Benoît XVI l’a bien souligné, l'espérance est
une affaire de foi |
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Le 18 mars 2008 -
(E.S.M.) - L’espérance chrétienne - le pape Benoît XVI, dans
sa dernière encyclique
Spe Salvi l’a bien souligné - n’est ni une affaire d’optimisme, de
psychologie ni la résultante d’une analyse de toutes les raisons
humaines d’espérer dans le monde. Non, l’espérance n’est pas une affaire
d’experts. Elle est une affaire de foi, une aventure qui est proposée à
tous les croyants.
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Le cardinal Jean-Pierre
cardinal RICARD, Archevêque de Bordeaux -
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Benoît XVI l’a bien souligné, l'espérance est une affaire de foi
Nous vivons dans un monde où l’espérance est
devenue une denrée rare.
Être témoins de l’espérance chrétienne
Homélie
de la messe chrismale en la Cathédrale Saint André - Lundi 17 mars 2008
Chers frères prêtres,
Chers frères diacres,
Chers frères et sœurs dans le Christ,
Espérance éprouvée en Irak
Elle est parfois héroïque. Je pense à ce que vivent aujourd’hui les
communautés chrétiennes d’Irak. Elles sont doublement frappées. Tout
d’abord, elles sont victimes, comme les autres composantes de la population
irakienne, de la quasi-disparition de l’État de droit en Irak, des horreurs
d’une guerre civile et de la prise d’otage transformée en méthode mafieuse
de gagner rapidement le plus d’argent possible. Mais, dans cette guerre
menée par les américains, les chrétiens sont visés plus particulièrement
comme chrétiens, car on les pense complices de cet occident honni. Ces
Églises, dont certaines vivent dans ce pays depuis les premiers temps du
christianisme, se voient rejetées par des islamistes radicaux qui
n’envisagent pour elles que la disparition ou l’exil. On peut dire qu’elles
vivent aujourd’hui les différentes stations du chemin de croix du Seigneur.
Des évêques, des prêtres, des pères de famille ont été exécutés froidement,
des familles sont terrorisées. La plupart vivent dans l’angoisse de
l’avenir, du lendemain immédiat. Comment vivre, ou tout simplement survivre
? Comment continuer à espérer, à croire, en la paix, en la fraternité, en la
réconciliation, au pardon dans un tel contexte ? Et pourtant, cette Église
martyrisée témoigne de l’espérance du Christ et nous invite à vivre de
l’espérance.
Espérance difficile chez nous en France
Dans nos pays d’Europe, l’espérance n’est guère au rendez-vous. Toutes les
idéologies qui promettaient un avenir radieux ont battu de l’aile, que ce
soit le marxisme qui promettait le bonheur dans une société sans classe, le
scientisme qui croyait que la science finirait par répondre à toutes les
questions de l’homme ou même le libéralisme naïf qui pensait que la
libéralisation de la loi du marché règlerait par elle-même tous les
problèmes économiques, sociaux et humains. Aujourd’hui, l’avenir paraît
sombre. Ce ne sont pas les questions qui manquent : quel sera l’avenir de
notre planète, celui du marché de travail, celui de l’équilibre entre les
générations au moment où notre société va être marquée par un véritable «
papyboum » ? Quel sera l’avenir de la famille et du mariage dans nos
sociétés occidentales ? Pourquoi cette consommation considérable
d’anxiolytiques en France ? Comment vivre dans une société de violence ? Je
célébrais hier la messe à la prison, un univers très violent, mais qui est
comme une caisse de résonance des violences présentes dans notre société.
Dans un tel contexte, on comprend que beaucoup de nos contemporains
cherchent la fuite dans la consommation, pour certains dans celle de
l’alcool, de la drogue ou du sexe. D’autres retirent leur épingle du jeu ou
bien, plus cyniques, essaient de profiter au mieux de la situation pour
leurs intérêts personnels.
Et c’est là qu’il nous faut entendre comme bonne nouvelle l’évangile
d’aujourd’hui. Dans un monde d’angoisse, d’enfermement, d’aveuglement et de
manque d’espoirs, le Christ vient faire une brèche, ouvrir un chemin de vie,
de lumière, de libération et d’amour. Il ouvre à l’espérance.
Être témoins de l’espérance chrétienne
L’espérance chrétienne - le pape Benoît XVI, dans sa dernière encyclique
Spe Salvi l’a bien souligné - n’est ni une affaire d’optimisme, de
psychologie ni la résultante d’une analyse de toutes les raisons humaines
d’espérer dans le monde. Non, l’espérance n’est pas une affaire d’experts.
Elle est une affaire de foi, une aventure qui est proposée à tous les
croyants. L’espérance est liée à l’amour de Dieu pour l’homme. Le
Père n’a pas voulu abandonner les hommes à leur sort. Il a envoyé son Fils
pour ouvrir cette brèche dont je parlais plus haut, pour nous communiquer la
vie éternelle qui est non seulement la vie dans l’au-delà mais la
transformation, grâce à l’action du Saint Esprit, de notre vie ici-bas. Il
vient nous montrer que seul trouve la source d’eau vive de cette vie
nouvelle, celui qui aime, qui donne sa vie, qui est un artisan de paix, de
fraternité, de réconciliation et de pardon. Oui, Dieu par sa présence et par
son amour nous ouvre l’avenir, nous fait vivre dans l’espérance. Tous frères
et sœurs, vivant dans ce diocèse, nous avons à être les témoins de
l’espérance, de cette espérance qui est bonne nouvelle pour l’homme, bonne
nouvelle pour tous les hommes. Que nos vies soient habitées par l’espérance.
Comme les tournesols montrent d’où vient la lumière du soleil qu’elles
montrent où se trouve pour nous la lumière de l’amour.
Les signes d’espérance que Dieu nous donne
Dieu ne nous donne-t-il pas d’ailleurs des signes de cette espérance qui
naît dans le cœur des hommes. L’huile que nous allons bénir évoque
quelques-unes de ces situations : des catéchumènes adultes qui découvrent
une toute autre façon de voir et de vivre leur vie au contact du Christ et
de l’Évangile, des confirmands jeunes et adultes qui veulent se remettre en
route à la suite du Christ, tous ces malades qui se sentent rejoints par la
tendresse du Seigneur dans le sacrement des malades, ces prêtres qui
reçoivent l’onction de l’Esprit saint pour vivre au jour le jour tout au
long de leur vie leur ministère sacerdotal. Je reverrai toujours certains
visages de prêtres très âgés, connus dans ma jeunesse, qui montaient à
l’autel en rendant grâce à Dieu « qui réjouissait leur jeunesse »
(ad Deum qui laetificat juventutem
meam). Dieu était toujours leur joie, leur jeunesse et leur
espérance.
Les prêtres serviteurs de l’espérance
Chers frères prêtres qui avez reçu avec l’onction du saint chrême le
sacerdoce ministériel, soyez auprès du peuple qui vous est confié des
serviteurs et des témoins de l’espérance. Il vaut mille fois mieux allumer
une petite lumière que de maudire les ténèbres. Soyez témoins de la fidélité
de Dieu à son Alliance, de la présence du Christ comme notre compagnon de
route, de l’action de l’Esprit qui nous fait vivre dès aujourd’hui de la vie
de Dieu. Nous, qui avons entendu l’appel du Christ à tout quitter pour le
suivre, mettons en lui l’ancre de notre espérance (Heb.6,
20). Dans le souci pastoral du peuple de Dieu, ressemblons à
Moïse dont l’épître aux Hébreux nous dit : « Comme s’il voyait l’invisible,
il tint ferme. » (Heb. 11, 27) Recevons dans
notre intimité avec le Seigneur cette grâce et cette force de l’espérance.
Dans les mille rencontres de notre vie apostolique, soyons les semeurs
infatigables de la petite graine de l’espérance. Ou plus exactement, soyons
toujours plus profondément unis au Christ pour que ce soit lui, qui, à
travers nous, sème l’espérance, même dans les situations où nous avons
l’impression qu’il nous faut, comme Abraham, « espérer contre toute
espérance » (Rom 4, 18).
Frères et sœurs, en terminant cette homélie, comment ne pas faire miennes
ces paroles de saint Paul aux chrétiens de Rome : « Que le Dieu de
l’espérance vous comble de joie et de paix dans la foi, afin que vous
débordiez d’espérance par la puissance du Saint Esprit. »
(Rom 15, 13) ? Amen !
+ Jean-Pierre cardinal RICARD
Archevêque de Bordeaux
Évêque de Bazas
Sources : Église en Gironde
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 18.03.2008 -
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