Conférence de presse de Benoît XVI |
|
Cité du Vatican, le 16 avril 2008 -
(E.S.M.)
- Au cours du vol papal, le pape Benoît XVI a donné une
conférence de presse devant des journalistes au cours de laquelle il
s'est exprimé sur différents sujets, dont l'immigration, sa prochaine
visite à l'ONU, etc...
|
Le pape
Benoît XVI - Pour
agrandir l'image ►
Cliquer
Conférence de presse de Benoît XVI
Synthèse de la conférence de presse
Durant le voyage aérien vers Washington, où il est arrivé vers 16 h locales
(22 de Rome), le Saint-Père s'est entretenu avec les journalistes qui
l'accompagnent aux Etats-Unis. Répondant à une question sur la question des
prêtres pédophiles qui tourmente l'Eglise américaine, Benoît XVI a déclaré:
"Je ressens une profonde honte et tout sera fait pour que cela cesse à
jamais. Les pédophiles doivent absolument être écartés du ministère
sacerdotal. La pédophilie est incompatible avec la prêtrise". Le Pape a
insisté sur le fait que "seules les personnes dotées d'un profond amour
sacramentel envers le Christ peuvent accéder au sacerdoce. Mieux vaut de
bons prêtres que beaucoup de prêtres, et tout sera fait pour guérir cette
plaie".
Evoquant ensuite sa visite de vendredi au siège de l'ONU, dans le cadre du
soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de
l'homme, Benoît XVI a dit: "Il est capital que la base de l'ONU soit
l'affirmation de droits exprimant des valeurs non négociables, de valeurs
qui sont au-dessus de toute institution et qui sont les fondements de toutes
les institutions".
Puis il a estimé que cette institution mondiale devait retrouver sa vocation
pacificatrice. L'ONU "ne peut fonctionner que si elle a pour base les
valeurs partagées traduites en droits universellement respectés. Dans la
mesure du possible, le but de ma mission" à New York est de soutenir cette
conception et sa mise en pratique.
Le Saint-Père a également abordé la question du rapport entre foi et laïcité
aux Etats-Unis, qui constitue à son avis un modèle à suivre. Dans ce pays,
a- t-il dit, "existe un concept de laïcité positive, positive parce qu'elle
garantie l'authenticité et la liberté de la foi. Si on ne peut exporter tel
quel le modèle américain en Europe, on pourrait l'étudier et s'en inspirer".
Ce qu'a vraiment dit le Pape: John Allen rapporte à
froid et fidèlement les propos tenus lors de la mini-conférence de presse à
bord de l'avion.
Cette conférence de presse a déjà fait couler beaucoup d'encre, de la part
de gens qui ignorent qui a posé les questions, comment cela s'est déroulé,
et les réponses précises du Saint-Père.
John Allen (qui a posé la première question, sur le seul sujet qui a été
évoqué par la suite, et avec ce qui m'a paru une pointe de désinvolture,
puisqu'il s'est permis de demander au Saint-Père de s'exprimer en anglais!!)
est quand même un vrai professionnel, et il convient de rendre à son
honnêteté l'hommage qu'elle mérite.
A part cela, on constatera que le Pape a bien répondu sur les prêtres
pédophiles, mais pas exactement de la façon dont les agences de presse ont
fait leurs titres.
Il s'est évidemment exprimé sur d'autres sujets, notamment l'immigration, et
les droits imprescriptibles de l'être humain, mais de ceux-là, les agences
n'ont pas jugé utile de nous parler.
Texte original en anglais sur le site de
NCR: Transcript from Papal plane
Texte intégral de la Conférence de presse
Ce qui suit est une transcription des commentaires faits par le Pape Benoît
XVI aux journalistes à bord de l'avion papal, sur le chemin de sa première
visite pastorale aux États-Unis.
En fin de semaine dernière, le Vatican a demandé aux journalistes voyageant
avec le pape de lui soumettre des questions pour le pape le lundi
après-midi, la veille du voyage. Le Père jésuite Federico Lombardi, le
porte-parole du Vatican, a choisi quatre de ces questions et a demandé à
quatre journalistes de les présenter au pape à bord de l'avion papal. ..
D. – Bienvenue Votre Sainteté! Au nom de tous mes collègues ici présents, je
vous remercie de votre disponibilité et de l'amabilité avec laquelle vous
venez nous saluer et nous donner quelques indications et idées pour suivre
ce voyage. C'est votre deuxième voyage intercontinental, le premier en
Amérique, aux Etats-Unis et aux Nations unies, en tant que Pape. Un voyage
important et très attendu. Pour commencer, voulez-vous nous dire quelque
chose sur vos sentiments, sur les espoirs avec lesquels vous affrontez ce
voyage et quel est son objectif fondamental, selon vous?
R. – Mon voyage a surtout deux objectifs. Le premier est la visite à
l'Eglise qui est en Amérique, aux Etats-Unis, et pour un motif particulier:
il y a 200 ans, le diocèse de Baltimore a été élevé au rang de siège
métropolitain et dans le même temps sont nés quatre autres diocèses: New
York, Philadelphie, Boston et Louisville. C'est donc un grand jubilé pour ce
noyau de l'Eglise aux Etats-Unis, un moment de réflexion sur le passé et
surtout de réflexion sur l'avenir, sur la manière de répondre aux grands
défis de notre temps, aujourd'hui et dans une perspective d'avenir. Et
naturellement, font également partie de cette visite, la rencontre
interreligieuse et la rencontre œcuménique, de manière particulière aussi
une rencontre à la Synagogue avec nos amis juifs, la veille de leur fête de
Pâques. Ceci est donc l'aspect religieux et pastoral de l'Eglise des
Etats-Unis en ce moment de notre histoire, et la rencontre avec tous les
autres dans cette fraternité commune qui nous relie dans une responsabilité
commune. Je voudrais à présent également remercier le Président Bush qui
viendra à l'aéroport, me réservera beaucoup de temps pour des entretiens et
me recevra à l'occasion de mon anniversaire. Deuxième objectif: la visite
aux Nations unies, ici aussi pour une raison particulière: 60 ans se sont
écoulés depuis la Déclaration universelle des droits de l'homme. Cette
Déclaration est la base anthropologique, la philosophie fondatrice des
Nations unies, le fondement humain et spirituel sur lequel elles sont
bâties. Il s'agit donc réellement d'un moment de réflexion, le moment de
reprendre conscience de cette étape importante de l'histoire. Dans la
Déclaration des droits de l'homme confluent diverses traditions culturelles,
surtout une anthropologie qui reconnaît chez l'Homme un sujet de droit qui
passe avant toutes les Institutions, avec des valeurs communes à respecter
par tous. Par conséquent, cette visite, qui se déroule précisément à un
moment où règne une crise des valeurs, me semble importante pour confirmer à
nouveau ensemble que tout a commencé à ce moment-là et le récupérer pour
notre avenir.
D. – Passons maintenant aux questions que vous avez vous-mêmes présentées
ces derniers jours et que quelques-uns parmi vous poseront au Saint-Père.
Commençons par la question de John Allen, qui n'a, je crois, pas besoin
d'être présenté car il est très connu comme vaticaniste aux Etats-Unis.
Saint-Père, j'aimerais si possible poser la question en anglais et s'il
était possible d'avoir une phrase, un bout de réponse en anglais, nous
serions très reconnaissants. La question est: l'Eglise que vous trouverez
aux Etats-Unis est une Eglise grande, vivante, mais aussi une Eglise
souffrante d'une certaine manière, surtout à cause de la récente crise due
aux abus sexuels. Les Américains attendent une parole de vous, un message
sur cette crise. Quel sera votre message pour cette Eglise souffrante?
R. – Le fait que tout cela ait pu se produire est une grande souffrance pour
l'Eglise aux Etats-Unis, pour l'Eglise en général et pour moi
personnellement. Quand je lis les comptes-rendus de ces événements, j'ai du
mal à comprendre comment certains prêtres ont pu manquer à ce point à la
mission d'apporter la guérison, d'apporter l'amour de Dieu à ces enfants.
J'ai honte et nous ferons tout ce qui sera en notre pouvoir pour faire en
sorte que cela ne se renouvelle plus. Je crois que nous devons agir à trois
niveaux: tout d'abord au niveau de la justice et au niveau politique. Je ne
parlerai pas ici d'homosexualité car c'est un autre sujet. Nous exclurons de
manière absolue les pédophiles du ministère sacré; c'est totalement
incompatible. Celui qui s'est rendu coupable de pédophilie ne peut pas être
prêtre. A ce premier niveau, nous pouvons faire justice et aider les
victimes, car elles sont profondément blessées; les deux côtés de la justice
sont d'une part que les pédophiles ne peuvent pas être prêtres et de
l'autre, l'aide aux victimes, de toutes les manières possibles. Il y a
ensuite un niveau pastoral. Les victimes auront besoin de guérison, d'aide,
d'assistance et de réconciliation: il s'agit d'un engagement pastoral
important et je sais que les évêques, les prêtres et tous les catholiques
aux Etats-Unis feront tout ce qu'ils pourront pour aider, assister, guérir.
Nous avons visité les séminaires et nous ferons tout ce qui sera possible
pour donner aux séminaristes une profonde formation spirituelle, humaine et
intellectuelle. Seules des personnes saines et qui ont vie personnelle
profondément enracinée dans le Christ et dans les sacrements peuvent être
admises au sacerdoce. Je sais que les évêques et les recteurs de séminaires
feront tout leur possible pour avoir un discernement très très sévère car il
est plus important d'avoir de bon prêtres que beaucoup de prêtres. Ceci est
également notre troisième niveau et nous espérons pouvoir faire, avoir fait
et faire encore à l'avenir, tout ce qui est en notre pouvoir pour guérir ces
blessures.
D. – Merci, Votre Sainteté. Il y a un autre thème sur lequel nos collègues
ont posé beaucoup de questions: celui de l'immigration, de la présence dans
la société américaine de composantes de langue espagnole également. Pour
cette raison, la question sera posée par notre collègue Andrés Leonardo
Beltramo Alvarez de l'Agence d'information du Mexique.
Votre Sainteté, je pose la question en italien et si vous le souhaitez, vous
pourrez répondre ensuite en espagnol. Un salut, seulement un salut. Il y a
une croissance énorme de la présence hispanique aussi dans l'Eglise des
Etats-Unis en général: la communauté catholique devient toujours davantage
bilingue et bi-culturelle. Et dans le même temps, un mouvement
anti-immigration se développe dans la société: la situation des immigrés est
caractérisée par des formes de précarité et de discrimination. Avez-vous
l'intention de parler de ce problème et d'inviter l'Amérique à bien
accueillir les immigrés, dont beaucoup sont catholiques?
R. – Je ne peux pas répondre en espagnol mais mis saludos y mi bendición
para todos los hispánicos. Il est évident que je parlerai de cela. J'ai
eu diverses visites ad limina des évêques d'Amérique centrale et aussi
d'Amérique du Sud et j'ai vu l'ampleur de ce problème, surtout le grave
problème de la séparation des familles. Et ceci est vraiment dangereux pour
le tissu social, moral et humain de ces pays. Il faut cependant distinguer
les mesures à prendre immédiatement et les solutions à long terme. La
solution fondamentale est que les gens n'aient plus besoin d'émigrer parce
qu'il y a dans leur patrie suffisamment de postes de travail, un tissu
social suffisant qui fait que personne n'a plus besoin d'émigrer. Nous
devons donc tous travailler avec cet objectif, pour un développement social
qui permette d'offrir aux citoyens du travail et un avenir dans leur pays
d'origine. Je voudrais aussi parler de cela avec le président car ce sont
surtout les Etats-Unis qui doivent aider les pays à se développer de cette
manière. C'est dans l'intérêt de tous, pas seulement de ces pays, dans
l'intérêt du monde et aussi des Etats-Unis. Ensuite, des mesures à court
terme: il est très important d'aider avant tout les familles. A la lumière
des entretiens que j'ai eus avec les évêques il semble que le problème
primordial soit la protection des familles, veiller à ce qu'elles ne soient
pas détruites. Il faut faire tout ce que l'on peut. Puis, naturellement, il
faut lutter avec tous les moyens possibles contre la précarité et toutes les
formes de violence, et leur permettre d'avoir vraiment une vie digne là où
elles se trouvent actuellement. Il est vrai qu'il y a beaucoup de problèmes,
beaucoup de souffrances, mais aussi une grande hospitalité! Je sais
notamment que la Conférence épiscopale des Etats-Unis collabore énormément
avec les Conférences épiscopales d'Amérique latine pour mettre en place les
aides nécessaires. A côté de toutes les choses douloureuses, n'oublions pas
non plus toute la véritable humanité, toutes les actions positives qui
existent aussi.
D. – Merci, Votre Sainteté. Maintenant une question concernant la société
américaine, plus précisément la place des valeurs religieuses dans la
société américaine. Donnons la parole à notre collègue Andrea Tornielli,
vaticaniste pour un journal italien.
Saint-Père, quand vous avez reçu le nouvel ambassadeur des Etats-Unis
d'Amérique, celle-ci a souligné, comme valeur positive, la reconnaissance
publique de la religion aux Etats-Unis. Je voulais vous demander si vous
considérez cela comme un modèle possible également pour l'Europe
sécularisée, ou si vous ne pensez pas qu'il puisse également exister le
risque que la religion et le nom de Dieu soient utilisés pour faire passer
certaines politiques et même la guerre...
R. – Il est évident qu'en Europe nous ne pouvons pas nous limiter à copier
les Etats-Unis: nous avons notre histoire. Mais nous devons tous apprendre
les uns des autres. Ce que je trouve fascinant aux Etats-Unis, c'est qu'ils
ont commencé avec un concept positif de laïcité car ce nouveau peuple était
composé de communautés et de personnes qui avaient fui les Eglises d'Etat et
voulaient avoir un Etat laïc qui offre des possibilités à toutes les
confessions, pour toutes les formes de pratique religieuse. Ainsi est né un
Etat délibérément laïc: ils étaient opposés à une Eglise d'Etat. Mais l'Etat
devait être laïc justement par amour pour la religion dans son authenticité,
qui ne peut être vécue que librement. Et ainsi nous trouvons cet Etat
délibérément et résolument laïc, mais précisément à cause d'une volonté
religieuse, pour donner de l'authenticité à la religion. Et nous savons
qu'Alexis de Toqueville, en étudiant l'Amérique, a vu que les institutions
laïques vivent avec un consensus moral de fait qui existe entre les
citoyens. Ceci me semble un modèle fondamental et positif. Il ne faut pas
oublier qu'entre-temps, en Europe, deux cents ans, plus de deux cents ans,
se sont écoulés, et que beaucoup de choses se sont passées. Il y a
maintenant aussi aux Etats-Unis l'attaque d'un nouveau sécularisme,
complètement différent, et donc, auparavant les problèmes étaient
l'immigration, mais la situation s'est compliquée et différenciée au cours
de l'histoire. Toutefois, le fondement, le modèle fondamental me semble
aujourd'hui encore digne d'intérêt également en Europe.
D. – Merci, Votre Sainteté. Et maintenant un dernier thème concernant votre
visite aux Nations unies. La question est posée par John Thavis, qui est
responsable à Rome de l'Agence catholique d'information des Etats-Unis.
Saint-Père, le Pape est souvent considéré comme la conscience de l'humanité
et c'est aussi la raison pour laquelle votre discours aux Nations unies est
très attendu. Je voudrais vous demander: pensez-vous qu'une institution
multilatérale comme les Nations unies puisse sauvegarder les principes
considérés par l'Eglise catholique comme "non négociables", c'est-à-dire les
principes fondés sur la loi naturelle?
R. – Ceci est précisément l'objectif fondamental des Nations unies:
sauvegarder les valeurs communes de l'humanité, sur lesquelles est basée la
coexistence pacifique des Nations: le respect de la justice et le
développement de la justice. J'ai déjà dit brièvement que le fait que le
fondement des Nations unies soit précisément l'idée des droits humains, des
droits qui expriment des valeurs non négociables, qui passent avant toutes
les institutions et qui soient le fondement de toutes les institutions, me
semble très important. Et il est important qu'il y ait cette convergence
entre les cultures qui ont trouvé un consensus sur le fait que ces valeurs
sont fondamentales, qu'elles sont inscrites dans l'être humain lui-même. Il
faut reprendre conscience du fait que les Nations unies, avec leur fonction
pacificatrice, ne peuvent travailler que si elles ont le fondement commun
des valeurs qui s'expriment ensuite en "droits" qui doivent être respectés
par tous. L'un des objectifs de ma mission est de confirmer cette conception
fondamentale et de l'actualiser autant que possible.
Enfin, étant donné que le P. Lombardi m'avait au départ posé également une
question sur mes sentiments, je voudrais dire que je pars vraiment aux
Etats-Unis avec la joie dans le cœur! Je suis déjà allé plusieurs fois aux
Etats-Unis par le passé, je connais ce grand pays, je connais la grande
vivacité de l'Eglise malgré tous les problèmes, et je suis heureux de
pouvoir rencontrer, en ce moment historique aussi bien pour l'Eglise que
pour les Nations unies, ce grand peuple et cette grande Eglise. Merci à
tous!
D. – Merci à Votre Sainteté, de la part de nous tous. Nous vous présentons à
nouveau nos meilleurs vœux pour ce voyage: qu'il porte tous les fruits que
vous en attendez et que nous tous attendons avec vous. Merci et bon voyage!
Texte original du
discours du Saint Père
►Italien
Regarder
la vidéo
►
Benoît XVI
- « Les pédophiles seront exclus du sacerdoce »
Tous
les articles sur le voyage
►
Benoît XVI aux Etats Unis - du 15 au 20 avril
2008
Sources : www.vatican.va 080416
(280) -
E.S.M.
© Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 16.04.2008 -
T/USA |