|
Message de Benoît XVI: "La famille migrante"
|
CITE DU VATICAN, le 14 novembre 2006
(E.S.M.) Aujourd'hui a été rendu public le message de Benoît XVI
pour la 93 Journée mondiale du migrant et du réfugié (14 janvier
2007): "La famille migrante".
|
|
Message de Benoît XVI: "La famille migrante"
JOURNEE
MONDIALE DU MIGRANT ET DU REFUGIE
Aujourd'hui a été rendu public le message de Benoît XVI pour la 93
Journée mondiale du migrant et du réfugié (14 janvier 2007): "La famille
migrante". En voici le texte:
"A l'occasion de la prochaine Journée
mondiale du migrant et du réfugié, en contemplant la Sainte Famille de
Nazareth, icône de toutes les familles, je voudrais vous inviter à réfléchir
sur la condition de la famille migrante. L'Evangéliste Matthieu raconte que,
peu de temps après la naissance de Jésus, Joseph fut contraint de partir de
nuit pour l'Egypte, emmenant avec lui l'enfant et sa mère, afin de fuir la
persécution du roi Hérode (cf. Mt 2,
13-15). En commentant cette page évangélique, mon vénéré
Prédécesseur, le Serviteur de Dieu le Pape Pie XII, écrivit en 1952: 'La
famille de Nazareth en exil, Jésus, Marie et Joseph émigrés et réfugiés en
Egypte, pour se soustraire à l'ire d'un roi impie, sont le modèle, l'exemple
et le soutien de tous les migrants et les pèlerins de tous âges et de tous
pays, de tous les réfugiés de quelque condition qu'ils soient et qui,
harcelés par la persécution ou par le besoin, se voient contraints
d'abandonner leur patrie, les chers membres de leur famille, leurs voisins,
leurs doux amis, et de se rendre en terre étrangère'. Dans le drame de la
Famille de Nazareth, obligée de se réfugier en Egypte, nous entrevoyons la
douloureuse condition de tous les migrants, en particulier
des réfugiés, des exilés, des dispersés, des déplacés
internes et des persécutés. Nous entrevoyons les difficultés de
chaque famille de migrants, les privations, les
humiliations, les restrictions et la fragilité de millions et de millions de
migrants, de déplacés internes et de réfugiés. La Famille de Nazareth
reflète l'image de Dieu conservée dans le coeur de chaque famille humaine,
bien que défigurée et affaiblie par l'émigration".
"Le thème de la
prochaine Journée mondiale se situe dans la continuité de ceux de 1980, 1986
et 1993, et entend souligner une fois de plus l'engagement de l'Eglise en
faveur non seulement de l'individu qui migre, mais
aussi de sa famille, rappelle le pape Benoît XVI,
lieu et ressource de la culture de la vie et facteur
d'intégration des valeurs. Nombreuses sont les difficultés que
rencontre la famille du migrant. L'éloignement de ses membres entre eux et
l'impossibilité de se réunir sont souvent des occasions de rupture des liens
d'origine. De nouveaux rapports s'instaurent et de nouvelles affections
naissent ; on oublie le passé et ses devoirs, soumis à dure épreuve par
l'éloignement et la solitude. Si une réelle
possibilité d'insertion et de participation n'est pas assurée à la famille
immigrée, il devient difficile de prévoir son développement harmonieux.
La Convention internationale pour la protection des droits de tous les
travailleurs immigrés et des membres de leurs familles, entrée en vigueur le
1er juillet 2003, entend protéger les travailleurs et les travailleuses
émigrés et les membres de leurs familles respectives. La valeur de la
famille est donc également reconnue pour ce qui est de l'émigration,
phénomène désormais structurel de nos sociétés. L'Eglise encourage la
ratification des instruments internationaux légaux visant à défendre les
droits des migrants, des réfugiés et de leurs familles, et offre, par le
biais de ses diverses institutions et associations, une assistance qui
devient toujours plus nécessaire. C'est à cette fin
qu'ont été ouverts des centres d'écoute des migrants, des maisons pour les
accueillir, des bureaux pour les services à rendre aux personnes et aux
familles, et que d'autres initiatives ont vu le jour pour répondre aux
exigences croissantes en ce domaine".
"On fait beaucoup déjà
pour l'intégration des familles des immigrés, même si beaucoup reste encore
à faire. Il existe des difficultés effectives liées à certains mécanismes de
défense de la première génération d'immigrés, qui risquent de constituer un
obstacle à une maturation plus profonde des jeunes de la seconde génération.
Voilà pourquoi il devient nécessaire d'adopter des mesures législatives,
juridiques et sociales pour faciliter une telle intégration. Ces derniers
temps, le nombre de femmes quittant leur pays d'origine, en quête de
meilleures conditions de vie, en vue de perspectives professionnelles plus
prometteuses, a augmenté. Toutefois, bien des femmes
finissent par devenir victimes du trafic d'êtres humains et de la
prostitution. En oeuvrant à la réunion des
familles, les travailleurs sociaux, en particulier les
religieuses, peuvent rendre un service de médiation apprécié et toujours
davantage valorisé".
"A propos de l'intégration des familles des
immigrés, je ressens le devoir d'attirer l'attention sur les familles des
réfugiés dont les conditions semblent avoir empiré par rapport au passé,
notamment en ce qui s'agit la réunion des foyers familiaux.
Dans les camps qui leur sont destinés vient
parfois s'ajouter, aux difficultés logistiques et aux difficultés
personnelles liées aux traumatismes et au stress émotionnel, dus aux
tragiques expériences vécues, le risque de
l'implication des femmes et des enfants dans l'exploitation sexuelle,
comme mécanisme de survie. Dans ces cas-là, en plus d'une assistance capable
d'apaiser les blessures du coeur, une présence pastorale attentive est
nécessaire pour offrir un soutien de la part de la communauté chrétienne,
capable de rétablir la culture du respect et de faire redécouvrir la
véritable valeur de l'amour. Il faut encourager ceux qui sont détruits
intérieurement à retrouver la confiance en eux-mêmes. Il faut ensuite
oeuvrer pour que soient garantis les droits et la dignité des familles et
qu'un logement répondant à leurs exigences leur soit assuré. Il faut d'autre
part demander aux réfugiés de cultiver une attitude ouverte et positive à
l'égard de la société qui les accueille, en conservant une disponibilité
active vis à vis des propositions de participation visant à
construire ensemble une communauté intégrée qui soit
la maison commune de tous".
"Parmi les migrants, une
catégorie mérite d'être considérée d'une façon spéciale,
celle des étudiants d'autres pays, qui
se retrouvent loin de chez eux, sans une connaissance adéquate de la langue,
parfois privés d'amitié et disposant souvent de bourses d'études
insuffisantes. Leur condition devient plus grave encore lorsqu'il s'agit
d'étudiants mariés. A travers ses institutions, l'Eglise s'efforce de rendre
moins douloureux le manque de soutien familial de ces jeunes étudiants et
les aide à s'intégrer dans les villes qui les accueillent, en les mettant en
contact avec des familles prêtes à les héberger et à faciliter la
connaissance réciproque. Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire en une
autre occasion, venir en aide aux étudiants étrangers 'représente pour l'Eglise
un domaine d'action pastorale important. En effet, les jeunes qui quittent
leur pays en raison de leurs études vont au devant d'un certain nombre de
problèmes et surtout du risque d'une crise d'identité".
"Chers
frères et soeurs, a conclu Benoît XVI, puisse la Journée mondiale du migrant
et du réfugié être une occasion pour sensibiliser les communautés
ecclésiales et l'opinion publique sur les besoins et les problèmes, ainsi
que sur les potentialités positives des familles migrantes. Je pense en
particulier à ceux qui sont directement touchés par le vaste phénomène des
migrations et vers ceux qui dépensent leurs énergies pastorales au service
de la mobilité humaine. Que la parole de l'Apôtre Paul, Caritas Christi
Urget Nos (2 Co 5, 14), les
incite à se donner de préférence aux frères et soeurs qui sont davantage
dans le besoin. Avec ces sentiments, j'invoque sur chacun l'assistance
divine et j'adresse affectueusement à tous une spéciale bénédiction
apostolique".
Texte intégral du message du pape
Benoît XVI pour la 93e Journée mondiale des migrants et des réfugiés
Rome, le 14 novembre 2006
Sources: VATICAN
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.11.2006 - BENOÎT XVI |