Synode des évêques du Moyen-Orient :
9ème Congrégation générale |
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Le 16 octobre 2010
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(E.S.M.)
- Vendredi 15 octobre 2010, à 16h30, avec la prière de l’Adsumus,
a débuté la
Neuvième
Congrégation
générale, pour
la continuation
des
interventions en
salle sur le
thème L’Église
catholique au
Moyen-Orient:
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Synode des évêques du Moyen-Orient : 9ème Congrégation
générale
AUDIENCES DU SAINT-PÈRE
Le 16 octobre 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Pendant la pause de la Première Congrégation générale du lundi 11 octobre
2010, le Saint-Père Benoît XVI a reçu en audience les Cardinaux Patriarches
et Patriarches du Moyen-Orient: S. B. Ém. le Card. Nasrallah Pierre SFEIR,
Patriarche d'Antioche des Maronites, Président délégué ad honorem, Évêque de
Joubbé, Sarba et Jounieh des Maronites (LIBAN); S. B. Ém. le Card. Ignace
Moussa I DAOUD, Patriarche émérite d'Antioche des Syriens, Préfet émérite de
la Congrégation pour les Églises orientales (SYRIE); S. B. Ém. le Card.
Emmanuel III DELLY, Patriarche de Babylone des Chaldéens (IRAQ), Président
délégué ad honorem; S. B. Antonios NAGUIB, Patriarche d’Alexandrie des
Coptes (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE), Rapporteur général; S. B. Ignace Youssif
III YOUNAN, Patriarche d'Antioche des Syriens (LIBAN), Président délégué; S.
B. Gregorios III LAHAM, B.S., Patriarche d'Antioche des Grecs-Melkites,
Archêveque de Damas des Grecs-Melkites (SYRIE); S. B. Nerses Bedros XIX
TARMOUNI, Patriarche de Cilicie des Arméniens, Archêveque de Beyrouth des
Arméniens (LIBAN); S. B. Fouad TWAL, Patriarche de Jérusalem des Latins
(JÉRUSALEM); S. B. Michel SABBAH, Patriarche émérite de Jérusalem des Latins
(JÉRUSALEM).
- pendant la pause de la Troisième Congrégation générale du mardi 12 octobre
2010, les membres des Carrefours anglais A et B et arabes A et B.
- à la fin de la Cinquième Congrégation générale du mercredi 13 octobre
2010, le Rabbin David ROSEN, Conseiller du Grand Rabbinat d'Israël,
Directeur du Département pour les Affaires interreligieuses de l'"American
Jewish Committee" et de l'Institut Heilbrunn pour l'accord international
interreligieux (ISRAËL).
- à la fin de la Septième Congrégation générale du jeudi 14 octobre 2010, M.
Muhammad AL-SAMMAK, Conseiller politique du Grand Mufti du Liban et
l’Ayatollah Seyed Mostafa MOHAGHEGH AHMADABADI, Professeur de la Faculté de
droit auprès de l'Université "Shahid Beheshti" de Téhéran et Membre de
l'Académie iranienne des Sciences.
- pendant la pause de la Huitième Congrégation générale du vendredi 14
octobre 2010, les Délégués fraternels et les Membres des Carrefours français
A, B, C et D.
NEUVIÈME CONGRÉGATION GÉNÉRALE
(VENDREDI 15 OCTOBRE 2010 - APRÈS-MIDI)
- INTERVENTIONS EN SALLE (CONTINUATION)
Vendredi 15 octobre 2010, à 16h30, avec la prière de l’Adsumus,
a débuté la Neuvième Congrégation générale, pour la continuation des
interventions en salle sur le thème L’Église catholique au Moyen-Orient:
Communion et témoignage. "La multitude de ceux qui étaient devenus croyants
avait un seul cœur et une seule âme" (Ac 4, 32).
Le Président délégué du jour était S. Ém. le Card. Leonardo SANDRI, Préfet
de la Congrégation pour les Églises Orientales (CITÉ DU VATICAN).
A suivi un temps pour les interventions libres, en présence du Saint-Père.
À cette Congrégation générale, qui s’est achevée à 19h00 avec la prière de
l’Angelus Domini, étaient présents 160 Pères.
INTERVENTIONS EN SALLE (CONTINUATION)
Sont intervenus les Pères suivants:
- S. Ém. le Card. William Joseph LEVADA, Préfet de la
Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CITÉ DU VATICAN)
- S. Exc. Mgr Krikor-Okosdinos COUSSA, Évêque d'Alexandrie des Arméniens
(RÉPUBLIQUE ARABE D'ÉGYPTE)
- S. Exc. Mgr Yasser AYYASH, Archevêque de Petra et Philadelphie en Arabie
des Grecs-Melkites (JORDANIE)
- S. Exc. Mgr Mansour HOBEIKA, Évêque de Zahleh des Maronites (LIBAN)
- Corév. Yusuf SAǦ, Exarque patriarcal d'Antioche des Syriens (TURQUIE)
- S. Exc. Mgr Angelo AMATO, S.D.B., Archevêque titulaire de Sila, Préfet de
la Congrégation pour la Cause des Saints (CITÉ DU VATICAN)
- Rév. Mgr Mikaël MOURADIAN, Vicaire patriarcal pour l'Institut du Clergé
patriarcal de Bzommar (LIBAN)
- S. Exc. Mgr Joseph SOUEIF, Archevêque de Chypre des Maronites (CHYPRE)
- S. Exc. Mgr Cyril VASIL', S.I., Archevêque titulaire de Ptolémaïs de
Libye, Secrétaire de la Congrégation pour les Églises orientales (CITÉ DU
VATICAN)
- S. Exc. Mgr Joseph ABSI, S.M.S.P., Archevêque titulaire de Tarse des
Grecs-Melkites, Évêque auxiliaire et Protosyncelle de Damas des
Grecs-Melkites (SYRIE)
- S. Exc. Mgr Georges BAKAR, Archevêque titulaire de Pelusio des
Grecs-Melkites, Évêque auxiliaire et Protosyncelle d'Antioche des
Grecs-Melkites pour l'Égypte et le Soudan (RÉPUBLIQUE ARABE D'ÉGYPTE)
- S. Exc. Mgr Simon ATALLAH, O.A.M., Évêque de Baalbek - Deir El-Ahmar des
Maronites (LIBAN)
- S. Exc. Mgr Jacques ISHAQ, Archevêque titulaire de Nisibe des Chaldéens,
Évêque de Curie de Babylone des Chaldéens (IRAQ)
- S. Exc. Mgr Jean-Clément JEANBART, Archevêque d'Alep des Grecs-Melkites
(SYRIE)
- S. Exc. Mgr Michel ABRASS, B.A., Archevêque titulaire de Myra des
Grecs-Melkites, Évêque de Curie du Patriarcat d'Antioche des Grecs-Melkites
(SYRIE)
- S. Exc. Mgr Kurt KOCH, Archevêque-Évêque émérite de Bâle, Président du
Conseil pontifical pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens (CITÉ DU
VATICAN)
- S. Exc. Mgr Emmanuel DABBAGHIAN, Archevêque de Babylone des Arménienss
(IRAQ)
- S. Exc. Mgr Athanase Matti Shaba MATOKA, Archevêque de Babylone des
Syriens (IRAQ)
- S. Exc. Mgr Denys Antoine CHAHDA, Archevêque d'Alep des Syriens (SYRIE)
Nous publions, ci-dessous, les résumés des interventions:
- S. Ém. le Card. William Joseph LEVADA, Préfet de la
Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CITÉ DU VATICAN)
Mon intervention va se concentrer sur la notion de la Tradition vivante de
l’Église, comme l’enseigne la Constitution sur la Révélation divine Dei
Verbum du Concile Vatican II, et sur la compréhension du rôle du Pape dans
la Tradition apostolique, en référence au numéro 78 du Document de travail.
Au n°8 de la Dei Verbum, le Concile enseigne que “cette Tradition qui vient
des Apôtres progresse dans l’Église sous l’assistance du Saint-Esprit ; en
effet, la perception des réalités aussi bien que des paroles transmises
s’accroît”. Comme nous le rappelle le bienheureux John Henry Newman béatifié
en Angleterre le mois dernier, cette Tradition vivante connaît un
authentique développement de doctrine de façon à répondre aux nouvelles
questions qui surgissent au travers des deux millénaires de l’histoire de
l’Église en tant que communion des disciples du Seigneur. Le Cardinal
Newman, à travers son étude des Pères de l’âge patristique et des premiers
conciles œcuméniques, a précisément trouvé la Tradition vivante qui le mène
à embrasser la plénitude de la foi dans l’Église catholique.
Des exemples de ce développement n’ont été absents de nos discussions au
cours de ce Synode: pensez à la déclaration Nostra Aetate qui fournit une
nouvelle base pour l’actuelle relation avec les juifs et les musulmans.
Pensez aussi aux discussions du Synode concernant les références à la
liberté religieuse et la liberté de conscience, qui s’inscrivent dans la
lignée de la déclaration du Concile Dignitatis humanae. Le Pape Benoît XVI a
donné sa propre contribution au développement en cours avec ses nombreuses
interventions en faveur de la nécessaire interaction de la foi et de la
raison dans le discours politique et publique, argumentant avec conviction
que l’Etat séculier ou “laïc” moderne a besoin de l’importante voix de la
religion pour assurer sa portée éthique. Dans son application interne des
enseignements du Concile Vatican II, il a insisté sur le besoin de la
continuité avec la Tradition comme la condition d’une authentique et fidèle
compréhension de l’enseignement du Concile, et donc du développement de
doctrine.
Ces observations peuvent être utiles lorsque nous considérons l’enseignement
de l’Église à propos du Pontife Romain, l’évêque de Rome. Cette doctrine
également a entrepris une trajectoire unique de développement depuis que
Jésus a proclamé : “Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église”
(Mt 16,18). Plusieurs Père synodaux ont fait référence à la citation de
l’Encyclique de 1995 Ut unum sint, à propos de laquelle le Document de
travail dit: “ le Pape Jean-Paul II admet la responsabilité de ‘trouver une
forme d'exercice de la primauté ouverte à une situation nouvelle, mais sans
renoncement aucun à l'essentiel de sa mission’, en ayant présent à l’esprit
la double tradition canonique latine et orientale” (n°78). Par la suite, la
Congrégation pour la Doctrine de la foi a parrainé un symposium théologique
pour considérer de façon plus détaillée ces aspects de la papauté qui sont
essentiels à la foi de l’Église. En plus de la publication des actes de ce
symposium, la Congrégation a aussi publié en 1998 un document sur la
question, intitulé “La Primauté de Pierre dans le mystère de l’Église”.
Plus récemment, notre congrégation est en train d’envisager une convocation
des Commissions doctrinales des Synodes et des Conférences épiscopales des
Églises orientales et des Églises orientales sui iuris afin de discuter des
questions doctrinales d’un intérêt commun . Dans ce contexte, je voudrais
envisager une étude utile et un échange de vues à propos de la façon dont le
ministère du Successeur de Pierre, avec ses caractéristiques doctrinales
essentielles, pourrait être exercée de différentes manières, selon les
différents besoins de temps et de lieux. Cela reste un chapitre de
l’ecclésiologie qui doit être davantage exploré et complété.
Une telle réflexion théologique, par contre, ne peut pas supplanter le
témoignage vivant des catholiques du Moyen-Orient envers les frères
orthodoxes et musulmans à propos de la façon dont la doctrine se développe
dans la Tradition apostolique vivante , conduite par le don du Christ de
l’Esprit Saint au Magistère de l’Église de tous temps. Ce Magistère inclut
nécessairement le rôle du Pape comme tête du collège apostolique des
Evêques, avec le mandat du Christ de confirmer ses frères dans l’unité de la
foi (cf Lc 22, 32) afin que “tous soient un” (Jn 17, 21)
- S. Exc. Mgr Krikor-Okosdinos COUSSA, Évêque
d'Alexandrie des Arméniens (RÉPUBLIQUE ARABE D'ÉGYPTE)
Prière
“Nous nous glorifions dans l'espérance de la gloire de Dieu. Que dis-je ?
Nous nous glorifions encore des tribulations, sachant bien que la
tribulation produit la constance, la constance une vertu éprouvée, la vertu
éprouvée l'espérance. Et l'espérance ne déçoit point, parce que l'amour de
Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné” (Rm
5, 2-5).
Très Saint-Père,
Béatitudes et Éminences,
Frères prêtres, moines, moniales et laïcs,
je traite dans mon intervention les numéros 120 à 123 qui parlent de
l’espérance.
Soyez “dans la joie de l'espérance (votre espérance), patients dans la
tribulation, assidus à la prière” (cf. Rm 12, 12).
Dans la joie de l’espérance, la patience dans la tribulation et l’assiduité
dans la prière, nous partageons les expériences et la réflexion sur notre
engagement à l’intérieur de nos Églises au niveau patrimonial, culturel,
historique, théologique, liturgique et spirituel d’une manière distincte,
engagement qui dérive de nos traditions liturgiques parce que nous sommes
invités à faire de cette variété un moyen pour enrichir nos différentes
sociétés et pour fortifier l’unité de l’Église du Christ et témoigner la
foi, l’espérance et le salut.
En cette région du monde a marché Abraham, notre père dans la foi, et avec
lui toute sa descendance. C’est en Abraham que tout chrétien est appelé à
répondre à l’appel de Dieu et à s’abandonner à Lui pour cibler la véritable
vie.
Sur cette terre, Dieu a réalisé le dessein de Son amour, Il a envoyé son
Fils unique, Jésus le Nazaréen, pour sauver le monde et rassembler les
hommes dispersés.
Dans le Christ, se sont réalisées toutes les promesses divines, remportant
la victoire sur la mort et confirmant en nous l’espérance.
C’est donc de l’Orient que se sont levées les lumières de l’Évangile.
De l’Orient, s’est levée la renaissance de l’Évangélisation et de la
mission.
C’est pourquoi de cette mission, nous avons appris à construire nos églises
et nos couvents, nos maisons, nos écoles et nos institutions sur les hommes
et sur le soleil et le vent.
Nous ne vivons pas dans des grottes ou des souterrains isolés pour que tout
homme, quelque soit sa religion ou sa culture, voit clairement ce que nous
faisons. Nos fenêtres sont grandes et faites d’un verre transparent “et la
lumière luit dans les ténèbres” (Jn 1, 5).
Notre témoignage et notre communion se réalisent à travers cette tâche sur
la terre où la Providence divine a voulu que nous vivions et que nous
réalisions notre vocation, notre foi et notre mission.
Cette région est assujettie aux plus forts et grands dangers qui lui font
face. Elle chancelle alors entre la guerre et la paix et en elle aussi on
peut chercher une nouvelle forme de relations internationales plus
respectueuse des droits de l’homme, des peuples et de leur liberté.
La convivialité l’emporte sur toutes les divergences pour se rencontrer les
uns avec les autres, avec les musulmans et même avec les juifs.
Nous nous sentons parfois menacés par la peur, le désespoir et la
persécution, et nous oublions que notre présence chrétienne est liée à la
dimension de notre foi et à sa profondeur. Le défi fondamental pour nous est
de nous réaliser en tant que témoins du Redemptoris hominis dans notre vie,
par nos paroles et nos actes devant nos frères non chrétiens.
Ansi, nous nous demandons: quel sens a cet Orient si nous en sommes absents?
Mon intervention est un message d’espérance adressé aux chrétiens afin
qu’ils voient dans l’Orient la source d’espérance du Christ qui y est né, y
a été crucifié et y est ressuscité.
L’arme du Christianisme n’est pas fabriquée dans les usines et ne sort pas
de la terre afin de prendre une forme, une dimension ou une couleur
quelconque.
L’arme du Christianisme est la charité. Elle consiste à jeter des ponts
entre l’homme et son frère homme pour qu’il n’y ait ni proche et ni
lointain. Et si l’homme peut découvrir cette arme, il se découvre lui-même
et connaît donc sa position. Et quand il connaît, il aime, et quand il aime,
il donne et quand il donne, il se rassure, et quand il se rassure, il se
stabilise, et quand il se stabilise, il est exempt de tout vice et de tout
fléau.
Notre espérance est de vivre en paix. Tendons alors nos mains aux musulmans
et aux juifs avec une espérance chrétienne et une vie nouvelle. Disons aux
juifs: cessez de tuer les innocents et n’oubliez pas ce que vous dit le
Talmud: en chaque homme je vois Dieu.
Tendons la main à nos frères musulmans dans l’espérance d’une convivialité
qui permette de construire une seule nation, une seule société régie par la
charité, la fraternité, la compréhension et le dialogue.
L’Église annonce la charité et combat l’iniquité et le fanatisme. Elle
propage l’éducation et ne travaille pas pour elle-même mais plutôt pour la
Gloire de Dieu, le Suprême et confirme l’espérance.
Nous souhaitons, grâce à ce Synode, pourvoir arriver à réaliser le souhait
qui est de ne pas arrêter le travail en faveur de l’espérance recherchée, et
ce malgré les épreuves et les difficultés qui nous entourent, parce que le
témoignage et la communion ne mûrissent que dans les calamités et les
vicissitudes dont le fruit est la charité.
- S. Exc. Mgr Yasser AYYASH, Archevêque de Petra et
Philadelphie en Arabie des Grecs-Melkites (JORDANIE)
Nous adressons tout d’abord nos plus sincères remerciements à Sa Sainteté le
Pape Benoît XVI qui nous a réunis au sein de ce Synode spécial pour l’Église
catholique au Moyen-Orient: Communion et témoignage. C’est une grace
particulière pour l’Église catholique et les chrétiens du Moyen-Orient; les
Pères de l’Église s’y réunissent pour étudier, prier et réaliser les espoirs
des fidèles.
De par mon intervention, je voudrais attirer votre attention sur des
questions pertinentes concernat l’Église catholique et les chrétiens en
général en Jordanie. Malgré la conjoncture actuelle dans les pays du
Moyen-Orient, et tout particulièrement en Palestine, la Jordanie, sous Sa
Majesté le Roi Abdallah II Bin al Hussein, jouit de paix, de sérénité, de
stabilité et de modération. Ces réalités nous aident à assumer notre vrai
témoignage en le Christ. Nous nous rappelons, en Jordanie, des deux visites
historiques du Pape Jean-Paul II et du Pape Benoît XVI, et de l’accueil
chaleureux qui a été réservé à Leurs Saintetés, en Jordanie et en Terre
Sainte. Nous remercions le Pape Benoît XVI pour sa charité et son attention
particulière envers l’Église du Moyen-Orient, qui invite les fidèles à
davantage témoigner leur foi dans leurs pays, et à rester en Terre Sainte,
terre d’amour et de paix.
Notre témoignage chrétien se manifeste à travers:
1- Les écoles, les hôpitaux et les associations caritatives qui pourvoient
le service en toute charité, sans discrimination aucune, et d’égal à égal,
aux chrétiens et aux musulmans, en matière éducative, éthique et
scientifique.
2- Nous célébrons nos prières et nos rites complets dans nos églises et
paroisses sans aucune difficulté. Aussi, dans le respect de la loi, nous
pouvons acheter, posséder et bâtir des églises, des écoles et d’autres
établissements.
3- Depuis plus de quarante ans, les chrétiens célèbrent Pâques selon le
calendrier oriental et Noël selon le calendrier occidental, ensemble,
catholiques et non-catholiques.
4- La catéchèse est enseignée dans les écoles chrétiennes et dans certaines
écoles privées, mais non dans les écoles officielles, malgré les multiples
tentatives. Il existe plus d’un cursus. Je souhaiterais un cursus unifié
pour les fidèles de l’Église catholique, et de préférence pour tous les
chrétiens.
5- Les chrétiens participent activement à la vie pratique dans différents
domaines. Leur rôle est efficace, fort et bien reconnu.
6- L’émigration demeure un grave problème aux répercussions aussi bien
négatives que positives. L’émigration est soit interne, soit dirigée vers
les pays de la diaspora, sans oublier les immigrés arrivant en Jordanie pour
travailler ou à cause de guerres successives. L’Église locale a offert un
ministère pastoral et humanitaire selon ses capacités. Les raisons de
l’émigration demeurent semblables: politiques, sécuritaires, économiques,
quête d’un avenir meilleur... La “persécution religieuse” est une cause
rarement soulevée.
7- Il n’y a pas un dialogue islamo-chrétien officiel au niveau national. À
cet effet, une rencontre entre la Jordanie et le Saint-Siège a régulièrement
lieu. Nous espérons que le Conseil des Églises du Moyen-Orient puisse
dépasser la rude épreuve à laquelle il fait face, au service du témoignage
et de l’unité chrétienne.
8- Il y a plusieurs cas d’apostasie envers la religion islamique. Les causes
sont différentes et ne sont en aucun cas liées à la foi. Rares sont les cas
d’apostasie envers la religion chrétienne.
9- Davantage de coopération mutuelle, d’unification des efforts communs et
de véritable charité nous donnera du courage et de la force, afin que notre
témoignage porte ses fruits, rende gloire à Dieu et enracine le chrétien
dans sa terre et dans sa foi. Merci.
- S. Exc. Mgr Mansour HOBEIKA, Évêque de Zahleh des
Maronites (LIBAN)
Je voudrais focaliser mon intervention sur des questions purement pratiques,
en vue de solutions pratiques, tel que nos fidèles le souhaitent.
- Depuis que des chrétiens émigrent massivement du Proche-Orient bon gré mal
gré, leur problème n'est plus simplement l'exercice de certains droits, mais
la jouissance du droit de vivre sur leur terre natale. Le but du Synode
devrait être en premier lieu de les aider à conserver ce droit. Il faudra
interpeller en leur faveur les grandes puissances au nom des droits de
l'homme, et les pays où ils vivent au nom de l'Islam.
- Nos jeunes sont le plus souvent contraints de voyager à l'étranger pour
gagner leur vie. L'Église du Liban, qui a déjà beaucoup fait, doit se
mobiliser encore pour alléger, tant soit peu, l’acuité de cette crise. La
solution serait de donner au jeunes des lopins de terre sous la forme de
bail emphytéotique de 99 ans. Sur ces terrains ainsi lotis, les jeunes
pourront faire construire soit des maisons, soit des usines, soit n'importe
quel projet commercial.
- Le Liban est considéré comme 1'école du Moyen-Orient, l'université du
Moyen-Orient et l'hôpital du Moyen-Orient. Toujours est-il que ce secteur
privé, tenu majoritairement par l'Eglise, coûte très cher.
L'Église, particulièrement intéressée à encourager les naissances, pourrait
s'engager avec ses institutions à alléger les frais d’enseignement du 3ème
et 4ème enfant dans une même famille, en créant à cette fin un fonds d'aide;
ou encore en réclamant à l'État avec plus d'insistance de prendre sur le
budget officiel entièrement ou en partie, le coût de l'enseignement privé.
D'autre part, en ce qui concerne les hôpitaux, il va falloir trouver pour
les familles des polices d'assurance à un coût revu à la baisse auprès de
sociétés d'assurance homologuées par l'Église ou directement gérées par
elle.
- Concernant les opportunités de travail pour les jeunes, condition sine qua
non pour les garder au Liban, il serait indispensable de mobiliser la
diaspora chrétienne d'origine libanaise dans le monde entier et de
l'encourager à investir au Liban pour créer des emplois.
- Certains mauvais choix en politique ont causé des vagues d'émigration qui
auraient pu être évitées. Pour que ces erreurs graves ne se répètent pas,
les autorités ecclésiastiques pourraient jouer ensemble un plus grand rôle
pour empêcher de telles prises de positions risquées indûment.
Ces mesures, si modestes soient-elles, contribueront certainement à
renforcer la présence chrétienne au Liban et ailleurs, à augmenter la
résilience des familles dans les conjonctures économiques difficiles et à
encourager les jeunes à se marier et à fonder des familles.
- Corév. Yusuf SAǦ, Exarque patriarcal d'Antioche des
Syriens (TURQUIE)
Je suis honoré, en ma qualité de Vicaire général de la communauté des
syriens-catholiques en Turquie, de vous présenter la situation de notre
Église qui compte plus de 1 500 fils dans la ville d’Istanbul, réunissant
les fidèles originaires de la ville de Mardin, ancien siège patriarcal
jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, de Diyarbakir, d’Édesse et
d’Alexandrette et des montagnes de Tur Abdin et d’Antioche.
À ce nombre viennent s’ajouter pas moins de trois cent personnes éparpillées
dans différentes régions, venues ici de l’Iraq, à l’époque de la guerre avec
l’Iran de 1980. Aujourd’hui encore, ils arrivent et ils partent vers les
pays de la diaspora. Or, nos enfants étant de nouveaux arrivés dans la ville
d’Istanbul, à la recherche du bien-être et de la sécurité, nous avons
obtenu, avec l’appui de l’Église latine, une église et un siège près du
couvent des Jésuites après avoir signé un accord avec l’État turc qui nous
permet d’en disposer pendant 99 ans. Nous pouvons ainsi réaliser l’ensemble
de nos devoirs religieux et pastoraux envers nos enfants, au travers des
activités du centre de catéchèse, des différentes confraternités et de la
commission de la Caritas qui prend soin des nécessiteux, en particulier des
réfugiés irakiens.
En outre, nous continuons à prendre soin de nos églises et de leurs biens à
Mardin, ancien siège patriarcal, mais avec grandes difficultés parce que
nous pouvons disposer de leurs recettes seulement pour des exigences de
restructuration ou de réparation; or, étant exiguës et retenues dans les
caisses de l’État, ces ressources ne sont pas suffisantes.
Dernièrement, nous avons récupéré l’église de la ville d’Alexandrette, qui a
été inaugurée par notre Patriarche après le martyre de l’Évêque de la ville,
Mgr Padovese.
Nous coopérons, pour le bien de tous, dans la ville d’Istanbul, avec toutes
les confessions catholiques - latine, arménienne catholique, chaldéenne - en
suivant les indications de la Conférence épiscopale catholique au sein de
laquelle j’occupe le poste de Président de la Commission pour le Dialogue
entre les confessions et les religions. Nos relations avec le Patriarcat du
Fanar et les communautés des arméniens orthodoxes et des syriens orthodoxes
sont telles qu’elles assurent le bien de tous, et c’est ce qui a amené le
Patriarche Bartholomée à me décorer de la croix du Bon Pasteur en signe
d’estime et d’encouragement pour notre coopération fructueuse.
Nous demandons vos prières pour la stabilité de notre mission et pour son
avancement.
- S. Exc. Mgr Angelo AMATO, S.D.B., Archevêque
titulaire de Sila, Préfet de la Congrégation pour la Cause des Saints (CITÉ
DU VATICAN)
Jésus a invité tous ses disciples et chacun d’entre eux à la sainteté
de la vie: “Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est
parfait” (Mt 5, 48). L’Apôtre Paul demandait aux chrétiens d’être, dans le
Christ, “saints et immaculés (...) dans l'amour” (cf. Ep 1, 4). Le Concile
œcuménique Vatican II a rappelé la vocation universelle des fidèles à la
sainteté: “dans l’Église, tous, qu’ils appartiennent à la hiérarchie ou
qu’ils soient régis par elle, sont appelés à la sainteté selon la parole de
l’apôtre : « Oui, ce que Dieu veut c’est votre sanctification » (1 Th 4, 3 ;
cf. Ep 1, 4)” (LG 39). La sainteté des fidèles est le don de l’Esprit Saint,
charité divine trinitaire, fait à l’Église, une, sainte, catholique et
apostolique. Depuis le début du Christianisme, les saints, confesseurs et
martyrs, ont été nombreux dans les Églises orientales. Au cours de l’an
dernier, les deux dernières béatifications au Moyen-Orient ont eu
respectivement lieu à Nazareth et à Kfifan au Liban. À Nazareth, le 21
novembre 2009, a été béatifiée Sœur Marie-Alphonsine Danil Ghattas, native
de Jérusalem et fondatrice de la Congrégation, entièrement arabe, des Sœurs
de Notre-Dame du Saint Rosaire, accomplissant leur apostolat dans de
nombreux pays du Moyen-Orient. À Kfifan, au nord de Beyrouth, s’est
déroulée, le 27 juin dernier, la béatification de Frère Estefan Nehme,
religieux profès de l’Ordre libanais maronite. Les fidèles qui ont participé
à la béatification de Frère Estefan étaient plus de cent mille.
Outre à être des témoins de la foi et de la communion dans l’Église, les
bienheureux et les saints ont une triple fonction. Tout d’abord, ils sont
les auteurs d’une authentique inculturation de l’Évangile: par leur
existence, ils montrent qu’il est possible d’être de parfaits disciples du
Christ dans leur terre et dans leur culture. En deuxième lieu, ils sont les
témoins d’un dialogue interreligieux triomphant: en effet, leur vie est
caractérisée par l’exercice héroïque de la charité, la vraie langue
universelle de l’humanité, comprise et appréciée par tous, même par les non
chrétiens. En troisième lieu, ils sont des missionnaires crédibles de
l’Évangile de Jésus Christ, qu’ils vivent en harmonie entre la parole et
l’action.
- Rév. Mgr Mikaël MOURADIAN, Vicaire patriarcal pour
l'Institut du Clergé patriarcal de Bzommar (LIBAN)
Il est vrai que le Moyen-Orient est la Terre Sainte et terre des saints, ce
qui est prouvé par les canonisations et béatifications qui ont eu lieu ces
dernières années: Mar Charbel, Naamat Allah al Hardini, Rafka, Abouna
Yaacoub, Ignace Maloyan, Al Akh Stephan... Mais cela ne nous doit pas voilé
nos yeux pour voir la vérité à savoir qu'au Moyen-Orient, on vit aussi une
crise de vocation.
La plus éloquente preuve à cela est une statistique faite pendant une
session de formation pour des religieux, à laquelle ont participé 129
religieux et religieuses. Ils ont répondu à la question suivante :
Quelles sont les causes de la chute des vocations religieuses, les
conséquences à court, moyen et long terme, et les solutions envisageables ?
Voici la synthèse des réponses :
1.- Principales causes : La chute de la natalité dans les familles
chrétiennes. Les problèmes matériels et moraux auxquels la famille est
confrontée. La crise des valeurs. La difficulté à s'engager à long terme.
L'émancipation de la femme. La crise de la foi. Le contre-témoignage de la
part des consacré(e)s.
2.- Solutions envisageables: Soutenir la famille. Éduquer aux vraies
valeurs. Que les consacré(e)s témoignent sincèrement de leur fidélité au
Christ et à leur consécration ... Assurer un bon discernement des vocations.
Donner la priorité à la qualité sur la quantité. Veiller à un bon
accompagnement spirituel des vocations. Procurer une formation initiale et
permanente adéquate.
En analysant les réponses, on constate que ces 129 religieux et religieuses,
soit dans les causes de la chute des vocations religieuses soit dans les
solutions envisageables, ont donné la première place à la famille. Car la
famille est le noyau de la société. C'est dans la famille que la personne
reçoit sa première éducation humaine et religieuse. C'est dans les familles
croyantes et pratiquantes que naissent aussi les vocations. "Sachant que le
mariage et la famille constituent l'un des biens les plus précieux de
l'humanité, l'Église veut faire entendre sa voix et offrir son aide à ceux
qui, connaissant déjà la valeur du mariage et de la famil1e, cherchent à la
vivre fidèlement, à ceux qui, plongés dans l'incertitude et l'anxiété, sont
à la recherche de la vérité, et à ceux qui sont injustement empêchés de
vivre librement leur projet familial..."(Familiaris Consortio n° 1).
Qui dit “pastorale des vocations” dit aussi “Pastorale familiale”. Je trouve
que l'Instrumentum laboris n'a pas donné à la famille la place qu'elle
mérite, et c'est pourquoi je suggère que dans le “Nuntius” on en tienne
compte.
- S. Exc. Mgr Joseph SOUEIF, Archevêque de Chypre des
Maronites (CHYPRE)
Le Synode pour le Moyen-Orient est un lieu pour renouveler au sein de
l’Église l’expérience de la communion et du témoignage “afin que le monde
croie” (Jn 17, 21). En effet, la communion est le point de départ de
l’existence de la communauté des fidèles; elle se renforce et se développe
par la rencontre personnelle avec le Seigneur Jésus, dans sa Parole et dans
l’eucharistie; et de là, au témoignage de vie, dans la collaboration, un
choix stratégique aujourd’hui. Avec sincérité, humilité, responsabilité et
amour, nous voulons lire les éléments négatifs qui empêchent la communion;
l’oecuménisme sera la méthodologie pastorale d’une première importance; et
avec l’amour du Christ on s’achemine au dialogue de vie, et l’on respecte le
dialogue théologique qui est l’oeuvre de l’Esprit.
Il faut croire en la force de la présence au Moyen-Orient; une présence
qualitative, dynamique, missionnaire et diaconale, qui a toujours été ainsi
et restera aussi toujours ainsi en Orient et en Occident. Il faut croire que
seul Dieu est le Seigneur de l’histoire et des temps; nous sommes attentifs
à son dessein.
Il existe des défis: situation politique, conflits, problématique de liberté
religieuse et de liberté de conscience; l’église est un garant de la
liberté; aussi sa présence est un bénéfice non seulement pour les chrétiens
eux-mêmes, mais pour tous, en particulier pour ceux qui croient aux valeurs
humaines et spirituelles, et qui sont en accord directement ou indirectement
avec l’attitude de l’Église. La présence des chrétiens est, donc, vraiment
un signe, et doit être soutenue au niveau de l’église universelle et de la
communauté internationale, pour affronter avec la majorité populaire les
systèmes socio-religieux qui sont contraires aux valeurs humaines, aux
valeurs de la liberté, aux valeurs du dialogue et de la rencontre entre les
différentes cultures. On vit, aujourd’hui, un véritable conflit de cultures,
conflit de mentalité, conflit d’approche et de vision, également au sein de
la religion elle-même et où le christianisme a tellement à dire et à faire,
même à offrir une certaine réponse; nous prenons ensemble des initiatives
pour élaborer des projets éducatifs, sociaux qui aident à changer la
mentalité, à éduquer et à accepter les différences. Les droits de l’homme.
La région attend une contribution évidente de la part des chrétiens pour
construire la culture du pardon et de la paix. Notre absence est une perte
pour nous et pour tout le monde; l’émigration doit être une expansion
missionnaire, apportant la spiritualité de l’orient, à travers la liturgie
qui a des dimensions trop fortes dans la vie des fidèles; et à travers
diverses attitudes religieuses et humaines qui font que nos familles
constituent le levain et le sel au sein des grandes sociétés sécularisées.
L’immigration des chrétiens dans la région est un signe prophétique d’un
témoignage et aucun de nous ne peut savoir quels en seront les fruits.
L’histoire nous enseigne que les premières communautés chrétiennes syriaques
sont arrivées en Inde et en Chine s’intégrant aux conditions sociales et
humaines, et y ont apporté la foi. Demandons à nos frères de renforcer
l’acte de solidarité; et à nous-mêmes de faire des projets pastoraux,
spirituels et sociaux qui manifestent la communion et redonnent la confiance
dans notre peuple.
L’expérience de Chypre, de mon diocèse, montre que les religions peuvent
vivre ensemble en dépit des blessures. Nous, maronites, vivons dans l’île
depuis 1 200 ans et notre histoire comprend des saints et des martyrs; avec
nos compatriotes, nous cherchons la paix dans la justice et l’amour fondé
sur la vérité et la liberté. Nous voulons que toutes les églises et toutes
les mosquées soient ouvertes à tous, et qu’il existe un espace pour la
rencontre et le pardon, un lieu de purification des mémoires. Nous,
maronites, voulons retourner dans nos villages, malgré les difficultés. Nous
voulons porter témoignage dans l’île qui sert de trait d’union entre
l’orient et l’occident, des valeurs du dialogue, de la cohabitation, pour
construire la culture de la paix et de l’amour.
- S. Exc. Mgr Cyril VASIL', S.I., Archevêque titulaire
de Ptolémaïs de Libye, Secrétaire de la Congrégation pour les Églises
orientales (CITÉ DU VATICAN)
En accord avec le Cardinal Préfet de la Congrégation pour les Églises
orientales, Son Éminence Leonardo Sandri, je voudrais partager en cette
assemblée quelques considérations qui concernent certains aspects de la vie
des Églises du Moyen-Orient de cet observatoire particulier qu’est notre
Congrégation. Dans sa visite historique au siège de la Congrégation pour le
90ème anniversaire de sa fondation, le 9 juin 2007, le Saint Père Benoit XVI
a indiqué quelques thèmes à privilégier en fonction de leur importance et
urgence: la synodalité, la formation, la migration et l’œcuménisme.
La synodalité se réfère d’une façon particulière le mécanisme du choix des
candidats à l’épiscopat. Les vérifications sur l’aptitude des candidats
devraient être réalisées par des évêques et par le Synode d’une manière
beaucoup plus appropriée qu’elles ne le sont parfois faites actuellement,
justement pour faciliter et accélérer le processus de concession de
l’assentiment pontifical.
La formation. En premier lieu, il faut évaluer constamment l’état actuel des
institutions académiques et de formation au niveau de la formation
culturelle et spirituelle qu’elles offrent. Les difficultés que rencontrent
les étudiants dans les études supérieures hors du contexte oriental, par
exemple à Rome, ne peuvent être négligées et il est inutile de les cacher.
Il faut se demander si le moment ne serait peut-être pas finalement venu
d’ouvrir un premier cycle d’études théologiques orientales ici à Rome, dans
une faculté théologique orientale?
Le phénomène des migrations. Notre Congrégation s’occupe de l’organisation
des circonscriptions ecclésiastiques orientales en dehors des territoires
traditionnels. En ce qui concerne les fidèles qui s’établissent hors du
Moyen-Orient, une extension “planétaire” de la juridiction des patriarches
est parfois exigée , comme si cela pouvait représenter un droit et une
solution universelle aux problèmes de la pastorale des migrants. Il faut
rappeler qu’entre le prétendu droit universel et la demande circonstanciée
et motivée, il existe une grande différence.
L’œcuménisme. Le Concile Vatican II rappelle aux orientaux la mission
spécifique qui leur est confiée (...) de promouvoir l’unité de tous les
chrétiens, spécialement orientaux ... avec ... la scrupuleuse fidélité aux
antiques traditions orientales.
Toutefois, pour ne pas s’arrêter aux questions les plus simples et visibles,
comme la forme de l’habit clérical, nous devrions vérifier la connaissance
approfondie et l’observance des éléments plus théologiques et pastoraux.
Quelle est la situation dans nos Églises en ce qui concerne l’administration
conjointe de tous les trois sacrements de l’initiation chrétienne, de la
communion eucharistique aux enfants, du baptême par immersion - pour en
énumérer seulement quelques aspects exigés par l’actuelle norme canonique et
par l’Instruction déjà citée de la Congrégation pour les Églises orientales
pour l’application des prescriptions liturgiques du Code des Églises
orientales (CCEO)?
- S. Exc. Mgr Joseph ABSI, S.M.S.P., Archevêque
titulaire de Tarse des Grecs-Melkites, Évêque auxiliaire et Protosyncelle de
Damas des Grecs-Melkites (SYRIE)
Depuis la création des conférences épiscopales des pays du Moyen-Orient et
la création du Conseil des Patriarches catholiques du Moyen-Orient, nous
remarquons que l' entente, l' entraide et la coopération se sont développées
entre les Églises orientales catholiques.
Malgré cela, nos Églises ont encore besoin de s'ouvrir les unes aux autres.
Des concurrences entre Églises orientales catholiques ou à l'intérieur d'une
même Église sont une source d'affaiblissement et de faux témoignage. Nous
pensons surtout au dédoublement des institutions et des actions.
Pour renforcer leur communion et leur témoignage, nos Églises sont invitées
à réfléchir aux stratégies suivantes :
L'adoption, à tous les niveaux, d'une éducation qui puisse favoriser
l'ouverture, la solidarité et l'action commune.
La nécessité de faire prendre conscience aux chrétiens d'Orient qu'ils sont
tous dans la même barque et qu’ils affrontent le même sort. Ils ne peuvent
pas se désintéresser les uns des autres. Rencontre et entente mutuelles sont
nécessaires.
Dans ce but il est bon que toutes les Conférences épiscopales des différents
pays se réunissent ensemble de temps en temps.
Permettre et étendre le biritualisme, de manière à ce qu'il n'y ait plus de
paroisse non desservie, quelle que soit l'Église à laquelle appartient cette
paroisse.
Nous remarquons que les rédacteurs du texte emploient, presque toujours, des
expressions impératives, telles que : "il est nécessaire", "il est
essentiel", "il est évident", "il est important", "il est certain", "il faut
que", "on doit". Nous voudrions que, à la fin du synode, ce qui est
nécessaire, essentiel, évident, important, certain et obligatoire soit
transformé en action. Ne quittons pas le Synode sans avoir pris des mesures
qui permettent de réaliser ces impératifs. Convertissons les impératifs en
stratégies claires et définies et formons des commissions pour poursuivre la
réalisation par des tactiques adéquates.
- S. Exc. Mgr Georges BAKAR, Archevêque titulaire de
Pelusio des Grecs-Melkites, Évêque auxiliaire et Protosyncelle d'Antioche
des Grecs-Melkites pour l'Égypte et le Soudan (RÉPUBLIQUE ARABE D'ÉGYPTE)
L'éducation basée sur la liberté est une question capitale pour obtenir la
coexistence harmonieuse dans une société d’une pluralité de religions.
Cette vie commune des individus et des communautés exige sagesse et
persévérance.
Cela ne sera jamais une réalité tant que tout être humain, jouissant de sa
propre liberté, ne respecte pas la liberté d'autrui. On doit accepter que
notre propre liberté et la liberté de notre prochain aillent de pair.
La formation des générations futures doit donc être centrée sur le respect
des croyances et de la foi des autres, sans oublier le respect des exigences
justes de leur conscience. Cela est essentiel afin que le dialogue soit
constructif et le travail efficace. Notre effort sera alors communautaire,
en œuvrant ensemble dans tout ce qui nous unit, tels que les principes
moraux ainsi que les valeurs humaines.
Au niveau des principes et des valeurs humaines qui nous sont communs, nous
rappelons, entre autres, l'importance d'être responsables les uns des
autres. Nous insisterons sur la qualité de cette responsabilité individuelle
et communautaire, visant à la réalisation authentique de la grande famille
humaine.
Partant de là, nous admettons la nécessité d'un nouveau discours religieux
et humain, aussi bien que d'un nouveau discours d'enseignement dans nos
institutions éducatives appelant, alors, à l'ouverture envers le prochain.
Toutes les religions œuvrent en vue de la réalisation de l' homme; leur but
est de le conduire à la bonne voie de la vertu et des nobles principes
éthiques.
Dans notre vie chrétienne, une seule recommandation ordonne nos relations :
celle de l' amour réciproque. Nous avons reçu du Seigneur son commandement
nouveau : “Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres” (Jn
13,34).
Nous œuvrons, chez nous, à former les nouvelles générations par le biais de
nos écoles catholiques, qui atteignent le nombre significatif de 168 écoles,
éparpillées tout au long de l'Égypte. À remarquer que ces institutions
éducatives sont ouvertes aussi bien aux chrétiens qu'aux musulmans. Ces
écoles travaillent en étant conscientes que soit le Christianisme soit
l'Islam donnent l'équilibre à l'homme dans sa foi et sa relation avec Dieu,
dans la mesure où chacun est ouvert à l'autre.
- S. Exc. Mgr Simon ATALLAH, O.A.M., Évêque de Baalbek
- Deir El-Ahmar des Maronites (LIBAN)
La question de l'unité des chrétiens, ce testament de Notre Seigneur Jésus
Christ, a évolué beaucoup à travers les siècles. En effet, l'unité de
l'Église a connu de multiples crises, les unes doctrinales, les autres
ecclésiologiques, avec des interférences politiques et des considérations
humaines.
Le vingtième siècle fut, par contre et heureusement, celui de l' oecuménisme
par excellence. En effet, les grands Pasteurs des Églises, le Pape Jean
XXIII et le patriarche Athénagoras, se sont rencontrés, et les obstacles ont
été abattus. Les gestes d'amour, de paix et de fraternité ont effacé toutes
les haines des siècles passés. Les excommunications ont été enlevées de part
et d'autre. Vatican II et des Mouvements, comme l' oeuvre de Marie pour
l'unité des chrétiens appelée Focolari, et d’autres, ont joué un rôle
décisif dans l'évolution positive du mouvement de l'unité, voulue par le
Seigneur.
Est-ce que le vingt et unième siècle, inauguré solennellement par Jean Paul
II, célébrant en l'an 2000 le jubilé de la Rédemption du genre humain,
continuerait les heureuses expériences oecuméniques du vingtième siècle ou
bien rentrerait dans les labyrinthes obscurs du dix neuvième siècle ou bien
avant lui des onzième et seizième siècle ?
La prière pour l'unité des chrétiens devrait refléter une mentalité et une
vision. Ces deux dernières devraient produire des actions oecuméniques
concrètes, telles que :
1- Le retour aux exigences de notre vocation, qui nous permettra de nous
libérer de tout complexe de sentiments de minorité, et, par conséquent, de
peur. En effet, de par notre vocation, nous ne pouvons pas succomber à la
tentation des sentiments de minorité. Dans notre milieu moyen oriental, nous
chrétiens, nous ne pouvons pas parler de minorité et de majorité. Le Christ
ne nous a pas dit que nous sommes une minorité. Il nous a dit : vous êtes le
levain dans la pâte. Dans cette perspective, nous, chrétiens, avec le
Christ, nous sommes majorité.
2- L' engagement de donner une éducation de culture oecuménique à tous nos
fidèles, surtout à nos jeunes, dans les paroisses, dans les noviciats des
Instituts de vie monastique, dans les facultés et les Centres de formation
chrétienne, etc.
Conclusion: Cette éducation à l'Oecuménisme ouvre large la porte au dialogue
interreligieux, deux projets dont la réalisation construirait la paix entre
les peuples
- S. Exc. Mgr Jacques ISHAQ, Archevêque titulaire de
Nisibe des Chaldéens, Évêque de Curie de Babylone des Chaldéens (IRAQ)
Le but des institutions culturelles et des Universités catholiques est la
formation de témoins de Jésus Christ, ce que font admirablement au
Moyen-Orient des dizaines de facultés de Théologie, des séminaires et des
Institutions de Sciences religieuses de catéchèse.
Comme exemple je vous donne la faculté de Théologie et de Philosophie "Babel
College" qui est l'unique faculté de Théologie et de Philosophie affiliée à
l'Université Urbannienne en Iraq, qui contient la faculté de Philosophie et
de Théologie et deux institutions de Sciences religieuses pour préparer les
catéchistes.
Cette faculté est fréquentée par des Séminaristes de toutes les Églises en
Iraq, c’est-à-dire l'Église chaldéenne, syriaque catholique et orthodoxe,
l’Église assyrienne de l'Orient, Église arménienne catholique et orthodoxe,
des novices de différentes congrégations religieuses : chaldéennes,
syriaques, rédemptoristes, dominicains, carmes ... etc.
Les fruits du Babel College pour les Églises de l'Iraq durant les années
1991-2010 sont les suivants :
- 391 étudiants ont obtenus le diplôme en Théologie et Philosophie; parmi
eux 126 étudiants ont obtenus le Baccalauréat en Théologie de l'Université
Urbannienne de Rome.
- 344 étudiants ont obtenus le diplôme en Sciences Religieuses, qui ont
suivi les cours pendant 3 ans. Ainsi, Babel College a donné 735 ouvriers
pour travailler dans le champ du Seigneur en Iraq, quelques-uns en dehors de
l'Iraq.
- S. Exc. Mgr Jean-Clément JEANBART, Archevêque d'Alep
des Grecs-Melkites (SYRIE)
L’émigration est un phénomène universel qui trouve dans chaque société ses
raisons d’être et ses retombées.
Les moyens extraordinaires de communications font que les hommes se
rencontrent de plus en plus dans leurs idées et permettent l’épanouissement
d’une culture de la liberté d’expression, qui se fraie actuellement un
chemin dans les sociétés les plus refermées pour y développer une culture de
la liberté des choix personnels et de l’acceptation de l’autre dans sa
différence et du pluralisme.
Pratiquement, je propose que nous puissions agir sur les 6 axes suivants:
1) Diffuser l’optimisme parmi nos fidèles quand à leur avenir dans leur
pays. Nos pays ne sont pas dépourvus de biens et de valeurs.
2) Apprendre à vivre en ami avec nos frères musulmans et les aider à
s’ouvrir à nous par un dialogue bien articulé et diversifié utilisant tous
les moyens disponibles.
3) S’engager dans la vie publique, politique, culturelle et sociale de nos
pays ce qui est susceptible d’aider nos fidèles à resserrer leur attachement
à leur pays et à leurs concitoyens.
4) Offrir à nos jeunes avec nos discours, le minimum indispensable qui leur
permette de vivre convenablement, de se lancer dans la vie et de s’enraciner
dans les pays par la fondation d’un foyer.
5) Il y aurait là à accepter de mettre les biens dont nous disposons à leur
service et il faut aussi unir nos efforts avec les différentes communautés
locales et nous démener pour trouver les fonds nécessaires à cet effet là où
nous pouvons les trouver.
6) Il serait très utile d’établir un centre d’études et de recherche à cet
effet et de travailler à approfondir notre réflexion sur la question en vue
de tracer le chemin à suivre et de trouver les stratégies utiles et
productives permettant d’affronter le fléau de l’émigration et d’en atténuer
le mal conséquent.
- S. Exc. Mgr Michel ABRASS, B.A., Archevêque
titulaire de Myra des Grecs-Melkites, Évêque de Curie du Patriarcat
d'Antioche des Grecs-Melkites (SYRIE)
Quant à nos problèmes au Liban, ils sont aussi multiples et complexes.
Laissant de côté les problèmes politiques, nous nous contenterons de mettre
le doigt sur trois problèmes, à savoir celui de la formation des
séminaristes, les Tribunaux ecclésiastiques et la laïcité positive.
Quant à la formation des séminaristes, il y a d'abord le problème du choix.
Inutile d'aller par des voies traverses, la majorité actuellement choisit la
"carrière" ecclésiastique et non la vocation, et cela pour atteindre une
place sociale éminente, ou pour des considérations économiques.
Les tribunaux confessionnels sont de deux natures différentes: certains sont
des Tribunaux d'État, alors que les autres sont une émanation du pouvoir de
chacune des communautés qui en désigne les membres.
Lors de l' application de la théorie de la personnalité des lois, c'était
les tribunaux sunnites qui appliquaient la "Shari'a" d'Abou Hanifa,
constituant le "Corpus Juris" de l'Empire Ottoman, auquel s'ajoutaient
d'autres lois votées par le Parlement ou promulguées par "Irada Sannia ",
soit par Rescrit ou Édit Impérial. Ce premier phénomène a été développé par
la suite, surtout après l' "Édit de Gülkhané ", promulgué en 1836. C'est à
ce "Droit" que les tribunaux d'État se faisaient alors les "zélés
applicateurs".
Les problèmes de choix du "régime" applicable au Liban, se pose avec acuité
aux laïcs d'aujourd'hui; en effet, de très nombreux laïcs se demandent ce
qu'il en sera de leur vie s'ils s'annoncent comme chrétiens, sans nuancer
leur position d'une dose de laïcité, dépendant du degré d'émancipation de
leur interlocuteur non-chrétien, souvent au Moyen-Orient de religion
Mahométane.
Ces chrétiens ont besoin d'une "certaine laïcité positive".
Où vont-ils la trouver?
Actuellement, nos "Ouailles laïques" se renient eux-mêmes; il s'agit de leur
donner une légitimité qui ne peut leur être donnée que par les
Écclésiastiques pourvu qu'elle ait été acquise selon leur statut.
Nous pensons qu' il faudrait autoriser aux chrétiens qui le veulent
d’adopter un statut laïc, tout en ne trahissant pas les Dogmes, ni les
enseignements des Églises, en tenant compte du fait qu'on n'est pas en terre
seulement chrétienne.
- S. Exc. Mgr Kurt KOCH, Archevêque-Évêque émérite de
Bâle, Président du Conseil pontifical pour la Promotion de l'Unité des
Chrétiens (CITÉ DU VATICAN)
Communion et témoignage: dans le titre du Synode des Évêques sont présents
également deux concepts clefs de l’oecuménisme chrétien, auxquels se sont
référés deux anniversaires célébrés cette année.
En Écosse, à Édimbourg, où s’est rendu notre Saint-Père le Pape Benoît XVI,
en septembre dernier, a eu lieu voici 100 ans, la première Conférence
mondiale sur la Mission. Son but prioritaire était celui de prendre
conscience d’un scandale pour y apporter un remède: le scandale du fait que
différentes Églises et communautés chrétiennes se faisaient concurrence dans
la mission, nuisant ainsi à la crédibilité de l’annonce de l’Évangile de
Jésus Christ, surtout dans les continents les plus lointains. Depuis ce
moment-là, œcuménisme et mission sont devenus des frères jumeaux qui
s’appellent et s’appuient l’un l’autre. Ce binôme correspond également à la
volonté même de Jésus qui a prié pour l’unité “afin que le monde croie que
tu m'as envoyé” (Jn 17, 21). Aux yeux de Jésus, l’authentique unité
œcuménique n’est pas une fin en soi, mais se pose au service de l’annonce
crédible de l’unique Évangile de Jésus Christ dans le monde d’aujourd’hui.
Notre témoignage doit donc avoir un diapason œcuménique, afin que sa mélodie
ne soit pas une cacophonie, mais une symphonie. Et ce diapason doit être
perceptible dans la maturation quotidiennement renouvelée de ce qui est
essentiel, c’est-à-dire de l’unique foi qui œuvre dans l’amour et au travers
de l’amour.
Le Secrétariat, appelé aujourd’hui Conseil pontifical pour la promotion de
l’unité des chrétiens, a été institué voici cinquante ans. Il a encore
aujourd’hui pour mission de servir l’objectif œcuménique d’une unité visible
dans la foi, dans les sacrements et dans le mystère ecclésial. Voila que
revient au premier plan le deuxième concept clef c’est-à-dire celui de la
communion, enracinée dans le mystère trinitaire de Dieu, ainsi que le
souligne saint Jean dans sa première Épître à travers ces paroles
significatives: “ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons,
afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion,
elle est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ” (1Jn 1, 3). Le point de
départ décisif de toute communion est la rencontre avec Jésus Christ comme
Fils de Dieu incarné. De cette rencontre découle la communion entre les
hommes, fondée sur la communion avec le Dieu Trine. La communion ecclésiale
se base donc sur la communion trinitaire: l’Église est icône de la Trinité.
De ce qui vient d’être dit, émerge le lien entre les deux réalités, entre la
communion et le témoignage: notre témoignage a comme contenu le mystère de
Dieu qui s’est révélé à nous dans son Logos tel qu’Il est et vit en Soi.
Mais ce témoignage peut être crédible dans le monde d’aujourd’hui seulement
si la communion de vie et la recherche passionnée d’une plus ample communion
deviennent elles-mêmes des icônes visibles du mystère divin ou, comme le dit
saint Paul, des “lettres de recommandations”: “Notre lettre, c'est vous, une
lettre écrite en nos cœurs, connue et lue par tous les hommes” (2Co 3, 2).
L’œcuménisme peut donc être compris comme processus dans lequel la vie
ecclésiale se développe vers la communion: ceci signifie que la communion de
vie dans son Église propre devient témoignage concret et s’irradie dans la
communion œcuménique plus ample.
La communion et le témoignage requièrent dans ce Synode également une
déclinaison œcuménique que nous nous attendons surtout de la part des
Églises orientales au Moyen-Orient. En effet, elles sont appelées de manière
particulière à respirer avec deux poumons. Je désire donc conclure par cette
invitation pleine d’espérance: apportez-nous à tous votre aide ainsi qu’à
l’Église universelle pour que nous respirions ainsi de manière œcuménique!
- S. Exc. Mgr Emmanuel DABBAGHIAN, Archevêque de
Babylone des Arménienss (IRAQ)
Je vous prie de considérer tous les problèmes du Moyen-Orient comme des
"signes du temps" voulus et permis par le Seigneur. Déjà le Seigneur a dit:
aucun passereau, ne tombe sans la permission de votre Père Céleste, et vos
cheveux même sont comptés, et vous valez mieux de plusieurs passereaux.
Ref. Saint Paul a affirmé que le Bon Dieu fait tourner tout au profit de
ceux qui l'aiment. Voilà donc quelques exemples des signes du temps 1) Nous
avons entendu les problèmes de la Terre Sainte: l'émigration, le conflit
israélo-palestinien, l'injustice, le non respect des droits humains, etc.
Mais tout cela est permis de la part du Seigneur pour des raisons plus
profondes. Parce que la Terre Sainte est un pays de pèlerinage, et c'est là
que le Seigneur s'est fait chair et il demeura parmi nous (Jn.1, 14). Le
Seigneur veut être visité, aimé, consulté, et puisque le pèlerinage est une
réponse au besoin spirituel de l'homme ainsi, comme au Vatican, bien qu'il
n'y a pas d'habitants, il est toujours peuplé de pèlerins. À plus forte
raison la Terre Sainte qui possède ce Sanctuaire unique et divin, doit être
surpeuplée de pèlerins. Donc je propose aux Ém. Pères synodaux de demander à
tous les Evêques du monde entier (orientaux et occidentaux) par
l'intermédiaire du Saint-Père, qui a l'autorité et le charisme, de prendre à
leur charge (bien sûr ceux qui le peuvent) et d'organiser chacun d'eux un
pèlerinage annuel, en fixant pour chacun une date stable, de sorte que tous
les jours de l'année soient occupés, et la Terre Sainte soit peuplée par des
pèlerins, qui, après avoir été enrichis par les grâces du Seigneur,
deviennent à leur tour comme le "Samaritain" des témoins du Christ. Notons
encore que l'affluence des pèlerins en Terre Sainte, convaincra les
habitants émigrés de revenir à leur Patrie.
2) Reste signe du temps l'émigration d'une part de nos fidèles en Europe et
aux Amériques pour raviver leur foi.
Reste signe du temps l' émigration des millions d’émigrés dans le Golfe qui
demandent notre aide spirituelle. Et pour finir rappelons nous que le
Ressuscité a dit: de toutes les nations (sunnites, chiites et juifs), faites
des disciples et peuplez vos Églises.
Je remercie le Seigneur parce que la multitude des Pères Synodaux ont un
seul coeur, une seule âme, et puisqu'ils sont les successeurs des apôtres
ils changeront sûrement le monde, malgré les multiples difficultés. Merci.
- S. Exc. Mgr Athanase Matti Shaba MATOKA, Archevêque
de Babylone des Syriens (IRAQ)
L’Iraq, pays de la Mésopotamie, pays des civilisations, où Abraham est né,
où se trouvent Ur, Babel et Ninive, pays d’écriture sainte, pays de la foi
et des martyrs... Depuis que le christianisme s’y est répandu, dans les
siècles qui se réalisent malgré la persécution des Perses, le sang des
martyrs y a coulé et le flux islamique l’a couvert.
Aujourd’hui et depuis la Révolution d’Abd el Karim Kassem, l’Iraq ne cesse
de vivre une situation d’instabilité, d’épreuves et de guerres, la dernière
en date étant l’occupation américaine. Les chrétiens ont toujours eu leur
part dans les sacrifices et les épreuves avec les martyrs dans les guerres
et toutes sortes de différentes épreuves.
Depuis l’année 2003, les chrétiens sont les victimes d’une situation
meurtrière qui a provoqué une grande émigration hors d’Iraq... Il n’y a pas
de statistiques certaines, mais les indicateurs soulignent que la moitié des
chrétiens ont abandonné l’Iraq et que sans doute ils ne reste plus
qu’environ 400 000 chrétiens sur les 800 000 qui y vivaient. L’envahissement
de l’Iraq par l’Amérique et ses alliés a entraîné sur l’Iraq en général, et
sur les chrétiens en particulier, destruction et ruine à tous les niveaux.
On a fait exploser des églises, des évêques, des prêtres et des laïcs ont
été massacrés, plusieurs ont été agressés. Des médecins et des hommes
d’affaire ont été enlevés, d’autres ont été menacés, des magasins et des
maisons ont été pillés...
Peut-être que l’acuité avec laquelle le christianisme a été ciblé s’est-elle
un peu allégée au cours de ces deux dernières années, mais il reste encore
la peur de l’inconnu, l’insécurité et l’instabilité, ainsi que la continuité
de l’émigration, ce qui suscite toujours cette question: quel est l’avenir
de l’existence chrétienne dans ce pays si cette situation perdure, d’autant
plus que l’autorité civile est faible? Les déchirements sont continus entre
les différentes composantes religieuses et politiques, en plus des
influences extérieures de la part des puissances externes, et surtout des
pays alentour.
Sept années se sont écoulées en Iraq et le christianisme est en hémorragie
continue. Où est la conscience mondiale? Tous reste spectateurs face à ce
qui ce produit en Iraq surtout à l’encontre des chrétiens.
Nous voulons sonner les cloches d’alarme. Nous posons la question aux
grandes puissances: qu’y a-t-il de vrai dans ce qu’on raconte concernant un
plan pour vider le Moyen-Orient des chrétiens et que l’Iraq en serait une
victime?
Je crois que le Synode doit étudier avec attention ce sujet et qu’il doit
voir ce qui peut y être décidé par écrit afin de remédier à la situation qui
règne dans le Moyen-Orient.
- S. Exc. Mgr Denys Antoine CHAHDA, Archevêque d'Alep
des Syriens (SYRIE)
La société dans laquelle nous vivons, dans ce siècle de la globalisation
totale, est une société, dans sa majorité, matérialiste, se passant de Dieu
et de tout ce qui est spirituel, inculquant aux hommes qu'ils peuvent
trouver leur bonheur dans l'argent, le pouvoir et dans les plaisirs de
toutes sortes.
L'Église universelle dans toutes ses composantes - et donc les Églises du
Moyen Orient - est touchée par cet esprit du monde. Elle a perdu un peu de
son pouvoir d'attirer les hommes. C'est pourquoi, j'attire l'attention des
Pères Synodaux à insister avant tout sur l’esprit de renouveau de tous les
baptisés :
1.- Le renouveau de l’Église et de nos Églises dans l’Esprit :
Un retour de tous les baptisés au Seigneur par un détachement de l'esprit du
monde et par un zèle dans l’annonce de la Bonne nouvelle dans l’amour et le
respect de ceux qui ne partagent pas notre foi. Nous sommes invités tous
sans exception à être à l'exemple de Jean-Baptiste : "Voix de celui qui crie
dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur. Mt 3.3" Nous sommes invités
à être de vrais missionnaires qui se nourrissent de la Parole de Dieu.
2.- L'Unité de toutes les Églises :
Le Christ demande à tous les baptisés d'être unis comme Lui et son Père sont
Un. Il avait demandé cette unité à ses disciples pour qu'ils soient un signe
qui attire les hommes à reconnaître son Père et à avoir foi en Lui. Il avait
voulu que leur unité soit un Signe pour les nations, "Signum inter Gentes",
une lumière qui attire les hommes à Son Père et qui les invitent à croire en
Lui. Car la division dans l'Église est une infidélité à son Fondateur et un
scandale pour les non croyants en Jésus.
Je pense que ce qui nous sépare de nos Frères orthodoxes, c'est la
compréhension de la Primauté de Pierre. C'est aux théologiens de trouver une
nouvelle interprétation. Pourquoi ne pas arriver à l’unité dans la foi, mais
dans la diversité? Le Synode de Jérusalem en 49 pourrait être une clef pour
trouver une solution à la division des Églises. L'important c'est de se
mettre à l'écoute de l'Esprit ...
Alors, renouvelés par l'Esprit unis dans la foi ,l'Église sera
“significative”, sera un “Signe inter Gentes” et attirera les hommes dans
son sein pour faire partie du Royaume de Dieu.
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Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 16.10.2010 -
T/Synode
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