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19 Avril 2005
 

Théologie. Comment se défendre contre les contrefaçons 

Le 14 décembre 2012 - (E.S.M.) - L'une d’elles, a déclaré Benoît XVI, est l'utilisation de l'opinion publique contre le magistère de l'Église. Une autre est le préjugé selon lequel la foi en Dieu est génératrice de violence. La leçon du pape théologien aux théologiens.

Le pape Benoît XVI

Théologie. Comment se défendre contre les contrefaçons

par Sandro Magister

Le 14 décembre 2012 - E. S. M. - La semaine dernière, lors de sa session plénière annuelle, la commission théologique internationale a accompli un geste sortant de l’ordinaire.

Le 6 décembre, les trente théologiens qui la composent, ainsi que leur président Gerhard L. Müller, cardinal préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, se sont rendus en pèlerinage à la basilique papale Sainte-Marie-Majeure.

La commission avait annoncé ce geste et en avait expliqué le sens dans un précédent message qui a été diffusé au milieu du mois d’octobre :

"Confier son travail, ainsi que celui de tous les théologiens catholiques, à la Vierge fidèle, proclamée 'bienheureuse parce qu’elle a cru' (Lc 1, 45), modèle des croyants et rempart de la vraie foi".

Mais le thème central du message – "la théologie n’existe qu’en relation avec le don de la foi" – sortait lui aussi de l’ordinaire :

Il sortait de l’ordinaire parce que la mode courante – extérieure à l’Église mais présente même en son sein – attribue à la théologie et à la qualité de théologien une signification sans lien avec la foi, correspondant uniquement à la connaissance "scientifique" de la religion.

Il s’agit là d’une mode qui ne reconnaît pas de statut académique à la théologie et qui tend à la chasser des universités, en la remplaçant par des disciplines de sciences religieuses. C’est une mode contre laquelle Benoît XVI se bat inlassablement, depuis le mémorable discours qu’il prononça, le 12 septembre 2005, à l'université de Ratisbonne.

En effet, lorsqu’il a reçu les théologiens de la commission (photo), le 7 décembre, jour de la fête de saint Ambroise, le pape Joseph Ratzinger n’a pas laissé passer cette occasion de rappeler ce qu’il considère comme le "code génétique de la théologie catholique, c’est-à-dire les principes qui définissent son identité même".

C’est à cette même question capitale que la commission théologique internationale a consacré son dernier document, intitulé : "La théologie aujourd’hui. Perspectives, principes et critères".

Mais plutôt que sur ce thème général – qu’il a déjà développé en d’autres occasions – Benoît XVI a voulu s’arrêter sur deux sujets de discussion précis, qui avaient été examinés l’un et l’autre par la commission théologique au cours de sa session plénière.

Le premier est le "sensus fidelium", c’est-à-dire le consensus universel qui se réalise dans le peuple chrétien sur des questions de foi et de morale.

On rencontre – a déploré le pape – un grand nombre de "contrefaçons" de ce consensus, en particulier lorsque celui-ci est assimilé à une présumée "opinion publique ecclésiale" qui est mise en avant "pour contester les enseignements du magistère".

Le second "préjugé" auquel Benoît XVI s’est attaqué est celui qui considère que les religions monothéistes "seraient intrinsèquement porteuses de violence" en raison de leur prétention de détenir la vérité et que, par conséquent, seul le "polythéisme des valeurs" garantirait la tolérance et la paix civile.

On peut lire ci-dessous le texte intégral du discours adressé par Benoît XVI, le 7 décembre, à la commission théologique internationale, avec les réponses qu’il a données à chacune de ces deux questions.

Un discours qui est passé presque inaperçu, mais qui exprime très bien la sensibilité de ce pape théologien.

POUR DÉFENDRE LA FOI DES SIMPLES

Par Benoît XVI


Vénérés frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce, illustres professeurs et chers collaborateurs,

C’est avec une grande joie que je vous accueille au terme des travaux de votre session plénière annuelle. Je salue de tout cœur votre nouveau président, Mgr Gerhard Ludwig Müller, que je remercie pour les propos qu’il m’a adressés en votre nom à tous, ainsi que votre nouveau secrétaire général, le père Serge-Thomas Bonino.

Votre session plénière s’est déroulée dans le contexte de l’Année de la foi et je suis profondément heureux que la commission théologique internationale ait voulu manifester son adhésion à cet événement ecclésial en effectuant à la basilique papale Sainte-Marie-Majeure un pèlerinage ayant pour but de confier les travaux de votre commission à la Vierge Marie, "præsidium fidei", et de prier pour tous ceux qui, "in medio Ecclesiæ", s’attachent à faire fructifier l’intelligence de la foi au profit et pour la joie spirituelle de tous les croyants. Je vous remercie de ce geste extraordinaire.

Je voudrais vous dire que j’ai apprécié le message que vous avez rédigé à l’occasion de cette Année de la foi. Il montre bien de quelle manière spécifique les théologiens, en servant fidèlement la vérité de la foi, peuvent participer à l’élan évangélisateur de l’Église.

Ce message reprend les thèmes que vous avez développés plus largement dans le document intitulé “La théologie aujourd’hui. Perspectives, principes et critères”, qui a été publié au début de cette année.

Ce document, qui prend acte de la vitalité et de la variété de la théologie après le concile Vatican II, entend présenter, pour ainsi dire, le code génétique de la théologie catholique, c’est-à-dire les principes qui définissent son identité même et qui, par conséquent, garantissent son unité dans la diversité de ses réalisations.

Dans ce but, le texte indique clairement quels sont les critères pour qu’une théologie soit authentiquement catholique et par conséquent capable de contribuer à la mission de l’Église, à l’annonce de l’Évangile à tous les hommes. Dans un contexte culturel où il y a des gens qui sont tentés soit de priver la théologie d’un statut académique, en raison de son lien intrinsèque avec la foi, soit de faire abstraction de la dimension croyante et confessionnelle de la théologie, au risque d’assimiler et de réduire celle-ci aux sciences religieuses, votre document rappelle de manière opportune que la théologie est indissolublement confessionnelle et rationnelle et que sa présence au sein de l’institution universitaire garantit, ou devrait garantir, une vision vaste et intégrale de la raison humaine elle-même.

Parmi les critères de la théologie catholique, votre document mentionne l’attention que les théologiens doivent réserver au "sensus fidelium". Il est très utile que votre commission se soit également concentrée sur ce thème qui est d’une importance particulière pour la réflexion à propos de la foi et pour la vie de l’Église.

Le concile Vatican II, tout en réaffirmant le rôle spécifique et irremplaçable qui incombe au magistère, a néanmoins souligné que l’ensemble du peuple de Dieu participe du rôle prophétique du Christ, réalisant ainsi le souhait inspiré, exprimé par Moïse : "Puisse tout le peuple de Yahvé être prophète, Yahvé leur donnant son Esprit !" (Nb 11, 29). La constitution dogmatique "Lumen gentium" enseigne à ce sujet : "La collectivité des fidèles, ayant l’onction qui vient du Saint (cf. 1 Jn 2, 20.27), ne peut se tromper dans la foi ; ce don particulier qu’elle possède, elle le manifeste moyennant le sens surnaturel de foi qui est celui du peuple tout entier, lorsque, des évêques jusqu’aux derniers des fidèles laïcs, elle apporte aux vérités concernant la foi et les mœurs un consentement universel" (n. 12).

Ce don, le "sensus fidei", constitue chez le croyant une sorte d’instinct surnaturel qui a une connaturalité vitale avec l’objet même de la foi. Nous remarquons que les simples fidèles portent précisément en eux cette certitude, cette sûreté du sens de la foi. Le "sensus fidei" est un critère pour discerner si une vérité appartient ou non au dépôt vivant de la tradition apostolique. Il présente également une valeur constructive parce que le Saint-Esprit ne cesse de parler aux Églises et de les guider vers la vérité tout entière.

Aujourd’hui, cependant, il est particulièrement important de préciser les critères qui permettent de distinguer de ses contrefaçons le "sensus fidelium" authentique. En réalité, celui-ci n’est pas une sorte d’opinion publique ecclésiale et il n’est pas pensable de pouvoir le mentionner pour contester les enseignements du magistère, parce que le "sensus fidei" ne peut pas se développer authentiquement chez le croyant sinon dans la mesure où il participe pleinement à la vie de l’Église et cela exige l’adhésion responsable à son magistère, au dépôt de la foi.

Aujourd’hui, ce même sens surnaturel de la foi des croyants conduit à réagir également avec vigueur contre le préjugé selon lequel les religions, et tout particulièrement les religions monothéistes, seraient intrinsèquement porteuses de violence, principalement parce qu’elles prétendent qu’il existe une vérité universelle.

Il y a des gens qui pensent que seul le “polythéisme des valeurs” garantirait la tolérance et la paix civile et serait conforme à l’esprit d’une société démocratique pluraliste. Par rapport à ce point de vue, votre étude sur le thème “Dieu Trinité, unité des hommes. Christianisme et monothéisme” est d’une grande actualité.

D’une part, il est essentiel de rappeler que la foi en le Dieu unique, créateur du ciel et de la terre, rencontre les exigences rationnelles de la réflexion métaphysique, qui n’est pas affaiblie mais renforcée et approfondie par la révélation du mystère du Dieu-Trinité.

D’autre part, il faut souligner la forme que la révélation définitive du mystère de l’unique Dieu prend dans la vie et la mort de Jésus-Christ, qui va vers la Croix comme un “agneau conduit à la boucherie” (Is 53, 7). Le Seigneur atteste un refus radical de toute forme de haine et de violence en faveur de la primauté absolue de l’agapè.

Si donc il y a eu dans l’histoire ou s’il y a des formes de violence mises en œuvre au nom de Dieu, elles ne doivent pas être attribuées au monothéisme, mais à des causes historiques, principalement aux erreurs des hommes. Ou plutôt c’est justement l’oubli de Dieu qui immerge les sociétés humaines dans une forme de relativisme, qui génère inéluctablement la violence. Lorsque l’on nie la possibilité pour tous de se référer à une vérité objective, le dialogue est rendu impossible et la violence, déclarée ou cachée, devient la règle des rapports humains. Sans l’ouverture au transcendant, qui permet de trouver des réponses aux interrogations à propos du sens de la vie et de la manière de vivre de façon morale, sans cette ouverture l’homme devient incapable d’agir selon la justice et de s’engager pour la paix.

Si la rupture du rapport des hommes avec Dieu porte en elle un déséquilibre profond dans les relations entre les hommes eux-mêmes, la réconciliation avec Dieu, réalisée par la croix du Christ, “notre paix (Ep 2, 14) est la source fondamentale de l’unité et de la fraternité.

Votre réflexion sur le troisième thème, celui de la doctrine sociale de l’Église au sein de l’ensemble de la doctrine de la foi, s’inscrit également dans cette perspective. Elle confirme que la doctrine sociale n’est pas un ajout extrinsèque, mais, sans négliger l’apport d’une philosophie sociale, elle puise ses principes de fond aux sources mêmes de la foi. Cette doctrine cherche à rendre concret, dans la grande diversité des situations sociales, le commandement nouveau que le Seigneur Jésus nous a laissé : "Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez vous les uns les autres" (Jn 13, 34).

Prions la Vierge Immaculée, modèle de ceux qui écoutent et méditent la Parole de Dieu, pour qu’elle vous obtienne la grâce de servir toujours joyeusement l’intelligence de la foi en faveur de toute l’Église. Avec l’expression renouvelée de ma profonde gratitude pour votre service ecclésial, je vous assure de ma constante proximité dans la prière et je vous donne à tous, de tout cœur, ma bénédiction apostolique.


Le message de la commission théologique internationale pour l'Année de la foi "Fides quaerens intellectum…"

La page web de la commission, avec les listes de tous ses membres, depuis sa fondation en 1969 jusqu’à aujourd’hui, et avec les vingt-cinq documents qu’elle a publiés jusqu’à présent, en plusieurs langues Commission Théologique Internationale

Au cours des deux premières périodes de cinq ans, jusqu’en 1980, Joseph Ratzinger fut lui aussi membre de la commission, aux côtés de théologiens de très haut niveau tels que Hans Urs von Balthasar, Louis Bouyer, Yves Congar, Karl Lehmann, Bernard Lonergan, Henri de Lubac, Karl Rahner, Rudolf Schnakenburg, Jean-Marie Tillard.


Un préalable capital au discours adressé par Benoît XVI à la commission théologique internationale est l’allocution qu’il avait prononcée, le 30 juin 2011, à l’occasion de la remise du "prix Ratzinger" aux professeurs Simonetti, González de Cardedal, et Heim.

Dans cette allocution, Benoît XVI explique "ce qu’est la vraie théologie", en tant que "science de la foi" "Je voudrais tout d’abord exprimer…"

 Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.


 

Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 14.12.2012 - T/International

 

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