Benoît XVI, heureux de redonner des
ailes à la France |
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Le 17 septembre 2008 -
(E.S.M.)
- On ne peut donner que deux choses à son enfant : des racines et
des ailes“. Le moment venu de m’essayer à dresser un bilan partiel, trop
partiel, de la visite de Benoît XVI, c’est ce proverbe juif qui me vient
à l’esprit. Benoît XVI aura eu à cœur, durant cette visite, de nous
donner des racines et des ailes.
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Le pape Benoît XVI sur
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Benoît XVI, heureux de redonner des ailes à la France
Brèves
Le 17 septembre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Benoît XVI a brisé, par son discours et par sa présence, bien des
caricatures. Nul ne pourra désormais l’appeler “Panzerkardinal”.
L’homme est à la fois rigoureux et doux, doté d’un sourire timide.
J’appréhendais que, selon le propos du Cardinal Tauran
(à moins qu’on ne le lui ait prêté),
le Pape vienne “remettre les pendules à l’heure”, sur la question de
la laïcité, et partageais l’avis de Monseigneur Vingt-Trois, pour lequel
cela n’était pas dans le style de Benoît XVI. De fait, ceux qui craignaient
qu’il vienne dispenser une leçon à cet égard auront eu la surprise de
constater que son intervention fut toute en modération.
Benoît XVI n’est pas venu en France rétablir la discipline. Après les
Vêpres, après la messe aux Invalides, je disais à diverses personnes qu’avec
Benoît XVI, c’était “back to basics” : le Saint-Esprit, la Croix, les
origines de la pensée occidentale. La lecture parallèle du livre d’Isabelle
de Gaulmyn, Benoît XVI, le Pape incompris, me permet de découvrir qu’il y a
une parfaite cohérence. Il ne s’est pas agi d’une thématique spéciale pour
ce voyage, d’une quelconque lubie. “Revenir aux
fondamentaux” est le titre du cinquième chapitre de son livre. Un
paragraphe traduit très précisément ce que j’ai ressenti :
“C’est ne rien comprendre au pape Ratzinger que d’en faire l’homme
de grandes réformes. Ou bien un pape voulant construire de nouvelles
théories, même de nouvelles théologies. Non, Benoît XVI, dans cette Église
qu’il juge fragilisée à l’extrême, veut avant tout réintroduire les éléments
fondamentaux pour l’annonce de l’Évangile, à la première place desquels le
Christ. L’originalité du pape , c’est qu’il explique sur un mode totalement
nouveau le noyau dur de la foi chrétienne.”
Aux Invalides, Benoît XVI reprenait encore ce qui relève effectivement du
“noyau dur de la foi chrétienne”, la condamnation de l’argent-maître, de
cette idole permanente :
“Saint Paul explique aux Colossiens que la cupidité insatiable est une
idolâtrie (Cf. 3,5)
et il rappelle à son disciple Timothée que l’amour de l’argent est la racine
de tous les maux (…) L’argent, la soif de l’avoir, du pouvoir et même
du savoir n’ont-ils pas détourné l’homme de sa Fin véritable, de sa propre
Vérité ?”
Qui soutiendra que cette exhortation n’est pas indispensable, que sa
répétition n’est pas nécessaire… et que son rappel, ce dimanche-ci, n’est
pas incroyablement illustré par la chute concomitante d’une des plus grandes
banques d’affaires mondiales ? S’il est encore temps, et à supposer que,
cette fois, ils entendent, les financiers qui cherch(ai)ent leur rendement
dans les produits dérivés, qui spéculent sur des produits comportant
eux-mêmes une part de spéculation, entendront-ils l’appel du Pape, ou le
fracas de la chute de Lehman Brothers ?
Aux évêques, Benoît XVI dit : “affermis tes frères dans la foi”. C’est très
précisément ce qu’il fait, nous rendant nos racines, et nous donnant des
ailes, car on ne peut prendre son envol que d’un appui solide.
Nos racines. Aux Bernardins, Benoît XVI revient sur les “origines de la
théologie occidentale et des racines de la culture européenne”,
soulignant, au sujet des moines, “que leur volonté n’était pas de créer une
culture nouvelle ni de conserver une culture du passé. Leur motivation était
beaucoup plus simple. Leur objectif était de chercher Dieu, quaerere Deum”.
Et c’est en cherchant Dieu qu’ils ont créé une culture nouvelle. Certains
parviennent à nier les racines chrétiennes de l’Europe. Il faut être aveugle
et sourd pour ne pas reconnaître que, croyants ou non, nous sommes les
produits d’une pensée, d’un art, d’une morale chrétienne… jusque, même, dans
notre usage de la raison.
Je ne peux m’empêcher de penser, à titre d’exemple, à ce que dit Elie
Barnavi, dans son ouvrage Les religions meurtrières, “le bonheur
de l’Occident a été la laïcité, c’est-à-dire la distinction entre le
temporel et le spirituel”. Il relevait que “le fondamentalisme
chrétien est parti battu”, parce que :
“la critique rationaliste des textes sacrés est vieille comme l’Église
elle-même. Elle s’inscrit dans l’histoire sainte, mieux, elle lui est
consubstantielle”
Que disait le Pape aux Bernardins ? Il soulignait qu’il existe une tension
entre les livres de la Bible, rappelant que “le christianisme n’est pas
au sens classique seulement une religion du Livre”, que “la Parole de
Dieu nous parvient seulement à travers la parole humaine, à travers des
paroles humaines, c’est-à-dire que Dieu nous parle seulement dans l’humanité
des hommes, et à travers leurs paroles et leur histoire”.
Il soulignait aussi les paroles de Saint Paul : « La lettre tue, mais
l’Esprit donne la vie »
(2 Co 3, 6). Et encore : « Là
où est l’Esprit…, là est la liberté »
(2 Co 3, 17).
La nature spécifique du christianisme a donc permis aussi le bon
développement de la raison. Ce retour aux racines nous permet de retrouver
l’Esprit, qui donne la vie, la liberté, qui donne des ailes.
Benoît XVI n’est pas venu en France prôner un retour à l’Église d’avant
Vatican II. Les medias n’ont cessé de se focaliser sur la question de la
communion, dans la main ou la bouche, oubliant que Jean-Paul II aussi
donnait la communion dans la bouche. On nous a dit qu’il faudrait être
attentif à la liturgie de la messe des Invalides, qu’elle restaurerait
l’ancien temps. On a bien vu plus de dentelle qu’à l’accoutumée, et entendu
plus de latin que d’habitude, mais aucun des 260.000
fidèles de samedi dernier n’a pu se sentir bousculé ou perdu.
On a souligné qu’il avait invité les évêques à faire un bon accueil aux
catholiques traditionalistes. “Nul n’est de trop dans l’Église. Chacun,
sans exception, doit pouvoir s’y sentir chez lui, et jamais rejeté”.
J’aurais tendance à dire que c’est la moindre des choses, et que des progrès
sont encore à faire à cet égard, en espérant fortement que les
traditionalistes aient à cœur de respecter eux-mêmes cette parole. A l’égard
des intégristes, je lis avec plaisir dans l’ouvrage d’Isabelle de Gaulmyn la
confirmation de l’hypothèse que je tentais au début de l’été :
“l’idée, désormais, c’est que le schisme, comme d’ailleurs tous les
schismes intervenus après des conciles, perdurera. Mais le motu proprio
devrait, dans l’esprit de ses promoteurs, permettre d’en réduire la portée,
en réintégrant progressivement, un par un, tous ceux qui sont attirés par ce
mouvement”
Que l’on ne s’inquiète donc pas trop de voir Benoît XVI écarter
progressivement les faux prétextes du schisme, pour en souligner la nature
profonde, jusqu’aux désaccords définitifs. Aux fidèles de décider si Benoît
XVI est encore trop progressiste pour eux.
Il y eut enfin Benoît XVI non plus l’intellectuel, mais le pèlerin, le
pieux, en prière, à la rencontre de Marie, avec les malades, avec l’ensemble
de ces “petits” chers à l’Église. Car la foi n’est pas affaire de salon,
elle n’est pas qu’affaire de raison. La foi s’incarne.
Si l’on peut “redevenir chrétien” en partant de la redécouverte des racines
de notre culture, il faut encore ce mouvement de foi, cet abandon.
Jean-Claude Guillebaud utilise une image, que je reprends volontiers : il
est sur un plongeoir. En retrouvant ses racines, il a fait le chemin pour y
monter. Il est sur le bord du plongeoir, il lui reste, pour croire vraiment,
à donner l’impulsion et sauter. Je suis au demeurant sur le plongeoir d’à
côté, ou sur celui d’en-dessous. Je donne de fréquentes impulsions. Et je
peux peut-être espérer davantage encore, après cette visite du Pape :
pouvoir donner l’impulsion ultime… et me voir pousser des ailes.
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Sources : Lc VdP
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité) - 17.09.2008 -
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