FAO : Famine et malnutrition dans le
monde Un sommet et contre sommet à Rome |
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Le 16 novembre 2009 -
(E.S.M.)
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Inaugurés par le pape Benoît XVI et le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon,
les travaux du Sommet de la Fao se poursuivront
jusqu'à mercredi 18 novembre par différents
débats et interventions de chef d'État et de
gouvernement.
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Le pape Benoît XVI et
Monsieur Jacques Diouf, Directeur général de la FAO -
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FAO : Famine et malnutrition dans le
monde Un sommet et contre sommet à Rome
Synthèse
Le 16 novembre 2009 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
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Si au Sommet de la Fao (Organisation pour l'Alimentation
et l'Agriculture de l'Onu), qui a débuté ce lundi, l'absence de
personnalités prestigieuses monopolise avant tout l'attention, "les
étoiles sont toutes là" au contre-sommet parallèle, le Forum de la
Société Civile, comme l'indique Gustavo Duch Guillot, un des organisateurs
de la rencontre. Des délégations des communautés indigènes
latino-américaines à celles des pêcheurs de la Guinée et des Masaïs de la
Tanzanie expulsés de leurs terres ancestrales au profit des grandes
multinationales, plus de 500 représentants de la société civile venus du
monde entier sont rassemblés depuis vendredi dernier dans la capitale
italienne avec pour objectif de "discuter aujourd'hui pour être prêts à
imposer un changement demain", pour reprendre les termes de Yeko Etienne
Sede, membre de la Coalition des organisations paysannes de la République du
Congo.
Inaugurés par le pape Benoît XVI et le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon,
les travaux du Sommet de la Fao se poursuivront jusqu'à mercredi 18 novembre
par différents débats et interventions de chef d'État et de gouvernement.
Une Déclaration finale devrait être adoptée dès mardi ; récemment mis au
point, le document contient, selon le projet en circulation, des
déclarations d'intention et des engagements destinés à prendre des mesures
urgentes pour éradiquer la famine dans le monde. Le texte fait déjà l'objet
de virulentes critiques de la part de maintes organisations non
gouvernementales (ong) et associations, qui
déplorent l'absence de chiffres et d'engagements précis pour atteindre
l'objectif commun de combattre la faim et la malnutrition.
Tant les experts de la Fao que ceux des ong exhortent à de massifs
investissements dans le domaine rural et agricole pour relever le défi de la
sous-alimentation. Les aides versées par le Nord au Sud du monde
s'élèveraient à 44 milliards de dollars par an, auxquels devrait s'ajouter
un chiffre plus ou moins équivalent correspondant aux investissements
publics locaux. De tels sommes permettraient par ailleurs de mettre en œuvre
la "Révolution verte" qui avait permis à de nombreux pays d'Asie et
d'Amérique Latine dans les années 1970 et 1980 de se relever de la crise
alimentaire. Mais si la demande économique représente actuellement un
cinquième de celle qui a permis au cours des dernières décennies de contenir
dans certaines régions le problème de la malnutrition, c'est la volonté
politique qui semble faire défaut aujourd'hui. De nombreux observateurs ont
dernièrement souligné l'absence au Sommet de la Fao des présidents des
économies occidentales les plus riches (entre autres des
États-Unis, de l'Allemagne, de l'Angleterre et de la France),
qualifiant de "fiasco" la rencontre avant même le début de ses
travaux.
Pour les participants du Forum alternatif de la Société Civile, un
changement d'attitude radical s'impose, en substituant le local au mondial
et le petit au transnational. Les récents débats du Forum de la Société
Civile indiquent clairement que les petits producteurs représentent la seule
solution à la crise alimentaire mondiale. Les participants du contre-sommet
exposeront mardi cette certitude devant le siège du Sommet officiel de la
Fao, où se tiendront une manifestation et une conférence de presse. Les
petits paysans et autres producteurs d'aliments, comme les communautés
indigènes, s'élèvent à plus de 1,5 milliard de personnes dans le monde et
produisent plus de 75% de la demande alimentaire de la planète, observe un
communiqué du Forum, qui estime que la totalité des besoins pourrait être
satisfaite à travers une agriculture durable et un élevage à échelle
réduite. Selon les chiffres courants, en effet, 80% des personnes souffrant
de famine et de malnutrition - qui s'élèvent à un milliard au total - sont
précisément composées de petits producteurs agricoles et d'habitants des
zones rurales qui, grâce à des politiques publiques adaptées et à des
financements ciblés, pourraient entre autres assurer leur propre
alimentation.
Les participants du Forum de la Société Civile de Rome sont également
convaincus, comme l'a affirmé dimanche Nettie Wiebe, membre de
l'organisation Via Campesina, que c'est en misant sur l'agriculture et les
marchés locaux que l'on peut parvenir à une solution. Des politiques justes
et appropriées destinées à soutenir l'agriculture familiale, en promouvant
par exemple de véritables réformes agraires au profit des petits producteurs
plutôt que des grands propriétaires et des multinationales, profiteraient
bien plus à l'environnement et aux impacts du réchauffement de la planète
que tout accord issu de la prochaine Conférence de Copenhague, a déclaré Mme
Wiebe. Se référant dans une récente interview aux innombrables personnes
victimes de la famine, Jean Ziegler, vice-président de la Commission des
Droits de l'Homme de l'Onu et ancien rapporteur spécial pour le Droit à
l'Alimentation, a dénoncé l'absurdité d'une telle situation, précisant que
l'agriculture planétaire était en mesure d'alimenter 12 milliards de
personnes, soit le double de la population mondiale, avant d'ajouter : "Sur
n’importe quel marché en Afrique, vous pouvez trouver des fruits, des
légumes et du poulet français, grec ou espagnol, à la moitié ou au tiers du
prix des productions locales équivalentes. Et vous avez, quelques kilomètres
plus loin, un paysan wolof sénégalais et sa femme travaillant douze heures
par jour, sous un soleil brûlant, qui n’a aucune chance d’arriver un jour au
minimum vital !".
LES ENGAGEMENTS GÉNÉRIQUES DU SOMMET DE L'ONU
La Déclaration adoptée lundi au Sommet de la Fao ne contient ni chiffres
concrets ni contrainte pour les gouvernements mais juste un engagement
générique à "éradiquer la faim dans le monde" et à augmenter leurs
financements dans le domaine agricole. Conformément aux attentes, le
document n'est que de nature politique. Les chefs d'État et de gouvernement
et les délégués présents au Sommet se sont engagés à "veiller à ce que
des mesures urgentes soient prises (...) pour réduire de moitié
respectivement le pourcentage et le nombre de personnes souffrant de la faim
et de la malnutrition d'ici à 2015". Parmi les autres principes énoncés
figure la nécessité d'"inverser la tendance à la diminution des
financements nationaux et internationaux consacrés à l'agriculture, à la
sécurité alimentaire et au développement rural des pays en développement".
L'absence dans la Déclaration de tout type de contrainte pour les
gouvernements a contribué à déconcerter les pays du Sud du monde. Le
président du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, a déclaré que la famine
représentait "l'arme de destruction massive la plus dévastatrice de la
planète" en ce qu'elle tue principalement des enfants âgés de moins d'un
an. Les contradictions du Nord du monde et du système capitaliste, enclins à
promettre des aides mais non pas à renoncer à la logique du profit, ont été
dénoncées par Mouammar Kadhafi, qui assure actuellement la présidence
tournante de l'Union africaine (UA). Le colonel libyen a en effet condamné
les pays riches qui "dépouillent" les Africains de leurs terres et de
leurs droits, dénonçant les "nouveaux pouvoirs féodaux" exercés par
des compagnies sises en Europe, dans le Golfe Persique ou en Asie pour
s'accaparer les terres du continent.
Sources : misna
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 16.11.2009 -
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