Photo: Benoît XVI

Benoît XVI renoue avec le chemin de croix du Colisée

Le pape Benoît XVI a renoué pour le Vendredi Saint avec la tradition du chemin de croix au Colisée, au coeur de Rome, que Jean Paul II, à quelques jours de sa mort, avait été incapable d'accomplir l'an dernier.

Dans le cadre somptueux de l'amphithéâtre antique, Benoît XVI devait porter lui-même la croix, faite d'un bois léger, à la première et à la dernière des 14 stations du chemin de croix par lequel l'Eglise catholique commémore les différentes étapes du procès et du supplice du Christ.

Le pape Benoît XVI, qui aura 79 ans dimanche, jour de Pâques, reprend ainsi la pratique à laquelle son prédécesseur polonais, rendu impotent par la maladie de Parkinson, avait dû renoncer.

Depuis 2001, Jean Paul II se contentait de présider la célébration agenouillé sur un prie-Dieu installé sur la terrasse du Palatin dominant le Colisée illuminé par des flambeaux, tandis que des milliers de fidèles et de spectateurs suivaient la célébration sur des écrans géants.

L'an dernier, huit jours avant sa mort, le pape Jean-Paul II s'était résigné à n'être lui-même qu'un spectateur. Les écrans géants l'avaient montré de dos dans sa chapelle privée, tandis qu'il priait devant l'écran de télévision retransmettant le chemin de croix.

Benoît XVI a confié à un prélat du Vatican, Mgr Angelo Comastri, la rédaction des méditations et des prières du chemin de croix de cette année, variations spirituelles sur les thèmes du pêché et de la rédemption.

L'an dernier, le texte avait été rédigé à la demande de Jean Paul II par le cardinal Ratzinger, notre pape Benoît XVI .

Le cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et doyen du collège des cardinaux, avait comparé l'Eglise à "une barque prête à couler", "qui prend l'eau de toutes parts", dénoncé ses "souillures" et "l'orgueil" de son clergé.

Il avait aussi déploré la perte de la foi dans le monde contemporain et la montée d'un "nouveau paganisme" qui, "en voulant mettre définitivement Dieu à part, a fini par se débarrasser de l'homme".

Avec le recul, ce texte est apparu comme un discours-programme du gardien du dogme de l'Eglise catholique, que les autres cardinaux ont choisi le 19 avril 2005 pour successeur de Jean Paul II, mort le 2 avril.

Avant le chemin de croix, qui devait débuter à 21h15 (19h15 GMT), Benoît XVI a présidé à 17h00 (15h00 GMT) une célébration dans la basilique Saint-Pierre. L'homélie a été prononcée par le prédicateur de la maison pontificale, le père Raniero Cantalamessa.

Le Vendredi Saint est le seul jour de l'année liturgique où le pape ne prononce pas d'homélie.

Le prédicateur est parti en guerre contre le commerce fait autour du Christ qui, a-t-il dit, "est aujourd'hui vendu, non plus pour trente deniers, mais pour des milliards".

"Plus le scénario imaginé est fantastique, plus il bénéficie d'une propagande et plus il suscite d'intérêt", a déploré le père Cantalamessa, en référence au livre de Dan Brown "Da Vinci Code", et à "L'Evangile selon Judas", un texte qui ne fait pas partie des livres saints de l'Eglise, dont un manuscrit du 4ème siècle vient de réapparaître.

Au début de la célébration, le pape Benoît XVI, en vêtements liturgiques rouges, évoquant le sang des martyrs, s'est allongé face contre terre pour prier, en signe d'abandon total à Dieu

Demain Samedi Saint, 15 avril

A 22 h, à Saint-Pierre, le pape Benoît XVI bénira le feu, le cierge et l’eau avant l’entrée dans la basilique au chant de l’Exultet, pour la veillée, « mère de toutes les veillées » , au cours de laquelle le Saint-Père confèrera les sacrements de l’initiation chrétienne à des catéchumènes.

Dimanche de Pâques, 16 avril
10 h 30, sur le parvis de la basilique Saint-Pierre, transformé en jardin de la résurrection par les milliers de fleurs venues de Hollande, messe de la Résurrection présidée par Benoît XVI.
Au terme de la célébration, le pape Benoît XVI délivrera son message de Pâques et donnera sa bénédiction Urbi et Orbi, en mondovision, depuis la loggia des bénédictions de la basilique.

Eucharistie, Sacrement de la Miséricorde. 14.04.2006 - BENOÎT XVI