Le pain des anges commenté par Benoît XVI |
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Rome, le 15 Juin 2007 -
(E.S.M.) -
Le voici, le pain des anges, / il est le pain de l'homme en route, / le
vrai pain des enfants de Dieu", s'exclame le pape Benoît XVI. Et par la
grâce du Seigneur, nous sommes ses enfants.
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La
bénédiction du Saint-Sacrement -
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Le pain des anges commenté par le Saint-Père Benoît XVI
Messe et procession Eucharistique à la Basilique de
sainte Marie Majeure en la Solennité de la Fête du Corpus Domini
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
Chers frères et sœurs!
Il y a quelques instants, nous avons chanté dans la Séquence: "Dogma
datur christianis / quod in carnem transit panis / et vinum in sanguinem
- C'est un dogme pour les chrétiens: / que le pain se change en son corps, /
que le vin devient son sang". Aujourd'hui, nous réaffirmons avec une grande
joie notre foi dans l'Eucharistie, le Mystère qui constitue le cœur de
l'Église. Dans la récente Exhortation post-synodale
Sacramentum Caritatis, j'ai rappelé que le Mystère
eucharistique "est le don que Jésus Christ fait de lui-même, nous révélant
l'amour infini de Dieu pour tout homme"
(n. 1). C'est pourquoi la fête du Corpus Domini est une fête
particulière et constitue un rendez-vous de foi et de louange pour chaque
communauté chrétienne. C'est une fête qui a trouvé son origine dans un
contexte historique et culturel précis: elle est née dans le but bien
précis, indique Benoît XVI, de réaffirmer ouvertement
la foi du Peuple de Dieu en Jésus Christ vivant et réellement présent
dans le Très Saint Sacrement de l'Eucharistie. C'est une fête
instituée pour adorer, louer et rendre grâce publiquement au Seigneur, qui
"continue de nous aimer "jusqu'au bout", jusqu'au don de son corps et de son
sang" (Sacramentum Caritatis,
n. 1).
La célébration eucharistique de ce soir nous reconduit à l'atmosphère
spirituelle du Jeudi Saint, le jour où le Christ, la veille de sa Passion,
institua la Très Sainte Eucharistie au Cénacle. Le Corpus Domini
constitue ainsi une reprise du mystère du Jeudi Saint, presque en obéissance
à l'invitation de Jésus de "proclamer sur les toits" ce qu'Il nous a dit
dans le creux de l'oreille (cf. Mt 10, 27).
Les Apôtres reçurent le don de l'Eucharistie du Seigneur dans l'intimité de
la Dernière Cène, mais il était destiné à tous, au monde entier. Voilà
pourquoi il doit être proclamé et exposé ouvertement, afin que chacun puisse
rencontrer "Jésus qui passe", comme cela avait lieu sur les route de
Galilée, de Samarie et de Judée; afin que chacun, en le recevant, puisse
être guéri et renouvelé par la force de son amour. Chers amis, tel est
l'héritage perpétuel et vivant que Jésus nous a laissé dans le Sacrement de
son Corps et de son Sang. Un héritage qui demande d'être constamment
repensé, revécu, afin que, comme le dit le vénéré Paul VI, il puisse
"imprimer son efficacité sans limites sur tous les jours de notre vie
mortelle" (Audience générale du 24 mai
1967, Insegnamenti, V [1967], p. 779).
Toujours dans l'Exhortation post-synodale, en commentant l'exclamation du
prêtre après la consécration: "Il est grand le mystère de la foi!",
j'observais: à travers ces paroles, il "proclame le mystère qui est célébré
et il manifeste son émerveillement devant la conversion substantielle du
pain et du vin en corps et en sang du Seigneur Jésus, réalité qui dépasse
toute compréhension humaine" (n. 6).
Précisément parce qu'il s'agit d'une réalité mystérieuse qui dépasse notre
compréhension, nous ne devons pas nous étonner si, aujourd'hui encore, de
nombreuses personnes ont du mal à accepter la présence réelle du Christ dans
l'Eucharistie. Il ne peut en être autrement. Il en fut ainsi depuis le jour
où, dans la synagogue de Capharnaüm, Jésus déclara publiquement être venu
pour nous donner en nourriture sa chair et son sang
(cf. Jn 6, 26-58). Ce langage
apparut "dur" et de nombreuses personnes se retirèrent. A l'époque, comme
aujourd'hui, l'Eucharistie demeure "un signe de contradiction" et ne peut
manquer de l'être, car un Dieu qui se fait chair et se sacrifie pour la vie
du monde met en crise la sagesse des hommes. Mais avec une humble confiance,
l'Église fait sienne la foi de Pierre et des autres Apôtres, et proclame
avec eux, tout comme nous proclamons: "Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as
les paroles de la vie éternelle" (Jn 6,
68). Renouvelons nous aussi ce soir la
profession de foi dans le Christ vivant et présent dans l'Eucharistie.
Oui, "c'est un dogme pour les chrétiens, / que
le pain se change en son corps / que le vin devient son sang".
A son point culminant, la Séquence, nous a fait chanter: "Ecce panis
angelorum, / Factus cibus viatorum: / vere panis filiorum -
Le voici, le pain des anges, / il est le pain de
l'homme en route, / le vrai pain des enfants de Dieu". Et par la grâce du
Seigneur, nous sommes ses enfants. L'Eucharistie est la nourriture
réservée à ceux qui, dans le Baptême, ont été libérés de l'esclavage et sont
devenus ses enfants; c'est la nourriture qui les soutient sur le long chemin
de l'exode à travers le désert de l'existence humaine. Comme la manne pour
le peuple d'Israël, ainsi, pour chaque génération chrétienne, l'Eucharistie
est la nourriture indispensable qui la soutient tandis qu'elle traverse le
désert de ce monde, asséché par les systèmes idéologiques et économiques qui
ne promeuvent pas la vie, mais lui portent atteinte; un monde où domine la
logique du pouvoir et de l'avoir plutôt que celle du service et de l'amour;
un monde où triomphe souvent la culture de la violence et de la mort. Mais
Jésus vient à notre rencontre et nous confère la certitude: Lui-même est "le
pain de la vie" (Jn 6, 35.48).
Il nous l'a répété dans les paroles du Chant à l'Évangile: "Je
suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais"
(Jn 6, 52).
Dans le passage évangélique que nous venons de proclamer, poursuit le pape
Benoît XVI, saint Luc, nous rapportant le miracle de la multiplication des
cinq pains et des deux poissons avec lesquels Jésus nourrit la foule "dans
un endroit désert", conclut en disant: "Ils mangèrent et furent tous
rassasiés" (cf. Lc 9, 11b-17).
Je voudrais souligner en premier lieu ce "tous". Le désir du Seigneur est,
en effet, que chaque être humain se nourrisse de l'Eucharistie, car
l'Eucharistie est pour tous. Si, dans le Jeudi Saint, est souligné la
relation étroite qui existe entre la Dernière Cène et le mystère de la mort
de Jésus sur la croix, aujourd'hui fête du Corpus Domini, avec la
procession et l'adoration commune de l'Eucharistie, l'attention est attirée
sur le fait que le Christ s'est immolé pour l'humanité tout entière. Son
passage entre les maisons et dans les rues de notre ville sera pour ceux qui
y habitent un don de joie, de vie immortelle, de paix et d'amour.
Dans le passage évangélique, un second élément saute aux yeux: le miracle
accompli par le Seigneur contient une invitation explicite à offrir à chacun
sa propre contribution. Les deux poissons et les cinq pains indiquent notre
contribution pauvre mais nécessaire, qu'Il transforme en don d'amour pour
tous. "Le Christ, encore aujourd'hui, - ai-je écrit dans l'Exhortation
post-synodale mentionnée - continue à exhorter ses disciples à s'engager
personnellement" (n. 88).
L'Eucharistie est donc un appel à la sainteté et au don de soi à nos frères,
car "la vocation de chacun de nous consiste véritablement à être, avec
Jésus, pain rompu pour la vie du monde" (ibid.).
Notre Rédempteur nous adresse cette invitation en particulier à nous, chers
frères et sœurs de Rome, réunis sur cette Place historique autour de
l'Eucharistie: je vous salue tous avec affection. Mon salut s'adresse avant
tout au Cardinal-Vicaire et aux Évêques auxiliaires, aux autres vénérés
Frères Cardinaux et Évêques, ainsi qu'aux nombreux prêtres et diacres, aux
religieux et aux religieuses, et aux nombreux fidèles laïcs. Au terme de la
Célébration eucharistique, nous nous rassemblerons en procession, comme pour
porter idéalement le Seigneur Jésus à travers toutes les rues et les
quartiers de Rome. Nous le plongerons, pour ainsi dire, dans le quotidien de
notre vie, afin qu'Il marche où nous marchons, afin qu'Il vive où nous
vivons. Nous savons, en effet, comme nous l'a rappelé l'Apôtre Paul dans la
Lettre aux Corinthiens, que dans toute Eucharistie, également dans celle de
ce soir, nous "annonçons la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne"
(cf. 1 Co 11, 26). Nous marchons
sur les routes du monde en sachant qu'Il est à nos côtés, soutenus par
l'espérance de pouvoir un jour le voir à visage découvert dans la rencontre
définitive.
En attendant, conclut le Saint-Père Benoît XVI, dès à présent, nous écoutons
sa voix qui répète, comme nous le lisons dans le Livre de l'Apocalypse: "Voici,
je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu'un entend ma voix et ouvre la
porte, j'entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi"
(Ap 3, 20). La fête du Corpus
Domini veut rendre perceptible, en dépit de notre surdité intérieure, le
Seigneur qui frappe à notre porte. Jésus frappe à la porte de notre cœur et
nous demande d'entrer non seulement l'espace d'un jour, mais pour toujours.
Nous l'accueillons avec joie, en élevant vers Lui l'invocation commune de la
Liturgie: "O bon Pasteur, notre vrai pain, / ô Jésus, aie pitié de nous,
[...] Toi qui sais tout et peux tout / toi qui sur terre nous nourris,
conduis-nous au banquet du ciel / en compagnie de tes saints". Amen!
Benoît XVI réaffirme la foi dans la présence réelle
eucharistique : ►
Benoît XVI
Synthèse de
l'homélie prononcée par Benoît XVI ce soir: ►
"L'Eucharistie est la nourriture du chrétien
au milieu du "désert"
Benoît XVI préside la Messe du Corpus Christi
: ►
Benoît XVI
Les photos de l'évènement :
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C'est ici
Sources:
www.vatican.va
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E.S.M.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana - 07.06.07
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 15.06.2007 -
BENOÎT XVI |