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Benoît XVI et Jean Paul II éclairent l'Evangile de ce dimanche
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ROME, le 14 octobre 2006 -
(E.S.M.) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile
de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap,
prédicateur de la Maison pontificale. La question n’est pas « si le
riche est sauvé » mais « quel riche est sauvé »
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Benoît XVI et
Jean Paul II éclairent l'Evangile de ce dimanche
La question
n’est pas « si le riche est sauvé » mais « quel riche est sauvé »
Jésus est la révélation suprême
et définitive de Dieu aux hommes, qui contient toutes les révélations
partielles qui ont eu lieu avant ou après lui. Il ne s’est pas limité à nous
révéler qui est Dieu. Il nous a également dit ce que Dieu veut, quelle est
sa volonté sur nous. Il faut rappeler cela à
l’homme d’aujourd’hui tenté par le relativisme éthique. Jean-Paul II l’a
fait avec l’encyclique «
Veritatis Splendor»
et son successeur Benoît XVI ne se lasse pas d’y
insister. (P.Cantalamessa 30.10.2005)
Méditation de
l’Evangile du dimanche 15 octobre, par le père Cantalamessa
Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 10, 17-30
Jésus se
mettait en route quand un homme accourut vers lui, se mit à genoux et lui
demanda : « Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie
éternelle ? » Jésus lui dit : « Pourquoi m'appelles-tu bon ? Personne n'est
bon, sinon Dieu seul. Tu connais les commandements : Ne commets pas de
meurtre, ne commets pas d'adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de
faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. »
L'homme répondit : « Maître, j'ai observé tous ces commandements depuis ma
jeunesse. » Posant alors son regard sur lui, Jésus se mit à l'aimer. Il lui
dit : « Une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le
aux pauvres et tu auras un trésor au ciel ; puis viens et suis-moi. »
Mais lui, à ces mots, devint sombre et s'en alla tout triste, car il avait
de grands biens. Alors Jésus regarde tout autour de lui et dit à ses
disciples : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses
d'entrer dans le royaume de Dieu ! » Les disciples étaient stupéfaits de ces
paroles. Mais Jésus reprend : « Mes enfants, comme il est difficile d'entrer
dans le royaume de Dieu. Il est plus facile à un chameau de passer par le
trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. » De
plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : « Mais
alors, qui peut être sauvé ? » Jésus les regarde et répond : « Pour les
hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à
Dieu. » Pierre se mit à dire à Jésus : « Voilà que nous avons tout
quitté pour te suivre. » Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : personne
n'aura quitté, à cause de moi et de l'Évangile, une maison, des frères, des
soeurs, une mère, un père, des enfants ou une terre, sans qu'il reçoive, en
ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, soeurs, mères, enfants et
terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle.
» © AELF
Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des
richesses d'entrer dans le royaume de Dieu !
Une
observation préliminaire est nécessaire pour supprimer les ambiguïtés qui
peuvent surgir en lisant ce que l’Evangile de ce dimanche nous dit de la
richesse. Jésus ne condamne jamais la richesse et les biens terrestres pour
eux-mêmes. Parmi ses amis figurent également Joseph d’Arimathie, un « homme
riche » ; Zachée déclaré « sauvé », même s’il garde pour lui la moitié de
ses biens qui, étant donné son métier – percepteur d’impôts – devaient être
considérables. Ce qu’il condamne est l’attachement exagéré à l’argent et aux
biens, le fait d’en faire dépendre sa propre vie et d’accumuler des trésors
uniquement pour soi (cf. Lc 12, 13-21).
La
parole de Dieu appelle l’attachement excessif à l’argent « idolâtrie »
(Col 3, 5 ; Ep 5, 5). Mammon, l’argent, n’est pas une
idole parmi tant d’autres ; il s’agit de l’idole par antonomase.
Littéralement, « l’idole de métal fondu » (cf. Ex 34, 17).
Mammon est l’anti-dieu car il crée une sorte de monde alternatif, il change
l’objet des vertus théologales. La foi, l’espérance et la charité ne
reposent plus en Dieu mais dans l’argent. Une effrayante inversion de toutes
les valeurs se produit. « Rien n’est impossible à
Dieu », dit l’Ecriture ; et encore : «
Tout est possible à celui qui croit ». Mais le monde dit : « Tout
est possible pour celui qui a de l’argent ».
L’avarice, en plus
d’être de l’idolâtrie, est aussi source de malheur. L’avare est un homme
malheureux. Méfiant à l’égard de tous, il s’isole. Il n’a de liens
d’affection avec personne, pas même avec les personnes de son propre sang,
qu’il voit toujours comme des personnes cherchant à l’exploiter et qui
n’éprouvent souvent elles-mêmes qu’un seul vrai désir : le voir mourir le
plus rapidement possible pour hériter de ses richesses. Tourmenté à
l’extrême par l’idée d’épargner, il se refuse tout dans la vie et ainsi ne
jouit ni de ce monde, ni de Dieu, ne pouvant lui-même profiter de ses
renoncements. Au lieu d’en tirer de la sécurité et de la tranquillité, il
est un éternel otage de son argent.
Mais Jésus ne laisse personne
sans espérance de salut, pas même le riche. Lorsque les disciples, après le
récit de la parabole du chameau et du trou de l’aiguille, effarés,
demandèrent à Jésus : « Mais alors, qui peut être sauvé ? », celui-ci répond
: « Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ». Dieu peut
sauver le riche également. La question n’est pas de savoir « si le riche est
sauvé » (ceci n’a jamais été sujet de discussion dans la tradition
chrétienne) mais « quel riche est sauvé ».
Jésus montre aux riches
comment sortir de leur dangereuse situation : « Mais faites-vous des trésors
dans le ciel, là où les mites et la rouille ne dévorent pas »
(Mt 6, 20) ; « Faites-vous des amis avec l'Argent trompeur, afin que,
le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures
éternelles » (Lc 16, 9).
On dirait que Jésus
conseille aux riches de transférer leur argent à l’étranger ! Mais pas en
Suisse, au ciel ! De nombreuses personnes, affirme saint Augustin, se
fatiguent à enterrer leur argent sous terre, se privant également du plaisir
de le voir, parfois toute la vie, pour le simple fait de le savoir en lieu
sûr. Pourquoi ne pas l’enterrer au ciel, où il
serait bien plus en sûreté et où on le retrouverait, un jour, pour toujours
? Comment faire ? C’est simple, poursuit saint Augustin : à travers les
pauvres, Dieu te donne des messagers. Ils se rendent là où tu
espères aller un jour. Dieu en a besoin ici, dans
le pauvre, et il te le rendra quand tu seras là-bas.
Mais
il est évident que l’aumône facile et les œuvres de bienfaisance ne sont
plus aujourd’hui les seuls moyens pour faire que la richesse serve au bien
commun, ni même peut-être le plus recommandable. Il existe aussi celui de
payer ses impôts de manière honnête, de créer de nouveaux postes de travail,
de donner un salaire plus élevé aux ouvriers lorsque la situation le permet,
de lancer des entreprises locales dans les pays en voie de développement. En
d’autres termes, faire fructifier l’argent en le faisant circuler. Etre des
canaux qui conduisent l’eau et non des lacs artificiels qui la retiennent
uniquement pour soi-même.
A lire absolument, l'histoire du jeune homme riche:
► "Veritatis
Splendor" - Jean- Paul II - Lettre Encyclique
Il est urgent de « libérer la
liberté » (cf. Encyclique Veritatis
splendor, n. 86), d'éclairer l'obscurité dans
laquelle l'humanité avance à tâtons, rappelait le pape Benoît XVI. Jésus a
indiqué comment cela peut se faire: « Si vous
demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous
connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres » (Jn 8,
31-32) (Message de Benoît XVI à l'occasion de la XXIème JMJ
Ce thème de la vérité est
en effet cher au pape Benoît XVI qui a pour devise, depuis son épiscopat :
« Coopérateurs de la vérité
».
« Le mensonge, soulignait le pape, se
revêt souvent d’une apparente vérité, mais en réalité il est toujours
sélectif et tendancieux, orienté de manière égoïste vers une
instrumentalisation de l’homme et, en définitive, vers sa soumission.
Des systèmes politiques du passé, mais non seulement du passé, en sont une
preuve amère ».
Benoît XVI
expliquait encore à ce propos : « À
l’opposé se situent la vérité et la véracité, qui portent à la rencontre
d’autrui, à sa reconnaissance et à l’entente: par la splendeur qui lui est
propre – la splendor veritatis
–, la vérité ne peut pas ne pas se répandre; et l’amour du vrai est, par son
dynamisme intrinsèque, tout tourné vers une compréhension impartiale et
équitable, et vers le partage, en dépit de toutes sortes de difficultés
». (Benoît XVI au Corps diplomatique accrédité - janvier 2006)
Sources: Vatican / Z /
E.S.M.
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.10.2006 - BENOÎT XVI |