Homélie de Benoît XVI : Messe sur le
Mont du Précipice à Nazareth |
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Le 14 mai 2009 -
(E.S.M.)
- Le pape Benoît XVI a célébré ce matin une grand messe sur le
Mont du Précipice à Nazareth. Homélie du Saint-Père :
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Le pape Benoît XVI
Homélie de Benoît XVI : Messe sur le
Mont du Précipice à Nazareth
Le 14 mai 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Ce matin, le Saint-Père s'est rendu en hélicoptère à Nazareth, ville de
l'Annonciation et de la Sainte Famille, à une centaine de km de Jérusalem.
Il y a rejoint le Mont du Précipice pour célébrer la messe de clôture de
l'Année de la famille, organisée par l'Eglise catholique en Terre Sainte.
Accueilli par les Maires de Nazareth et de Illit, par le Vicaire patriarcal
latin pour Israël, Mgr. Giacinto-Boulos Marcuzzo, et par Mgr. Paul Nabil
Sayyah, Evêque maronite de Haifa et de Terre Sainte, il a salué les fidèles
rassemblés dans un amphithéâtre à proximité d'une forêt et dédié à Jean
XXIII. Après le salut de Mgr. Elias Chacour, Evêque melchite de Galilée, il
a présidé la messe, à laquelle assistait le Président de l'Etat d'Israël,
M.Shimon Peres.
Ce sont plus de 40.000 personnes rassemblées ce jeudi matin à Nazareth pour
assister à la sainte messe en plein air qui ont accueilli chaleureusement le
pape Benoît XVI.
Chers Frères et Sœurs,
« Que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ ressuscité à laquelle vous
avez été appelés pour former en lui un seul corps ! »
(Col 3, 15). Avec ces mots de l’Apôtre Paul, je vous salue tous
avec affection dans le Seigneur ! Je me réjouis de venir ici à Nazareth,
lieu béni par le mystère de l’Annonciation, lieu qui fut le témoin des
années cachées du Christ grandissant en sagesse, en âge et en grâce
(cf. Lc 2, 52). Je remercie Mgr Elias Chacour de ses cordiales
paroles de bienvenue et je vous donne à tous le baiser de paix, à vous mes
Frères Évêques, aux prêtres, aux religieux et aux religieuses, et à vous
tous les fidèles de Galilée qui, dans la diversité de vos rites et de vos
traditions, exprimez l’universalité de l'Église du Christ. Je présente mes
salutations respectueuses au Président d’Israël, qui nous honore de sa
présence. Et je désire remercier de manière particulière tous ceux qui ont
apporté leur collaboration à la préparation de cette célébration, et
particulièrement ceux qui ont œuvré au projet de ce nouvel amphithéâtre et à
sa construction, nous offrant un magnifique panorama sur la ville.
Nous voici rassemblés ici, dans la ville où vécurent Jésus, Marie et Joseph,
pour marquer la clôture de l’Année de la Famille qui a été célébrée par
l'Église en Terre Sainte. En signe d’espérance pour l’avenir, je vais bénir
la première pierre du Centre international pour la Famille qui doit être
construit à Nazareth. Prions pour que ce Centre promeuve une vie familiale
solide dans cette région, qu’il offre partout un soutien et une assistance
aux familles, et qu’il les encourage dans leur mission irremplaçable dans la
société.
Cette étape de mon pèlerinage, j’en suis sûr, va faire converger l’attention
de toute l'Église vers cette ville de Nazareth. Chacun de nous, comme le
Pape Paul VI l’avait dit ici, a besoin de revenir à Nazareth, de contempler
d’un regard toujours nouveau le silence et l’amour de la Sainte Famille,
modèle de toute famille chrétienne. Ici, devant l’exemple de Marie, Joseph
et Jésus, nous sommes conduits à apprécier toujours plus pleinement le
caractère sacré de la famille, qui, selon le plan de Dieu, est fondée sur la
fidélité tout au long de la vie d’un homme et d’une femme consacrés dans
l’alliance du mariage et ouverts au don, par Dieu, d’une vie nouvelle. Les
hommes et les femmes de notre temps ont un tel besoin de se réapproprier
cette vérité fondamentale, qui est à la base de la société ! Et combien est
important le témoignage de couples mariés pour la formation de consciences
saines et l’édification d’une civilisation de l’amour !
Dans la première lecture de ce jour, tirée du Livre de Ben Sirac
(3, 3-7, 14-17), la Parole de Dieu présente la
famille comme la première école de sagesse, une école qui apprend à ses
membres à pratiquer les vertus conduisant à un bonheur authentique et à un
épanouissement durable. Selon le plan de Dieu pour la famille, l’amour du
mari et de sa femme porte ses fruits dans l’éclosion d’une nouvelle vie, et
trouve son expression quotidienne dans les efforts pleins d’amour des
parents pour assurer à leurs enfants une formation humaine et spirituelle
intégrale. Dans la famille chaque personne, qu’il s’agisse du plus petit des
enfants ou du parent le plus âgé, est appréciée pour elle-même et n’est pas
considérée simplement en fonction d’autres fins. Nous commençons ici à
percevoir quelque chose du rôle essentiel de la famille comme première
pierre d’une société accueillante et bien ordonnée. Et nous pouvons prendre
aussi la mesure, à l’intérieur d’une communauté plus large, des devoirs de
l’État en vue de soutenir les familles dans leur mission d'éducation, de
protéger l'institution de la famille et de ses droits inhérents et de faire
en sorte que toutes les familles puissent vivre et s’épanouir dans des
conditions dignes.
L’Apôtre Paul, en écrivant aux Colossiens, prend instinctivement l’exemple
de la famille quand il veut montrer les vertus qui permettent d’édifier «
le seul corps » qu’est l'Église. Parce que nous sommes choisis par Dieu,
nous ses fidèles et bien-aimés, nous sommes appelés à vivre en harmonie et
en paix les uns avec les autres, à nous supporter les uns les autres et
par-dessus tout à pardonner, ayant l’amour qui fait l’unité dans la
perfection (cf. Col 3, 12-14). Tout comme dans
l’alliance du mariage, l’amour de l’homme et de la
femme est élevé par la grâce au point d’avoir part à l’amour du Christ pour
son Église et d’en être une expression (cf. Ep 5, 32),
de la même manière la famille, enracinée dans cet amour, est appelée à être
« une Église domestique », un lieu de foi, de prière et de souci
affectueux pour le bien véritable et durable de chacun de ses membres.
Tandis que nous réfléchissons sur ces réalités dans cette ville, la cité de
l’Annonciation, nos pensées se tournent naturellement vers Marie, la «
pleine de grâce », la Mère de la Sainte Famille et notre Mère. Nazareth nous
rappelle le besoin que nous avons de reconnaître et de respecter ces dons de
Dieu que sont la dignité et le rôle propre des femmes ainsi que leurs
charismes et talents particuliers. Que ce soit comme mères de famille, ou
bien par leur présence au travail ou dans les institutions de la société ou
encore à travers une vocation particulière à suivre le Seigneur par les
conseils évangéliques de chasteté, pauvreté et obéissance, les femmes ont un
rôle indispensable pour créer cette « écologie humaine »
(cf.
Centesimus Annus, n. 39) dont notre monde et cette terre ont
un si grand besoin : c’est un environnement où les enfants apprennent à
aimer et à accueillir les autres, à être honnêtes et respectueux envers
tous, à pratiquer les vertus de miséricorde et de pardon.
Ici nous pensons aussi à saint Joseph, l’homme juste que Dieu a voulu placer
à la garde de sa maison. A travers l’exemple fort et paternel de Joseph,
Jésus a appris les vertus d’une piété vigoureuse, la fidélité à la parole
donnée, la droiture et le dur labeur. Dans le charpentier de Nazareth, il
découvrait comment l’autorité placée au service de l’amour est infiniment
plus féconde que le pouvoir qui cherche à dominer. Combien notre monde a
besoin d’être guidé par l’exemple, le modèle, la force paisible d’hommes
comme Joseph !
Enfin, en contemplant la Sainte Famille de Nazareth, nous nous tournons vers
l’Enfant Jésus qui, dans la maison de Marie et Joseph, grandit en sagesse et
en intelligence jusqu’au jour où il commença son ministère public. Ici, je
voudrais simplement livrer une pensée particulière, à vous les jeunes qui
êtes ici. Le Deuxième Concile du Vatican nous enseigne que les enfants ont
un rôle particulier à jouer pour aider leurs parents à croître en sainteté
(cf. Gaudium
et Spes, n. 48). Je vous encourage à réfléchir sur cela, et à
laisser l’exemple de Jésus vous guider, pas seulement en montrant du respect
à vos parents, mais aussi en les aidant à découvrir plus pleinement l’amour
qui donne à nos vies leur sens le plus profond. Dans la Sainte Famille de
Nazareth, c’était Jésus qui enseignait à Marie et à Joseph quelque chose de
la grandeur de l’amour de Dieu, son Père céleste, source première de tout
amour, Père dont toute famille au ciel et sur terre tire son nom
(cf. Ep 3, 14-15).
Chers amis, dans la Prière d’ouverture de la Messe d’aujourd’hui, nous avons
demandé au Père de « nous aider à vivre comme la Sainte Famille, unis dans
le respect et l’amour ». Réaffirmons ensemble, ici, notre engagement à être
ferment de respect et d’amour dans le monde qui nous entoure. Ce Mont du
Précipice nous rappelle, comme il l’a fait pour des générations de pèlerins,
que le message du Seigneur était parfois source de contradiction et de
conflit pour ses auditeurs. Malheureusement, comme chacun sait, Nazareth a,
ces dernières années, connu des tensions qui ont nui aux relations entre les
communautés chrétiennes et musulmanes. J’invite les personnes de bonne
volonté de ces deux communautés à remédier aux dommages qui ont été causés
et, dans la fidélité à notre foi commune au Dieu Unique, Père de la famille
humaine, je leur demande de travailler à construire des ponts et de trouver
les moyens de vivre paisiblement ensemble. Que chacun rejette le pouvoir
destructeur de la haine et des préjugés, qui porte la mort dans l’âme des
hommes avant de tuer leurs corps !
Permettez-moi de conclure avec un mot de gratitude et de félicitations à
tous ceux qui s’efforcent de porter l’amour de Dieu aux enfants de cette
ville, et d’éduquer les nouvelles générations sur les chemins de la paix. Je
remercie de manière particulière les efforts des Églises locales qui,
notamment à travers leurs écoles et leurs institutions de charité, cherchent
à briser les murs et à offrir un terrain favorable pour les rencontres, le
dialogue, la réconciliation et la solidarité. J’encourage le dévouement des
prêtres, des religieux et des religieuses, des catéchistes et des
enseignants, avec les parents et tous ceux qui se soucient du bien de nos
enfants, les invitant à témoigner avec persévérance de l’Évangile, à garder
confiance dans le triomphe de la bonté et de la vérité, et à croire que Dieu
donnera la croissance à toute initiative qui tend à l’extension du Royaume
de sainteté, de solidarité, de justice et de paix. Dans le même temps, je
veux souligner avec gratitude la solidarité dont tant de nos frères et sœurs
à travers le monde font preuve à l’égard des fidèles de Terre sainte en
soutenant les programmes et les actions remarquables du Catholic Near
East Welfare Association.
« Que tout se passe pour moi selon ta parole » (Lc
1, 38). Que Notre-Dame de l’Annonciation, qui a courageusement
ouvert son cœur au plan mystérieux de Dieu et est devenue la Mère de tous
les croyants, nous guide et nous assiste par ses prières ! Puisse-t-elle
obtenir, pour nous et pour nos familles, la grâce d’ouvrir l’oreille au
message du Seigneur qui a le pouvoir de nous fortifier
(cf. Ac 20, 32), de nous inspirer les décisions courageuses et de
guider nos pas sur les chemins de la paix !
***
Au terme de la Messe célébrée à Nazareth, le Saint-Père Benoît XVI a béni
les premières pierres du Centre International pour la Famille, du
Parc-Mémorial Jean Paul II et de l'"University of Pope Benedict XVI"
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Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.05.09 -
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