Benoît XVI rend hommage aux héros de
la foi |
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Cité du Vatican, le 16 avril 2008 -
(E.S.M.)
- Le pape Benoît XVI était en visite le 7 avril dernier au
mémorial des témoins de la foi du 20ème siècle et à la communauté de
Sant'Egidio à l'occasion du 40e anniversaire. Voici l'homélie que le
Saint-Père a prononcé au cours de la cérémonie
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Benoît XVI rend hommage aux héros de la foi
Le 7 avril dernier, le pape Benoît XVI était en visite au mémorial des
témoins de la foi du 20ème siècle et à la communauté de Sant'Egidio à
l'occasion du 40e anniversaire. Voici l'homélie que le Saint-Père a prononcé
au cours de la cérémonie
Homélie du Saint-Père
Chers frères et sœurs,
Cette rencontre dans l’antique basilique de San Bartolomeo all’Isola
Tiberina peut être considérée comme un pèlerinage à la mémoire des
martyrs du XXème siècle, de très nombreux hommes et femmes, connus et
inconnus qui, au cours du vingtième siècle, ont versé leur sang pour le
Seigneur. Un pèlerinage guidé par la Parole de Dieu qui, comme lampe de nos
pas, lumière de notre route (Ps 119,105), éclaire par sa lumière la vie de
tous les croyants. Mon Prédécesseur le bien aimé Jean-Paul II avait destiné
ce temple à être un lieu de mémoire des martyrs du vingtième siècle et
l’avait confié à la Communauté de Sant’Egidio, qui rend grâce au Seigneur,
cette année, pour le quarantième anniversaire de sa fondation. Je salue avec
affection Messieurs les Cardinaux et Evêques qui ont bien voulu participer à
cette liturgie. Je salue le Professeur Andrea Riccardi, fondateur de la
Communauté de Sant’Egidio, et je le remercie pour les paroles qu’il m’a
adressées ; je salue encore le Professeur Marco Impagliazzo, Président de la
Communauté, l’Assistant Mgr Matteo Zuppi, ainsi que Mgr Vincenzo Paglia,
Evêque de Terni-Narni-Amelia.
Dans ce lieu chargé de mémoire, nous nous demandons : pourquoi nos frères
martyrs n’ont-ils pas cherché à sauver à tout prix le bien irremplaçable de
la vie ? Pourquoi ont-ils continué à servir l’Eglise, malgré les graves
menaces et intimidations ? Dans cette basilique, où sont conservées les
reliques de l’apôtre Barthélemy et où est vénérée la dépouille de Saint
Adalbert, nous entendons résonner le témoignage éloquent de tous ceux qui,
au vingtième siècle, mais aussi depuis les débuts de l’Eglise, en vivant
l’amour, ont offert leur vie pour le Christ dans le martyre. Sur l’icône
placée sur le maître-autel, qui représente certains de ces témoins de la
foi, se détachent les paroles de l’Apocalypse : « Ce sont ceux qui viennent
de la grande épreuve » (Ap 7, 14). Au vieillard
qui demande qui sont-ils et d’où viennent ceux qui sont vêtus de blanc, il
est répondu qu’il s’agit de ceux qui « ont lavé leurs robes et les ont
blanchies dans le sang de l'Agneau » (Ap 7, 14).
C’est une réponse qui peut paraître étrange. Mais, dans le langage codé du
Prophète de Patmos, cela fait clairement référence à la flamme blanche de
l’amour qui a poussé le Christ a versé son sang pour nous. C’est par ce sang
que nous avons été purifiés. Soutenus par la flamme de l'amour, les martyrs
aussi ont versé leur sang et ils se sont purifiés dans l'amour : dans
l'amour du Christ qui les a rendus capables de se sacrifier à leur tour par
amour. Jésus a dit : « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie
pour ses amis » (Jn 15, 13). Chaque témoin de
la foi vit cet amour « plus grand», et, à l'exemple du divin maître, il est
prêt à sacrifier sa vie pour le Royaume de Dieu. De cette façon, on devient
amis du Christ : ainsi, on se conforme à lui, en acceptant le sacrifice
jusqu'au bout, sans poser de limites au don de l'amour et au service de la
foi.
En nous arrêtant près des six autels, qui rappellent les chrétiens tombés
sous la violence totalitaire du communisme, du nazisme, ceux tués en
Amérique, en Asie, en Océanie, en Espagne et au Mexique, en Afrique, nous
reparcourons de nombreuses histoires douloureuses du siècle passé. Beaucoup
sont tombés pendant qu’ils accomplissaient la mission évangélisatrice de
l’Eglise : leur sang s’est mêlé avec ceux des chrétiens autochtones auxquels
la foi avait été communiquée. D’autres, souvent en condition de minorité,
ont été tués par haine de la foi. Enfin, un groupe important s’est immolé
pour ne pas abandonner ceux qui étaient dans le besoin, les pauvres, les
fidèles qui leur étaient confiés, ne craignant pas les menaces et les
dangers. Ce sont des Evêques, des prêtres, des religieuses et religieux, des
fidèles laïcs. Ils sont nombreux ! Le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, lors
de la célébration œcuménique pour les nouveaux martyrs du jubilé, qui s’est
tenue le 7 mai 2000, au Colysée, rappela que ces frères et sœurs dans la foi
constituaient une grande fresque de l’humanité chrétienne du vingtième
siècle ; une fresque des Béatitudes, vécues jusqu’à l’effusion de sang. Il
aimait répéter que le témoignage du Christ jusqu’à l’effusion de sang
parlait d'une voix plus forte que les divisions du passé.
C’est vrai. Apparemment, il semble que la violence, les totalitarismes, la
persécution, la brutalité aveugle se révèlent plus forts, en faisant taire
la voix des témoins de la foi, qui peuvent humainement apparaître comme des
vaincus de l'histoire. Mais Jésus éclaire leur témoignage et nous comprenons
ainsi le sens du martyre. Tertullien affirmait à ce propos : «Plures
efficimur quoties metimur a vobis: sanguis martyrum semen christianorum
– Nous nous multiplions chaque fois que nous sommes récoltés par vous : le
sang des martyrs est une semence de nouveaux chrétiens » (Apol.,
50,13 : CCL 1,171). Dans la défaite, l'humiliation de ceux qui
souffrent pour l'Evangile, agit une force que le monde ne connaît pas : «
Lorsque je suis faible, s'exclame l'apôtre Paul, c'est alors que je suis
fort » (2 Cor 12, 10). C'est la force de
l'amour, désarmé et victorieux aussi dans la défaite apparente. C'est la
force qui défait et vainc la mort.
Ce XXIe siècle aussi s'est ouvert sous le signe du martyre. Lorsque les
chrétiens sont vraiment levain, lumière, et sel de la terre, ils deviennent
eux aussi, comme c'est arrivé à Jésus, objet de persécutions, et comme lui
ils sont un « signe de contradiction ». La cohabitation fraternelle,
l’amour, la foi, le choix des plus petits et des plus pauvres, qui marquent
l’existence de la communauté chrétienne, suscitent parfois une aversion
violente. Il est alors utile de regarder le témoignage lumineux de ceux qui
nous ont précédé dans le signe d’une foi héroïque jusqu’au martyre ! Dans
cette antique basilique, grâce à la Communauté de Sant’Egidio est conservée
et vénérée la mémoire de nombreux témoins de la foi, tombés à une époque
récente. Chers amis de la Communautés de Sant’Egidio, en regardant ces héros
de la foi, efforcez-vous vous aussi d’imiter le courage et la persévérance
dans le service de l’Evangile, en particulier parmi les pauvres. Soyez des
artisans de paix et de réconciliation parmi ceux qui sont ennemis et se
combattent. Nourrissez votre foi par l’écoute et la méditation de la Parole
de Dieu, par la prière quotidienne, par la participation active à la Sainte
Messe. L’amitié authentique avec le Christ sera la source de votre amour
réciproque. Soutenus par son Esprit, vous pourrez contribuer à la
construction d’un monde plus fraternel. Que la Sainte Vierge, Reine des
Martyrs, vous soutienne et vous aide à être d’authentiques témoins du
Christ. Amen !
Texte
original du discours du Saint Père
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Sources : www.santegidio
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 16.04.2008 -
T/Benoît XVI |