Interview du cardinal Philippe
Barbarin, archevêque de Lyon |
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Le 14 octobre 2009 -
(E.S.M.)
- Le cardinal Philippe Barbarin, le très médiatique archevêque de
Lyon, offre depuis de nombreuses années une image
particulièrement dynamique de l'Église catholique. Interview :
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Le cardinal Philippe
Barbarin, archevêque de Lyon
(photo Ferruccio Nuzzo -
SEDICOM Lyon)
Interview du cardinal Philippe
Barbarin, archevêque de Lyon
Le 14 octobre 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Le cardinal Philippe Barbarin, le très médiatique archevêque de Lyon,
offre depuis de nombreuses années une image particulièrement dynamique de
l'Église catholique. Nommé cardinal par Jean-Paul II, il fut le benjamin du
dernier conclave. La jeunesse d'esprit qui le caractérise se manifeste non
seulement dans son discours interreligieux qu'il entretient depuis de
nombreuses années, mais plus encore par une foi vécue au quotidien qui
n'exclut jamais un franc parler. Découverte au sein de la hiérarchie de
l'Eglise d'une voie moderne qui sait se faire entendre !
LEXNEWS : "Superbe parcours que le vôtre, prêtre à 27
ans, évêque à 48, cardinal à 53. Pourtant, rien n’était écrit d’avance avec
une grand’mère auvergnate pour qui la religion était un tissu d’erreurs et
prêtre, « un métier de mendigot ! »."
Philippe Barbarin : "C’était un cœur en or, mais elle avait connu la
blessure affreuse de perdre son papa à onze ans. Du coup, comme beaucoup de
gens qui souffrent trop pour croire en un Dieu bon, elle a tout envoyé
promener. Quand elle était très âgée – elle m’aimait beaucoup et je le lui
rendais bien -, je lui ai souvent parlé de ce père qu’elle allait retrouver,
c’était sûr. Je la sentais un peu ébranlée. Cela dit, mes grands-parents
maternels et mes parents étaient, eux, profondément croyants. La messe du
dimanche était un événement qu’on vivait en famille. Le dimanche soir, mon
père nous lisait un passage de la Bible, puis nous avions un temps de prière
en commun."
LEXNEWS : "Sur onze enfants, il y aura un prêtre et
trois filles consacrées à Dieu …"
Philippe Barbarin : "Autant ma mère s’est réjouie pour la première, autant
elle a vécu difficilement le choix de sa petite dernière : comme toutes les
mères, elle avait sans doute imaginé son mariage … La foi était au cœur de
nos vies, c’était une histoire toute simple, sans contraintes imposées ni
grandes déclarations, sans la moindre bigoterie. Une ouverture aux autres.
Une attention portée à chaque enfant. Nous avons longtemps vécu à Rabat où
mon père, après avoir quitté l’armée, était devenu secrétaire général des
Mines du Maroc. A notre retour en France, il est entré dans une banque. Il a
mis mes frères dans l’enseignement catholique mais, sentant monter en moi la
vocation, il m’a inscrit au lycée de Saint Maur des Fossés, pour que je me
frotte à d’autres idées. Et il m’en a retiré pour la terminale, ayant appris
que le prof de philo se vantait de faire perdre la foi à ses élèves en trois
mois – à l’époque, en 1967, le corps enseignant était largement marxiste : «
Je ne peux pas prendre ce risque-là, m’a-t-il dit »."
LEXNEWS : "Aujourd’hui, c’est d’abord pour leur donner
les meilleures chances de réussite scolaire que nombre de familles confient
leurs enfants à une école chrétienne … Celle-ci a-t-elle encore, à côté des
parents, son rôle à jouer dans la transmission de la foi ?"
Philippe Barbarin : "Ce peut être un très beau rôle. Tout dépend des
endroits. Parfois, l’enseignement catholique est de pure étiquette mais,
lorsque l’équipe éducative est motivée et sait proposer des temps de prière
et une catéchèse adaptée, des célébrations, des activités diverses - une
retraite, une nouvelle manière de vivre le carême, une action envers les
laissés-pour-compte -, alors les jeunes sont passionnés, Dieu entre vraiment
dans leur vie. L’important est que tout se passe dans le respect de chacun.
Ainsi, à « l’Immaculée Conception », un établissement de Villeurbanne qui
compte une proportion notable de Juifs et de Musulmans, ceux-ci ont la
liberté de ne pas venir le 8 décembre, jour de la fête de l’école. Mais
l’ambiance est telle ce jour-là que bien peu manquent à l’appel !"
LEXNEWS : "Vous avez été aumônier de lycée. Au
lendemain des JMJ de Sidney auxquelles ont participé en juillet 2008, 4 500
Français, quel discours avez-vous envie de tenir à des jeunes souvent mal à
l’aise face aux positions exigeantes de l’Eglise en matière de mœurs ? "
Philippe Barbarin : "Je leur dirai des choses très simples et
directes. Qu’un être humain repose sur un trépied fondamental : son corps,
sa personnalité et sa dimension spirituelle. Les deux premiers éléments,
notre société, riche et bien dotée, leur accorde toute son attention. Notre
corps est l’objet d’une surveillance médicale attentive, on le nourrit bien,
on lui fait faire du sport. L’intelligence et la personnalité aussi, on les
développe avec de bonnes études, qui seront l’assurance d’un bon métier.
Mais l’être spirituel, lui, est souvent abandonné. Une mutilation injuste.
Les parents le savent pourtant : bien sûr, ils veulent pour leur enfant une
santé solide et de bons diplômes, mais s’il vit fermé sur lui comme un bloc
de béton et n’a aucun copain, ils s’inquiètent. Tout comme s’il mène une vie
complètement débridée, avec le risque de se faire prendre par l’alcool, la
drogue ou le Sida. Et, d’une certaine manière, c’est notre faute parce que
nous n’avons pas osé leur dire des paroles fortes, leur présenter ces biens
spirituels que cite Saint Paul dans l’Epitre aux Galates : la joie, la
douceur, la maîtrise de soi, la patience, la bonté …, toutes choses
fondamentales dans la vie personnelle. Qu’importe s’ils ruent un moment dans
les brancards, ils nous en seront reconnaissants plus tard."
LEXNEWS : "Nombre d’incroyants disent oui à ces
valeurs chrétiennes, mais sans avoir besoin du Christ pour autant …"
Philippe Barbarin : "En mars 2008, à Lyon, j’ai eu un dialogue avec
Axel Kahn, qui protestait contre la phrase de Dostoïevski : « Si Dieu
n’existe pas, tout est permis ». « Non, disait-il, car il y a
la dignité humaine ». Moi, je suis content d’entendre cela. Mais je lui
réponds : « Je ne suis pas sûr que vous arriviez à bâtir une morale forte
sans la foi. Un exemple : vous dites qu’aujourd’hui l’avortement est un fait
de société, qu’il faut le reconnaître comme un droit. En revanche, vous
trouvez monstrueux qu’on puisse condamner un bébé parce que c’est une fille
et qu’on voulait un garçon, ou l’inverse. Mais comment empêcher cette
monstruosité alors qu’on peut connaître très tôt le sexe de l’enfant et que
ce que vous appelez « l’avortement de convenance » est autorisé
jusqu’au troisième mois ? Vous voyez bien que, tout seuls, vous n’y arrivez
pas ! ». L’Eglise, elle, dit depuis deux mille ans et elle le dira encore
dans deux mille ans qu’il ne faut pas tuer l’enfant dans le sein de sa mère,
que cette vie doit être respectée, qu’elle est tout aussi précieuse que la
nôtre. La parole de l’Eglise est clairement décalée et parfois en opposition
avec la société actuelle, mais elle est un précieux rempart contre ce genre
d’agissements.
LEXNEWS : "Selon la récente enquête menée par « La Vie
» *, les catholiques pratiquants seraient moins de 10%. De quoi balayer
votre optimisme naturel ?"
Philippe Barbarin : "Nous vivons en France une situation difficile,
des pans de murs entiers s’effondrent. Dans les années 50, pour le diocèse
de Lyon, il y avait 500 séminaristes : ils sont 38 aujourd’hui, en
provenance de dix diocèses. C’est ainsi. Si jamais l’Eglise s’est vantée de
ses grands succès, ce n’est pas ce qu’elle a fait de mieux. Mais le péché
serait tout aussi grand si, dans la situation actuelle, nous nous laissons
aller au découragement ou au désespoir. De toutes façons, je n’aime pas le
mot « pratiquant ». On est pratiquant du vélo et du jogging. Cela
développe les muscles et les mollets ! Mais on est « pratiqué », par
la Parole de Dieu, c’est le Seigneur, notre boulanger, qui pétrit la pâte.
Mon problème à moi, ce n’est pas de tenir des statistiques mais de savoir si
Dieu peut encore parler à ses enfants. Une enquête de « la Croix »
m’a fait mal : « Les Catholiques de France, était-il dit, sont ceux qui,
en Europe, lisent le moins la Bible ». Ca, c’est grave. C’est pour cela
que j’ai fait distribuer dans mon diocèse 500 000 Nouveaux Testaments, non
pas à la sortie du métro ni dans les boîtes aux lettres pour qu’ils se
retrouvent dans le caniveau, mais dans les églises, les paroisses, les
écoles … Les gens devaient faire la démarche de venir les chercher."
LEXNEWS : "Certains ne mettent jamais les pieds à
l’église mais y retournent pour les grandes occasions ?"
Philippe Barbarin : "Difficile de juger. Cette demande de rites est
parfois le signe d’une réelle recherche spirituelle. Les parents qui font
baptiser leur enfant n’y sont plus obligés par automatisme familial ; s’ils
le font, c’est qu’ils sentent bien que, même s’ils donnent le maximum à leur
enfant, amour, nourriture, vêtements, une bonne éducation, cela ne suffit
pas. Le mariage, c’est plus difficile, il y a le côté mondain, la robe
blanche, les orgues, la photo sur le parvis : il faut veiller, par respect
des gens, à ce que les jeunes mariés ne posent pas un geste dénué de sens.
L’enterrement religieux, c’est encore autre chose : le signe d’un grand
respect pour une vie qui arrive à son terme. Les familles ont besoin d’être
accompagnées au moment où elles affrontent la seule et unique question qui
agite l’être humain : pourquoi la souffrance de la séparation, alors qu’on
est fait pour aimer ? Pourquoi la mort, alors qu’on est fait pour la vie ?
Une angoisse fondamentale à laquelle Dieu seul peut répondre."
LEXNEWS : "Deux pratiquants sur trois sont des femmes.
Or, sur les 200 « catholiques qui comptent » recensés par « la Vie », il y a
42 femmes. On est loin de la parité !"
Philippe Barbarin : "Si le but est la parité, on aimerait bien qu’il
y ait plus d’hommes dans les églises ! Mais je vous dirai la vérité vraie. A
Madagascar où j’ai passé quatre années, lorsqu’on évoquait les catholiques
français du 19ème siècle, de qui parlait-on ? De Thérèse de Lisieux et de
Bernadette de Lourdes. Au 20ème siècle, la silhouette de Mère Teresa se
penchant, toute cassée, sur les trottoirs de Calcutta pour redonner leur
dignité à des gens qui, sans elle, seraient morts comme des chiens, compte
sans doute autant que celle de Jean-Paul II, le géant qu’on voyait sur tous
les écrans. La vraie parité dans le christianisme, c’est celle de la
sainteté. A Lyon, l’immense théologien qu’est Saint Irénée, le deuxième
évêque de la ville, est une figure vénérée, mais on connaît au moins autant
la petite Sainte Blandine au milieu de ses lions."
LEXNEWS : "Les femmes sont rares, tout de même, à des
postes de responsabilité : une présidente de la « Catho » de Lille, une
vice-recteur à Paris, une dominicaine à la tête de la faculté de théologie
d’Angers…"
Philippe Barbarin : "A Lyon, j’ai confié à une femme le plus
important de mes services, celui de l’initiation chrétienne. Cela ne
m’apparaît même pas comme un progrès : j’ai toujours eu des femmes
remarquables dans mes équipes, il y en a deux sur les quatre membres non
statutaires de mon conseil épiscopal. Bien sûr, les gens sont obnubilés par
l’idée de femmes prêtres ou évêques. Mais il s’agit là de la haute valeur
symbolique de l’union du Christ – l’époux – à son Eglise, Jean-Paul II l’a
expliqué avec clarté. Cela n’implique pas que les femmes soient reléguées
dans des rôles secondaires : une fois encore, c’est la petite Bernadette de
Lourdes qu’on connaît dans le monde entier, et non le cardinal qui était
alors archevêque de Paris, et dont tout le monde a oublié le nom."
LEXNEWS : "Le pape rencontre les responsables d’autres
religions. En matière de dialogue inter-religieux, vous avez toujours été
pionnier. C’est au recteur de la Grande Mosquée de Lyon que vous avez
demandé de vous décorer de l’Ordre national du Mérite !"
Philippe Barbarin : "Le dialogue avec l’Islam est inscrit dans mon
enfance marocaine. Quand mes parents vivaient dans le bled, ils avaient
appris l’arabe et le berbère pour communiquer avec leurs voisins. Au moment
de Noël, ceux-ci avaient droit à une partie de la bûche et, quand arrivait
la fête de l’Aïd, on nous apportait un quartier de mouton – ce qui
n’empêchait pas, entre nous soit dit, de solides bagarres avec les petits
Arabes pour des histoires de foot ou de cigarettes ! C’est plus tard, quand
j’étais vicaire à Vincennes, puis évêque à Moulins, qu’il m’a été donné de
vivre des amitiés très fortes avec des croyants musulmans. Et voici qu’à
Lyon, je rencontre le nouveau président du Conseil régional du culte
musulman, Azzedine Gaci, et que s’instaure avec ce véritable chercheur de
Dieu un échange très profond qui m’aide à progresser dans la foi. Mais il
est clair que je ne veux éluder aucune des interrogations sur le
prosélytisme des Musulmans dans nos banlieues, les menaces de mort qui
pèsent parfois sur les jeunes filles et les jeunes femmes qui ont le désir
de se faire baptiser, ou l’aspect par trop démonstratif à nos yeux du jeûne
ou de la prière dans l’Islam (mais la dimension visible et communautaire
n’est-elle pas une aide à la pratique intérieure ? Sous prétexte de rester
secret, on ne sait plus trop ce que le carême signifie pour les chrétiens
)."
LEXNEWS : "Ensemble, vous avez fait le voyage jusqu’au
monastère algérien de Tibhirine où, en mai 1996, sept moines cisterciens
furent assassinés par des extrémistes musulmans."
Philippe Barbarin : "Ce fut l’occasion de prier ensemble, d’implorer
le pardon de Dieu pour les assassins des moines. L’occasion aussi pour moi
de comprendre que la notion de tolérance, utilisée sans cesse à propos du
dialogue inter-religieux, est insuffisante. Pour progresser dans ce
dialogue, il faut passer de la tolérance à l’estime mutuelle et à
l’admiration. Qu’on se souvienne du choc intérieur ressenti par Charles de
Foucauld lorsqu’il a vu la ferveur des Musulmans à Fès, et qu’il a soudain
mesuré ce qu’il avait perdu en s’éloignant de la foi."
LEXNEWS : "Ce dialogue, vous le menez aussi avec les
Juifs, comme en témoigne « Le rabbin et le cardinal » que vous venez
d’écrire avec le grand rabbin Gilles Bernheim** ."
Philippe Barbarin : "Il n’est que temps de travailler à réduire la
dramatique fracture qui, sur deux millénaires, a séparé juifs et chrétiens,
alors que nous appartenons à la même famille et qu’ils sont nos frères aînés
dans la foi. Tout date du moment où, étudiant en philo à Paris, je me suis
passionné pour l’étude de l’hébreu. A l’été 1974, mon premier voyage à
Jérusalem a été un choc. A Vincennes déjà, tout jeune prêtre, je me rendais
chaque année à la synagogue pour Yom Kippour. Je continue à Lyon, la calotte
de cardinal me tient désormais lieu de kippa ! Tous les ans, en janvier,
nous organisons une journée judéo-chrétienne pour commenter ensemble un
texte de la Torah, à chaque fois la salle est comble. Jésus était juif :
découvrir son enracinement aide les chrétiens à mieux le connaître."
LEXNEWS : "L’argument des croyants, disiez-vous
récemment, ne doit pas être d’ordre philosophique ou politique, la seule
réponse est celle de la charité en actes, visible, concrète et simple ».
Vous-même vous êtes illustré dans la lutte pour les sans-papiers …"
Philippe Barbarin : "Tout le chemin parcouru avec nos frères juifs ou
musulmans doit déboucher sur des réalisations concrètes, elles seront le
sceau de l’authenticité de ces échanges. J’ai émis le vœu de monter avec des
juifs et des musulmans un centre contre le Sida, en Afrique. Je pense aussi
à l’action extraordinaire de ce groupe de croyants juifs qui, à Jérusalem,
sont toujours les premiers à débarquer sur les lieux d’un attentat : là, ils
s’occupent des blessés, aident à les transporter à l’hôpital, et puis ils
tentent de reconstituer le corps déchiqueté du kamikaze pour le porter à sa
famille. Voilà le premier rôle des hommes de Dieu : être les serviteurs de
Sa miséricorde. Dans notre société agnostique ou athée, c’est la seule
réponse que nous puissions faire à ceux pour qui la foi n’est qu’illusion."
LEXNEWS : "A vous voir aussi actif, après avoir été
opéré d’un cancer début 2008, on se dit en tout cas que la foi est un sacré
remontant ! L’expérience de la maladie –inédite pour le grand sportif que
vous êtes- a-t-elle modifié votre rapport à Dieu et à l’au-delà ?"
Philippe Barbarin : "Non. La mort, j’ai toujours su qu’elle pouvait
arriver d’un moment à l’autre. C’est la belle histoire de Saint Louis de
Gonzague enfant et de ses camarades, à qui l’on demandait ce qu’ils feraient
si le Bon Dieu arrivait dans le quart d’heure : « J’irai me confesser
», répondent les uns ; « J’irai prier à la chapelle », disent les
autres. « Et toi, Louis ? », insiste-t-on auprès de l’enfant
silencieux : « Je continuerai, dit-il, à jouer au ballon ». Depuis
que je suis tout petit, j’ai appris à vivre ainsi sous le regard de Dieu : à
lui de décider du jour et de l’heure … "
* « Les catholiques en France », numéro spécial de « La Vie
», mars 2008
** « Le rabbin et le cardinal », Stock 2008
interview réalisée par Guillemette de
Sairigné
Le site du Diocèse de Lyon :
http://lyon.catholique.fr
Sources : Lexnews
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.10.2008 -
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