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Castro, Ortega, Bergoglio.
Les mauvaises fréquentations du Pape
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Le 16 août 2022 -
(E.S.M.)
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La Chine et la Russie monopolisent aujourd’hui la
quasi-totalité des commentaires sur la politique internationale du
Saint-Siège, et toutes deux sous des aspects bien peu reluisants.
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Castro, Ortega, Bergoglio.
Les mauvaises fréquentations du Pape
Le 16 août 2022 - E.
S. M. - La Chine et la Russie monopolisent aujourd’hui la
quasi-totalité des commentaires sur la politique internationale du
Saint-Siège, et toutes deux sous des aspects bien peu reluisants.
Mais il y a d’autres pays du monde dans lesquels l’Église vit dans
des situations non moins dramatiques, de persécution pure et simple.
Et pourtant le Pape se tait, comme dans le cas du Nicaragua. Ou à
l’opposé, il parle trop, comme dans le cas de Cuba.
Jorge Mario Bergoglio n’a jamais fait
mystère de son admiration pour le régime cubain. Dans la photo
ci-dessus, on le voit prendre la pose avec déférence avec Fidel
Castro, pendant l’entretien de quarante minutes qu’il a eu avec lui
durant son voyage de 2015 à La Havane.
Mais le Pape François déclare également
cultiver une véritable “relation humaine” avec son frère Raúl, qui a
été pendant des décennies le véritable homme fort du système
persécuteur castriste. Il a tenu à le faire savoir dans une
interview
à la télévision mexicaine Televisa le 11 juillet dernier, un an jour
pour jour après la répression impitoyable dans toute l’île de la
plus grande manifestation populaire de ces trente dernières années
contre la dictature.
Dans cette interview, les éloges du Pape
François pour le régime castriste – “Cuba est un symbole. Cuba est
une grande histoire” – ont naturellement fait les gros titres de
“Granma”, le journal officiel du parti communiste cubain. Mais elles
ont suscité un tollé de
protestations
unanimes dans l’opposition, en grande partie catholique, en exil et
au pays, tous profondément blessés par les déclarations du Pape.
En 2015, le Pape François avait
confié
aux journalistes avoir parlé aimablement avec Fidel Castro de son
éducation dans un collège des jésuites et de son amitié avec certain
d’entre eux. Donnant ainsi raison à la thèse critique du professeur
Loris Zanatta de l’Université de Bologne, spécialiste de l’Amérique
du Sud, qu’il défend dans son livre de 2020 intitulé “Le
populisme jésuite. Perón, Fidel, Bergoglio”
et relayées il y a quelques jours dans un
commentaire
au vitriol rédigé dans le quotidien argentin “La Nación”.
Mais ce qui avait surtout marqué les
esprits, lors du voyage du Pape à Cuba en 2015, c’était le silence
de François sur les victimes du régime castriste, sur les milliers
de Cubains engloutis par la mer en cherchant à fuir la tyrannie, et
son refus de rencontrer les opposants.
Pourtant, en 1998, quand le Pape
Jean-Paul II s’était rendu à Cuba, l’un d’entre eux avait même pu
monter à l’autel pour apporter les offrandes, pendant la messe sur
la Plaza de la Revolución, alors que ce cri puissant et rythmé
montant depuis la place : “Libertad !” et le Pape avait martelé ce
mot pas moins dans treize fois dans son homélie.
Rien de tout cela en 2015. La police
castriste avait trié sur le volet tous les participants aux messes
du Pape François, que ce soit à La Havane ou dans les autres villes,
en plus d’avoir infiltré des pelotons d’observateurs membres du
parti. Et dans les neuf discours de sa visite à Cuba, le Pape
Bergoglio n’a prononcé le mot “libertard” qu’une seule fois, comme
par obligation.
Pressé par les journalistes sur le vol de
retour à Cuba, concernant son rendez-vous manqué avec les
dissidents, voici comment François a répondu :
“Avant tout, il était bien clair que je
n’aurais accordé aucune audience aux dissidents parce qu’il n’y
avait pas qu’eux qui avaient demandé audience, mais également des
personnes d’autres secteurs, y compris plusieurs chefs d’État. Non,
aucune audience n’était prévue : ni avec les dissidents, ni avec
d’autres. Deuxièmement : des coups de fils ont été passés depuis la
nonciature à certaines personnes, qui font partie de ce groupe de
dissidents. Le rôle du Nonce était de leur communiquer qu’à mon
arrivée à la cathédrale, j’aurais salué avec plaisir ceux qui
étaient présents. Mais vu que personne ne s’est présenté pour
saluer, je ne sais pas s’ils étaient là ou pas”.
En réalité, les dissidents n’étaient pas
là, la police les avait tous identifiés et empêchés d’entrer.
*
Quant au Nicaragua, on se rappellera le
choc frontal
de 1983 entre Jean-Paul II et le régime révolutionnaire sandiniste
de l’époque, truffé de prêtres devenus ministres, un choc qui a
culminé par les cris hostiles de la foule contre le Pape, durant la
messe de clôture.
Aujourd’hui, à la tête du Nicaragua, on
retrouve l’indétrônable Daniel Ortega, avec comme vice-présidente sa
femme Rosario Murillo. Mais le sort de l’Église catholique s’est
renversé. Il n’est plus à moitié au service du régime à travers son
clergé militant et opposé à Jean-Paul II identifié aux puissances
néocoloniales, mais il est tout entier persécuté et humilité, et il
ne se trouve que le pape François à être encensé publiquement par
Ortega en tant qu’“ami de la révolution sandiniste”.
Le problème c’est que François ne s’est
pas opposé à cette récupération de sa personne de la part d’Ortega.
Et qu’il n’a jamais prononcé la moindre parole en public pour
défendre l’Église nicaraguayenne.
Il y a bien eu une protestation timide
émanant non pas du Pape mais des bureaux du Vatican en mars dernier
quand Ortega a expulsé le nonce pontifical du Nicaragua, le polonais
Waldemar Stanislaw Sommertag, en lui imposant de quitter
immédiatement le pays après la notification de la mesure. À cette
nouvelle, le Vatican avait fait part, dans un
communiqué
du 12 mars, de “sa grande surprise et de ses regrets”.
Le problème c’est que le Nonce, sur
mandat du Pape, négociait depuis longtemps avec Ortega sans rien
obtenir, s’aliénant ainsi le soutien des évêques du Pays et en
substance de toute l’Église nicaraguayenne.
Et ce n’est pas tout, les évêques les
plus mal vus du régime ont même fait l’objet de menaces de mort. Et
le plus virulent d’entre eux, Mgr Silvio Báez, évêque auxiliaire de
Managua, a été accusé par le régime de comploter un coup d’État et
Ortega a demandé au Pape François de le rappeler à l’ordre. Contre
sa volonté, le Pape l’avait transféré en 2019 de Managua à Rome,
avec la promesse de lui confier un poste au sein de la Curie
vaticane. Mais il n’en fut rien et Mgr Báez vit aujourd’hui en exil
à Miami, et milite toujours pour la liberté de son pays.
Il est un fait qu’aujourd’hui, le
Nicaragua est l’un des pays au monde où l’Église catholique est la
plus persécutée. On ne compte plus les meurtres, les arrestations,
les attaques des militaires contre les églises où les opposants
cherchent refuge. Un évêque, Mgr Rolando Álvarez, a entamé en mai
dernier une grève de la faim pour protester contre la répression.
Début juillet, le régime n’a pas même
épargné les sœurs de sainte Teresa de Calcutta. Il a ordonné leur
expulsion immédiate du pays. Le 6 juillet, la première des quinze
sœurs a rejoint à pied la frontière sud avec le Costa Rica, où
quelques jours plus tôt le secrétaire du Vatican pour les relations
avec les États, Paul Richard Gallagher, s’était rendu en visite.
Mais même la
note
officielle du Vatican rendant compte de ce voyage de Gallagher,
publiée ce même 6 juillet, n’a pas fait la moindre allusion à
l’expulsion des sœurs de sainte Teresa de Calcutta.
Sur la persécution au Nicaragua, le
silence du siège de Pierre se fait toujours plus
assourdissant.
Un article de
Sandro Magister, vaticaniste à
L’Espresso.
►
Texte original du
discours du Saint Père
►
Regarder
la vidéo en
Sources :
Sandro Magister, vaticaniste à
L’Espresso
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 16.08.2022
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