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19 Avril 2005
 

Deux maîtres qui nous quittent : Olivier Clément et Henri Cazelles

 

Le 18 janvier 2009 - (E.S.M.) - La semaine écoulée a vu le décès de deux hommes, de deux croyants, à qui je dois personnellement beaucoup, même si c’est dans des domaines très différents : Olivier Clément théologien laïc orthodoxe, et Henri Cazelles, exégète catholique et sulpicien.

Olivier Clément 

Deux maîtres qui nous quittent : Olivier Clément et Henri Cazelles

par le Père Michel Gitton

J’ai rencontré Olivier Clément
(1) en 1962 au lycée Condorcet où il était professeur d’histoire géographie en terminale. Ce fut tout de suite un choc, c’est la première fois que je rencontrais un homme de cette stature. Il ne faisait pas mystère de sa foi, il nous parlait déjà du christianisme, comme de la « religion des visages », mais loin d’entraîner une quelconque fermeture, cette position lui conférait au contraire une singulière aptitude pour rejoindre toute situation d’humanité. Avec lui, le monde s’éclairait littéralement : la Chine, l’Inde, les États-Unis étaient autre chose que des taches de couleur sur la carte, c’étaient des peuples vivants une aventure chaque fois unique, dont sa sympathie nous faisait sentir la grandeur et les risques. Je pris l’habitude de le rencontrer en dehors des cours avec un ami, et, malgré la méfiance que lui inspiraient sans doute mes convictions maurassiennes de l’époque, il se prêtait avec bonne grâce à nos questions de potache et nous partageait cette sagesse qui semblait sourdre de lui. Devenu quelques années plus tard khâgneux à Louis le Grand, j’eus la joie de le retrouver au quartier latin et ce furent d’autres entretiens qui jalonnèrent ces moments où je me rapprochais insensiblement de la foi de mon enfance. Je gravis quelques fois les escaliers de son domicile parisien sur les hauteurs de Ménilmontant, où il se sentait mieux que dans la froideur des beaux quartiers. Je le perdis en suite de vue pendant des années, non sans lire de temps à autre tel de ses livres toujours marquants (Questions sur l’homme sur longtemps un de mes livres de chevet). Il y a cinq ans ou un peu plus, j’eus la joie de le revoir, marqué déjà par l’âge et la maladie, mais l’esprit toujours alerte. Il avait accepté de nous recevoir, Samuel Pruvot et moi pour une interview dans France Catholique. Je me souviens surtout de sa façon de nous présenter ces deux hommes de paix, transcendant les frontières, qu’étaient à ses yeux Athënagoras et Jean-Paul II. Je retrouve dans son dernier livre l’Essor de l’Orient cette même liberté souveraine pour aborder les questions contentieuses entre l’Orient et l’Occident chrétiens, capable de voir les ponts possibles, de communier en profondeur avec une tradition théologique différente, sans rien perdre de la richesse qu’il avait découverte, il y a plus d’un demi siècle, à l’école de Wladimir Lossky. (Pour approfondir : Entretien avec Olivier Clément)

Henri Cazelles fut d’abord pour moi l’interlocuteur providentiel qui me permit de réconcilier ma passion pour l’Égypte ancienne et la religion de la Bible que j’étais en train de découvrir à la suite de ma conversion. Cet homme était un savant dont tout le monde s’accordait à reconnaître la compétence, non seulement dans les études bibliques, mais dans l’histoire des civilisations du Proche-Orient. Lui aussi se prêta avec bienveillance aux questions d’un débutant, avide de tout comprendre. Certaines de ses explications m’illuminent encore. Je me souviens par exemple de sa réponse à ma question sur la vision du Péché Originel dans la Bible qui laisse le sentiment d’une irrémédiable décadence de l’humanité subséquente, alors que l’histoire qu’on nous enseigne nous habitue à l’idée de progrès depuis des origines très frustres. C’est lui qui me fit sentir que le progrès technique, au demeurant incontestable, ne veut pas dire automatiquement élévation de la conscience, il me citait le cas de populations encore très archaïques, comme les Pygmées, mais dont la finesse et la compréhension est sans commune avec le niveau de civilisation où il sont parvenus. Par la suite, il m’accueillit comme séminariste au Séminaire des Carmes et étudiant à l’Institut catholique. J’ai encore le souvenir du cours extraordinaire où il commenta le livre de Jérémie en situant chaque oracle dans le contexte politique et international de l’époque. Sans doute espéra-t-il un moment faire de moi un professeur de sciences bibliques et pourquoi pas son successeur, mais ma manière de réagir à l’enseignement théologique dispensé en ces années-là choqua l’homme d’institution qu’il était, il était loin d’approuver tout ce qui se disait alors, mais il estimait qu’on avait toujours tort de s’opposer à ceux qui sont officiellement mandatés par l’Église. Néanmoins il me permit de travailler sur un dossier qui lui tenait à cœur : les traces du séjour des Hébreux en Égypte. C’est ainsi qu’il me confia l’article « Ramsès » du Supplément au Dictionnaire de la Bible. Par la suite, je restais en lien plus espacé avec lui, mais il ne refusait pas de temps à autre une conférence, comme celle qu’il fit dans les années 90 pour la rédaction de la revue Résurrection. Cet homme qui avait réussi à intégrer parfaitement la théorie dite « documentaire » sur l’origine du Pentateuque
(quatre documents de base, combinés peu à peu pour faire un seul récit) au point d’en faire un auxiliaire de la compréhension théologique de l’Ancien Testament eut sur le tard la pénible surprise de voir cette théorie battue en brèche et pratiquement abandonnée de la plupart des spécialistes. Ses recherches se tournèrent désormais dans d’autres directions, mais il y avait laissé quelque chose de lui-même… Ces deux hommes laissent chacun dans leur genre une place vide qu’il ne sera pas facile de reprendre. S’il y aura toujours des spécialistes de sciences religieuses (bibliques ou patristiques), il faut appeler de nos vœux la présence d’hommes et de femmes animés de cette foi communicative qui met le savoir au service de la connaissance savoureuse du mystère de Dieu.

Michel GITTON

Réactions :

(1) ASSEMBLÉE DES ÉVÊQUES ORTHODOXES DE FRANCE - AEOF

Instance de coordination et de représentation de l’épiscopat orthodoxe canonique en France

Rappel au Seigneur du théologien et historien orthodoxe français Olivier Clément

L’Église orthodoxe en France est en deuil aujourd’hui ! C’est avec une grande peine que les évêques orthodoxes de France ont appris la naissance au Ciel du théologien et historien orthodoxe français Olivier Clément qui s’est éteint à Paris hier après une longue lutte difficile, mais courageuse et sereine, contre la maladie.

Il est difficile de dire Olivier Clément tellement est abondante et puissante son œuvre dans et pour l’Église orthodoxe.

Personnalité marquante et attachante de l’Orthodoxie en France, en Europe et de par le monde, Olivier Clément était par excellence un être « philocalique », un véritable amoureux de la beauté divine qu’il recherchait et décryptait dans le monde et dans toute personne et qu’il retraduisait par une pensée théologique puissante et abondante, s’exprimant dans une parole poétique pleinement enracinée dans la vie et la tradition de l’Église.

Les évêques orthodoxes de France tiennent à rendre un hommage appuyé à celui qui a tant donné, sans limite, à l’Église orthodoxe et qui, inspiré et inspirant, a été un des piliers de l’Orthodoxie dans notre pays. Ils saluent en lui aussi celui qui a accompagné, dans une fidélité et une loyauté extrêmes, pendant de longues années les travaux du Comité inter épiscopal orthodoxe en France et puis l’Assemblée des Évêques Orthodoxes de France. Le rayonnement d’Olivier Clément ne s’est pas limité à la France. Il a été un témoin actif et irénique du Christ ressuscité dans tout le monde orthodoxe, dans le monde chrétien et bien au-delà. Tous les chrétiens se reconnaissent dans sa paternité aimante. Les évêques orthodoxes de France partagent la peine de son épouse et de toute sa famille et leur adressent, ainsi qu’à tous les fidèles orthodoxes, les plus fraternelles condoléances. Véritable témoin du Christ et de Son Église tout au long du XXème siècle, entièrement tourné et tendu vers la Résurrection du Seigneur, la parole est à lui :

« Est-il vrai que le Christ est ressuscité ? Ou sommes nous des menteurs qui se contentent de bien chanter ? Si le Christ est vraiment ressuscité, un peu en nous aussi, si peu que ce soit, alors soyons assurés que quelles que soient les difficultés, l’amour et l’intelligence vaincront. ».
(Olivier Clément, Ière Journée de l’Orthodoxie en France, le 24 mai 2001)

Que sa mémoire soit éternelle !

(2) Le cardinal André Vingt-Trois confie à votre prière :
Le Père Henri Cazelles, décédé le samedi 10 janvier à l’âge de 96 ans en la 78ème année de son sacerdoce
Ses obsèques ont eu lieu cette semaine dans l’intimité familiale. Une messe d’hommage présidée par Mgr Doré, sera célébrée vendredi 23 janvier à 12h15 Chapelle des Carmes
(Institut Catholique).

A Dieu Père CAZELLES

Le Père CAZELLES
(2) est né le 8 juin 1912 dans le 8ème arrondissement. C’est à Paris qu’il a fait toutes ses études y compris sa maîtrise de Droit avant d’entrer au séminaire. Il est ordonné prêtre le 28 mars 1940. Il commencera son ministère comme prêtre auxiliaire à St Honoré d’Eylau de 1940 à 1942. En dehors d’un temps d’études à l’Institut biblique de Rome pour y préparer une licence biblique, il ne s’éloignera de Paris que pour aller jusqu’à Issy les Moulineaux faire sa Solitude en vue d’entrer dans la Compagnie de St Sulpice puis enseigner au Séminaire St Sulpice jusqu’en 1954. C’est à Paris qu’il reviendra à nouveau pour occuper la chaire d’Ancien Testament à l’Institut Catholique et, à partir de 1973, à l’École Pratique des Hautes Études dont il dirigera la section des Etudes religieuse tout en étant directeur au Séminaire des Carmes de 1954 à 1969. C’est toujours à Paris qu’il prendra sa retraite, d’abord à la maison provinciale de St Sulpice rue du Regard de 1991 à 1996 puis à la maison Marie Thérèse où il vient de décéder. Mais Paris ne sera pas sa dernière demeure puisqu’il a été inhumé en Normandie à Amfreville-sur-Itton où se trouve le caveau familial.

Durant tout sa vie, il n’aura d’autre passion que la. Bible. C’est pour mieux la comprendre qu’il ajoutera à l’hébreu qu’il enseignera pendant des années l’étude d’une multitude de langues orientales : l’akkadien, le hittite, le sumérien, l’égyptien, l’arabe classique et la liste n’est peut être pas exhaustive ! C’est pour mieux la faire connaître qu’il achèvera en 1957 la publication de l’Introduction à la Bible qu’avait entreprise les Pères André Robert et André Feuillet. Si cet ouvrage lui vaudra à ce moment là quelques difficultés avec Rome, on ne lui en tiendra pas rigueur puisqu’il sera de 1985 à 1991 secrétaire de la Commission biblique pontificale. Les titres ne lui manquaient pas pour être appelé cette tâche puisqu’il avait pris en charge la poursuite du Supplément au Dictionnaire de la Bible toujours inachevé, fondé l’association catholique française pour l’étude de la Bible
(Acfeb), créé, à l’Institut catholique, la bibliothèque œcuménique et scientifique d’études bibliques (Boseb) à laquelle il lèguera sa propre bibliothèque sans compter l’écriture de quelques ouvrages remarqués :

Naissance de l’Église, secte rejetée aux éditions du Cerf ou L’Histoire politique d’Israël jusqu’à Alexandre chez Desclée.

Mais il ne fut pas seulement un grand savant. Son savoir était au service de sa foi. Jamais cette foi n’a brimé sa liberté dans la recherche mais elle en a toujours été le but. La science n’étouffera jamais chez lui la piété : la Bible nourrira sa prière et la dévotion à Marie tiendra chez lui une grande place. C’est un grand savant et un grand croyant qui nous a quittés.

Père Charles Bonnet
 

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Sources  : francecatholique.info -  (E.S.M.)
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M. sur Google actualité)  18.01.2009 - T/Brèves

 

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