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Benoît XVI : Exceptionnellement

Le 14 mars  2023 - (E.S.M.) - Oui, je crois, conclut Benoît XVI, que justement aujourd'hui, après toute la recherche fébrile de l'exégèse critique, nous pouvons partager d'une façon toute nouvelle l'étonnement pour le fait qu'une Parole de l'an 733 avant Jésus-Christ, demeurée incompréhensible au moment de la conception de Jésus-Christ, s'est avérée - que Dieu, en effet, nous a donné un grand signe qui regarde le monde entier.

Benoît XVI - Parole de l'an 733 avant Jésus-Christ  Pour agrandir l'image ► Cliquer

Benoît XVI : Jésus ne porte pas le nom d'Emmanuel, mais est l'Emmanuel

Le 14 mars 2023 : Les constats du pape Benoit XVI


    Exceptionnellement, nous pouvons fixer la datation de ce verset d'Isaïe de façon très précise : on le situe en 733 avant Jésus-Christ. Le roi assyrien Teglat-Phalasar III, par une campagne militaire inattendue, avait repoussé le début d'une insurrection des États syro-palestiniens. Les rois Raçon de Damas/Syrie et Peqah d'Israël s'unirent alors en une coalition contre la grande puissance assyrienne. Mais parce qu'ils n'avaient pas réussi à persuader le roi Achaz de Juda d'adhérer à leur alliance, ils décidèrent d'entrer en campagne contre le roi de Jérusalem afin d'inclure son pays dans leur coalition.

    Achaz et son peuple — de façon bien compréhensible - sont remplis de peur devant l'alliance ennemie ; le cœur du roi - et celui de son peuple — chancelle « comme chancellent les arbres de la forêt sous le vent » (Is 7, 2). Malgré cela, Achaz — qui visiblement était un politique calculant avec prudence et froideur — garde la position déjà prise : il ne veut pas entrer dans une alliance anti-assyrienne dans laquelle, face à l'énorme suprématie de la grande puissance, il n'a clairement aucune chance. Au contraire, il conclut un pacte de protection avec l'Assyrie - ce qui, d'un côté, lui garantit la sécurité et sauve son pays de la destruction, mais de l'autre a pour prix l'adoration des divinités nationales de la puissance protectrice.

    De fait, ce fut après la conclusion du pacte passé entre Achaz et l'Assyrie, en dépit de la mise en garde du prophète Isaïe, qu'on en arriva à la construction d'un autel selon le modèle assyrien dans le Temple de Jérusalem (cf. 2 R 16, 1 sq. ; cf. Kaiser, p. 73). Au moment auquel se réfère la citation d'Isaïe rapportée par Matthieu, on n'en était pas encore arrivé à ce point. Une chose cependant était claire : si Achaz avait passé l'accord avec le grand roi assyrien, cela aurait signifié que lui, en tant qu'homme politique, avait davantage confiance dans le pouvoir du roi que dans la puissance de Dieu, laquelle, de toute évidence, ne lui paraissait pas suffisamment réelle. En dernière analyse donc, il s'agissait là non d'un problème politique mais d'une question de foi.

    Isaïe, dans ce contexte, dit au roi de ne pas avoir peur face à « ces deux bouts de tisons fumants », la Syrie et Israël (Ephraïm), et qu'il n'y a donc aucun motif pour l'accord de protection avec l'Assyrie : il doit s'appuyer sur la foi et non sur un calcul politique. D'une façon tout à fait inhabituelle, il invite Achaz à demander un signe à Dieu, du fond des enfers ou d'en haut. La réponse du roi hébreu semble pieuse : il ne veut pas tenter Dieu et ne veut demander aucun signe (cf. Is 7, 10-12). Le prophète qui parle de la part de Dieu ne se laisse pas embarrasser. Il sait que la renonciation du roi à un signe n'est pas — comme il peut sembler — une expression de foi, mais, au contraire, un indice du fait qu'il ne veut pas être gêné dans sa « realpolitik ».

    C'est alors que le prophète annonce qu'à présent le Seigneur lui-même donnera un signe : « Voici, la jeune femme est enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel [Dieu avec nous] » (Is 7, 14).

    Quel est le signe ainsi promis à Achaz ? Matthieu, et avec lui toute la tradition chrétienne, y voit une annonce de la naissance de Jésus de la Vierge Marie — Jésus qui, à vrai dire, ne porte pas le nom d'Emmanuel, mais est l'Emmanuel, comme l'ensemble du récit des Évangiles cherche à le montrer. Cet homme — nous montrent les Évangiles — est lui-même la présence permanente de Dieu parmi les hommes. Il est vrai homme et en même temps Dieu, vrai Fils de Dieu.

    Mais Isaïe a-t-il compris ainsi le signe annoncé ? Là-dessus, d'une part, on objecte par-dessus tout - et avec raison - que, justement, serait annoncé à Achaz un signe, qui, à ce moment-là, lui aurait été donné pour le ramener à la foi dans le Dieu d'Israël, en tant que vrai maître du monde. Donc, le signe devrait être cherché et reconnu dans le contexte historique contemporain, dans lequel il a été annoncé par le prophète. De la même façon, l'exégèse, avec une grande rigueur et avec toutes les possibilités de l'érudition historique, est allée à la recherche d'une explication historique contemporaine du déroulement des faits - et n'a pas réussi.

    Rudolf Kilian, dans son commentaire d'Isaïe, a décrit brièvement les principales tentatives de ce genre. Il en montre quatre types principaux. Le premier dit : avec le terme « Emmanuel » on se réfère au Messie. L'idée du Messie, toutefois, ne s'est totalement développée que durant la période de l'exil et par la suite. On pourrait donc trouver ici tout au plus une anticipation de cette figure ; une correspondance historique contemporaine n'est pas identifiable. La deuxième hypothèse suppose que le « Dieu avec nous » soit un fils du roi Achaz, peut-être Ézéchias - thèse qui ne peut être vérifiée d'aucune façon. La troisième théorie imagine qu'il s'agit de l'un des fils du prophète Isaïe, qui portent tous les deux des noms prophétiques : Seriasasùbi :« un reste reviendra » et Maher-salal-cas-bazi : « Prompt butin - proche pillage » (cf. Is 7, 3 ; 8, 3). Toutefois cette tentative ne se révèle pas convaincante non plus. Une quatrième thèse s'engage dans une interprétation collective : Emmanuel serait le nouvel Israël et la 'almäh (« vierge ») ne serait « rien d'autre que la figure symbolique de Sion ». Mais le contexte du prophète n'offre aucun indice pour une telle conception, aussi parce que cela ne pourrait pas être non plus un signe historique contemporain. Kilian conclut ainsi son analyse des différents types d'interprétation : « Comme résultat de cette vision d'ensemble, il résulte donc qu'aucune des tentatives d'interprétation ne réussisse vraiment à convaincre. Autour de la mère et du fils le mystère demeure, au moins pour le lecteur d'aujourd'hui, mais sans doute aussi pour l'auditeur d'alors, et peut-être plus encore pour le prophète lui-même » (Jesaja, p. 62).


    Que pouvons-nous donc dire ? L'affirmation sur la vierge qui donne naissance à l'Emmanuel, analogiquement au grand chant du Serviteur de JHWH en Isaïe 53, est une Parole en attente. Dans son contexte historique on ne trouve aucune confirmation. Elle reste ainsi une question ouverte : elle n'est pas seulement une parole adressée à Achaz. Elle n'est pas non plus seulement adressée à Israël. Elle est adressée à l'humanité. Le signe que Dieu lui-même annonce n'est pas offert pour une situation politique déterminée, mais regarde l'homme et son histoire dans son ensemble.

    Les chrétiens ne devaient-ils pas entendre cette parole comme Parole pour eux ? Ne devaient-ils pas, touchés par la Parole, arriver à la certitude : la Parole, qui était toujours présente de façon si étrange et attendait d'être déchiffrée, est-elle devenue maintenant réalité ? Ne devaient-ils pas être convaincus : dans la naissance de Jésus de la Vierge Marie, Dieu nous a-t-il désormais donné ce signe ? L'Emmanuel est venu. Marius Reiser a résumé l'expérience que les lecteurs chrétiens firent de cette Parole dans la phrase : « La prédiction du prophète est comme un trou de serrure miraculeusement prédisposé, dans lequel le Christ-clé entre parfaitement » (Bibelkritik, p. 328).

    Oui, je crois, conclut Benoît XVI, que justement aujourd'hui, après toute la recherche fébrile de l'exégèse critique, nous pouvons partager d'une façon toute nouvelle l'étonnement pour le fait qu'une Parole de l'an 733 avant Jésus-Christ, demeurée incompréhensible au moment de la conception de Jésus-Christ, s'est avérée — que Dieu, en effet, nous a donné un grand signe qui regarde le monde entier.


A suivre : L'enfantement virginal : mythe ou vérité historique ?



  

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Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 14.03.2023

 

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