Discours de Benoît XVI aux membres
des Instituts séculiers |
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CITE DU VATICAN, le 16 Février 2007
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(E.S.M.) - Le pape Benoît XVI rencontrait pour la
première fois depuis son élection sur la Chaire de l'Apôtre
Pierre, les membres des Instituts séculiers. Discours du Saint-Père à la
Conférence Mondiale des instituts séculiers.
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Le Cardinal Cottier
Discours du pape Benoît XVI aux
participants à la Conférence Mondiale des Instituts séculiers
Chers frères et sœurs,
Je suis heureux de me trouver aujourd'hui parmi vous, membres des Instituts
séculiers, que je rencontre pour la première fois depuis mon élection sur la
Chaire de l'Apôtre Pierre. Je vous salue tous avec affection. Je salue le
Cardinal Franc Rodé, Préfet de la Congrégation pour les Instituts de Vie
consacrée et les Sociétés de Vie apostolique, et je le remercie des
expressions de dévotion filiale et de proximité spirituelle qu'il m'a
adressées également en votre nom. Je salue le Cardinal Cottier et le
Secrétaire de votre Congrégation. Je salue la Présidente de la Conférence
mondiale des Instituts séculiers, qui s'est faite l'interprète des
sentiments et des attentes de vous tous, qui êtes venus de divers pays, de
tous les continents, pour célébrer un Symposium international sur la
Constitution apostolique
Provida mater Ecclesia.
Soixante ans se sont écoulés, comme on l'a déjà dit, depuis le 2 février
1947, date à laquelle mon Prédécesseur Pie XII promulgua cette Constitution
apostolique, donnant ainsi une configuration théologique et juridique à une
expérience préparée au cours des décennies précédentes, et reconnaissant
dans les Instituts séculiers l'un des innombrables dons avec lesquels
l'Esprit Saint accompagne le chemin de l'Eglise et la renouvelle au cours
des siècles. Cet acte juridique ne représenta pas le point d'arrivée, mais
plutôt le point de départ d'un chemin visant à définir une nouvelle forme de
consécration: celle de fidèles laïcs et de prêtres
diocésains, appelés à vivre de manière radicalement évangélique
précisément ce sécularisme dans lequel ils sont plongés en vertu de leur
condition existentielle ou de leur ministère pastoral.
Vous êtes ici, aujourd'hui, ajoute le pape Benoît XVI,
pour continuer à tracer ce parcours commencé il y a
soixante ans, qui vous voit comme les détenteurs toujours plus passionnés,
dans le Christ Jésus, du sens du monde et de l'histoire. Votre
passion naît de la découverte de la beauté du Christ, de sa façon unique
d'aimer, de rencontrer, de guérir la vie, de la rendre joyeuse, de la
réconforter. Et telle est la beauté que vos vies veulent chanter, pour que
votre présence dans le monde soit le signe de votre existence dans le
Christ.
En effet, rappelle le pape Benoît XVI, ce qui fait de votre insertion dans
les événements humains un lieu théologique est le mystère de l'Incarnation
("Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné
son Fils unique" Jn 3, 16). L'œuvre de salut s'est accomplie non
pas en opposition, mais dans et à travers l'histoire des hommes. La Lettre
aux Hébreux observe à ce propos: "Souvent dans le passé, Dieu a parlé à nos
pères par les prophètes sous des formes fragmentaires et variées; mais dans
les derniers temps, dans ces jours où nous sommes, il nous a parlé par ce
Fils" (1, 1-2a). Le même acte
rédempteur a eu lieu dans le contexte du temps et de l'histoire, et il s'est
caractérisé comme obéissance au dessein de Dieu inscrit dans l'œuvre née de
ses mains. C'est encore le même texte de l'Epître aux Hébreux, un texte
inspiré, qui note: "Le Christ commence donc par dire: "Tu n'as pas voulu ni
accepté les sacrifices et les offrandes, les holocaustes et les expiations
pour le péché" que la Loi prescrit d'offrir. Puis il déclare: "Me voici, je
suis venu pour faire ta volonté"" (10,
8-9a). Ces paroles du Psaume que la Lettre aux Hébreux voit
exprimées dans le dialogue intra trinitaire, sont des paroles du Fils qui
dit au Père: "Me voici, je suis venu pour faire ta volonté". Et ainsi se
réalise l'Incarnation: "Me voici, je suis venu pour faire ta volonté". Le
Seigneur nous interpelle par ses paroles qui deviennent les nôtres: voilà,
je viens avec le Seigneur, avec le Fils, faire ta volonté.
Le chemin de votre sanctification est ainsi tracé avec clarté: l'adhésion
oblative au dessein salvifique manifesté dans la Parole révélée, la
solidarité avec l'histoire, la recherche de la volonté du Seigneur inscrite
dans les événements humains gouvernés par sa providence. Et, dans le même
temps, se déterminent les caractères de la mission séculière: le témoignage
des vertus humaines, tels que "la justice, la paix, la joie"
(Rm 14, 17), la "conduite
excellente", dont parle Pierre dans sa Première Lettre
(cf. 2, 12) faisant écho aux
paroles du Maître: "De même que brille votre lumière devant les hommes:
alors, en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre
Père qui est aux cieux" (Mt 5, 16).
En outre, l'engagement pour l'édification d'une société reconnaissant, dans
ses divers secteurs, la dignité de la personne et les valeurs
incontournables pour sa pleine réalisation, appartient à la mission
séculière: de la politique à l'économie, de l'éducation à l'engagement pour
la santé publique; de la gestion des services à la recherche scientifique.
Chaque réalité propre et spécifique vécue par le chrétien, son travail et
ses intérêts concrets, tout en conservant leur consistance relative,
trouvent leur fin ultime s'ils appartiennent au même objectif pour lequel le
Fils de Dieu est entré dans le monde. Sentez-vous donc interpellés par
chaque douleur, par chaque injustice, ainsi que par chaque recherche de la
vérité, de la beauté et de la bonté, non parce que vous possédez les
solutions de tous les problèmes, mais parce que chaque circonstance dans
laquelle l'homme vit et meurt constitue pour vous l'occasion de témoigner de
l'œuvre salvifique de Dieu. Telle est votre mission. Votre consécration
souligne, d'un côté, la grâce particulière qui vient de l'Esprit pour la
réalisation de la vocation; de l'autre, elle vous engage à une totale
docilité d'esprit, de cœur et de volonté au projet de Dieu le Père révélé en
Jésus Christ, à la suite radicale duquel vous avez été appelés.
Chaque rencontre avec le Christ exige un profond changement de mentalité,
mais pour certains, comme cela a été le cas pour vous, la requête du
Seigneur est particulièrement exigeante: tout quitter, car Dieu est tout et
sera tout dans votre vie. Il ne s'agit pas simplement d'une façon différente
de vous référer au Christ et d'exprimer votre adhésion à Lui, mais d'un
choix de Dieu qui, de manière stable, exige votre confiance absolument
totale en Lui. Conformer sa propre vie à celle du Christ en entrant dans ces
paroles, conformer sa propre vie à celle du Christ à travers la pratique des
conseils évangéliques, est une caractéristique fondamentale et exigeante
qui, dans sa spécificité, requiert des engagements et des gestes concrets,
d'"alpinistes de l'esprit", comme vous appela le vénéré Pape Paul VI
(Discours aux participants au I Congrès
international des Instituts séculiers: Insegnamenti, VIII, 1970, p.
939).
Le caractère séculier de votre consécration souligne, d'un côté, les moyens
avec lesquels vous vous prodiguez pour la réaliser, c'est-à-dire ceux qui
sont propres à chaque homme et femme qui vivent dans des conditions
ordinaires dans le monde, et, de l'autre, la forme de son développement,
c'est-à-dire celle d'une relation profonde avec les signes des temps, que
vous êtes appelés à discerner, de façon personnelle et communautaire, à la
lumière de l'Évangile. On a plusieurs fois précisément identifié dans ce
discernement, de manière faisant autorité, votre charisme, afin que vous
puissiez être des laboratoires de dialogue avec le monde, ce "laboratoire
expérimental dans lequel l'Eglise vérifie les modalités concrètes de ses
relations avec le monde" (Paul VI,
Discours aux responsables généraux des Instituts séculiers: Insegnamenti
XIV, 1976, p. 676). C'est précisément de là que dérive
l'actualité persistante de votre charisme, car ce discernement doit avoir
lieu non en dehors de la réalité, mais à l'intérieur, à travers une pleine
participation. Cela se réalise à travers des relations quotidiennes que vous
pouvez tisser dans les relations familiales et sociales, dans l'activité
professionnelle, dans le tissu des communautés civile et ecclésiale. La
rencontre avec le Christ, se placer à sa suite, ouvre et exhorte à la
rencontre avec chacun, car si Dieu ne se réalise que dans la communion
trinitaire, ce n'est que dans la communion que l'homme trouvera aussi sa
plénitude.
Il ne vous est pas demandé d'instituer des formes de vie, d'engagement
apostolique et d'interventions sociales particulières, si ce n'est celles
qui peuvent naître dans les relations personnelles, sources de richesse
prophétique. Votre vie, exprime Benoît XVI, doit être comme le levain
qui fait fermenter toute la farine (cf. Mt
13, 33), parfois silencieuse et cachée, mais toujours riche de
propositions et encourageante, capable d'engendrer l'espérance. Le lieu de
votre apostolat est donc tout ce qui est humain, non seulement au sein de la
communauté chrétienne - où la relation se nourrit de l'écoute de la Parole
et de la vie sacramentelle, à laquelle vous puisez pour soutenir l'identité
baptismale -, je dis que le lieu de votre apostolat
est tout ce qui est humain, que ce soit au sein de la communauté chrétienne,
ou dans la communauté civile, où la relation se réalise dans la recherche du
bien commun, dans le dialogue avec tous, appelés à témoigner de cette
anthropologie chrétienne qui constitue une proposition de sens dans une
société désorientée et confuse par le climat multiculturel et multi
religieux qui la caractérise.
Vous venez de divers pays, et les situations culturelles, politiques et
également religieuses dans lesquelles vous vivez, vous travaillez et avancez
dans l'âge sont différentes. Dans toutes ces situations, soyez des
chercheurs de la Vérité, de la révélation humaine de Dieu dans la vie. Il
s'agit, nous le savons, d'une longue route, dont le présent est tourmenté,
mais dont l'issue est certaine. Annoncez la beauté de Dieu et de sa
création. A l'exemple du Christ, soyez obéissants à l'amour, soyez des
hommes et des femmes doux et miséricordieux, capables de parcourir les
routes du monde en ne faisant que le bien. Que vos vies placent les
Béatitudes en leur centre, contredisant la logique humaine,
pour exprimer une confiance inconditionnée en Dieu qui désire le
bonheur de l'homme. L'Eglise a également
besoin de vous pour que sa mission soit complète a affirmé Benoît
XVI. Soyez des semences de sainteté, jetées à
pleines mains dans les sillons de l'histoire. Enracinés dans l'action
gratuite et efficace avec laquelle l'Esprit du Seigneur guide les événements
humains, puissiez-vous donner des fruits de foi authentique, en écrivant
avec votre vie et avec votre témoignage des paraboles d'espérance, en les
écrivant avec les œuvres suggérées par l'"imagination de la charité"
(Jean-Paul II, Lett. ap.
Novo Millennio ineunte,
n. 50).
Avec ces vœux, en vous assurant de ma prière constante, je vous donne une
Bénédiction apostolique spéciale pour soutenir vos initiatives d'apostolat
et de charité a conclu le pape Benoît XVI.
Annoncer la beauté de Dieu - Synthèse du discours
du Saint Père Benoît XVI:
Benoît XVI rappelle le caractère de la mission
séculière
Sources:
www.vatican.va -
E.S.M.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana - 03022007
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 16.02.2007 - BENOÎT XVI - Fidèles laïcs |