Benoît XVI avec la finesse du
théologien et la fermeté douce du professeur |
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Rome, le 15 juillet 2007 -
(E.S.M.) - Face à
l’ivresse d’un XXIe siècle entrant dans sa carrière sous les auspices
d’un nouveau scientisme, face aux attaques d’un fanatisme islamiste
faisant de la violence le lieu de l’accomplissement religieux, voilà
qu’un Benoît XVI incarne, au nom du Christ, la raison spirituelle.
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La
barque de Pierre, insubmersible sur l’océan, attire tout le monde parce que
Jésus est dedans. -
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Benoît XVI avec la finesse du théologien et la fermeté douce du professeur
« Le pape, combien de divisions ? » disait bêtement Joseph Staline, laissant
clairement entendre qu’il ne redoutait en rien l’influence que pouvait avoir
l’Église catholique qui avait condamné les totalitarismes de son siècle. Et
pourtant... le nazisme et l’URSS ont disparu, l’Église catholique demeure,
seule puissance internationale, à la fois dans le monde sans être de ce
monde, capable à la fois de donner un message d’espoir à l’homme de notre
temps et de mobiliser des millions de jeunes sur tous les continents pour
entendre son enseignement.
Quel charivari, en vingt ans, sur la scène mondiale ! Chute du Mur de Berlin
en 1989, implosion de l’URSS deux ans plus tard, fin de la bipolarisation de
la guerre froide, recomposition de l’Europe, émergence de grandes puissances
comme la Chine, l’Inde, le Brésil. Puis, au tournant de l’an 2000,
développement prodigieux, via Internet et la téléphonie mobile, d’une
communication sans frontières, et, sur le terrain politique, percée
violente, avec les attentats du 11 septembre 2001 à New York, d’un islamisme
de combat utilisant précisément l’explosion de l’image et le rétrécissement
des distances pour créer un choc à l’échelle planétaire.
Et l’Église, dans ce tohu-bohu ?
L’Église croit et espère. Rien, dans les
problématiques qui l’assaillent, ne ressemble aux questions des années 70.
Mais, forte de son expérience, l’Église ne manque pas de raisons -
légitimes, étayées par l’Histoire, éclairées par la Foi - d’avoir confiance
en l’avenir.
Prenez le concile Vatican II. Pour la première fois lors d’un concile
œcuménique, ce sont les évêques de cinq continents qui se pressent au
rendez-vous. En plein marxisme triomphant, l’Église, comme si elle
pressentait la mondialisation qui s’annonce, ouvre portes et fenêtres pour
clamer l’Évangile aux nations.
Un bloc de prière et de foi
Certains diront que les courants d’air ont alors emporté les vitres. Avec le
recul, constatons que ni le vent glacé du communisme ni les tourbillons de
Mai 68 soufflant sur l’après Concile n’ont empêché - au contraire ! Ils
semblent l’avoir suscité - le surgissement d’un Jean-Paul II, ce bloc de
prière et de Foi qui fit trembler l’empire soviétique et entraîna, sur les
chemins de conversion des
JMJ, des centaines de milliers de « jeunes hommes riches » qui
n’attendaient qu’un signe pour le suivre.
L’histoire nous apprend qu’après chaque concile l’Église connut des
déchirements, des turbulences, des anathèmes. Sans remonter aux querelles
byzantines du premier millénaire chrétien, il n’est qu’à évoquer Vatican I,
à la fin du XIXe siècle. A chaque fois, pourtant, la barque de Pierre est
repartie parmi les vagues, plus forte, plus hardie, aguerrie.
La délicatesse de la Providence
Il en est de même aujourd’hui. Succédant à Jean-Paul
II, Benoît XVI parachève, avec la finesse du théologien et la fermeté douce
du professeur, la mise en ordre et l’approfondissement des repères de la
Foi. Mesurons la délicatesse de la Providence : en réponse à un XXe
siècle dominé par l’hypertrophie d’une raison devenue folle au point
d’enfanter les totalitarismes rouge et brun, voilà qu’un Jean-Paul II
incarne, au nom du Christ, la raison politique. Face à l’ivresse d’un XXIe
siècle entrant dans sa carrière sous les auspices d’un nouveau scientisme
(notamment dans le domaine de la biologie), face aux attaques d’un fanatisme
islamiste faisant de la violence le lieu de l’accomplissement religieux,
voilà qu’un Benoît XVI incarne, au nom du Christ, la raison spirituelle.
L’Église, avec Vatican II, voulait s’ouvrir au monde ?
Quarante ans plus tard, constatons qu’elle sait parler à ce monde avec les
mots justes et forts qui font mouche et rendent l’espérance aux hommes.
Elle le fait dans un contexte religieux qui a lui-même profondément changé.
Durant des siècles, civilisations et religions étaient étroitement liées,
voire confondues. Occident chrétien, Extrême-Orient hindouiste et
bouddhiste, terres conquises par l’islam du Maghreb à l’Indonésie à partir
du VIIe siècle, animisme africain...etc. Certes, dès ses premiers martyrs,
le christianisme, répondant à l’appel de son Seigneur : « Allez, enseignez
toutes les nations... », s’est voulu missionnaire. La puissance de l’amour
étant ce qu’elle est, et les hommes, sous tous les cieux, ayant le goût de
l’espérance, il y eut dans l’histoire de grands moments d’évangélisation. La
procession d’ouverture de Vatican II, avec sa foule bariolée d’évêque, en a
donné plusieurs siècles plus tard une émouvante image en retour.
Il reste que l’Occident chrétien, fait de main d’hommes, n’a pas échappé aux
tentations du pouvoir, du savoir et des richesses. Au temps des caravelles,
l’heure de Dieu sur le Nouveau Monde n’a pas été seulement l’heure de Dieu.
Et l’on sait que les colonisations des XIXe et XXe siècles, de même
d’ailleurs que les décolonisations qui ont suivi, n’ont pas toujours
respecté la logique de l’Évangile. L’Occident chrétien, au cœur même de sa
force matérielle, a pu faire l’expérience de sa faiblesse spirituelle : le «
vieil homme » ne cesse de ressurgir en soi, alors même qu’on souhaite
témoigner de « l’homme nouveau » jusqu’aux confins de la terre !
L’Église possède les réponses aux questions du
temps présent
D’où le grand intérêt de notre situation présente, et la confiance nouvelle
qu’elle doit faire naître au coeur des chrétiens. Oui, la communication
mondialisée, la perméabilité des frontières, l’interpénétration des cultures
ont engendré un changement de paradigme religieux. Nous ne sommes plus dans
la situation de mondes fermés où nous aurions à introduire le ferment de
l’Évangile, en étant nous-mêmes protégés sur nos bases. Le pluralisme
religieux est un fait, lié aux échanges internationaux et à l’émergence, sur
la scène planétaire, de pôles de civilisation qui ont, à leur tour, l’esprit
conquérant. Mais le Christ, lui, n’a pas changé.
Et son Église prouve, par le geste comme par le verbe,
que l’Esprit persiste à lui inspirer les bonnes réponses au bon moment.
Ainsi ‘Pierre’ a-t-il rapidement montré, face à ce pluralisme religieux,
qu’il tenait fermement les clés confiées par Jésus à sa sagacité. La réunion
tenue à Assise, en 1986, aura fait grincer bien des dents parmi les «
serviteurs fidèles ». Et pourtant. Qui d’autre que le pape de Rome aurait eu
l’autorité - spontanément reconnue par tous les chefs religieux du monde,
présents à Assise - de convier les autres à cette démarche de prière,
d’amour et de paix ? D’où venait cette autorité naturelle ? Ne tirait-elle
pas sa force du fait que, pour tout chrétien, la Vérité est une personne ?
Le Christ, vrai Dieu et vrai homme, aimant tous les hommes et respectant
infiniment la liberté de leur esprit et de leur cœur, n’exerce-t-il pas un
invincible attrait ? Le monde moderne est comme une mer où voguent des
religions diverses. Personne ne veut plus de vaisseau-amiral.
Mais la barque de Pierre, insubmersible sur l’océan,
attire tout le monde parce que Jésus est dedans. N’oublions pas que
ce n’est jamais la gloriole et la domination qui convertissent, mais
l’abaissement, l’abandon et l’amour plus fort que la mort. Remercions Dieu
de ce pluralisme ambiant qui nous ramène à l’essentiel !
Nos points forts
Et sachons discerner nos vrais points forts. J’en citerai deux. Face à
l’islam, d’abord. Le bloc politico-religieux que l’islam représente appelle
certes un traitement politique de la question, pour sauver la cohérence de
nos sociétés. Ce n’est pas le sujet d’en parler ici, sauf pour dire qu’au
bout du compte, en raison même de son absence de distinction entre le
spirituel et le temporel, l’islam politique tire toute sa force du
religieux. Eh bien, croit-on que dans le monde où nous vivons, où l’on ne
conquiert durablement que les peuples que l’on convainc, le message brûlant
du Christ, la folie de la Croix, la merveille de l’Eucharistie, l’amour
inconditionnel des pauvres et des petits, le témoignage de tant de saints et
de martyrs ne peuvent pas bouleverser des cœurs musulmans ? Souvenons-nous
de l’émotion soulevée, chez nombre d’entre eux, par les martyrs de
Tibbirhine et la beauté du testament du P. de Chergé.
Soyons des chrétiens passionnés et fidèles, et le reste viendra par surcroît.
Le second point concerne la maîtrise de la vie. Inconscient de la grâce
d’avoir été créé « à l’image et ressemblance de Dieu », l’homme moderne rêve
de façonner un homme à l’image de l’homme. Les perspectives de la biologie à
l’orée du XXIe siècle - manipulations d’embryons, clonage...etc - viennent
rajeunir la tentation de Prométhée. Elles montrent que la vieille suggestion
du Tentateur de la Genèse : « Vous serez comme des dieux » garde son pouvoir
de fascination. Rien ne prouve toutefois que cette fascination aura le
dernier mot. Au contraire.
Par sa défense inconditionnelle de l’être humain, l’Église apparaît en
effet, à un nombre croissant de nos contemporains déboussolés, comme le
rempart de leur espérance. Ils ne croient pas forcément au Ciel. Mais ils
constatent que sur le respect de la terre et de la vie, sur « l’écologie
humaine » comme sur le développement durable, le sens de la Création - belle
en son origine et restaurée dans sa beauté première par le sacrifice de la
Croix -, inspire aux chrétiens les solutions de sagesse et de vraie dignité.
De là à remonter jusqu’à la source divine de ces intuitions, il n’y aura
peut-être un jour qu’un pas.
Car la ferveur s’empare du vieil Occident. Les gens attentifs notent que les
‘communautés nouvelles’, malgré les turbulences inévitables de leur
jeunesse, s’installent durablement dans le paysage chrétien, et qu’elles
sont spontanément ‘en phase’ avec les modes de communication de notre temps.
Les mêmes gens attentifs voient les églises se remplir à nouveau, les
pèlerinages refleurir partout, les vocations de prêtres s’affirmer, les
monastères attirer des grappes de fidèles sans cesse plus compactes à leurs
offices. Est-ce si étonnant ? « On ne comprend absolument rien à la
civilisation moderne, écrivait Bernanos dans La France contre les robots, si
l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre
toute espèce de vie intérieure ». La conspiration, depuis cette remarque, a
accompli des pas de géants. Mais la soif spirituelle de l’être humain n’a
pas changé. Et le Christ est toujours là, qui dit à chacun : « Viens,
suis-Moi ». Et notre pape à nous, notre pape contemporain Benoît XVI, n’a
pas peur de co-signer, avec son double Ratzinger, son propre témoignage sur
Jésus de Nazareth, qu’on trouve jusque dans les halls de gare.
Quelle époque passionnante !
Extrait du
Permanences n°442. La revue du laïc catholique !
Sources:
Permanences -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 15.07.2007 - BENOÎT XVI -
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