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19 Avril 2005
 

Benoît XVI : Seul le repliement délibéré sur soi-même est désormais enfer

Le 17 mars 2023 - E.S.M. -  Ils ne se rendent pas compte que « Dieu », ou plutôt l'idée qu'ils s'étaient faite de sa promesse, devait mourir, pour qu'il puisse renaître plus grand. Il fallait que cette image de Dieu qu'ils s'étaient forgée et où ils essayaient de l'enfermer, fût détruite, pour qu'au-dessus, en quelque sorte, des ruines de la maison démolie ils puissent voir à nouveau le ciel et Dieu lui-même, qui demeure toujours l'infiniment plus grand.

Fra Angelico (vers 1395 –1455), Le Christ dans les limbes  - Pour agrandir l'image ► Cliquer 


THEOLOGIE
   
   
  3) « Est descendu aux enfers»

"La porte de la mort est ouverte depuis que dans la mort habite la vie, c'est-à-dire l'amour.

    Aucun article de foi peut-être n'est aussi étranger à notre conscience moderne que celui-ci. C'est cet article qui, avec ceux de la naissance virginale de Jésus et de l'Ascension du Seigneur, incite le plus à la « démythologisation », que l'on semble pouvoir réaliser ici sans danger ni scandale. Les quelques passages où l'Écriture paraît dire quelque chose à ce propos ( 1P 3, 19 s; 4, 6; Ep 4, 9; Rm 10, 7; Mt 12, 40; Ac 2, 27. 31), sont si difficiles à comprendre qu'ils prêtent facilement à des interprétations divergentes. Si donc l'on élimine complètement, en fin de compte, cette affirmation, on en retire apparemment l'avantage de se débarrasser d'une question étrange, difficile à intégrer dans nos catégories de pensée, sans se rendre coupable d'une infidélité majeure. Mais sommes-nous plus avancés pour autant ? Ne nous sommes-nous pas plutôt dérobés à la difficulté et à l'obscurité du donné réel ? On peut essayer de venir à bout des problèmes ou bien en les niant purement et simplement, ou bien en les affrontant. La première voie est plus commode, mais seule la deuxième permet d'avancer. Au lieu donc d'éluder la question, ne devrions-nous pas plutôt prendre conscience que cet article de foi, auquel est consacré liturgiquement le Samedi-Saint, nous concerne aujourd'hui tout particulièrement, et qu'il représente à un titre spécial l'expérience de notre siècle ? Le Vendredi-Saint, il nous reste du moins encore le regard sur le Crucifié, mais le Samedi-Saint est le jour de la « mort de Dieu », le jour qui exprime et anticipe cette expérience sans précédent de notre temps : Dieu est tout simplement absent, le tombeau le recouvre, il ne se réveille plus, il ne parle plus, au point qu'il n'est même plus besoin de le contester et que l'on peut l'ignorer sans plus. « Dieu est mort et c'est nous qui l'avons tué. » Cette parole de Nietzsche appartient au langage traditionnel de la dévotion chrétienne à la Passion; elle exprime le contenu du Samedi-Saint, la descente aux enfers 53.

    A propos de cet article de foi, deux scènes bibliques me reviennent toujours à l'esprit. Il y a tout d'abord cette histoire cruelle de l'Ancien Testament, où Élie invite les prêtres de Baal à implorer de leur dieu le feu pour le sacrifice. Ils le font, naturellement sans succès. Elie se moque d'eux, exactement comme un rationaliste se moque de l'homme pieux et pense l'avoir convaincu de ridicule si sa prière reste sans effet. Le prophète interpelle les adeptes de Baal, leur disant qu'ils n'ont peut-être pas prié assez fort : « Criez plus fort, car Baal est un dieu, il a des soucis ou des affaires ; peut-être il dort et se réveillera! » (1R 18, 27). En lisant aujourd'hui ces railleries lancées aux fidèles de Baal, on se sentira peut-être quelque peu mal à l'aise ; on aura peut-être le sentiment que c'est nous maintenant qui sommes dans cette situation et que ces railleries retombent sur nous. Aucun appel ne paraît pouvoir réveiller Dieu. Le rationaliste semble pouvoir nous dire tranquillement : Priez donc plus fort, peut-être votre Dieu se réveillera-t-il ! « II est descendu aux enfers » : voilà vraiment la vérité de notre heure, la descente de Dieu dans le silence, dans le sombre mutisme de l'absence.

    Mais à côté de l'histoire d'Élie et de son correspondant néotestamentaire dans le récit de Jésus dormant au milieu de la tempête (Mc 4, 35-41), il faut mentionner également ici l'histoire des disciples d'Emmaüs (Lc 24, 13-35). Les disciples bouleversés parlent de la mort de leur espérance. Pour eux, il est arrivé quelque chose comme la mort de Dieu : le point où Dieu semblait enfin avoir parlé, est éteint. L'envoyé de Dieu est mort, et c'est le vide total. Plus aucune réponse.
Mais alors qu'ils parlent ainsi de la mort de leur espérance et n'arrivent plus à voir Dieu, ils ne remarquent pas que cette espérance même se trouve vivante au milieu d'eux. Ils ne se rendent pas compte que « Dieu », ou plutôt l'idée qu'ils s'étaient faite de sa promesse, devait mourir, pour qu'il puisse renaître plus grand. Il fallait que cette image de Dieu qu'ils s'étaient forgée et où ils essayaient de l'enfermer, fût détruite, pour qu'au-dessus, en quelque sorte, des ruines de la maison démolie ils puissent voir à nouveau le ciel et Dieu lui-même, qui demeure toujours l'infiniment plus grand. Eichendorff a exprimé cela avec toute la sensibilité de son siècle et sur un ton qui nous paraît presque trop léger :
    C'est Toi qui doucement brises au-dessus de nos têtes
    Ce que construisent nos mains,
    Pour que nos regards voient le ciel -
    C'est pourquoi, je ne me plains.

    Or, par là l'article de foi de la descente aux enfers nous rappelle que la révélation de Dieu ne comprend pas seulement la parole de Dieu, mais aussi son silence. Dieu n'est pas seulement la parole intelligible qui vient à nous, il est aussi le principe mystérieux et muet, inaccessible et inintelligible, qui se dérobe à nous. Dans le christianisme il y a certes un primat du logos, de la parole, sur le silence : Dieu a parlé. Dieu est parole. Mais il ne faut pas oublier pour autant la réalité du mystère permanent de Dieu. Il faut avoir fait l'expérience du silence de Dieu, si l'on veut espérer percevoir sa parole qui s'exprime dans le silence
54. La christologie s'étend au-delà de la croix, au-delà de cet instant où l'amour de Dieu devient tangible, jusque dans la mort, où Dieu se tait et disparaît dans l'obscurité. Faut-il s'étonner que l'Église, que la vie de chacun d'entre nous soient amenées à passer toujours à nouveau par cette heure du silence, par cet article de la foi, oublié et ignoré : « est descendu aux enfers ? »

    Si l'on songe à cela, la question de la « preuve scripturaire » se résout d'elle-même; il y a du moins le cri d'agonie de Jésus : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » (Mc 15, 34), qui illumine le mystère de la descente de Jésus aux enfers comme un éclair éblouissant dans la nuit noire. N'oublions pas que cette parole du Crucifié reprend le premier verset d'une prière d'Israël (Ps 22 [21], 2), où sont résumées, de façon bouleversante, à la fois la détresse et l'espérance de ce peuple, élu par Dieu et paraissant, à cause de cela même, profondément délaissé par Lui. Cette prière jaillie de la détresse profonde de l'absence de Dieu se termine par un hymne à la grandeur de Dieu. Cela aussi est présent dans le cri de Jésus, que E. Käsemann a appelé récemment une prière jaillie des profondeurs de l'enfer, l'adoration du premier commandement s'élevant dans le désert de l'apparente absence de Dieu : «
Le Fils garde la foi alors qu'elle semble avoir perdu tout sens, et que la réalité terrestre manifeste l'absence de Dieu, dont parlent, non sans raison, le premier larron et la foule moqueuse. Le cri de Jésus n'est pas un appel à la vie et à la survie, il n'est pas pour lui-même, mais pour le Père. Son cri se dresse contre la réalité du monde entier. » Est-il encore besoin alors de demander ce que doit être l'adoration en notre heure de ténèbres ? Peut-elle être autre chose que le cri venu des profondeurs, en union avec le Seigneur qui est « descendu aux enfers » et qui a instauré la proximité de Dieu au milieu du délaissement et de l'absence de Dieu ?

    Essayons encore une autre piste de réflexion pour pénétrer plus avant dans ce mystère très complexe, qu'un point de vue unique ne suffit pas à éclairer. A cet effet, prenons tout d'abord connaissance, une fois encore, d'une donnée d'exégèse. On nous dit que dans notre article de foi, le mot « enfers » n'est qu'une mauvaise traduction du mot shéol (en grec : Hadès), dont l'hébreu se sert pour désigner l'état au-delà de la mort, que l'on se représentait très vaguement comme une ombre d'existence plus proche du néant que de l'être. De ce fait, la phrase aurait tout simplement signifié à l'origine que Jésus est entré dans le shéol, c'est-à-dire qu'il est mort. Cela est fort possible. Mais la question est de savoir si de cette façon le problème est devenu plus simple et moins mystérieux. Il me semble que c'est là seulement que se pose le véritable problème qui est de savoir ce qu'est en fait la mort et ce qui se passe quand un homme meurt, quand il entre dans le destin de la mort. Nous serons sans doute tous obligés d'avouer notre embarras devant cette question. Personne ne le sait réellement, car nous vivons tous en deçà de la mort et nous n'avons pas fait l'expérience de la mort. Mais peut-être pouvons-nous trouver une voie d'approche en partant une fois encore du cri de Jésus sur la croix, dans lequel nous avons reconnu l'expression de ce que signifie essentiellement la descente de Jésus, sa participation au destin de la mort de l'homme.
Dans cette dernière prière de Jésus, comme d'ailleurs dans la scène du Mont des Oliviers, il apparaît que l'essentiel de sa passion n'est pas une quelconque souffrance physique, mais la solitude radicale, le délaissement total. Or c'est finalement l'abîme de la solitude de l'homme tout court qui se révèle ici, de l'homme qui, au plus intime de lui-même, est seul. Cette solitude qui se dissimule habituellement sous toutes sortes de masques, mais qui est pourtant la vraie situation de l'homme, représente en même temps la contradiction la plus profonde avec l'être de l'homme ; celui-ci ne peut rester seul, il a besoin d'être avec quelqu'un. Aussi la solitude est-elle le domaine de l'angoisse, qui a sa racine dans la précarité de l'être de l'homme, être menacé, exposé, parce qu'il doit être et qu'il est pourtant projeté vers ce qui lui est impossible.

    Essayons de préciser cela par un exemple. Voici un enfant qui doit passer tout seul dans la nuit par une forêt obscure ; il a peur même si on lui a démontré de la façon la plus convaincante qu'il n'y avait absolument rien à craindre. Au moment où il est tout seul dans l'obscurité et qu'il expérimente de façon radicale la solitude, la peur se déclare, la vraie peur de l'homme, qui n'est pas peur de quelque chose, mais peur en soi. La peur devant un objet déterminé est au fond anodine, elle peut être bannie, il suffit de faire disparaître l'objet qui la provoque. Si, par exemple, quelqu'un a peur d'un chien méchant, il est facile d'arranger l'affaire, en attachant le chien à la chaîne. Mais ici, il s'agit d'un phénomène bien plus profond : l'homme livré à la solitude extrême a peur, non pas de quelque chose de déterminé, susceptible d'être neutralisé par des arguments; il expérimente la peur de la solitude, l'insécurité et la précarité de son être, qu'il est impossible de surmonter par la raison. Prenons encore un autre exemple : si quelqu'un doit veiller la nuit tout seul avec un mort, il se sentira toujours quelque peu inquiet, pas rassuré, même s'il ne veut pas en convenir, même s'il arrive à se convaincre rationnellement qu'il n'y a vraiment pas lieu de s'effrayer. Il sait très bien que le mort est inoffensif et que sa situation serait peut-être plus dangereuse si le mort en question était encore vivant. Ce qu'il éprouve est une peur toute différente, non pas la peur devant quelque chose; ce qu'il éprouve, étant tout seul avec la mort, c'est l'insécurité de la solitude en soi, la précarité de l'existence « exposée ».

    Mais il s'agit maintenant de savoir comment on peut surmonter une telle peur, s'il est vain de montrer qu'elle est sans objet. Eh bien, l'enfant n'aura plus peur à partir du moment où une main sera là pour le prendre et le guider, une voix pour lui parler, au moment donc où il éprouve la présence de quelqu'un qui l'aime. De même, celui qui est seul avec le mort sentira son inquiétude s'évanouir si quelqu'un est avec lui, s'il éprouve la présence d'un Toi.
Cette manière de dominer la peur révèle une fois de plus en quoi elle consiste : elle est peur de la solitude, la peur d'un être qui ne peut vivre qu'avec d'autres. La véritable peur de l'homme ne peut être surmontée par la raison, mais uniquement par la présence d'un être aimant.

    Il nous faut creuser encore davantage cette question. S'il y avait une solitude où aucune parole d'un autre ne pourrait plus pénétrer pour la transformer, s'il y avait une déréliction si profonde qu'aucun Toi ne pourrait plus y atteindre, alors ce serait la solitude véritable et totale, la peur totale, ce que le théologien appelle « enfer ». Le sens de ce mot peut être exactement défini à partir de là : il désigne une solitude où ne pénètre plus la parole de l'amour et qui constitue ainsi véritablement l'existence exposée, menacée. Qui ne se rappellerait à ce propos que des poètes et philosophes de notre temps soutiennent qu'au fond toutes les rencontres entre hommes demeurent superficielles, qu'aucun homme n'a accès à la véritable profondeur de l'autre ? Selon eux, personne ne saurait atteindre au plus intime de l'autre ; toute rencontre, si belle qu'elle paraisse, ne fait qu'anesthésier la plaie inguérissable de la solitude. Au plus profond de notre existence à nous tous résiderait donc l'enfer, le désespoir, c'est-à-dire la solitude, qui est aussi inéluctable qu'atroce. Sartre, on le sait, a construit son anthropologie à partir de cette idée. Mais même un poète aussi amène et serein que Hermann Hesse exprime au fond la même pensée :
    Étrange, de marcher dans le brouillard !                     
    Vivre, c'est être seul.
    Personne ne connaît son voisin,
    Chacun est seul.

    De fait, une chose est certaine : il existe une nuit, dans la déréliction de laquelle aucune voix ne parvient; il existe une porte, par laquelle nous ne pouvons passer que solitaires : la porte de la mort. Toute la peur du monde est au fond la peur de cette solitude-là. Cela explique pourquoi l'Ancien Testament n'a qu'un seul mot pour l'enfer et pour la mort, le mot shéol, car pour l'Ancien Testament, les deux sont en dernière analyse identiques.
La mort, c'est la solitude tout court, tandis que la solitude où l'amour ne peut plus pénétrer, c'est l'enfer.

    Et nous voilà revenus à notre point de départ, à l'article de foi de la descente aux enfers. D'après la perspective qui vient d'être développée, cet article affirme que le Christ a franchi la porte de notre ultime solitude, qu'il est entré, à travers sa Passion, dans l'abîme de notre déréliction. Là où aucune parole ne saurait plus nous atteindre, il y a Lui. Ainsi l'enfer est surmonté, ou plus exactement, la mort qui auparavant était l'enfer, ne l'est plus. Les deux ne sont plus identiques, parce qu'au milieu de la mort il y a de la vie, parce que l'amour habite au milieu de la mort. Seul le repliement délibéré sur soi-même est désormais enfer ou, comme le dit la Bible : seconde mort (cf. Ap 20, 14). Tandis que mourir, ce n'est plus la route de la solitude glaciale ; les portes du shéol sont ouvertes. Je crois qu'à partir de là l'on peut comprendre les images, au premier abord si mythologiques, employées par les Pères, et où il est question de retirer les morts du gouffre, d'ouvrir les portes; de même, le texte apparemment si mythique de l'évangile de Matthieu devient ici compréhensible, lorsqu'il dit qu'à la mort de Jésus les tombes s'ouvrirent et les corps des saints ressuscitèrent (Mt 27, 52). La porte de la mort est ouverte depuis que dans la mort habite la vie, c'est-à-dire l'amour.

 A SUIVRE : EST RESSUSCITÉ DES MORTS

Notes :
53. Cf. H. DE LUBAC, Le drame de l'Humanisme athée, Spes, 1945, pp. 40-54.
54. Cf. la signification du silence dans les écrits d'Ignace d'Antioche : Epistola ad Ephesios, 19, 1 : «
Le prince de ce monde a ignoré la virginité de Marie, son enfantement, et la mort du Seigneur, - trois mystères retentissants accomplis dans le silence de Dieu. » (Cité dans J.- L. VIAL, Ignace d'Antioche, Paris, 1956, p. 27); - cf. Epistola ad Magnésios, 8, 2, où il est question du  ο Λόγος από τη σιωπή : (la Parole provenant du silence), et la méditation sur la parole et le silence dans Epistola ad Ephesios, 15, 1. - Pour l'arrière-plan historique, cf. H. SCHLIER, Rellgionsgeschichtliche Untersuchungen zu den Ignatiusbrieƒen, Berlin, 1929.
 

  

 

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Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 17.03.2023

 

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