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Discours de Benoît XVI aux évêques français :L'Eglise doit se
faire entendre sans relâche
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Le 17 novembre 2012 -
(E.S.M.)
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Trente neuf évêques français des provinces du quart Nord-est
de l’Hexagone ont terminé samedi leur visite ad limina entamée le 12
novembre dernier, en rencontrant Benoît XVI au Vatican.
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Le pape Benoît XVI
Discours de Benoît XVI aux évêques français :L'Eglise doit se faire entendre
sans relâche
Le 17 novembre 2012 - E.
S. M. - 39 évêques français des provinces du quart Nord-est de
l’Hexagone ont terminé samedi leur visite ad limina entamée le 12 novembre
dernier, en rencontrant Benoît XVI au Vatican. L’occasion pour le Pape
d’aborder des sujets sensibles, comme la place de l’Eglise dans la société,
son devoir de parler haut et fort, surtout quand l’actualité sociale et
politique le réclame. Ainsi, le « mariage pour tous », ce projet de loi
beaucoup discuté et qui doit être examiné à l’Assemblée en janvier prochain.
Discours du Saint-Père
Monsieur le Cardinal, chers frères dans l’épiscopat,
Je vous remercie, Éminence, pour vos paroles et je conserve un souvenir très
vivant de mon séjour à Paris en 2008, qui a permis d’intenses moments de foi
et une rencontre avec le monde de la culture. Dans le message que je vous ai
adressé à l’occasion du rassemblement à Lourdes que vous avez organisé en
mars dernier, j’ai rappelé que « le Concile Vatican II a été et demeure un
authentique signe de Dieu pour notre temps ». C’est particulièrement vrai
dans le domaine du dialogue entre l’Église et le monde, ce monde « avec
lequel elle vit et agit » (cf. Gaudium et spes, n. 40, §1), et sur lequel
elle veut répandre la lumière qui irradie de la vie divine (idem, § 2). Vous
le savez, plus l’Église est consciente de son être et de sa mission, plus
elle est capable d’aimer ce monde, de porter sur lui un regard confiant,
inspiré de celui de Jésus, sans céder à la tentation du découragement ou du
repli. Et « l’Église, en remplissant sa propre mission, concourt déjà par
là-même à l’œuvre civilisatrice et elle y pousse » (ibidem, n. 58, 4), dit
le Concile.
Votre nation est riche d’une longue histoire chrétienne qui ne peut être
ignorée ou diminuée, et qui témoigne avec éloquence de cette vérité, qui
configure encore aujourd’hui sa vocation singulière. Non seulement les
fidèles de vos diocèses, mais ceux du monde entier, attendent beaucoup, n’en
doutez pas, de l’Église qui est en France. Comme pasteurs, nous sommes, bien
sûr, conscients de nos limites ; mais, confiants dans la force du Christ,
nous savons aussi qu’il nous revient d’être « les hérauts de la foi » (Lumen gentium, n. 50), qui doivent, avec les prêtres et les fidèles, témoigner du
message du Christ « de telle façon que toutes les activités terrestres des
fidèles puissent être baignées de la lumière du Christ »
(Gaudium et spes,
n. 43, § 5).
L’Année de la foi nous permet de grandir en confiance dans la force et la
richesse intrinsèques du message évangélique. À combien de reprises
n’avons-nous pas constaté que ce sont les mots de la foi, ces mots simples
et directs qui sont chargés de la sève de la Parole divine, qui touchent le
mieux les cœurs et les esprits et apportent les lumières les plus décisives
? N’ayons donc pas peur de parler avec une vigueur toute apostolique du
mystère de Dieu et du mystère de l’homme, et de déployer inlassablement les
richesses de la doctrine chrétienne. Il y a en elle des mots et des
réalités, des convictions fondamentales et des modes de raisonnement qui
peuvent seuls porter l’espérance dont le monde a soif.
Dans les débats importants de société, la voix de l’Église doit se faire
entendre sans relâche et avec détermination. Elle le fait dans le respect de
la tradition française en matière de distinction entre les sphères des
compétences de l’Église et de celles de l’État. Dans ce contexte,
précisément, l’harmonie qui existe entre la foi et la raison vous donne une
assurance particulière : le message du Christ et de son Église n’est pas
seulement porteur d’une identité religieuse qui demanderait à être respectée
comme telle ; il porte une sagesse qui permet d’envisager avec rectitude les
réponses concrètes aux questions pressantes, et parfois angoissantes, des
temps présents. En continuant d’exercer, comme vous le faites, la dimension
prophétique de votre ministère épiscopal, vous apportez dans ces débats une
parole indispensable de vérité, qui libère et ouvre les cœurs à l’espérance.
Cette parole, j’en suis convaincu, est attendue. Elle trouve toujours un
accueil favorable lorsqu’elle est présentée avec charité, non comme le fruit
de nos propres réflexions, mais d’abord comme la parole que Dieu veut
adresser à tout homme.
À cet égard, je me souviens de la rencontre qui eut lieu au Collège des
Bernardins. La France peut s’honorer de compter parmi ses fils et ses filles
nombre d’intellectuels de haut niveau dont certains regardent l’Église avec
bienveillance et respect. Croyants ou non, ils sont conscients des immenses
défis de notre époque, où le message chrétien est un point de repère
irremplaçable. Il se peut que d’autres traditions intellectuelles ou
philosophiques s’épuisent : mais l’Église trouve dans sa mission divine
l’assurance et le courage de prêcher, à temps et à contretemps, l’appel
universel au Salut, la grandeur du dessein divin sur l’humanité, la
responsabilité de l’homme, sa dignité et sa liberté, – et malgré la blessure
du péché – sa capacité à discerner en conscience ce qui est vrai et ce qui
est bon, et sa disponibilité à la grâce divine. Aux Bernardins, j’avais
voulu rappeler que la vie monastique, toute orientée vers la recherche de
Dieu, le quaerere Deum, rejaillissait en source de renouveau et de progrès
pour la culture. Les communautés religieuses, et notamment monastiques, de
votre pays que je connais bien, peuvent compter sur votre estime et vos
soins attentifs, dans le respect du charisme propre à chacune. La vie
religieuse, au service exclusif de l’œuvre de Dieu, à laquelle rien ne peut
être préféré (cf. Règle de saint Benoît), est un trésor dans vos diocèses.
Elle apporte un témoignage radical sur la manière dont l’existence
chrétienne, précisément lorsqu’elle se met entièrement à la suite du Christ,
réalise pleinement la vocation humaine à la vie bienheureuse. La société
tout entière, et non seulement l’Église, est grandement enrichie par ce
témoignage. Offert dans l’humilité, la douceur et le silence, il apporte
pour ainsi dire la preuve qu’il y a davantage dans l’homme que l’homme
lui-même.
Comme le rappelle le Concile, l’action liturgique de l’Église fait aussi
partie de sa contribution à l’œuvre civilisatrice (cf. Gaudium et spes n.
58, 4). La liturgie est en effet la célébration de l’événement central de
l’histoire humaine, le sacrifice rédempteur du Christ. Par là, elle témoigne
de l’amour dont Dieu aime l’humanité, elle témoigne que la vie de l’homme a
un sens et qu’il est par vocation appelé à partager la vie glorieuse de la
Trinité. L’humanité a besoin de ce témoignage. Elle a besoin de percevoir, à
travers les célébrations liturgiques, la conscience que l’Église a de la
seigneurie de Dieu et de la dignité de l’homme. Elle a le droit de pouvoir
discerner, par-delà les limites qui marqueront toujours ses rites et ses
cérémonies, que le Christ « est présent dans le sacrifice de la Messe, et
dans la personne du ministre » (cf. Sacrosanctum Concilium, n. 7). Sachant
le soin dont vous cherchez à entourer vos célébrations liturgiques, je vous
encourage à cultiver l’art de célébrer, à aider vos prêtres dans ce sens, et
à œuvrer sans cesse à la formation liturgique des séminaristes et des
fidèles. Le respect des normes établies exprime l’amour et la fidélité à la
foi de l’Église, au trésor de grâce qu’elle garde et transmet ; la beauté
des célébrations, bien plus que les innovations et les accommodements
subjectifs, fait œuvre durable et efficace d’évangélisation.
Grande est aujourd’hui votre préoccupation pour la transmission de la foi
aux jeunes générations. De nombreuses familles dans votre pays continuent à
l’assurer. Je bénis et j’encourage de tout cœur les initiatives que vous
prenez pour soutenir ces familles, pour les entourer de votre sollicitude,
pour favoriser leur prise de responsabilité dans le domaine éducatif. La
responsabilité des parents dans ce domaine est un bien précieux, que
l’Église défend et promeut autant comme une dimension inaliénable et
capitale du bien commun de toute la société, que comme une exigence de la
dignité de la personne et de la famille. Vous savez aussi que les défis ne
manquent pas dans ce domaine : qu’il s’agisse de la difficulté liée au
passage de la foi reçue – familiale, sociale –, de celle de la foi assumée
personnellement au seuil de l’âge adulte, ou encore, de la difficulté d’une
véritable rupture dans la transmission, lorsque se succèdent plusieurs
générations désormais éloignées de la foi vivante. Il y a également l’énorme
défi à vivre dans une société qui ne partage pas toujours les enseignements
du Christ, et qui parfois cherche à ridiculiser ou à marginaliser l’Église
en désirant la confiner dans l’unique sphère privée. Pour relever ces
immenses défis, l’Église a besoin de témoins crédibles. Le témoignage
chrétien enraciné dans le Christ et vécue dans la cohérence de vie et
l’authenticité, est multiforme, sans schéma préconçu. Il naît et se
renouvelle sans cesse sous l’action de l’Esprit Saint. En soutien à ce
témoignage, le Catéchisme de l’Église catholique est un instrument très
utile, car il manifeste la force et la beauté de la foi. Je vous encourage à
le faire connaître largement, particulièrement en cette année où nous
célébrons le 20° anniversaire de sa publication.
À la place qui est la vôtre, vous rendez aussi témoignage par votre
dévouement, votre simplicité de vie, votre sollicitude pastorale, et
par-dessus tout par votre union entre vous et avec le Successeur de l’Apôtre
Pierre. Conscients de la force de l’exemple, vous saurez aussi trouver les
mots et les gestes pour encourager les fidèles à incarner cette « unité de
vie ». Ils doivent sentir que leur foi les engage, qu’elle est pour eux
libération et non fardeau, que la cohérence est source de joie et de
fécondité (cf. Exhort. apost. Christifideles laici, n. 17). Cela vaut aussi
bien pour leur attachement et leur fidélité à l’enseignement moral de
l’Église que, par exemple, pour le courage à afficher leurs convictions
chrétiennes, sans arrogance mais avec respect, dans les divers milieux où
ils évoluent. Ceux d’entre eux qui sont engagés dans la vie publique ont
dans ce domaine une responsabilité particulière. Avec les Évêques, ils
auront à cœur d’être attentifs aux projets de lois civiles pouvant porter
atteinte à la protection du mariage entre l’homme et la femme, à la
sauvegarde de la vie de la conception jusqu’à la mort, et à la juste
orientation de la bioéthique en fidélité aux documents du Magistère. Il est
plus que jamais nécessaire que de nombreux chrétiens prennent le chemin de
service du bien commun en approfondissant notamment la Doctrine sociale de
l’Église.
Vous pouvez compter sur ma prière pour que vos efforts dans ce domaine
portent des fruits abondants. Pour finir, j’invoque la bénédiction du
Seigneur sur vous, sur vos prêtres et vos diacres, sur les religieux et
religieuses, sur les autres personnes consacrées œuvrant dans vos diocèses,
et sur vos fidèles. Que Dieu vous accompagne toujours ! Merci.
Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 17.11.2012- T/Benoît XVI
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