Benoît XVI demande à la Compagnie de
Jésus, de réaffirmer sa fidélité au Magistère |
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Cité du Vatican, le 18 janvier 2008 -
(E.S.M.) -
Le Saint-Père Benoît XVI demande en particulier à la Compagnie de Jésus, de
réaffirmer leur fidélité au Magistère sur quelques sujets précis : '' le
Rapport entre le Christ et les religions, certains aspects de la
théologie de la libération et des points différents de la morale
sexuelle, surtout en ce qui concerne l'indissolubilité du mariage et la
pastorale des personnes homosexuelles.
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Benoît XVI demande à la Compagnie de Jésus, de réaffirmer sa fidélité au
Magistère
Préparation pour l'élection
Pendant ces jours il y aura peu d'informations à propos de la Congrégation.
Hier les 216 jésuites responsables de l'élection du prochain Supérieur
Général de la Compagnie de Jésus ont commencé une période de quatre jours
traditionnellement appelée 'murmuratio', pendant laquelle ils
prieront et ils auront des consultations privées. Pendant cette période ils
vont évaluer quel jésuite dispose des qualités pour s'assumer la
responsabilité de guider tous les jésuites du monde. Les réponses sont en
partie les résultats des discussions entre eux et des échanges
d'informations sur l'un ou l'autre candidat possible. Néanmoins il est
sévèrement interdit aux électeurs de prendre des accords pour élire un
candidat en particulier, et encore moins pour se garantir l'élection. Les
électeurs doivent apprendre le plus d'informations possibles sur les
candidats qui pourraient recouvrir ce poste de référence. Ils demandent des
informations aux jésuites qui ont travaillé ou vécu avec les candidats pour
mieux connaître leurs caractéristiques : les travaux qu'ils ont faits, leurs
connaissances linguistiques ou qualités diplomatiques et comment ils
supportent le travail sous pression.
La prière aidera les électeurs à évaluer ce qu'ils ont appris et à être
guidés dans leur choix, spécialement à la lumière de ce dont la Compagnie a
besoin dans ce moment historique particulier. Le Père Peter-Hans Kolvenbach,
dont la renonciation comme Supérieur Général vient d'être acceptée le 14
janvier, a remarqué les implications de leur choix : 'En choisissant l'un
des jésuites entre les milliers qui seraient capables (d'être Général), la
Compagnie manifestera ses intentions pour le futur: un prophète ou un sage,
un innovateur ou un modéré, un contemplatif ou un activiste, un bon
directeur ou un homme d'équipe'. (Extrait d'un entretien avec Radio
Vaticana et le quotidien Vatican, L'Osservatore Romano.)
Samedi matin, le 19 janvier, les électeurs célébreront une messe à l'Eglise
du Saint Esprit avant de se réunir dans l'aula pour voter le nouveau
Supérieur Général en écrivant le nom choisi sur un bulletin de vote. Le
scrutin durera le temps nécessaire pour élire le nouveau Supérieur à
majorité simple.
Lettre du pape Benoît XVI aux Jésuites : « Réaffirmez
votre totale adhésion à la Doctrine »
Dans une lettre envoyée le 10 janvier dernier, le pape Benoît XVI demande à
la Congrégation Générale des Jésuites, réunie pour élire le « prochain pape
noir », de réaffirmer, '' dans l'esprit de saint Ignace, leur totale
adhésion à la doctrine catholique, en particulier sur des points sensibles
aujourd'hui fortement attaqués par la culture séculaire''.
Le Saint-Père Benoît XVI demande en particulier à la Compagnie de Jésus, de réaffirmer
leur fidélité au Magistère sur quelques sujets précis : '' le Rapport entre
le Christ et les religions, certains aspects de la théologie de la
libération et des points différents de la morale sexuelle, surtout en ce qui
concerne l'indissolubilité du mariage et la pastorale des personnes
homosexuelles ''. Benoît XVI, dans sa lettre (qui est adressée au Père
Général sortant des jésuites, le p. Peter-Hans Kolvenbach), reprend et
agrandit quelques concepts déjà exprimés par le card. Franc Rode dans l'Homélie
de la messe qui a ouvert la Congrégation Générale, le 7 janvier.
Texte intégral de la lettre du Saint Père
Au Révérend Père
PETER-HANS KOLVENBACH, SJ
Préposé Général de la Compagnie de Jésus
A l'occasion de la 35ème Congrégation Générale de la Compagnie de Jésus, je
souhaite vivement vous adresser, à vous-même et à tous ceux qui prendront
part à cette Congrégation, mes cordiales salutations, jointes à l'assurance
de mon affection et de ma constante proximité spirituelle. Je sais quelle
importance revêt pour la vie de la Compagnie l'événement que vous célébrez,
et je sais aussi que, pour cette raison, il a été préparé avec grand soin.
Vous avez là une occasion providentielle d'imprimer à la Compagnie de Jésus
la nouvelle impulsion ascétique et apostolique que tous souhaitent, pour que
les Jésuites puissent accomplir pleinement leur mission et affronter les
défis du monde moderne avec cette fidélité au Christ et à l'Eglise qui a
caractérisé l'action prophétique de Saint Ignace de Loyola et de ses
premiers compagnons.
Aux fidèles de Thessalonique, l'Apôtre écrit qu'il leur a annoncé l'évangile
de Dieu, « vous encourageant et vous adjurant -précise-t-il- de vous
comporter d'une manière digne de Dieu qui vous appelle à son royaume et à sa
gloire » (1 Th 2,12). Et il ajoute : « Voici
pourquoi, de notre côté, nous rendons sans cesse grâce à Dieu : quand vous
avez reçu la parole de Dieu que nous vous faisions entendre, vous l'avez
accueillie, non comme une parole d'homme, mais comme ce qu'elle est
réellement, la parole de Dieu, qui est aussi à l'œuvre en vous, les croyants
» (1 Th 2,13). La parole de Dieu est donc
d'abord « reçue », c'est-à-dire écoutée, puis, pénétrant jusqu'au cœur, elle
est « accueillie », et qui la reçoit reconnaît que Dieu parle à travers son
envoyé : ainsi la parole agit dans les croyants. Comme au temps de Paul,
aujourd'hui encore l'évangélisation exige une adhésion totale et fidèle à la
parole de Dieu : adhésion avant tout au Christ, et écoute attentive de son
Esprit qui guide l'Eglise, obéissance docile aux Pasteurs que Dieu a placés
comme guides de son peuple, et dialogue prudent et franc avec les requêtes
sociales, culturelles et religieuses de notre temps. Tout cela suppose, nous
le savons bien, une communion intime avec Celui qui nous appelle à être ses
amis et ses disciples, une unité de vie et d'action qui se nourrit de
l'écoute de sa parole, de contemplation et de prière, de détachement de la
mentalité du monde, et d'une conversion incessante à son amour, pour que ce
soit Lui, le Christ, qui vive et agisse en chacun de nous. Là est le secret
de l'engagement apostolique et missionnaire de tout chrétien, et plus encore
de ceux qui sont appelés à un service plus direct de l'Evangile.
Ceux qui prendront part à la Congrégation Générale sont bien conscients de
tout cela, et je tiens à rendre hommage à l'important travail déjà accompli
par la commission préparatoire qui, pendant l'année 2007, a examiné les
postulats reçus des Provinces et indiqué les questions à aborder. Je
voudrais adresser mes pensées de gratitude en premier lieu à Vous, cher et
vénéré Père Préposé Général, qui guidez la Compagnie de Jésus depuis 1983 de
façon éclairée, sage et prudente, cherchant toujours à la maintenir sur la
voie du charisme originel. Vous avez demandé plusieurs fois, pour des
raisons objectives, à être relevé d'une charge aussi lourde, assumée avec un
grand sens de votre responsabilité à un moment nullement facile de
l'histoire de votre Ordre. Je vous exprime mes vifs remerciements pour le
service rendu à la Compagnie de Jésus, et plus généralement à l'Eglise. Mes
sentiments de reconnaissance s'étendent à vos collaborateurs plus directs,
aux participants à la Congrégation Générale, et à tous les Jésuites présents
dans les différentes parties de la planète. Que parvienne à tous et à
chacun, le salut du Successeur de Pierre, qui suit avec affection et estime
les travaux apostoliques multiples et appréciés des Jésuites, et les
encourage tous à continuer sur le chemin ouvert par leur saint Fondateur et
parcouru par d'innombrables frères, dévoués à la cause du Christ, et dont
beaucoup ont été inscrits par l'Eglise sur le livre des saints et des
bienheureux. Que du ciel, ceux-ci protègent et soutiennent la Compagnie de
Jésus dans la mission qu'elle remplit en notre époque, marquée par tant de
défis complexes, sociaux, culturels et religieux.
A ce propos, comment ne pas reconnaître la contribution de valeur que la
Compagnie apporte à l'action de l'Eglise en divers domaines et de
différentes manières ? Contribution réellement importante et digne de
louange, que seul le Seigneur pourra récompenser comme il se doit. Comme mes
vénérés prédécesseurs, les serviteurs de Dieu Paul VI et Jean Paul II, je
saisis moi aussi volontiers l'occasion de cette Congrégation Générale pour
mettre en lumière tout cet apport, et pour offrir en même temps à votre
réflexion quelques considérations qui vous encouragent et vous stimulent à
réaliser toujours mieux l'idéal de la Compagnie, tel qu'il est décrit dans
ces paroles qui vous sont familières : « combattre pour Dieu sous l'étendard
de la Croix et servir le Seigneur seul et l'Eglise son Epouse sous le
Pontife Romain, vicaire du Christ sur la terre » (Exposcit
debitum, 21 juillet 1550). Il s'agit d'une fidélité «
particulière », sanctionnée pour beaucoup parmi vous par un vœu d'obéissance
directe au Successeur de Pierre, « perinde ac cadaver ». De cette
fidélité, qui constitue le signe distinctif de votre Ordre, l'Eglise a
encore plus besoin aujourd'hui, à une époque où se ressent l'urgence de
transmettre de manière intégrale à nos contemporains, distraits par tant de
voix discordantes, le message unique et inchangé de salut qu'est l'Evangile,
« non comme une parole d'homme mais comme ce qu'il est réellement, la parole
de Dieu », qui opère en ceux qui croient.
Pour cela, il est indispensable, comme le rappelait déjà notre bien-aimé
Jean Paul II aux participants à la 34ème Congrégation Générale, que la vie
des membres de la Compagnie de Jésus, ainsi que leur recherche doctrinale,
soient toujours animées par un vrai esprit de foi et de communion « en
harmonie avec les indications du Magistère » (Discours de
Jean-Paul II, 5 janvier 1995, n.5). Je souhaite vivement que la
présente Congrégation réaffirme clairement le charisme authentique de votre
Fondateur, pour encourager tous les Jésuites à promouvoir la vraie et saine
doctrine catholique. Comme Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la
Foi, j'ai pu apprécier la précieuse collaboration de consulteurs et
d'experts jésuites, qui en pleine fidélité à leur charisme, ont
considérablement contribué à la promotion et la réception fidèle du
Magistère. Ce n'est certes pas un engagement simple, spécialement quand on
est appelé à annoncer l'Evangile dans des contextes sociaux et culturels
très divers et qu'il faut affronter des mentalités différentes. J'apprécie
donc sincèrement toute la peine prise ainsi au service du Christ, une peine
qui est fructueuse pour le bien même des âmes, dans la mesure où l'on se
laisse guider par l'Esprit Saint et demeure docile aux enseignements du
Magistère, se référant aux principes de base de la vocation ecclésiale du
théologien présentés dans l'Instruction Donum veritatis.
L'œuvre évangélisatrice de l'Eglise compte donc beaucoup sur la
responsabilité formatrice qu'a la Compagnie dans les domaines de la
théologie, de la spiritualité et de la mission. Pour offrir à l'entière
Compagnie de Jésus une orientation claire qui soit un soutien pour un
dévouement apostolique généreux et fidèle, il pourrait donc être fort utile
que la Congrégation Générale réaffirme, dans l'esprit de saint Ignace, son
adhésion totale à la doctrine catholique, en particulier sur des points
névralgiques fortement attaqués aujourd'hui dans la culture séculière, comme
par exemple le rapport entre le Christ et les religions, certains aspects de
la théologie de la libération, et divers points de la morale sexuelle,
surtout pour ce qui regarde l'indissolubilité du mariage et la pastorale des
personnes homosexuelles.
Révérend et cher Père, je suis persuadé que la Compagnie perçoit
l'importance historique de cette Congrégation Générale et que, guidée par
l'Esprit Saint, elle voudra encore une fois, comme le disait le bien-aimé
Jean-Paul II en janvier 1995, « réaffirmer sans équivoque et sans
hésitation, son chemin vers Dieu si spécifique, que saint Ignace a tracé
dans la Formula Instituti : la fidélité aimante à votre charisme sera la
source assurée d'une fécondité renouvelée » (op.cit., n.3).
Les paroles que mon vénéré prédécesseur Paul VI vous a adressées dans une
autre circonstance analogue, sont elles aussi particulièrement actuelles : «
nous devons tous veiller afin que l'adaptation nécessaire ne soit pas faite
au détriment de l'identité fondamentale, de l'essence de la figure du
Jésuite, telle qu'elle est décrite dans la Formula Instituti, telle que
l'histoire et la spiritualité propre de l'Ordre la proposent, et telle que
l'interprétation authentique des besoins mêmes des temps semble encore la
réclamer aujourd'hui. Cette image ne doit pas être altérée, elle ne doit pas
être défigurée » (Discours de Paul VI, 3 décembre 1974,
II).
Les enseignements des successeurs de Pierre manifestent de façon continue
leur grande attention envers les Jésuites, leur estime pour vous et leur
désir de pouvoir compter toujours sur le précieux apport de la Compagnie à
la vie de l'Eglise et à l'évangélisation du monde. Je confie la Congrégation
Générale et l'entière Compagnie de Jésus à l'intercession de votre saint
Fondateur et des saints de votre Ordre et à la protection maternelle de
Marie, pour que chaque fils spirituel de saint Ignace puisse tenir le regard
fixé « d'abord sur Dieu, ensuite sur la nature de son Institut »
(Formula Instituti,1).
Vous assurant de ma prière, je vous accorde de grand cœur, à vous-même,
Révérend Père, aux membres de la Congrégation Générale et à toute la
Compagnie de Jésus, une bénédiction apostolique spéciale.
Au Vatican, 10 janvier 2008
Benedictus XVI
© Copyright du texte original en italien :
Libreria Editrice Vaticana
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Sources: www.sjweb -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 18.01.2008 - BENOÎT XVI |