Pourquoi Benoît XVI ira à Assise ? |
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Le 16 janvier 2011
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(E.S.M.)
- Un texte écrit par le Cardinal Ratzinger en janvier 2002, après "Assise III", pour la revue 30 Giorni: c'est lui même qui nous explique pourquoi il ira à Assise en octobre prochain.
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Le pape Jean Paul II et
le cardinal Ratzinger
Pourquoi Benoît XVI ira à Assise ?
La splendeur de la paix de François
Le 16 janvier 2011 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Un texte écrit par le Cardinal Ratzinger en janvier 2002, après "Assise
III", pour la revue 30 Giorni: c'est lui même qui nous explique pourquoi
il ira à
Assise en octobre prochain.
Lorsqu'on parle d'Assise et de ses "excès", et qu'on souligne la
désapprobation du Cardinal Ratzinger, on oublie généralement que
Jean-Paul
II s'est rendu trois fois à Assise: en 1986, certes, mais aussi en 1993,
et en janvier 2002, après le 11 septembre.
JL Restàn et Paolo Rodari l'ont rappelé opportunément.
La dernière fois, le cardinal Ratzinger était du voyage. Dans le numéro
d'aujourd'hui de Il Foglio, Paolo Rodari raconte cette anecdote:
Le nom du préfet de la CDF ne figurait pas dans la liste des participants
diffusée la veille par la salle de presse, et pas davantage dans celle
publiée le lendemain de l'évènement par l'OR.
La veille au soir, un coup de téléphone de Mgr Dziwisz lui avait exprimé le
désir du Pape de l'avoir à ses côtés.
Il a fait peu de temps après le récit de son expérience pour le magazine
30 Giorni
Traduction
Benoit-et-moi
La splendeur de la paix de François
"De cet homme, de François, qui a pleinement
répondu à l'appel du Christ crucifié, émane encore la splendeur d'une paix
qui a convaincu le sultan et qui peut vraiment abattre les murs."
Un article pour 30 Giorni par le préfet de la Congrégation
pour la Doctrine de la Foi
Cardinal Joseph Ratzinger
Janvier 2002
Le jeudi 24 Janvier, quand, sous un ciel lourd de pluie, le train qui devait
amener à Assise les représentants d'un grand nombre d'églises chrétiennes et
communautés ecclésiales ainsi que des représentants de nombreuses religions
du monde pour témoigner et prier pour la paix, s'est mis en route, ce train
m'a paru comme un symbole de notre pèlerinage dans l'histoire. Ne
sommes-nous pas, en effet, tous passagers sur le même train? Le fait que le
train ait choisi comme destination la paix et la justice, la réconciliation
des peuples et des religions, n'est-il pas une grande ambition et, en même
temps, un splendide signe d'espérance?
Partout, en traversant les gares, une foule nombreuse était accourue pour
saluer les pèlerins de la paix. Dans les rues d'Assise et dans la grande
tente, lieu du témoignage commun, nous avons de nouveau été entourés par
l'enthousiasme et la joie pleine de gratitude, en particulier d'un groupe
important de jeunes. Le salut des gens s'adressait principalement au vieil
homme vêtu de blanc qui était dans le train. Hommes et femmes qui trop
souvent dans la vie quotidienne s'affrontent l'un l'autre avec hostilité et
semblent séparés par des barrières insurmontables, saluaient le pape, qui,
par la force de sa personnalité, la profondeur de sa foi, la passion qui en
dérive pour la paix et la réconciliation, a comme "tiré"
l'impossible, par le charisme de son office: réunir dans un pèlerinage pour
la paix des représentants de la chrétienté divisée et des représentants de
diverses religions. Mais les applaudissements, adressés d'abord au pape,
exprimaient aussi un consensus spontané de tous ceux qui comme lui cherchent
la paix et la justice, et c'était un signe du désir profond de paix éprouvé
par les individus devant les dévastation qui nous entourent, causées par la
haine et la violence.
Même si parfois la haine peut sembler invincible et se multiplie sans trêve
dans la spirale de la violence, ici, pendant un moment, on a pu percevoir la
présence de la force de Dieu, de la force de la paix. Il m'est venu à
l'esprit les paroles du psaume: "Avec mon Dieu, je peux escalader les
murs" ( Ps. 18, 30). Dieu ne nous dresse
jamais les uns contre les autres, mais au contraire Lui qui est Un, qui est
le Père de tous, il nous a aidés, au moins pour un moment, à escalader les
murs qui nous séparent, nous faisant reconnaître qu'il est la paix et que
nous ne pouvons être près de Dieu, si nous sommes loin de la paix.
Dans son discours, le Pape a cité une autre pierre angulaire de la Bible,
les paroles de l'Épître aux Éphésiens: « Le Christ est notre paix. Il a
fait des deux un seul peuple, détruisant le mur qui les séparait, l'inimitié
»( Ep 2, 14). Paix et justice sont les noms du
Christ dans le Nouveau Testament (pour "le Christ, notre justice", voir par
exemple 1 Co 1, 30). En tant que chrétiens nous ne devons pas cacher cette
conviction: de la part du Pape et du Patriarche œcuménique, la confession du
Christ notre paix, a été claire et solennelle. Mais précisément pour cette
raison, il y a quelque chose qui nous unit par-delà les frontières: le
pèlerinage pour la paix et de justice. Les paroles que le chrétien doit dire
à celui qui se met en chemin vers ces objectifs sont les mêmes utilisées par
le Seigneur en réponse au scribe qui avait reconnu dans le double
commandement qui nous appelle à l'amour de Dieu et du prochain la synthèse
du message de l'Ancien Testament: «Tu n'es pas loin du royaume de Dieu
»( Mc 12, 34).
Pour une juste compréhension de l'événement d'Assise, il est important de
considérer qu'il ne s'est pas agi d'une auto-représentation de religions qui
seraient interchangeables entre elles. Il ne s'agissait d'affirmer une
égalité des religions, qui n'existe pas. Assise a été plutôt l'expression
d'un chemin, d'une recherche, du pèlerinage pour la paix qui ne l'est que si
elle est unie à la justice. En fait, là où manque la justice, où les
individus sont privés de leurs droits, l'absence de guerre peut être
seulement un voile derrière lequel se cachent l'injustice et l'oppression.
Avec leur témoignage en faveur de la paix, avec leur engagement pour la paix
dans la justice, les représentants des religions ont entrepris dans la
limite de leurs possibilités, un voyage qui doit être pour tous un chemin de
purification.
Cela vaut également pour nous chrétiens. Nous n'atteignons le Christ que si
nous sommes vraiment arrivés à sa paix et à sa justice. Assise, la ville de
Saint-François, peut-être le meilleur interprète de cette pensée. Même avant
sa conversion, François était un chrétien, tout comme ses compatriotes. Et
l'armée victorieuse de Pérouse, qui le jeta en prison était composée de
chrétiens. C'est alors seulement, battu, emprisonné, souffrant, qu'il
commença à penser au christianisme de façon nouvelle. Et c'est seulement
après cette expérience, qu'il a pu entendre et comprendre la voix du
Crucifié qui lui parlait dans la petite église en ruines de San Damiano
laquelle, pour cette raison, est devenue l'image même de l'Eglise de son
temps, profondément détériorée et en décomposition. Seulement alors, il vit
combien la nudité du Crucifié, sa pauvreté et son humiliation extrême,
contrastaient avec le luxe et la violence qui auparavant lui avaient paru
normaux. Et c'est seulement alors qu'il connut vraiment le Christ et qu'il
comprit aussi que les croisades ne sont pas la bonne façon de défendre les
droits des chrétiens en Terre Sainte, mais qu'il fallait prendre à la lettre
le message d'imitation du Crucifié.
De cet homme, de François, qui a pleinement répondu à l'appel du Christ
crucifié, émane encore la splendeur d'une paix qui a convaincu le sultan et
qui peut vraiment abattre les murs. Si nous, chrétiens, nous entreprenons le
chemin de la paix en suivant l'exemple de saint François, nous ne devons pas
craindre de perdre notre identité: c'est justement alors que nous la
trouvons. Et si d'autres nous rejoignent dans la recherche de la paix et de
la justice, ni eux ni nous n'avons à craindre que la vérité puisse être
piétinée par de belles phrases. Non, si nous nous dirigeons sérieusement
vers la paix, alors nous sommes sur le juste chemin, parce que nous sommes
sur le chemin du Dieu de la paix ( Rom 15, 32) dont le visage s'est rendu
visible pour nous chrétiens par la foi dans le Christ.
Sources :
Benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 16.01.2011 -
T/Eglise
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