Eclairage de Mgr Le Gall sur
l'encyclique Caritas in Veritate de Benoît XVI |
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Le 18 septembre 2009 -
(E.S.M.)
- Eclairage de Mgr Le Gall, archevêque de Toulouse sur
l'encyclique caritas in veritate du pape Benooit XVI : "Des
perspectives nouvelles".
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Mgr Robert Le Gall,
Archevêque de Toulouse
Eclairage de Mgr Le Gall sur
l'encyclique Caritas in Veritate de Benoît XVI
Le 18 septembre 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Au cœur de la crise économique sans précédent que traverse le monde, il est
nécessaire de préciser et de suivre des règles, pour que la mise en valeur
des ressources naturelles par l'intelligence et le travail profite à tout
homme et à tout l'homme, dans la mission qui lui a été donnée dès sa
création : « Le Seigneur Dieu prit l'homme et le conduisit dans le jardin
de l'Éden pour qu'il le travaille et le garde » (Gn 2, 15).
Le développement est le nouveau nom de la paix, avait déclaré le pape Paul
VI dans son encyclique
Populorum Progressio le 26 mars 1967 : il doit se
comprendre non seulement de l'intégralité de la personne humaine, mais aussi
de façon globale dans le contexte à la fois heureux et soucieux de la
présente mondialisation, avec les chances et les risques qu'elle comporte. «
Dieu est le garant du véritable développement, explique Benoît XVI, dans
la mesure où, l'ayant créé à son image, il en fonde aussi la dignité
transcendante et alimente en lui la soif d'être plus. L'homme n'est pas un
atome perdu dans un univers de hasard, mais il est une créature de Dieu, à
qui il a voulu donner une âme immortelle et qu'il aime depuis toujours »
(n. 29).
Une logique de la gratuité
Comme le rappelle le Saint-Père dès le début de sa première encyclique - son
titre résonne clairement : Dieu est Amour (25 décembre
2005), « seule la rencontre de Dieu permet de ne pas voir dans
l'autre que l'autre, mais de reconnaître en lui l'image de Dieu, parvenant
ainsi à découvrir vraiment l'autre et à développer une amour qui devienne
soin de l'autre pour l'autre (Deus
Caritas est n. 18 et 6 ;
Caritas in Veritate, n. 11).
Un « surdéveloppement » anarchique dans la jungle d'un marché sans règles
inflige un dommage catastrophique au développement authentique, quand il
s'accompagne d'un « sous-développement moral » (n. 29) : c'est le diagnostic
sévère qui s'impose aujourd'hui face au mépris de la personne humaine, tant
au plan de l'individu que des sociétés, car l'égoïsme forcené existe à ces
deux niveaux. Notre démarche diocésaine lancée voici un an avec ma Lettre
pastorale Annoncer ensemble la Bonne Nouvelle aux pauvres, a fait remonter
fortement l'attention sur les nouvelles formes de pauvreté en notre diocèse
; j'en ai fait le premier des quatre nouveaux chantiers à ouvrir au terme de
notre rassemblement de la Pentecôte le 31 mai dernier (Foi & Vie, n. 48,
juillet-août 2009, p. 4). Comment pouvons-nous concrètement aider au passage
d'une économie de prédateurs à une économie d'un échange de dons qui sont
complémentaires ? C'est ce que l'enseignement du Pape nous fait envisager.
Reprenant une formule de Paul VI, Benoît XVI affirme que « les pauvres ne
sont pas à considérer comme un fardeau, mais au contraire comme une
ressource, même du point de vue strictement économique » (n. 35). Leur
présence nous oblige à être attentifs à la justice, tout en réalisant que la
justice ne pourra jamais honorer pleinement les personnes si l'amour ne
vient apporter son supplément d'âme. Le plus nouveau de l'enseignement du
Saint-Père si situe dans cette insistance sur une logique de la gratuité et
du don pour équilibrer celle du marché, même régulé par l'état. « L'amour
dans la vérité place l'homme devant l'étonnante expérience du don. La
gratuité est présente dans sa vie sous de multiples formes qui souvent ne
sont pas reconnues en raison d'une vision de l'existence purement
productiviste et utilitariste. L'être humain est fait pour le don ; c'est le
don qui exprime et réalise sa dimension de transcendance. Étant un don de
Dieu absolument gratuit, la charité fait irruption dans notre vie comme
quelque chose qui n'est pas dû, qui transcende toute loi de justice. Le don
par sa nature surpasse le mérite, sa règle est la surabondance. Il nous
précède dans notre âme elle-même comme le signe de la présence de Dieu en
nous et de son attente à notre égard. Parce qu'elle est un don que tous
reçoivent, la charité dans la vérité est une force qui constitue la
communauté, unifie les hommes, de telle manière qu'il n'y ait plus de
barrières ni de limites » (n. 34).
Echange de dons
Tout planifier en termes de profit, de rendement, de calcul ou de
spéculation aboutit au mépris de la liberté des personnes et des sociétés
par la seule loi du plus fort. « La logique du don » de son côté n'exclue
pas la justice et il faut affirmer que « le principe de gratuité est une
expression de la fraternité » (n. 34). Le Pape va jusqu'à parler d'une
économie de la gratuité et de la fraternité : « La vie économique a sans
aucun doute besoin du contrat pour réglementer les relations d'échange entre
valeurs équivalentes. Mais elle a tout autant besoin de lois justes et de
formes de redistribution guidées par la politique, ainsi que d'œuvres qui
soient marqués par l'esprit du don » (n. 37).
Dans la civilisation de l'amour, où chacun de nous est appelé à devenir
bâtisseur, on peut parler aussi d'une « civilisation de l'économie »
(n. 38)
où, au lieu de donner pour avoir, ou de donner par devoir, on apprend à
donner pour donner ; pour cela, il faut que nous devenions des « personnes
ouvertes au don réciproque » (n. 39). Même les plus pauvres ont des
richesses d'humanité et de spiritualité qu'ils ont soif de partager, avant
même de recevoir des aides nécessaires. Voulons-nous avancer ensemble dans
cet « échange des dons » dans la vérité et la fraternité, auquel nous
appelle le Dieu qui se révèle l'Amour ? Pour cela, il nous faut être
attentif à sa Parole qui nous libère : « Chacun trouve son bien en adhérant,
pour le réaliser pleinement, au projet que Dieu a sur lui : en effet, il
trouve dans ce projet sa propre vérité et c'est en adhérant à cette vérité
qu'il devient libre » (n. 1) : c'est notre route à tous, ensemble, pour la
communion et le partage. Oui, nous avons du chemin à faire, mais Jésus
n'est-il pas précisément le Chemin, la Vérité et la Vie ?
+ fr Robert Le Gall
Archevêque de Toulouse
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Caritas in Veritate, l'encyclique sociale du pape Benoît XVI
►
Introduction et Ier chapitre : Le
message de Populorum Progressio
►
IIème chapitre : Le développement humain
aujourd'hui
►
IIIème chapitre : Fraternité,
développement économique et société civile
►
IVème chapitre : Développement des
peuples, droits et devoirs, environnement
►
Vème chapitre : La collaboration de la
famille humaine
►
VIème chapitre et conclusion : Le développement des peuples et
la technique
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Sources :
eglise.catholique
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 18.09.09 -
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