Benoît XVI aux Organisations non
gouvernementales |
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Rome, le 14 décembre 2007 -
(E.S.M.) - Discours du pape Benoît XVI aux
membres d'organisations non gouvernementales d'inspiration catholique.
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Benoît XVI -
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Le pape Benoît XVI aux Organisations non gouvernementales
DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
Excellences,
Chers représentants du Saint-Siège auprès des Organisations internationales,
Chers amis,
Je suis heureux de souhaiter la bienvenue à vous tous qui êtes venus à Rome
pour réfléchir ensemble sur la contribution que les Organisations non
gouvernementales (ONG) d'inspiration catholique peuvent offrir, en étroite
collaboration avec le Saint-Siège, à la résolution des nombreuses
problématiques et aux nombreux défis qu'affronte l'activité multiple des
Nations unies et des autres Organisations internationales et régionales.
J'adresse à chacun de vous mes salutations cordiales. Je remercie en
particulier le Substitut de la Secrétairerie d'État qui s'est fait
l'interprète courtois de vos sentiments communs, en m'exposant en même temps
les objectifs de votre forum. En outre, je salue le jeune représentant des
Organisations non gouvernementales ici présent.
Aux travaux de cette importante réunion prennent part des représentants de
réalités nées dans les années où l'action du laïcat catholique au niveau
mondial commençait à germer pour la première fois, ainsi que des membres
d'autres associations créées plus récemment, de pair avec l'actuel processus
d'intégration mondiale. D'autres encore se consacrent principalement à
l'action d'advocacy, tandis que certains s'occupent de la gestion
concrète de projets de coopération au développement. Certaines de vos
Organisations se situent dans l'Église comme des Associations publiques et
privées de fidèles ou participent au charisme de différents Instituts de vie
consacrée; d'autres n'ont qu'une reconnaissance juridique d'ordre civil et
comptent aussi parmi leurs membres des non-catholiques et des non-chrétiens.
Cependant, vous avez tous en commun l'unique passion qui inspire constamment
l'action du Saint-Siège auprès des diverses instances internationales. C'est
précisément pour cela que l'on a voulu organiser la rencontre de ces
jours-ci : pour vous exprimer la gratitude et l'appréciation pour ce que
vous faites déjà, en collaborant activement avec les Représentants
pontificaux auprès des Organisations internationales. En même temps, il
s'agit de rendre encore plus étroite, et donc plus efficace cette action
commune au service du bien intégral de la personne humaine et de l'humanité.
Du reste, il ne faut pas oublier qu'il est possible de réaliser cette unité
d'objectifs à travers des rôles et des modalités différents. De fait, alors
que la diplomatie multilatérale du Saint-Siège doit, principalement,
affirmer les grands principes fondamentaux de la vie internationale, car la
contribution spécifique de la hiérarchie de l'Église est "la formation
éthique, afin que les exigences de la justice deviennent compréhensibles et
politiquement réalisables" (Deus Caritas
est,
n. 28a), d'autre part, "le devoir immédiat d'agir pour un ordre
juste dans la société est au contraire le propre des fidèles laïcs - dans le
cas de la vie internationale, des diplomates chrétiens et des membres des
ONG - qui sont appelés à participer personnellement à la vie publique [à]
configurer de manière droite la vie sociale, en en respectant la légitime
autonomie et en coopérant avec les autres citoyens, selon les compétences de
chacun et sous leur propre responsabilité"
(ibid., n. 29).
La coopération internationale entre les gouvernements, née dès la fin du XIX
siècle et qui n'a cessé de se développer davantage au siècle dernier, malgré
les tragiques interruptions des deux guerres mondiales, a contribué d'une
manière significative à la création d'un ordre international plus juste. A
cet égard, nous pouvons observer avec satisfaction les résultats obtenus,
qui constituent la reconnaissance universelle de la primauté juridique et
politique des droits de l'homme, l'établissement d'objectifs communs pour la
pleine jouissance des droits économiques et sociaux par tous les habitants
de la terre, la promotion de la recherche d'un système économique mondial
juste et, enfin, la sauvegarde de l'environnement et la promotion du
dialogue interculturel.
Toutefois, le débat international apparaît souvent caractérisé par une
logique relativiste qui semble considérer, comme seule garantie d'une
coexistence pacifique entre les peuples, la négation de la vérité sur
l'homme et sur sa dignité, ainsi que de la possibilité d'un agir éthique
fondé sur la reconnaissance de la loi morale naturelle. Une conception du
droit et de la politique où le consensus entre les Etats, obtenu parfois en
fonction d'intérêts peu nobles ou manipulés par des pressions idéologiques,
semblerait être la seule et unique source des normes internationales, en
vient ainsi, de fait, à s'imposer. Les fruits amers de cette logique
relativiste dans la vie internationale sont hélas évidents: il suffit de
penser, par exemple, à la tentative de considérer comme droits de l'homme
les conséquences de certains styles de vie égoïstes, ou encore au manque
d'intérêt envers les besoins économiques et sociaux des peuples les plus
faibles, ou au mépris à l'égard du droit humanitaire et à une défense
sélective des droits de l'homme. Je souhaite que l'étude et la confrontation
de ces journées permettent de définir des moyens efficaces et concrets pour
faciliter l'accueil au niveau international des enseignements de la doctrine
sociale de l'Eglise. En ce sens, je vous encourage à opposer au relativisme
la grande créativité de la vérité quant à la dignité innée de l'homme et des
droits qui en découlent. Une telle créativité permettra d'apporter une
réponse plus appropriée aux multiples défis présents dans le débat
international contemporain et, surtout, permettra de promouvoir des
initiatives concrètes qui doivent être vécues dans un esprit de communion et
de liberté.
Il faut un esprit de solidarité qui conduise à promouvoir ensemble ces
principes éthiques non "négociables" de par leur nature et leur rôle de
fondement de la vie sociale. Une solidarité imprégnée d'un sens fort d'amour
fraternel qui conduise à apprécier les initiatives des autres, à les
faciliter et à y collaborer. En vertu de cet esprit, on ne manquera pas, à
chaque fois que cela s'avérera utile ou nécessaire, d'établir une
coordination entre les diverses ONG et avec les Représentants du
Saint-Siège, toujours dans le respect de la diversité de nature, des fins
institutionnelles et des méthodes d'action. D'autre part, un authentique
esprit de liberté, vécu dans la solidarité, poussera l'initiative des
membres des ONG à s'étendre dans une vaste pluralité d'orientations et de
solutions quant aux questions temporelles que Dieu a laissées au jugement
libre et responsable de chacun. De fait, s'ils sont vécus dans la
solidarité, le pluralisme légitime et la diversité non seulement ne
deviennent pas un motif de division et de concurrence, mais ils sont les
conditions d'une plus grande efficacité. L'action des Organisations que vous
représentez sera donc vraiment féconde si elle reste fidèle au Magistère de
l'Église, ancrée dans la communion avec ses pasteurs et, surtout, avec le
Successeur de Pierre, et si elle affronte avec une ouverture prudente les
défis du temps présent.
Chers amis, je vous renouvelle mes remerciements pour votre présence
aujourd'hui et pour vos efforts en vue de promouvoir la cause de la justice
et de la paix au sein de la famille humaine. Tout en vous assurant de mon
souvenir spécial dans la prière, j'invoque sur vous et sur les Organisations
que vous représentez la protection maternelle de Marie, Regina Mundi. Je
vous donne avec affection ma Bénédiction apostolique, à vous, à vos familles
et à tous les membres de vos Associations.
►Benoît
XVI invite les ONG à promouvoir les principes éthiques non négociables
►Benoît
XVI fait état des fruits amers de la logique relativiste
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XVI encourage à combattre le relativisme moral
Sources: www.vatican.va
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E.S.M.
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.12.2007 - BENOÎT XVI |