L'Eglise, rappelle Benoît XVI, doit
conduire les hommes hors du désert |
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Cité du Vatican, le 17 décembre 2007 -
(E.S.M.)
- La Congrégation pour la doctrine de la foi a publié une note
qui s'élève contre la "confusion croissante" qui a atteint même les
instituts missionnaires qui, par respect du dialogue, renoncent à
prêcher et baptiser. Deux situations critiques: la Russie et les pays
musulmans .
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Le cardinal William
Levada, Préfet pour la Congrégation de la doctrine de la Foi -
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L'Eglise, rappelle Benoît XVI, doit conduire les hommes hors du désert
Contrordre : on a le droit d'évangéliser. Ou plutôt
le devoir
par Sandro Magister
"Le Seigneur nous a donné un ordre précis et qui n’admet aucune exception.
Il ne nous a pas dit: Annoncez l’Évangile à toutes les créatures, sauf aux
musulmans, aux juifs et au Dalaï Lama".
Ces mots sont ceux du cardinal Giacomo Biffi, archevêque de Bologne, dans un
célèbre discours prononcé neuf jours après le 11 septembre 2001.
C’est aussi ce que dit – dans un style moins enflammé mais avec autant de
profondeur – la "Note doctrinale sur certains aspects de l’évangélisation"
diffusée, le vendredi 14 décembre dernier, par la congrégation pour la
doctrine de la foi.
Cette note était en chantier depuis plusieurs années, depuis l’époque où
Joseph Ratzinger était encore préfet de la congrégation. Elle a été rendue
nécessaire – peut-on lire dans l’introduction – par la "confusion
croissante" à propos du devoir qu’a l’Église d’annoncer Jésus au monde.
"Une confusion qui a atteint même les instituts missionnaires", s’est plaint
l’archevêque Angelo Amato, secrétaire de la congrégation, au micro de Radio
Vatican. "Plus aucune annonce du Christ, plus aucune invitation à la
conversion, plus rien sur le baptême ni sur l’Église.
Uniquement du social".
La note indique les différentes causes de ce refroidissement de l’esprit
missionnaire de l’Église, jusqu’à son extinction.
D’abord, il y a l’idée que chaque religion est une voie de salut comme les
autres.
Ensuite, la conviction que proposer la vérité chrétienne aux autres est une
atteinte à leur liberté.
Puis, une conception du Royaume de Dieu qui n’est pas identifié à la
personne de Jésus Christ mais à "une réalité générale qui domine toutes les
expériences ou les traditions religieuses et vers laquelle celles-ci
devraient tendre comme s’il s’agissait d’une communion universelle et
indifférenciée de tous ceux qui cherchent Dieu".
Il y a aussi l’idée que "la prétention d’avoir reçu en don la plénitude de
la Révélation de Dieu cache un comportement d’intolérance et un danger pour
la paix".
La congrégation pour la doctrine de la foi a déjà répondu à certains de ces
"relativismes et irénismes" par la déclaration "Dominus
Jesus" d’août 2000.
D’autres ont été critiqués à travers les notifications contre trois
théologiens célèbres qui ont fait l’objet de procès au cours de ces
dernières années: Jacques Dupuis, Roger Haight et Jon Sobrino.
Un quatrième théologien, Peter C. Phan, a fait récemment l’objet de
critiques pour ses "ambiguïtés significatives" de la part de la conférence
des évêques des Etats-Unis, dans une déclaration du 7 décembre.
Dans un registre plus positif, la note de la congrégation du Vatican
encourage à obéir sans réserve au commandement de Jésus: "Allez par le monde
entier, proclamez l'Évangile à toutes les créatures"
(Marc 16, 15).
Bien que Dieu puisse sauver les non-chrétiens aussi, par "des voies connues
de Lui seul", les chrétiens ont cependant le devoir de faire connaître à
tous "le vrai visage de Dieu et l’amitié avec Jésus-Christ", sans lesquels
on trouve l’"obscurité" et le "désert".
Ne témoigner que par sa vie est insuffisant, prévient la note. Qui poursuit
en citant l’exhortation apostolique "Evangelii
Nuntiandi" de Paul VI:
"Même le plus beau témoignage se révélera inefficace à long terme, s’il
n’est pas illuminé, justifié – ce que Pierre appelait ‘donner les raisons de
sa propre espérance’ (1 Pierre 3, 15)
– et explicité par une annonce claire et sans équivoque du
Seigneur Jésus".
La note finit en abordant la question de l’évangélisation "dans des pays où
vivent des chrétiens non-catholiques, surtout dans les pays de tradition et
de culture chrétiennes anciennes".
C’est la Russie orthodoxe qui est évoquée en filigrane. Même dans de telles
situations – lit-on dans la note – le dialogue avec les chrétiens
non-catholiques doit être "un échange d’idées mais aussi de dons, pour
pouvoir leur offrir la plénitude des moyens de salut".
Au sujet des conversions, la note souligne:
"Si un chrétien non-catholique, pour des raisons de conscience et parce
qu’il est convaincu par la vérité catholique, demande à entrer dans la
pleine communion de l’Église catholique, il faut respecter ce choix comme
l’œuvre de l’Esprit Saint et comme expression de la liberté de conscience et
de religion. Dans ce cas, il ne s’agit pas de prosélytisme, dans le sens
négatif que l’on peut donner à ce terme".
Plus généralement, la note affirme que l’évangélisation n’est pas seulement
un devoir pour l’Église, mais aussi "un droit inaliénable, l’expression même
de la liberté religieuse, avec ses dimensions éthico-sociales et
éthico-politiques correspondantes. Un droit qui n’est malheureusement pas
encore reconnu par la loi dans certaines parties du monde et qui n’est pas
respecté concrètement dans d’autres".
Ici, ce sont les pays musulmans qui sont visés. Des pays où la prédication
comme les conversions ont toujours été dangereuses et le sont encore
aujourd’hui. Au point que l’on risque sa vie. Mais la note précise :
"C’est justement le martyre qui donne de la crédibilité aux témoins. Ils ne
cherchent pas le pouvoir ou le profit mais donnent leur vie pour le Christ.
Ils manifestent au monde la force, pacifique et pleine d’amour envers les
hommes, qui est donnée à celui qui suit le Christ jusqu’au don total de sa
vie. C’est ainsi que les chrétiens, depuis l’aube du christianisme jusqu’à
nos jours, ont subi des persécutions à cause de l’Evangile, comme Jésus
l’avait prédit: S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi
(Jean 15, 20)".
Le texte intégral de la note, en français
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Note doctrinale sur certains aspects de l'évangélisation
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Sources:
La chiesa.it
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(E.S.M.) 17.12.2007 - BENOÎT XVI
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