Homélie de Benoît XVI : Messe en la
solennité de l'Assomption de Marie |
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Le 18 août 2009 -
(E.S.M.)
- Dans la matinée du samedi 15 août 2009, le Pape Benoit XVI a
présidé dans la paroisse pontificale Saint-Thomas de Villanova,
à Castel Gandolfo, une célébration eucharistique en la solennité
de l'Assomption de la Vierge Marie.
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Le pape Benoît XVI
Homélie de Benoît XVI : Messe en la
solennité de l'Assomption de Marie
Vivre en chrétien, c'est se hâter sur le chemin qui conduit vers Dieu
Le 18 août 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Dans la matinée du samedi 15 août 2009, le Pape Benoit XVI a présidé dans la
paroisse pontificale Saint-Thomas de Villanova, à Castel Gandolfo, une
célébration eucharistique en la solennité de l'Assomption de la Vierge
Marie. Nous publions ci-dessous l'homélie prononcée par le Saint-Père à
cette occasion:
Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers frères et sœurs,
La solennité d'aujourd'hui couronne le cycle des grandes célébrations
liturgiques au cours desquelles nous sommes appelés à contempler le rôle de
la bienheureuse Vierge Marie dans l'Histoire du salut. En effet, l'Immaculée
Conception, l'Annonciation, la Maternité divine et l'Assomption sont des
étapes fondamentales, intimement liées entre elles, à travers lesquelles
l'Eglise exalte et chante le destin glorieux de la Mère de Dieu, mais dans
lesquelles nous pouvons également lire notre histoire. Le mystère de la
conception de Marie rappelle la première page de l'histoire humaine, en nous
indiquant que, dans le dessein divin de la création, l'homme aurait dû
posséder la pureté et la beauté de l'Immaculée. Ce dessein, compromis mais
non détruit par le péché, à travers l'incarnation du Fils de Dieu, annoncée
et réalisée en Marie, a été recomposé et restitué à la libre acceptation de
l'homme dans la foi. Enfin, dans l'Assomption de Marie, nous contemplons ce
que nous sommes appelés à atteindre à la suite du Christ Seigneur et dans
l'obéissance à sa Parole, au terme de notre chemin sur la terre.
La dernière étape du pèlerinage terrestre de la Mère de Dieu nous invite à
considérer la façon dont Elle a parcouru son chemin vers l'objectif de
l'éternité glorieuse.
Dans le passage de l'Evangile qui vient d'être proclamé, saint Luc raconte
que Marie, après l'annonce de l'Ange, "se mit en route rapidement vers une
ville de la montagne de Judée" pour rendre visite à Elisabeth
(Lc 1, 39). En disant cela, l'évangéliste veut
souligner que pour Marie, suivre sa vocation de manière docile à l'Esprit de
Dieu, qui a opéré en Elle l'incarnation du Verbe, signifie parcourir une
nouvelle route et entreprendre rapidement un chemin en dehors de sa propre
maison, en se laissant conduire uniquement par Dieu. Saint Ambroise, en
commentant la "hâte" de Marie, affirme: "la grâce de l'Esprit
Saint ne comporte pas de lenteurs" (Expos. Evang. sec;
Lucam, II, 19: pl 15, 1560). La vie de la Vierge est conduite par
un Autre - "Voici la servante du Seigneur; que tout se passe pour moi selon
ta parole" (Lc 1, 38) -, elle est modelée par
l'Esprit Saint, elle est marquée par des événements et des rencontres, comme
celle avec Elisabeth, mais surtout par la relation très particulière avec
son Fils Jésus. C'est un chemin sur lequel Marie, conservant et méditant
dans son coeur les événements de son existence, aperçoit en eux de manière
toujours plus profonde le dessein mystérieux de Dieu le Père, pour le salut
du monde.
En suivant ensuite Jésus, de Bethléem à l'exil en Egypte, lors de sa vie
cachée et de sa vie publique, jusqu'au pied de la Croix, Marie vit son
ascension constante vers Dieu dans l'esprit du Magnificat, en adhérant
pleinement, même dans les moments d'obscurité et de souffrance, au projet
d'amour de Dieu et en nourrissant dans son cœur l'abandon total entre les
mains du Seigneur, si bien qu'elle est un paradigme pour la foi de l'Eglise
(cf. Lumen
Gentium, n. 64-65).
Toute la vie est une ascension, toute la vie est méditation, obéissance,
confiance et espérance, même dans les ténèbres; et toute la vie est cette "sainte
hâte", qui sait que Dieu est toujours la priorité et que rien d'autre ne
doit susciter de hâte dans notre existence.
Enfin, l'Assomption nous rappelle que la vie de Marie, comme celle de chaque
chrétien, est un chemin d'imitation, à la suite de Jésus, un chemin qui a un
objectif bien précis, un avenir déjà tracé: la victoire définitive sur le
péché et sur la mort et la pleine communion avec Dieu, car - comme le dit
Paul dans la Lettre aux Ephésiens - le Père "nous a ressuscités; avec
lui, il nous a fait régner aux cieux, dans le Christ Jésus"
(Ep 2, 6). Cela veut dire qu'avec le Baptême, nous sommes
fondamentalement déjà ressuscités et que nous siégeons dans les cieux en
Jésus Christ, mais que nous devons corporellement rejoindre ce qu'il a
commencé et réalisé dans le Baptême. En nous, l'union avec le Christ, la
résurrection, est inachevée, mais pour la Vierge Marie, elle est accomplie,
malgré le chemin que la Vierge a dû elle aussi accomplir. Elle est entrée
dans la plénitude de l'union avec Dieu, avec son Fils, et elle nous attire
et nous accompagne sur notre chemin.
Alors, en Marie élevée au ciel, nous contemplons celle qui, par un singulier
privilège, participe corps et âme à la victoire définitive du Christ sur la
mort.
"Ayant accompli le cours de sa vie terrestre, elle fut élevée corps et
âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de
l'univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur
des seigneurs
(cf. Ap 19, 16), victorieux du péché et de la mort"
(Lumen gentium, n. 59). Dans la Vierge élevée au
ciel, nous contemplons le couronnement de sa foi, de ce chemin de foi
qu'Elle indique à l'Eglise et à chacun de nous: Celle qui a recueilli la
Parole de Dieu à chaque instant est élevée au ciel, c'est-à-dire qu'Elle est
elle-même accueillie par le Fils, dans cette "demeure" qu'il nous a préparée
avec sa mort et sa résurrection (cf. Jn 14, 2-3).
La vie de l'homme sur la terre - comme nous l'a rappelé la première lecture
- est un chemin qui se déroule, constamment, dans la tension de la lutte
entre le dragon et la femme, entre le bien et le mal. Telle est la situation
de l'histoire humaine: elle est comme un voyage sur une mer souvent
tempétueuse; Marie est l'étoile, qui nous guide vers son Fils Jésus, soleil
qui est né au dessus des ténèbres de l'histoire (cf.
Spe Salvi, 49) et elle nous donne l'espérance dont nous avons
besoin: l'espérance que nous pouvons vaincre, que Dieu a vaincu et que, avec
le Baptême, nous sommes entrés dans cette victoire. Nous ne succombons pas
définitivement: Dieu nous aide, nous guide. Telle est l'espérance: cette
présence du Seigneur en nous, qui devient visible en Marie élevée au ciel. "En
Elle (...) - lirons-nous dans quelques instants dans la Préface de cette
solennité - tu as fait resplendir pour ton peuple en pèlerinage sur la
terre, un signe de réconfort et d'espérance certaine".
Avec saint Bernard, poète mystique de la Sainte Vierge, nous l'invoquons
ainsi: "Nous te prions, ô bénie, par la grâce que tu as trouvée, par ces
prérogatives que tu as méritées, par la Miséricorde que tu as fait naître,
fais que celui qui pour toi a daigné participer à notre misère et à notre
infirmité, grâce à ta prière, nous fasse participer à ses grâces, à sa
béatitude et à sa gloire éternelle, Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni pour les siècles des siècles.
Amen" (Sermo 2 de Adventu, 5: PL 183, 43).
Texte original du
discours du Saint Père
►
Italien
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
©L'Osservatore Romano - 18 août 2009
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 18.08.09 -
T/Benoît XVI |