L'optimisme de Benoît XVI |
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Le 18 mai 2010
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(E.S.M.)
- Benoît XVI regarde l'histoire avec des yeux chrétiens. Avec un
regard positif
et serein qui
n'ignore pas les
drames et les
tragédies de
l'histoire, ni
les abîmes du
mal ouverts par
le XXe siècle, la limite et la
faute originelle de l'homme, le péché des chrétiens eux-mêmes qui montre la
nécessité continue du renouveau de l'Eglise.
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Le pape Benoît XVI -
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L'optimisme de Benoît XVI
Le 18 mai 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
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Dans l'histoire, le mal n'aura pas le dernier mot, malgré les difficultés et
la douleur, malgré l'injustice, malgré la mort elle-même. En volant
au-dessus de la Méditerranée vers le Portugal, lors de la traditionnelle
rencontre avec les journalistes, le Pape a donné la clé de lecture de son
nouveau voyage international, avant tout à destination de Fatima, le
sanctuaire marial qui est devenu l'un des lieux symboliques les plus
évocateurs du catholicisme contemporain: c'est l'optimisme, une clé de
lecture qui lui est propre depuis toujours, contrairement à de tenaces
préjugés qui depuis des décennies accompagnent désormais la représentation
médiatique de Joseph Ratzinger.
Benoît XVI regarde l'histoire avec des yeux chrétiens. Avec un regard
positif et serein qui n'ignore pas les drames et les tragédies de
l'histoire, ni les abîmes du mal ouverts par le XXe siècle, la limite et la
faute originelle de l'homme, le péché des chrétiens eux-mêmes qui montre la
nécessité continue du renouveau de l'Eglise (Ecclesia
semper reformanda). Son optimisme est donc réaliste parce qu'il
sait que le mal est toujours à l'attaque, mais il sait aussi que les forces
du bien sont présentes et que le Seigneur est plus fort que le mal. Comme le
montre le message de Fatima, dont précisément le cardinal Ratzinger, à la
demande de Jean-Paul II, donna une lecture profondément enracinée dans la
tradition chrétienne.
Ce même regard optimiste conduit le Pape à lire la crise qui semble à
présent se concentrer sur l'Europe, comme un exemple très clair de la
nécessité de rouvrir le pragmatisme de l'économie aux raisons de l'éthique.
Dans une perspective qui parcourt toute l'encyclique
Caritas in Veritate et
qui a suscité un intérêt et un consensus bien au-delà des milieux
catholiques. Et la dernière confirmation de cet important partage est venue
précisément des paroles du président portugais. A celles-ci, Benoît XVI a
répondu en rappelant que sa visite dans le pays a lieu lors du centenaire de
la proclamation de la République et de la distinction entre Eglise et Etat,
occasion d'"un nouvel espace de liberté" pour les catholiques.
Et c'est encore l'optimisme qui a marqué la considération à l'égard du
sécularisme faite par le Pape. Un phénomène ancien qui s'est à présent
radicalisé. Mais celui-ci - a voulu souligner Benoît XVI de manière
significative - constitue dans le même temps un défi et une possibilité:
bien qu'ait souvent prévalu la logique du conflit, les personnes qui se sont
efforcées de construire des ponts, en effet, n'ont jamais manqué. Ces ponts
qui, selon le Souverain Pontife, doivent être aujourd'hui jetés pour rendre
possible la compréhension et l'entente entre le rationalisme européen de
notre époque qui tend à exclure le transcendant et la raison qui, en tant
que telle, est en revanche ouverte au transcendant. Ce n'est que de cette
manière que les cultures occidentales, pragmatiques et matérialistes,
pourront entrer en dialogue avec les autres cultures. Pour le regard
optimiste de Benoît XVI, la présence du sécularisme est en soi normale,
tandis que sont anormaux et négatifs le conflit et l'exclusion de Dieu de
l'horizon de l'homme.
L'océan et la tradition
Les yeux de Benoît XVI regardent au loin. Comme cela a été le cas à
Lisbonne, en célébrant la Messe au bord de l'océan - devant une foule
joyeuse et véritablement immense qui, se rassemblant avec affection autour
du Pape, a rappelé celle décrite dans la lecture de l'Apocalypse - et en
s'adressant au monde de la culture. Un monde qui a su l'accueillir avec une
chaleur et un respect impressionnants et exemplaires, exprimés par le doyen
des arts du pays, le réalisateur plus que centenaire Manoel de Oliveira, qui
a évoqué les anges et la nostalgie pour le paradis perdu. Balayant ainsi,
une fois de plus et tout comme le vent qui soufflait sur la mer, les
analyses des médias trop souvent marquées par un pessimisme pas totalement
objectif.
Le regard fixé sur le Christ et pleinement plongé dans le "fleuve vivant" de
la tradition catholique, Benoît XVI a célébré l'histoire du Portugal et a
parlé au pays d'aujourd'hui avec sérénité et ouverture. Et la "Lisbonne
amie" - comme le Pape l'a définie - a bien compris le sens de la visite, en
fêtant son hôte avec enthousiasme, transparent et touchant en particulier
dans l'accueil simple d'une multitude d'enfants, même très petits, regroupés
avec leurs maîtresses le long des rues et agitant des petits drapeaux rouges
et verts, aux couleurs de la nation.
Le Portugal, héritier d'une histoire forte et courageuse, est appelé
aujourd'hui aussi à "indiquer de nouveaux mondes au monde" comme le chantait
son grand poète Camões, exaltant l'aventure des découvertes et des missions
chrétiennes qui ont marqué les cinq continents. De même que, dans le monde
contemporain, ses hommes de culture, avec une vocation commune à tous les
intellectuels, peuvent parler au cœur de l'humanité. Avec eux, l'Eglise
veut parler et dialoguer, consciente du conflit entre sociétés qui rendent
absolu le présent et le patrimoine de la tradition.
Dans la crise de la vérité produite précisément par le conflit dramatique
entre présent et tradition, l'Eglise, appelée depuis toujours à "une mission
de vérité", accomplit dans le même temps "un apprentissage" dans la
coexistence respectueuse avec la vérité des autres. Dans le sillage tracé
par Vatican ii et par l'entretien amical et jamais épuisé de Paul vi avec le
monde: grâce donc à un renouveau catholique conscient de la tradition et qui
est en mesure d'assumer les critiques de la modernité, inaugurée par la
réforme protestante et par le siècle des Lumières.
Avec cette nouvelle conscience, l'Eglise du Christ (Ecclesiam suam)
maintient fermement - et il ne pourrait en être autrement - sa mission:
persuader les femmes et les hommes d'aujourd'hui à regarder au loin,
"au-delà des avant-dernières choses", pour chercher les dernières. Comme les
navigateurs qui traversèrent l'océan sous la protection de sainte Marie de
Belém. Et aujourd'hui aussi, il vaut la peine de ne pas arrêter cette
recherche et de suivre Jésus, en sachant que malgré la distance des siècles,
"une expérience véritable et personnelle du Christ ressuscité" est possible.
Sans trop se préoccuper des structures et des programmes, une fois de plus,
Benoît XVI l'a répété: le Christ "avance toujours avec son Eglise" qu'aucune
puissance adverse ne pourra jamais détruire.
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Les photos du voyage
Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
(©L'Osservatore Romano - 18 mai 2010)
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 18.05.2010 -
T/Benoît XVI
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