Ouverture des JMJ à Sydney, homélie
du Cardinal Pell |
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Sydney, le 15 juillet 2008 -
(E.S.M.)
- L'archevêque de Sydney, le Cardinal George Pell, a présidé la
messe d'ouverture des XXIII èmes Journées Mondiales de la Jeunesse, dans
une atmosphère de fête, animée par des danses exécutées par des groupes
d'Aborigènes. Benoît XVI rejoindra les festivités jeudi lors d'une
cérémonie d'accueil sur le port de Sydney.
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Ouverture des JMJ à Sydney, homélie du Cardinal Pell
Mardi 15 juillet, l'archevêque de Sydney, le Cardinal George Pell, a présidé
la messe d'ouverture des XXIIIèmes Journées Mondiales de la Jeunesse, dans
une atmosphère de fête, animée par des danses exécutées par des groupes
d'Aborigènes. Le Cardinal Pell était assisté de 26 cardinaux et 400 évêques
du monde entier.
Plus de 150.000 pèlerins originaires de 170 pays de tous les continents s'étaient rassemblés à cette
occasion sur le quai de Barangaroo, une vaste esplanade donnant sur la baie
de Sydney. Benoît XVI rejoindra les festivités jeudi lors d'une cérémonie
d'accueil sur le port de Sydney.
Après la procession des 168 drapeaux représentant les groupes nationaux
participant au rassemblement, le Premier ministre australien Kevin Rudd a
souhaité la bienvenue aux jeunes.
"Trop souvent, dans l'histoire du monde, quand les jeunes voyagent en grand
nombre dans d'autres régions du monde c'est en raison d'une guerre, mais
vous êtes aujourd'hui des pèlerins de la paix", leur a-t-il dit.
La cérémonie étai cérémonie concélébrée par 26 cardinaux, 400 évêques et
4000 prêtres.
Dans son homélie, le cardinal Pell a insisté, entre autres, sur l'importance
de la prière. Et il a exhorté les jeunes à prendre leurs responsabilités. Le
bonheur - a-t-il dit - s’obtient par le respect de ses engagements et de ses
devoirs, surtout les plus modestes, ceux de tous les jours, pour pouvoir
grandir et affronter les défis les plus exigeants
On attend de 400.000 à 500.000 fidèles à la cérémonie d'accueil de Benoît
XVI, prévue jeudi.
Homélie du Cardinal Pell
Le Christ vient à la rencontre de son troupeau en Australie.
Nous savons tous que le Christ notre Seigneur est souvent décrit comme le
Bon Berger du psaume d’aujourd’hui. Il nous est dit qu’il nous mène vers les
eaux tranquilles, qu’il nous fait revivre et qu’il nous permet de reposer en
paix.
Utilisant un jour cette image, Jésus expliqua qu’un tel berger était prêt à
laisser quatre-vingt-dix-neuf brebis pour partir à la recherche de la
centième égarée.
De nos jours, il existe peu de pays où un berger possède un troupeau de
seulement 20 ou 30 brebis et, en Australie, où les fermes sont vastes et les
troupeaux immenses, le conseil de notre Seigneur n’est pas très pratique. Si
la brebis égarée a de la valeur et est en bonne santé, il est possible que
cela vaille la peine d’aller la chercher. Plus souvent cependant, elle est
abandonnée ou son absence n’est même pas remarquée.
Jésus rappelait que Lui et Son Père ne sont ainsi parce qu’Il connaît
chacune de ses brebis et, comme un bon père, Il part à la recherche de la
brebis égarée qu’il aime, en particulier si elle est malade, qu’elle a des
problèmes ou qu’elle est incapable de s’aider elle-même.
Un peu plus tôt, je vous ai tous souhaité la bienvenue pour cette semaine
des Journées Mondiales de la Jeunesse et je renouvelle maintenant cette
bienvenue. Je ne commence pas cependant par les quatre-vingt-dix neuf brebis
bien portantes, ceux d’entre vous déjà ouverts à l’action de l’Esprit,
peut-être même déjà témoins fidèles de la foi et de la charité. Je commence
par accueillir et encourager tous ceux, où qu’ils soient, qui se considèrent
égarés, en détresse profonde, sans espérance ou même épuisés.
Jeunes et vieux, hommes et femmes, le Christ continue d’appeler ceux qui
souffrent à venir à lui pour être guéris, comme il le fait depuis deux mille
ans. La cause de la blessure est quelque chose de secondaire, qu’il s’agisse
de la drogue ou de l’alcool, des divisions familiales, des désirs de la
chair, de la solitude ou de la mort. Peut-être même de la vacuité du succès.
L’appel du Christ s’adresse à tous ceux qui souffrent, pas seulement aux
catholiques ou aux autres chrétiens, mais en particulier à ceux qui n’ont
pas de religion. Le Christ vous appelle à revenir à la maison c’est-à-dire à
l’amour, à la guérison et à l’aspect communautaire.
La première lecture d’aujourd’hui est tirée du livre d’Ézéchiel qui, avec
Isaïe et Jérémie, est l’un des trois grands prophètes juifs. Beaucoup de
régions d’Australie souffrent encore de la sècheresse. Tous les Australiens
comprennent donc l’image de la vallée d’ossements desséchés et de squelettes
sans chair. Mais cette vision sinistre est offerte avant tout à quiconque et
à tous ceux d’entre vous qui sont tentés de dire « notre espérance est
détruite, nous sommes perdus ».
Ce n’est jamais vrai tant que nous pouvons poser un choix. Tant qu’il y a la
vie, il y a toujours la possibilité d’espérer et, avec l’espérance
chrétienne, viennent la foi et la charité. Jusqu’au bout, nous sommes
toujours capables de choisir et d’agir.
Cette image de la vallée d’ossements desséchés, la plus spectaculaire de
toute la Bible, est donnée lorsque la main de Dieu se posa sur Ézéchiel
pendant la captivité du peuple juif à Babylone, très certainement au début
plutôt qu’à la fin du sixième siècle avant J.C. Pendant environ 150 ans, le
destin politique du peuple juif s’était assombri, principalement au profit
des Assyriens. En 587 avant J.C, survint l’ultime et catastrophique défaite
qui donna lieu à leur envoi en exil. Le peuple juif était désespéré et
impuissant face à sa situation.
C’est le contexte historique dans lequel la vision dramatique d’Ézéchiel où
les morts étaient bien morts, des squelettes blanchis, festin funèbre des
oiseaux prédateurs qui se rassasiaient de leur chair. C’était un immense
champ de bataille d’hommes sans sépulture.
Un Ézéchiel hésitant et réticent fut envoyé par Dieu pour apporter la parole
à ces ossements et, alors qu’il prophétisait, un tremblement de terre
survint et les ossements se rassemblèrent avec grand bruit. Les ligaments se
reconstituèrent entre eux, la chair et la peau se reformèrent autour des
corps.
Une étape manquait cependant encore, et le souffle, ou l’esprit, venu des
quatre coins de la terre emplit les corps « qui revenaient à la vie, se
levèrent en une grande et puissante armée ».
Alors que nous voyons aujourd’hui cette vision comme la préfiguration de la
résurrection des morts, le peuple juif du temps d’Ézéchiel ne croyait pas à
une telle conception de l’au-delà. Pour eux, cette immense armée de juifs
ressuscités représentait tout le peuple juif, ceux venus du royaume du nord
pris à l’Assyrie, ceux restés chez eux et ceux de Babylone. Ils se
réuniraient en un seul peuple sur leurs propres terres et sauraient que
l’unique vrai Dieu était l’auteur de tout cela.
À travers les siècles, nous chrétiens avons utilisé ce passage de la
liturgie au moment de Pâques, particulièrement lors du baptême des
catéchumènes pendant la veillée pascale et c’est, bien sûr, une image
puissante du pouvoir régénérateur du Vrai et Unique Dieu pour cette vie et
pour l’éternité.
La sagesse du monde prétend que les léopards ne changent pas de territoire,
mais nous chrétiens croyons dans le pouvoir de l’esprit à convertir et
transformer les hommes en les éloignant du mal pour les attirer au bien ; en
les éloignant de la peur et de l’incertitude pour les rapprocher de la foi
et de l’espérance.
Les croyants sont encouragés par la vision d’Ézéchiel, car nous connaissons
le pouvoir du pardon de Dieu, cette capacité du Christ et de la tradition
catholique à engendrer une vie nouvelle même dans les circonstances les plus
désespérées.
Nous avons un aperçu de ce même pouvoir dans la vision qu’Ézéchiel nous
offre aujourd’hui, à chacun d’entre vous sans exception. Vous, jeunes
pèlerins, pouvez regarder vers le futur qui se présente à vous, ce futur si
riche de promesses. La parabole de l’Évangile du semeur et de la semence
vous rappelle la formidable opportunité qui vous est offerte d’embrasser
votre vocation et de produire une moisson abondante, une récolte au
centuple.
Mathieu, Marc et Luc situent tous les trois cette parabole du semeur au
début de leur recueil des paraboles de Jésus. Elle explique certaines des
vérités fondamentales sur les défis posés aux disciples
chrétiens et énumère les obstacles à une vie chrétienne qui porte du fruit.
La fidélité n’est pas innée ou inévitable.
Un détail rend cette parabole plus plausible, car il semble que les juifs au
temps de Notre Seigneur ne labouraient pas la terre avant d’ensemencer.
Ainsi nous comprenons mieux que le grain puisse tomber ailleurs que dans les
sillons.
Sommes-nous parmi ceux dont la foi a déjà été enlevée par le diable, comme
le traduit l’explication donnée par Notre Seigneur à l’image des oiseaux du
ciel mangeant le grain ? Personne ici n’aimerait faire partie de cette
catégorie. Certains sont peut-être comme le grain tombé dans les pierres qui
ne peut pas s’enraciner.
Ceux qui sont dans cette deuxième catégorie s’efforcent de prendre un
nouveau départ dans leur vie spirituelle, ou tout au moins d’examiner la
possibilité de le faire. Mais la plupart d’entre nous se trouvent dans la
troisième et la quatrième catégories : le grain est tombé dans de la bonne
terre, a poussé et a porté du fruit. Toutefois nous sommes en danger d’être
étranglés par les soucis de la vie. Nous tous, même ceux qui ne sont plus de
la première jeunesse, devons prier pour obtenir sagesse et persévérance.
Je n’ai aucune difficulté à croire que Notre Seigneur a expliqué clairement
la signification de cette parabole à ses disciples les plus proches et que
ceux-ci lui demandaient régulièrement de leur redonner des explications.
Mais la réponse du Seigneur est déconcertante ; il répartit ces disciples en
deux groupes : ceux auxquels le mystère du Royaume a été révélé et ceux pour
lesquels les paraboles resteront toujours des paraboles. Ce second groupe
est décrit dans des mots du prophète Isaïe comme ceux qui ont beau regarder
mais ne voient pas, qui ont beau entendre mais ne comprennent pas. Le
contexte de cette parabole est la stupéfaction des disciples de Notre
Seigneur au nombre important de ceux qui n’ont pas accepté son enseignement.
Pourquoi en est-il encore ainsi ? Que devons-nous faire pour être au nombre
de ceux à qui les mystères du Royaume ont été révélés ?
L’appel du Vrai Dieu unique demeure mystérieux, en particulier de nos jours
où tant de bonnes personnes ont du mal à croire. Même aux temps des
prophètes beaucoup de ceux qui les écoutaient demeurèrent spirituellement
sourds et aveugles, tandis que beaucoup à travers les âges ont admiré la
beauté de l’enseignement de Jésus, mais n’ont jamais été poussés à répondre
à son appel.
Notre tâche est d’être ouvert à la puissance de l’Esprit, de permettre à
Dieu d’agir en nous. La motivation humaine est complexe et mystérieuse. En
effet, certains catholiques et autres chrétiens très croyants sont parfois
dévots et agissent avec bonté mais sont déterminés à ne pas faire un pas de
plus. D’autre part, certains disciples de Christ peuvent être beaucoup moins
zélés et fidèles, mais plus enclins à devenir meilleurs parce qu’ils
comprennent leur pauvreté et leur ignorance. Et vous, où vous situez-vous ?
Quelle que soit notre situation, nous devons prier pour avoir un cœur
ouvert, pour avoir la volonté de faire un pas de plus, même si nous nous
avons peur de nous aventurer un peu plus loin. Si nous prenons la main que
Dieu nous tend, Il fera le reste. La confiance est la clé. Dieu nous ne
décevra pas.
Comment pouvons-nous faire pour éviter de passer de la dernière et meilleure
catégorie de ceux qui portent du fruit à ceux “qui sont étranglés par les
soucis, la richesse et les plaisirs de la vie” et ainsi ne produisent pas de
fruit ?
La seconde lecture de la lettre de St Paul aux Galates nous montre la bonne
direction, nous rappelant tous que chacun doit prendre position dans la
lutte séculaire entre le bien et le mal, entre ce que Paul appelle la chair
et l’Esprit. Ce n’est pas suffisant d’être seulement un passager, d’essayer
de vivre en zone neutre entre les parties qui s’affrontent. La vie nous
force à choisir et finit par détruire la possibilité de neutralité.
Nous donnerons de bons fruits en apprenant le langage de la Croix et en
l’inscrivant dans nos cœurs. Le langage de la Croix nous apporte les fruits
de l’Esprit qui sont énumérés par Paul , nous permettant d’être habités de
la paix et de la joie, et d’être gentils et généreux envers notre prochain.
Suivre le Christ a un coût, n’est pas toujours facile, car cela requiert de
combattre ce qui St Paul appelle « la chair », notre ego implacable, notre
bon vieil égoïsme. C’est toujours un combat, même pour un senior comme moi !
Ne vivez pas votre vie sans prendre position, mais posez des choix car
seulement l’engagement apporte la plénitude. Nous parvenons au bonheur en
répondant à nos obligations, en faisant notre devoir, en particulier en nous
engageant dans les petites choses régulièrement afin de relever les défis
plus grands. Beaucoup ont trouvé l’appel de leur vie aux Journées Mondiales
de la Jeunesse.
Etre un disciple de Jésus requiert de la discipline, en particulier de
l’autodiscipline, ce que Paul nomme la maitrise de soi. La pratique de la
maîtrise de soi ne fera pas de vous une personne parfaite (cela n’est pas
mon cas), mais la maîtrise de soi est nécessaire pour faire grandir et
protéger l’amour dans nos cœurs et empêcher que les autres, spécialement nos
familles et nos amis, soient blessés par nos écarts dans la méchanceté ou la
paresse.
Je prie que, par la puissance de l’Esprit, chacun d’entre vous se joigne à
cette immense armée de saints, guéris et nés à la vie, qui a été révélée à
Ézéchiel, a enrichi l’histoire humaine pour des générations innombrables et
qui est récompensée dans l’autre vie.
Permettez-moi de conclure en adaptant l’un des plus puissants sermons de St
Augustin, le plus brillant théologien du premier millénaire et évêque, il y
a 1600 ans, de la petite ville d’Hippone en Afrique du Nord.
Je pense que dans les cinq prochains jours de prière et de célébration, vos
esprits seront élevés, comme c’est toujours le cas pour moi, dans
l’enthousiasme de ces Journées Mondiales de la Jeunesse. Si Dieu le veut,
nous serons tous heureux d’y avoir participé, en dépit du coût, des
difficultés et de la distance parcourue.
Pendant cette semaine, nous avons toutes les raisons de nous réjouir et de
célébrer notre libération et le renouvellement de notre foi. Nous sommes
appelés à ouvrir nos cœurs à la force de l’Esprit. À vous les plus jeunes,
je vous donne un petit conseil : dans l’enthousiasme et l’excitation
n’oubliez pas d’écouter et de prier!
Beaucoup d’entre vous ont fait tant de chemin que vous pensez peut-être être
arrivés aux extrémités de la terre ! Si c’est le cas, tant mieux, car notre
Seigneur a dit aux apôtres qu’ils seraient ses témoins à Jérusalem et
jusqu’aux extrémités de la terre. Cette prophétie s’est réalisée dans le
témoignage apporté par de nombreux missionnaires dans ce vaste continent
austral et elle se réalise à nouveau par votre présence ici.
Ces journées vont passer trop vite et la semaine prochaine nous
redescendrons sur terre. Pendant un temps, certains d’entre vous trouveront
morose et décevant le monde réel de la famille et de la paroisse, du travail
et des études.
Bientôt, trop vite, vous serez partis. Pour un court temps, nous sommes ici
à Sydney au centre du monde catholique mais, la semaine prochaine, le
Saint-Père rentrera à Rome, nous habitants de Sydney retourneront dans notre
paroisse tandis que vous, pèlerins du monde, rentrerez chez vous dans des
régions proches ou lointaines.
Autrement dit, la semaine prochaine, nous nous dirons au revoir. Mais
lorsque nous nous quitterons après ces jours heureux, ne nous séparons pas
de notre Dieu aimant et de son Fils Jésus Christ. Que Marie, Mère de Dieu,
que nous invoquons pendant ces Journées Mondiales de la Jeunesse sous le
titre de Notre Dame de la Croix du Sud, nous fortifie dans cette résolution.
Je prie donc. Viens, viens ô Souffle de Dieu, des quatre vents, de toutes
les nations et peuples de la terre et répands tes bénédictions sur cette
grande terre australe de l’Esprit Saint.
Donne-nous la force également d’être une nouvelle magnifique et immense
armée d’humbles serviteurs et de fidèles témoins.
Nous adressons cette prière à Dieu notre Père au nom du Christ, Son Fils.
Amen. Amen.
George Cardinal Pell
Archevêque de Sydney
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Sources : www.vatican.va -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 15.07.2008 -
JMJ |