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19 Avril 2005
 

Pékin et Moscou, les derniers défis de Jean-Paul II

 

Le 14 octobre 2007 - (E.S.M.) - Comme s'il sentait la Providence avec lui, le Saint-Père Jean-Paul II nourrissait des projets grandioses : la réconciliation de l'Église catholique avec les Églises orthodoxes et la réunification des deux Églises catholiques de Chine, l'officielle et la clandestine. Tâches poursuivies, depuis, par le pape Benoît XVI.

Le Saint-Père Jean-Paul II -  Pour agrandir l'image: C'est ici

Pékin et Moscou, les derniers défis de Jean-Paul II

Voir l'an 2000 et célébrer à Rome le jubilé de l'année sainte, c'était la grande espérance de Jean-Paul II.
Ce vœu fut accompli.

Comme s'il sentait la Providence avec lui, le Saint-Père Jean-Paul II nourrissait des projets grandioses : la réconciliation de l'Église catholique avec les Églises orthodoxes et la réunification des deux Églises catholiques de Chine, l'officielle et la clandestine. Tâches poursuivies, depuis, par le pape Benoît XVI.

Ce furent depuis toujours ses deux grandes ambitions, avec le voyage en Israël. C'était  aussi des défis à son âge. Défis qui ne paraissaient pas si déraisonnables si l'on en croyait son entourage médical. Il n'y avait pas de raison pour que le pape ne puisse survivre encore longtemps. Selon les spécialistes de la polyclinique Gemelli, son cœur et ses artères étaient en bon état pour un homme de quatre-vingts ans.

"Il faudra que Dieu lui prête encore plusieurs années de vie pour que le Saint-Père Jean-Paul II mène à bien ses projets œcuméniques aujourd'hui si importants pour lui. Même épuisé, il trouve toujours un rendez-vous pour un prêtre venant de Russie. Car la réconciliation avec les Églises orthodoxes ne semble pas pour demain. Au cours de sa visite, le 6 juin 2000 au Vatican, le président russe Vladimir Poutine n'a pas renouvelé l'invitation à Moscou qu'avait faite au pape son prédécesseur, Boris Eltsine. Ce voyage était pourtant l'un des grands rêves de Jean-Paul II".

La vraie raison de la réticence de Vladimir Poutine fut l'opposition du patriarche de Moscou, Alexeï II, à ce voyage du pape. Et si parfois le patriarche laissait entendre, comme le 4 juin 2000, devant la presse russe qu'il serait envisageable dans l'avenir, il s'attire aussitôt les protestations du saint-synode (collège des évêques orthodoxes russes). Et le pape, s'il était invité par le président russe, ne se rendrait sans doute pas à Moscou sans l'accord explicite du saint-synode. Dans une interview, Vladimir Poutine a d'ailleurs précisé : « Si le pape venait à Moscou sans rencontrer le patriarche, ce serait un scandale. À quoi bon pour nous une visite sur fond de scandale. Cela ne contribuerait pas au rapprochement de nos positions. Le pape est un homme intelligent. il comprend tout très bien. » Deux tentatives de faire se rencontrer Jean-Paul II et Alexeï II avaient déjà échoué lors des voyages du Saint-Père en Hongrie en septembre 1996, et un autre déplacement a été annulé à Vienne en juin 1997.

Alors que le pape se rend à Cuba et en Israël, cette « interdiction de séjour » dans un grand pays chrétien paraît extraordinaire, dit-on au Saint-Siège. Faut-il croire que les conflits entre frères sont les plus insolubles ? Les raisons en sont à la fois politiques, culturelles et dogmatiques.

Ce qui sépare les deux Églises remonte à près de mille ans et serait difficilement compris des fidèles aujourd'hui. Elles se sont affrontées sur la « procession » du Saint-Esprit. Selon Rome, le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. Selon Constantinople, du Père seul. C'est la fameuse querelle du Filioque. D'où anathèmes réciproques de Rome et de Constantinople en 1054.

De plus, les patriarches de Constantinople refusaient et refusent toujours de reconnaître la primauté de l'évêque de Rome. Des querelles sur l'existence du purgatoire s'ajoutèrent à ces dissensions. La colère des orthodoxes s'est accrue à la suite du sac de Constantinople par les croisés en 1204. Les Byzantins s'exclamèrent alors : « Plutôt le turban que la tiare ! »

Depuis l'éclatement de l'URSS et le retour à la liberté de culte, l'Église orthodoxe russe, qui a toujours été religion nationale, sous Staline (où les popes étaient de vrais serviteurs du parti) comme sous les tsars, s'estime aujourd'hui victime d'une vaste offensive des missionnaires catholiques. Autre sujet de discorde. Il est incontestable que la papauté, depuis Pie XI, essaie habilement de gagner du terrain en Russie en y renforçant une structure catholique hiérarchisée. Pie XI avait sous Staline ordonné en secret des évêques avec pour mission d'ordonner à leur tour clandestinement des prêtres catholiques. Le prosélytisme de l'Église catholique russe — qui ne compte pourtant qu'une centaine de prêtres, dont seulement une dizaine de Russes mais un million de fidèles, descendant pour la plupart de Polonais et d'Arméniens déportés par Staline — inquiète Alexeï II Ce dernier avait apporté son soutien actif à Boris Eltsine au moment de sa réélection au printemps 1996.

Autre sujet de discorde, l'Église catholique russe, qui fut anéantie sous Staline, s'est vu confisquer alors nombre d'églises où les popes se sont installés. Ils rechignent aujourd'hui à les restituer.

Enfin, il y a la querelle des uniates. Vaste conflit vieux de trois siècles qu'on appréhende mal en Occident. À l'époque de la Contre-Réforme, les dirigeants catholiques d'Autriche, de Hongrie et de Pologne contraignirent certaines de leurs Églises orthodoxes à reconnaître la primauté de l'évêque de Rome. Telle est l'origine des Églises uniates, rassemblant des chrétiens orientaux de rite byzantin mais acceptant l'autorité du pape. L'Église uniate d'Ukraine, persécutée sous Staline, relève la tête aujourd'hui et elle est considérée à Moscou comme la cinquième colonne du Vatican.

Jean-Paul Ier avait tenté de contourner Alexeï II en invitant le métropolite de Leningrad, monseigneur Nicodem, un prélat assez engagé dans le dialogue avec Rome. À l'époque, où la Russie était encore communiste, il estimait que le soutien du catholicisme était indispensable aux orthodoxes. Il l'avait confié au cardinal König, président du Conseil pontifical pour le dialogue avec les non-croyants : « Sans vous, nous sommes perdus. » Malheureusement, souvenir aussi macabre que spectaculaire, il s'effondra, foudroyé par une crise cardiaque au cours de l'audience que Jean-Paul Ier lui avait accordée le 5 septembre 1978. Plus tard, Jean-Paul II commenta : « II est mort trop tôt ou je suis devenu pape trop tard. » Le sort s'acharnait.

Alexeï II, soixante et onze ans, qui était patriarche de Moscou depuis dix ans après avoir été métropolite de Leningrad, tenait toujours tête à Jean-Paul II, iI était appuyé par le gouvernement russe. L'Église orthodoxe était en effet un élément précieux de stabilité dans un pays où l'État est chancelant et l'administration en lambeaux. Vladimir Poutine, qui, dès son intronisation, s'est dit croyant et pratiquant, avait alors affirmé que l'Église orthodoxe devait retrouver sa mission traditionnelle de stabilité et d'unification des Russes autour de priorités morales communes ; il assistait volontiers aux cérémonies religieuses. Eltsine s'était presque converti, surtout à la suite de son quintuple pontage en 1997, et il avait fait baptiser ses cinq petits-enfants. Comme le disait l'ancien ambassadeur de Russie au Saint-Siège, Viacheslav Kostilov : « La sensibilité religieuse de Boris ne faisait que croître et Dieu s'est peut-être installé en lui. » Autre geste significatif de la faveur officielle dont jouit l'Église orthodoxe, le maire de Moscou, après s'être fait lui aussi baptiser, a ordonné, au milieu des années 90, la reconstruction de la cathédrale du Saint-Sauveur, la plus grande cathédrale russe, qui fut dynamitée sur l'ordre de Staline en 1931. La dorure de l'imposante coupole de la capitale a exigé pas moins de cinquante kilos de feuilles d'or fin.

Alexeï II, ce patriarche imposant, coiffé d'une riche tiare et appuyé sur sa crosse au pommeau en forme de serpent, est assailli en permanence par un flot d'évêques et de moines aussi âgés que barbus qui pourfendent l'œcuménisme, cette idée malsaine venue d'Occident. Ils s'appuient sur la force de leur Église avec ses 128 diocèses, ses 17 500 prêtres, ses 2 300 diacres et ses 480 monastères. Ils voudraient ressusciter le vieux messianisme russe et refaire de Moscou la troisième Rome (la deuxième ayant été Constantinople). Ils ne font pas grand chose pour faciliter les contacts avec le Vatican. Un important prélat du Saint-Siège se plaignait que, lorsqu'il était — rarement — reçu à Moscou, c'était toujours en plein hiver, par - 25 °C, ce qui déstabilise naturellement qui est habitué au climat tempéré de Rome. D'ailleurs, avouait-il, «j'étais tellement gelé que je pouvais à peine parler ».

Jean-Paul II, a probablement commis des erreurs tactiques. Par exemple en reconnaissant, avant tous les autres États, la Slovénie et la Croatie catholiques. Il s'est ainsi fait honnir non seulement des Serbes mais aussi des autres pays orthodoxes comme la Grèce, la Roumanie et bien sûr la Russie. Il n'a certes pas reconquis leurs bonnes grâces en béatifiant, à Zagreb, en 1998, le cardinal Stepinac que les communistes accusaient d'avoir été complice des Oustachi pronazis pendant la guerre. Ce qui n'est pas exact, comme en témoignent les vingt mille pages du procès en béatification.

Ajoutons enfin que les Églises orthodoxes, qui sont relativement pauvres, parfois même agonisantes financièrement, sont jalouses de l'Église de Rome qui leur paraît si flamboyante.

Le Saint-Père a tout essayé auprès d'autres patriarches orthodoxes. Le premier sollicité fut Bartholomeos Ier, le patriarche de Constantinople, à qui Rome reconnaît la primauté historique de l'orthodoxie. Ce que conteste l'Église orthodoxe russe. « Le patriarche de Constantinople n'a plus que deux cent mille fidèles, protestait Alexeï II, tandis que j'en ai soixante-dix millions. » Le patriarche russe reproche aussi à Bartholomeos Ier d'avoir été largement financé par de riches armateurs dont Aristote Onassis, qui, parmi d'autres cadeaux, lui prêtait régulièrement un avion banalisé d'Olympic Airways.

Le Vatican, qui lui a déjà offert ses études au Séminaire français de Rome, le reçoit avec honneur et le couvre de dons. Jean-Paul II le traitait très courtoisement. Mais ces bons procédés n'ouvrent sur rien de bien concret et ne servent qu'à exaspérer Alexeï II. De plus, Bartholomeos Ier a pris récemment ses distances et est allé jusqu'à mettre en cause la « conception sommaire » de la papauté ainsi que le « pesant » centralisme du Vatican, qu'il a opposé à la souplesse de l'orthodoxie. Depuis le voyage de Benoît XVI en Turquie les choses ont bien évolué.

Jean-Paul II a fait d'autres voyages en terre orthodoxe en Roumanie en mai 1999, en Géorgie en novembre 99 où le bilan fut maigre

En Géorgie, où Jean-Paul II s'est rendu dix mois plus tard, en novembre 1999, le bilan fut maigre. La messe pontificale célébrée à Tbilissi s'est, à la demande du patriarcat, tenue dans un édifice fermé et non sur une place de la ville. Le patriarche Ilia II, présent à deux cérémonies, s'est bien gardé de jamais prononcer le mot d'« œcuménisme » alors que le pape lançait un appel à l'unité de tous les chrétiens. Aucune prière commune n'a été possible entre l'héritier de l'apôtre Pierre et celui de l'apôtre André, frère de Pierre, qui selon la tradition locale aurait évangélisé la Géorgie. C'est le président de la Géorgie, Edouard Chevarnadze, grand admirateur de Jean-Paul II, qui avait obligé Ilia II à le recevoir. D'où, parmi d'autres raisons, la froideur de l'accueil. Comme l'a souligné le pape à l'un de ses proches qui me l'a rapporté : « Les gouvernements me font plus les yeux doux que les popes. » II a rétorqué aussi à un ministre russe qui lui disait en guise d'accueil : « Le Christ est ressuscité !

- Je préférerais qu'on m'attende en priorité dans les églises plutôt que dans les palais. »

Dernier affront subi par Jean-Paul II de la part des orthodoxes : au cours de son voyage au Caire, en mars 2000, le pape Chenouda III, patriarche de six millions de coptes orthodoxes, et le Saint-Père, tout en se prodiguant des marques d'estime et en échangeant avec des mines confites croix copte contre croix latine, n'ont abordé aucun des sujets qui les séparent, de l'existence du purgatoire à la « procession » du Saint-Esprit. Le fossé le plus grand étant toujours l'importante question de la primauté de l'évêque de Rome. Les coptes, évangélisés par l'apôtre Marc, ne voient pas pourquoi ils devraient obéir au successeur d'un autre apôtre, Pierre.

Suprême vexation pour le souverain pontife, les moines orthodoxes du célèbre monastère Sainte-Catherine, sur le mont Sinaï, l'ont accueilli sans enthousiasme, et c'est une litote. Tout de noir vêtus, avec leurs impressionnantes barbes et leur air ombrageux, la dizaine de moines présents, guidés par leur supérieur, s'étaient regroupés dans un coin, à quelques mètres à peine du lieu de la cérémonie, discutant entre eux comme si rien ne se passait alentour alors que Jean-Paul II présidait une cérémonie religieuse en présence de quelques milliers de fidèles. Dans son discours, monseigneur Damianos a exhorté le pape « à revenir en toute humilité à la vraie foi ». Les moines sont tout le temps restés à l'écart pendant que le pape et sa suite priaient à voix haute. Mais il faut noter que c'est la coutume depuis la séparation des deux Églises.

Jean-Paul II, comme toujours fin diplomate, jouait cependant avec habileté des divisions internes qu'entretiennent entre elles toutes ces Églises orthodoxes. Ce combat difficile et pastoral qui entraîne des voyages épuisants le stimulait aussi bien physiquement qu'intellectuellement.

Nous verrons la fois prochaine si le Saint-Père fut plus heureux avec la Chine ? Autre chantier poursuivi avec foi et ferveur par le pape Benoît XVI. Ces deux dossiers sont en bonne voie (à suivre...)
 

Sources:  Le pape en privé

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 14.10.2007 - BENOÎT XVI - T/J.P.

 

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