Conférence de Lambeth 2008 |
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Rome, le 17 juillet 2008 -
(E.S.M.) - Hier s’est ouverte la Conférence de Lambeth qui, à
l’invitation de l’archevêque de Cantorbéry, “primat” de la Communion
anglicane, réunit tous les dix ans les archevêques (à la
tête de provinces ecclésiastiques) et évêques anglicans du monde
entier. Interrogé dans l'avion sur les problèmes que traversaient la
Communion anglicane et l’Église d’Angleterre Benoît XVI s'est montré
prudent.
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Conférence de Lambeth 2008
Mercredi 16 juillet, s’est ouverte la Conférence de Lambeth qui, à
l’invitation de l’archevêque de Cantorbéry, “primat” de la Communion
anglicane, réunit tous les dix ans les archevêques (à la
tête de provinces ecclésiastiques) et évêques anglicans du monde
entier. On en attendait quelque 800. Plus de 200 ne seront pas au
rendez-vous. La Communion anglicane est en crise, tout comme l’est l’Église
d’Angleterre. La Conférence de Lambeth devrait poursuivre ses travaux
jusqu’au 3 août. C’est la quatorzième. Ce pourrait bien être la dernière…
La décision du Synode général – qui est l’organe réel de gouvernement de
l’Église d’Angleterre, et dans lequel les archevêques et évêques ne comptent
que pour un tiers des voix lorsque des résolutions sont votées –, le 7
juillet, de promouvoir l’ordination épiscopale des femmes sans contrepartie
pour les anglo-catholiques qui y sont hostiles – comme ils le furent dès
1994 quant à l’ordination sacerdotale des femmes –, ne laisse guère d’autre
choix à un grand nombre de ces derniers que celui de quitter une Église
d’Angleterre qui a désormais pris le parti d’embrasser son héritage
protestant et de briser le fil ténu qui la reliait encore à ce qu’elle
pensait être son héritage “catholique”.
Certains hauts prélats anglo-catholiques avaient prévu cette nouvelle
dérive, et l’avaient même anticipée. J’ai évoqué dans ce blogue les
entretiens secrets [1] qu’ont eus à Rome les deux “flying bishops”,
Andrew Burnham, évêque d’Ebbsfleet, et Keith Newton, évêque de Richborough,
de la province ecclésiastique de Cantorbéry. Il s’agissait pour eux de
sonder Rome « sur les moyens leur permettant [de faire retour à Rome]
avec leurs fidèles » [2], c’est-à-dire des anglo-catholiques, pasteurs
et laïcs, constituant des sortes de « paroisses personnelles », à la mode
anglicane, où ne sont admis ni les femmes prêtres ni leurs évêques
consécrateurs – ou même simplement favorables à ces ordinations…
Un certain nombre d’indiscrétions croisées avec des précédents et quelques
conclusions logiques, permettent selon l’hebdomadaire britannique The
Catholic Herald (11 juillet), de
conjecturer les grandes lignes de l’accord-cadre que Rome serait disposée à
accorder aux anglo-catholiques. Nous en donnons ci-dessous les principaux
points, évidemment, sous toute réserve…
1. Rome serait disposée à accorder une “administration apostolique”, placée
sous l’autorité d’un évêque catholique, pour satisfaire aux besoins
pastoraux des pasteurs et des paroissiens anglo-catholiques. C’est la
solution que Rome avait déjà trouvée pour accorder aux fidèles du diocèse de
Campos (Brésil) attachés à la liturgie
grégorienne son usage dans la pleine communion de l’Église, avec
l’administration apostolique Saint-Jean-Marie Vianney. Une “administration
apostolique” est un vrai diocèse mais “virtuel” en ce sens qu’il n’est pas
renfermé dans des limites territoriales. Si c’est bien la solution que Rome
propose aux anglo-catholiques, alors elle correspond grosso modo à ce que
ces derniers avaient demandé au Synode général : la création d’une nouvelle
province ecclésiastique – en plus des deux qui existent, mais recouvrant
toute l’Angleterre – et la nomination d’un “super-évêque” à sa tête : ce qui
leur fut refusé. Reste, bien sûr, pour le pape le choix délicat de l’évêque.
2. Les anciens anglicans se rassembleraient sous une égide commune qui
pourrait prendre le nom de Fellowship of St. Gregory the Great. Cette
association, placée sous la direction de l’évêque à nommer, regrouperait les
anciens pasteurs anglicans ordonnés prêtres catholiques. Les paroisses de
ces derniers, ouvertes à tous, seraient toutefois principalement composées
d’anciens anglicans.
3. Les paroisses de cette Fellowship occuperaient leurs anciens
bâtiments (églises, cures, locaux paroissiaux, etc.),
mais cela exigerait un exceptionnel bon vouloir de l’Église d’Angleterre :
une négociation ardue mais non impossible puisque les paroisses – des
centaines ! – des flying bishops sont déjà financièrement
“découplées” de l’Église d’Angleterre.
4. Les anciennes communautés anglicanes devenues catholiques pourraient, si
elles le souhaitaient, utiliser en partie le Book of Common Prayer
mais révisé pour un usage catholique comme c’est déjà le cas dans les sept
paroisses, autrefois épiscopaliennes – anglicanes – et désormais
catholiques, des États-Unis. Mais, pratiquement, cette demande ne devrait
pas être très forte. Par contre, il sera intéressant de voir – si la chose
se passe bien comme on l’envisage – l’usage que ces nouvelles paroisses
catholiques pourraient faire du Missel de 1962…
5. Les anciens pasteurs anglicans devraient se soumettre à un programme
accéléré d’études leur permettant d’être promptement ordonnés prêtres
catholiques. Le fait qu’ils soient mariés ne serait pas un obstacle à
l’ordination sacerdotale mais ils ne pourraient pas – comme cela se passe
déjà aux États-Unis – être “curés” de paroisses mais simples vicaires. En
cas de décès de l’épouse, ils ne pourraient pas se remarier. Par contre, les
anciens pasteurs anglicans homosexuels pratiquants et avérés ne seraient pas
admis aux ordres.
6. Les hommes laïcs ex-anglicans ne pourraient évidemment pas davantage
prétendre aux ordres s’ils se mariaient, ce qui va de soi pour un catholique
latin mais pas pour un anglican.
7. Pour des questions de célibat et de juridiction, on n’envisage donc pas
la création d’une Église de rite anglican “uniate”.
Interrogé dans l'avion
qui le menait en Australie sur les problèmes que
traversaient la Communion anglicane et l’Église d’Angleterre, et qui vont
être débattus lors de la Conférence de Lambeth, Benoît XVI, encore plus
prudent qu’à l’accoutumée, s’est contenté de répondre lapidairement : «
Nous ne pouvons pas et ne devons pas intervenir immédiatement dans
leurs discussions, nous respectons leur responsabilité ». Laisser du
temps au temps donc. Mais pas trop. La question n’est évidemment plus
aujourd’hui de savoir si Rome va recevoir dans le bercail de
l’Église une, sainte, catholique et apostolique, les anglicans qui frappent
à sa porte, mais quand… Des observateurs évoquent la
possibilité de l’annonce d’un tel retour et de la création d’une structure
idoine en décembre prochain. Pourquoi en décembre ? Parce que c’est
probablement à cette date que Benoît XVI pourrait proclamer bienheureux le
vénérable John Henry cardinal Newman, le plus célèbre des anglicans revenus
à Rome !
Daniel Hamiche
[1] J’apprends aujourd’hui qu’outre cette rencontre secrète – mais dont
on commence à connaître une partie de la teneur – une autre rencontre –
encore plus secrète ! – s’est également tenue à Rome – avant ou après celle
que j’évoque – entre des évêques diocésains anglicans et de hautes autorités
de la Curie. Il est peu probable qu’il se soit agi dans ce cas d’une
négociation en vue d’un retour à Rome mais plus prosaïquement de sonder –
dans la nouvelle situation de l’Église d’Angleterre – les chances d’une
poursuite du dialogue œcuménique. On ne sait rien de plus.
[2] Ce dont ne veulent pas les évêques catholiques d’Angleterre et du Pays
de Galles. Mais il semble que Rome ait – enfin ! – décidé de leur passer
par-dessus la tête pour que ne se renouvellent pas les errements des années
1990. C’est la raison pour laquelle la Conférence des évêques catholiques
n’a même pas été tenue au courant de ces négociations. Il faut dire que le
jour même où le Synode général donnait son “feu vert” à l’ordination
épiscopale des femmes, décision cruciale et gravissime mais sur laquelle la
Conférence des évêques catholiques a gardé un silence… bruyant – aucun
communiqué sur son site depuis le 7 juillet… –, cette dernière de conserve
avec l’Église d’Angleterre publiait une « présentation conjointe » sur un
rapport de l’OFCOM – l’autorité britannique pour les télécommunications –
concernant l’avenir de la télévision en Grande-Bretagne et les risques de la
révolution numérique !
Lien
►
Conférence de Lambeth, des centaines
d'évêques anglicans réunis
Sources : Daniel Hamiche -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 16.07.08 -
R/Œcuménisme |