Benoît XVI se prépare à visiter la
France, s'il plait à Dieu ! |
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Lourdes, le 15 août 2008 -
(E.S.M.)
- Pour les foules qui se sont présentées ici depuis cent
cinquante ans et qui continuent d’y affluer, la grotte de Lourdes est
bien un lieu de manifestation de la miséricorde puissante de Dieu et de
son action en faveur de l’humanité.
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Notre-Dame de Lourdes -
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Benoît XVI se prépare à visiter la France, s'il plait à Dieu !
Le pape Benoît XVI se prépare à visiter la France le mois prochain comme il
l'a annoncé ce midi après la prière de l'
Angélus, la France dont Marie est la Patronne a-t-il souligné. Le
Saint-Père nous a invités à nous "laisser guider par elle dans notre marche
vers son Fils Jésus". "Que ‘celle qui a cru à l’accomplissement des paroles
qui lui furent dites de la part du Seigneur’ vous aide à grandir dans la
foi et vous donne de vivre dans l’espérance !" a ajouté Benoît XVI,
s'adressant aux pèlerins francophones.
Par ailleurs, Monseigneur
Perrier, évêque de Tarbes Lourdes, a déclaré ce matin que les sanctuaires de
Lourdes prévoyaient d'accueillir plus de 200.000 pèlerins lors de la
célébration du Saint Père Benoît XVI le 14 septembre prochain. Pour rappel,
la messe célébrée en 2004 par le pape Jean Paul II avait réuni 240.000
fidèles.
Nous vous communiquons le texte de l'homélie prononcée par
le cardinal André Vingt-Trois, ce matin lors de la célébration de la sainte
Messe de l'Assomption de la Vierge Marie à Lourdes.
Homélie du cardinal André Vingt-Trois, archevêque
de Paris, président de la Conférence des évêques de France
Chers frères et soeurs,
Ici même à Lourdes, en 1858, il y a juste
cent cinquante ans, Bernadette Soubirous, une jeune adolescente, a vu la
Vierge Marie lui apparaître. Cet événement était difficile à croire et il ne
fut pas reconnu facilement. Dans ce siècle, où se développaient déjà à
grande vitesse les sciences positives et leurs applications technologiques,
cette irruption du surnaturel ne pouvait être considérée qu’avec méfiance,
non seulement par les positivistes idéologiques, mais même par les esprits
positifs et raisonnables. Le curé Peyramale lui-même ne fut pas facile à
convaincre.
Mais, d’une certaine
manière, la question de l’irrationalité de l’événement se redouble pour
nous, cent cinquante ans après. Est-il bien raisonnable aujourd’hui
d’accorder quelque crédit à des apparitions, surtout quand elles se font au
bénéfice d’enfants, souvent ignorants ? Ne sommes-nous pas confrontés à une
sorte d’emballement pour le merveilleux qui nous semble peu compatible avec
les exigences rationnelles de nos esprits cultivés et exercés à la critique
?
Finalement, quel sens peut
avoir pour nous la célébration de ce jubilé ? Les apparitions de Lourdes
font partie d’un ensemble particulièrement riche dans la France du XIXe
siècle. Et encore, nous n’en connaissons que les apparitions qui ont été
reconnues par l’Église ou qui ont été plébiscitées par la dévotion des
fidèles. On doit remarquer que ces apparitions comportent des éléments
communs. D’abord, elles sont inattendues – et en tout cas jamais sollicitées
! –, les voyants sont les premiers surpris de ce qui leur arrive. Ensuite,
ces voyants sont habituellement des jeunes, et toujours des pauvres, dont la
culture ne pourrait pas expliquer comment ils auraient imaginé le tableau
qu’ils décrivent ensuite. Enfin, le message des apparitions est très centré
sur la miséricorde de Dieu et sur l’appel à la conversion. À tel point que
ces éléments deviennent comme une sorte de grille de lecture pour savoir
quel crédit accorder aux voyants.
Quoi que l’on pense des récits des voyants, ces apparitions vont se
faire connaître et faire connaître leur valeur par leurs effets, et notre
jubilé est une occasion de réfléchir à ces effets. Non seulement les voyants
vont avoir leur vie transformée profondément et, dans les meilleurs des cas,
dans la discrétion la plus totale comme pour Bernadette, mais encore par les
fruits de grâce qui seront produits par ceux qui suivront les indications du
message avec foi et humilité.
Les dizaines de millions de personnes venues à Lourdes depuis 1858 pour
prier devant la grotte, pour se plonger dans l’eau des piscines, pour adorer
le Saint-Sacrement, ne sont pas une vue de l’esprit. Certes, on aurait pu
imaginer que le côté merveilleux des apparitions attire des curieux ou
quelques exaltés – encore que les moyens d’information et de transport de la
seconde moitié du XIXe siècle fussent loin de faciliter une réelle publicité
telle que nous pouvons la connaître aujourd’hui. Mais la permanence du flux
des pèlerins, la dimension internationale de leur provenance, le
renouvellement des générations, manifestent que nous sommes devant un
phénomène qui dépasse la curiosité et l’engouement pour le merveilleux. Si
sceptique que l’on puisse être, il faut bien accepter d’affronter ce
phénomène humain, cette démarche humaine, que l’on ne peut pas purement et
simplement classer dans le registre du merveilleux et de l’insensé.
Alors que dire ? Quel peut être le sens de ce mouvement profond
qui émerge à Lourdes comme en d’autres endroits du monde ? Que dit-il sur
notre humanité et sur l’action de Dieu envers elle ?
Le sens de ce qui se passe à Lourdes. La vision du Livre de
l’Apocalypse, dont nous venons d’entendre la lecture, nous donne un début de
réponse. La femme couronnée d’étoiles est désignée, par le voyant de
l’Apocalypse, comme celle qui enfante le Messie, « l’enfant mâle, celui qui
sera le berger de toutes les nations ». Cette vision de la mère du Messie
renvoie en premier lieu à Sion, mais la tradition patristique et liturgique
a aussi identifié en cette femme la Vierge Marie, mère du Sauveur. Dans le
drame qui se joue entre la femme qui enfante et le dragon, symbole de Satan
et de l’esprit du mal, c’est le salut de l’humanité qui est figuré et la
victoire de Dieu qui « enlève l’enfant auprès de son trône ». Dans la
période troublée que connaît l’Église naissante, cette victoire est
l’annonce de sa propre victoire puisque, comme la Femme, elle s’enfuit au
désert où Dieu lui a préparé une place.
Si bien que cette vision devient comme une prophétie de la
victoire de la foi sur les forces du mal. Une vision d’espérance et de force
: « Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu et
le pouvoir de son Christ ! » L’apparition de cette Femme mystérieuse est un
signal d’espérance donné à l’humanité. L’avenir des hommes n’est pas voué à
la fatalité et aux forces du mal. Il y a une espérance de vie et de bonheur,
même si cette espérance nous est donnée en notre temps sous la forme d’une
vision.
Mais n’est-ce pas à
juste titre que l’on prend souvent les hommes d’espérance pour des
visionnaires ou des utopistes ? Leurs rêves de bonheur paraissent si loin de
la réalité immédiate des contraintes et des malheurs qui frappent l’humanité
!
Les foules qui se sont
présentées ici depuis cent cinquante ans et qui continuent d’y affluer ne
représentent-elles pas comme une sélection des misères des hommes ? Pour
elles, la grotte de Lourdes est bien un lieu de manifestation de la
miséricorde puissante de Dieu et de son action en faveur de l’humanité. Ici
se produisent des guérisons multiples, dont les constatations du Bureau
médical ne peuvent répertorier qu’une infime partie, précisément celle qui
relève des constatations médicales.
Mais, nous le savons, les guérisons physiologiques sont données ici
comme un signal pour nous alerter sur une guérison plus profonde, qui est la
guérison des âmes. Le grand miracle de Lourdes, c’est avant tout la
conversion des cœurs et le renouvellement de la foi et de la vie de la foi.
Il existe bien un bureau des constatations : c’est la chapelle des
confessions – mais ses constatations ne sont pas publiables. La principale
vertu miraculeuse de l’eau de Lourdes, c’est de nous retremper dans la
vigueur de l’eau de notre baptême et de remettre en action toutes les
forces, les dynamismes de la vie chrétienne.
Dans les évangiles, nous voyons que Jésus ne réalise la guérison
des corps que si la demande qui lui est faite s’enracine dans la foi. Cette
foi peut n’être pas plénière, elle peut être imparfaite, mais du moins
faut-il qu’elle exprime le minimum de confiance nécessaire pour que l’action
de Dieu puisse s’accomplir. De même, celles et ceux qui bénéficient de
l’action salvatrice de Dieu sont ceux qui y viennent avec confiance et
surtout avec un esprit de pauvreté qui les conduit ici pour supplier Dieu.
Si Jésus est venu « pour les malades et les pécheurs », la condition
nécessaire pour l’accueillir est bien que nous ayons conscience de notre
mal-être et de notre péché.
Ainsi, les apparitions dont nous fêtons le jubilé nous remettent devant les
enjeux fondamentaux de l’existence humaine : la vie, la mort, la paix de
l’âme, la réconciliation avec Dieu et avec nous-mêmes, l’espérance de la
victoire du Christ sur les forces de violence et de mort qui traversent ce
monde.
Mais ces apparitions nous
posent une question supplémentaire par rapport à ces grands enjeux : d’où ou
de qui en attendons-nous l’accomplissement ? Finalement, il ne suffit pas de
diagnostiquer les maladies des corps ou des âmes : encore faut-il proposer
un remède, et un remède efficace.
Au long des siècles écoulés, du moins dans notre pays et dans l’Europe
occidentale, l’ingéniosité humaine et les capacités de développement
économique ont permis de surmonter un certain nombre de fléaux dont notre
humanité était affligée. Que ce soit dans le domaine de la nutrition, dans
le domaine des soins, dans le domaine de la culture et même dans le domaine
du gouvernement des sociétés et de la paix, il y a eu et il y a encore des
progrès sensibles et réels. Mais cette incontestable progression rend
d’autant plus troublant le fait que, malgré l’amélioration des conditions de
vie, l’insatisfaction demeure et même, d’une certaine façon, s’accroît.
Comment pouvons-nous interpréter cette concomitance d’un « mieux
vivre » et du « malaise de vivre » ? N’est-elle pas le signe que les formes
de salut dont nous bénéficions sont peut-être authentiques et appréciables,
mais qu’elles laissent de côté la question fondamentale du sens de la vie et
de la plénitude du bonheur ? N’est-ce pas le signe que l’on a trop souvent
et trop facilement confondu les conditions de vie avec le sens de la vie ?
Ce que nous enseigne la vision de l’Apocalypse et ce que nous
rappellent les apparitions de la Vierge, c’est que l’enjeu de la vie humaine
n’est pas simplement la nourriture, la paix, la santé et le bien-être, mais
que l’enjeu, c’est la vie elle-même et sa confrontation à la maladie et à la
mort. Aujourd’hui, de la plupart des maladies, on peut guérir – ou du moins
soulager la souffrance. Mais de la mort on ne guérit pas, c’est notre chemin
à tous, c’est notre commune épreuve. La victoire du Christ sur la mort est
le seul salut qui nous intéresse vraiment, car c’est le seul qui affronte
l’épreuve irrémédiable.
Et de
chemin pour participer à cette victoire du Christ sur la mort, il n’y en a
pas deux, il n’y en a qu’un : c’est la foi. Tous les signes qui nous sont
donnés dans l’ordre des miracles n’ont pas d’autre finalité que de susciter
et développer la foi. C’était le cas des miracles du Christ dans les
évangiles, c’est le cas de tous les miracles produits dans les lieux de
pèlerinage, c’est le cas des miracles de Lourdes et c’est pourquoi
finalement le vrai miracle de Lourdes, c’est la foi qui conduit de pauvres
gens à se tourner vers Dieu par l’intercession de Marie, et c’est le
renouvellement et le renforcement de la foi qu’ils reçoivent ici en se
mettant à l’école de Bernadette.
Frères et Sœurs, Vous qui êtes venus si nombreux célébrer
l’Assomption de Notre-Dame à Lourdes en cette année jubilaire, rendez grâces
à Dieu pour la foi qui vous a conduits ici. Même si vous la sentez faible,
vacillante ou incertaine, appuyez-vous sur elle pour confier à Dieu, par
l’intercession de Notre-Dame, les misères qui vous affligent et qui
affligent ceux que vous représentez ici ; vos misères physiques, vos misères
psychologiques, vos misères morales, mais par-dessus tout votre misère
spirituelle.
Regardez autour de
vous la foule qui vous entoure et qui devient un signe de la foi vécue en ce
jour. Regardez les yeux illuminés des malades qui ont tant attendu la joie
de venir se confier à la prière de Notre-Dame. Regardez les visages apaisés
de ceux qui ont accueilli la grâce du pardon et de la communion. Regardez la
joie de cette partie de l’Église réunie ici ce matin. Avec Élisabeth, nous
disons nous aussi : « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur
vienne jusqu’à moi ? Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des
paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Heureux sommes-nous, car l’apparition de la Vierge à Bernadette,
comme la vision de l’Apocalypse, est un message d’espérance pour chacun de
nous, pour nous tous et, à travers nous, pour l’humanité. Et ce message
d’espérance le voici : la mort n’aura pas le dernier mot !
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Visite du Saint-Père à Paris et Lourdes du 12 au 15 septembre
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Angélus de Benoît XVI en ce 15 août 2008 - 15.08.08
Sources : Lourdes - E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 15.08.2008 -
T/Lourdes |