Faut-il désirer la sainteté ? |
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Le 15 décembre 2008 -
(E.S.M.)
- Les saints nous attirent. La sainteté beaucoup moins. Et c'est
mieux ainsi. C'est l'amour qui nous attire. Nous aimons, nous, être
aimés de cet amour vrai qui veut notre vrai bien, qui accomplit notre
juste bon plaisir. C'est comme cela que Dieu nous aime. C'est aussi
comme cela que Dieu aime que nous l'aimions.
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Sainte Thérèse de Lisieux -
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Faut-il désirer la sainteté ?
Le 15 décembre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
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La foule des saints qu'on ne peut dénombrer
(Ap 7, 9) nous encourage chacun
à devenir saint. Mais est-ce vraiment la sainteté en tant que telle
qu'il nous faut désirer ?
par un moine du Barroux
Chacun a ses préférences : Jeanne d'Arc, Thérèse de Lisieux, Vincent de
Paul, Antoine de Padoue, Thomas d'Aquin, Philomène. La variété même
permet d'éviter d'errer sur ce qu'est la sainteté : il y a des saints de
tous les genres, aussi diversifiés que le sont les visages. On ne peut
donc se fier aux apparences. Alors, qu'est-ce qui, en profondeur, fait
qu'un saint est un saint ?
Saint évoque un être pur. Dans leurs pensées, leurs affections, leurs
actions, les saints ont les mœurs du Ciel, ils sont détachés de la
terre, désintéressés, fermes (1) dans leur totale consécration à Dieu -
non seulement dans leur prière mais encore dans leurs vertus et dans
leurs œuvres, dont ils font comme une offrande liturgique; enfin ils
sont tendus vers leur prochain, avec toujours au cœur un immense amour
des pauvres. Ils reflètent le visage de Dieu.
Les premiers compagnons de saint Dominique disaient qu'à vivre en sa
compagnie, ils s'imaginaient connaître un peu de la joie des Apôtres
auprès de Jésus. Rien qu'à rencontrer les saints, un coin du mystère de
Dieu se soulève ! Le futur Pie XII se promenait chaque jour dans un
jardin public : son extérieur très digne, doux et empreint d'une immense
bonté rayonnait si fort qu'un enfant l'aborda très timidement en lui
disant: Pardon, Monsieur, est-ce que... est-ce que... vous ne seriez
pas... le Bon Dieu ?
Chercher à être un saint ?
Bernanos disait: les dévots cherchent à devenir saints ; les saints,
eux, cherchent à aimer Dieu. Tout est dit là. Toute âme bien née est
révulsée par les grenouilles de bénitier, les Pharisiens et les Tartuffe
et, même si les masques diffèrent, toutes les époques ont les leurs, la
nôtre elle-même. Aussi, si nous cherchions à imiter les saints, ne
parviendrions-nous le plus souvent qu'à contrefaire le côté extérieur de
leur sainteté, nous serions même capables d'imiter leurs défauts (seuls
Jésus et Marie en ont été totalement exempts), non sans être assez
satisfaits de nous-même la plupart du temps.
Mais pourtant, Jésus nous indique clairement le but de notre vie : «
Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait
»
(Mt 5, 48). Alors oui ou non,
faut-il chercher la perfection, la sainteté, au moins, celle de notre
Père du Ciel ?
Avant de parler de la perfection, en Matthieu que nous venons de citer,
Jésus avait montré ce qu'est la perfection du Père : il donne pluie et
soleil, il aime donc - oh combien ! — absolument tous les hommes, «
bons et mauvais... justes et injustes »
(Mt 5, 43-47).
Notre degré d'amour
Dans son hymne à la charité
(ICo 13), saint Paul affirme que
ce ne sont ni le martyre, ni la pauvreté, ni les charismes, ni même la
Foi qui transporte les montagnes qui comptent, mais la charité. Donc,
décidément, non ! il ne s'agit pas pour nous d'avoir la sainteté pour
finalité. Les saints le sont parce qu'ils sont amoureux de Dieu et non
parce que la finalité de leur vie est « la sainteté ». Enfin, notons
qu'il est traditionnel depuis saint Thomas d'Aquin, de dire que les
états de perfection (c'est-à-dire la vie religieuse, état de sainteté)
sont « la recherche de la charité parfaite par les conseils
évangéliques » (2). La perfection consiste donc essentiellement dans
la charité.
L'aimer parfaitement: Dieu nous le demande donc. Aussi, si elle fascine,
la sainteté fait souvent peur, à la vue des actes des saints, des
martyrs surtout. Mais elle est possible, possible parce que c'est Lui,
et Lui seul, miséricordieux et tout-puissant, qui nous en donne la
grâce; en effet II nous avertit que sans Lui nous ne pouvons rien faire
:
« Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi, et
en qui je demeure, porte beaucoup de fruits: car, séparés de moi, vous
ne pouvez rien faire »
(Jn 15, 5).
Il faut donc rien moins que l'union à Dieu, intime comme celle de la
branche et du tronc, ou de la mère et de l'enfant qu'elle porte en elle,
pour atteindre la sainteté, qui est ainsi déification (3), participation
« à la nature divine »
(2 P 1, 4). Que je puisse, moi,
atteindre la sainteté, je le sais donc par les infaillibles promesses de
Jésus-Christ, qui donne ce qu'il commande. Je le sais, mais, le plus
souvent, je ne le crois pas...
C'est que Dieu ne me demande pas la réussite à tous les coups, mais la
générosité confiante de l'amour qui se donne, le cœur noble
(littéralement beau et bon : le grand cœur) de la parabole (qui est
majeure) du Semeur! Pas une générosité infinie, mais celle que Dieu, qui
ne demande jamais l'impossible, me demande ici et maintenant.
C'est l'amour qui attire
Bref, les saints nous attirent. La sainteté beaucoup moins. Et c'est
mieux ainsi. C'est l'amour qui nous attire. Nous aimons, nous, être
aimés de cet amour vrai qui veut notre vrai bien, qui accomplit notre
juste bon plaisir. C'est comme cela que Dieu nous aime. C'est aussi
comme cela que Dieu aime que nous l'aimions !
Être saint, c'est donc aimer; aimer c'est faire la volonté de l'Aimé
(Rm 13, 9), concrètement: notre
devoir d'état. Aucun sacrifice, pas même celui de notre vie comme chez
les martyrs, n'est trop pesant à qui a l'Amour dans le cœur.
Enfin, preuve suprême, qu'est-ce que Jésus nous exhorte à demander à
notre Père du Ciel ? « Si vous qui êtes mauvais, vous savez donner de
bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père du Ciel donnera
l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent »
(Lc 11, 13). Et qu'est-ce que l'Esprit Saint
sinon l'Amour personnel dans la Trinité ?
(A suivre)
(1) S. THOMAS D'AQUIN, S.T., 2e-2c p., qu. 81, a. 8.
(2) Concile Vatican II, Perfectae caritatis, 1.
(3) Cf. La déification des justes, Mgr Louis LANEAU. Ad Solem, Genève,
1993.
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Sources : Vie spirituelle - N°199 DÉCEMBRE
2008
-
(E.S.M.)
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15.12.2008 -
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