, au-delà de la
vigueur polémique.
En fin de compte, le livre n'est pas tant intéressant par ce qu'il affirme
sur Benoît XVI , que par ce qu'il révèle de la mentalité de ceux qui l'ont
écrit et de ceux qui le diffusent. En fait, en ce qui concerne la question
des relations entre la Fraternité Saint-Pie X et le Saint-Siège, le livre
permet peut-être de comprendre que le problème n'est pas seulement la
liturgie, ou seulement une poignée d'extrémistes présents dans la
fraternité. Ses représentants de tout premier ordre proclament, par écrit,
un rejet total de Benoît XVI et de son enseignement.
Le chemin du dialogue, qui se poursuit malgré tout, semble semé d'embûches.
Sources : Benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 19.01.2011 -
T/Brèves
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