Benoît XVI est le Pape de la
tolérance, quoiqu’en dise une certaine presse |
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Le 14 mars 2009 -
(E.S.M.)
- Quoiqu’en dise une certaine presse manipulée, Benoît XVI est le
Pape de la tolérance, le paladin du dialogue entre les religions : il
est allé en Turquie, il doit faire le voyage de Jérusalem. Il n’est pas
Jean-Paul II, acteur engagé de l’actualité, mais il n’est pas, non plus,
l’obscurantiste dénigré par la presse.
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Le pape Benoît XVI
Benoît XVI est le Pape de la
tolérance, quoiqu’en dise une certaine presse
Dialogue pour une période de tempête
Le 14 mars 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Les anti-papistes se frottent les mains. La société moderne affrontée à
ses démons a trouvé son bouc émissaire. La presse a bien monté son coup.
Dans la tempête actuelle il faut commencer par se calmer et prendre le temps
de la réflexion. Il est urgent de laisser de côté l’éternel affrontement
entre progressistes et conservateurs qui dure depuis plus de quarante ans
dans l’Eglise, affrontement où la charité et l’intelligence ne trouvent pas
toujours leur compte.
L’anti-papisme n’est pas d’aujourd’hui. Les mêmes rengaines reviennent
depuis un certain nombre d’années. Pie X fut pape anti-moderniste, car n’a
rien compris aux joies du socialisme et du marxisme. Paul VI était pape
rétrograde, car il a défendu la vie des plus petits et a rappelé que la
sexualité devait être fondée sur l’amour vrai. Jean-Paul II en 1980 était
défini comme un pape irresponsable, car a le courage de lutter contre le
communisme triomphant. En 1990 il passait pour un pape rétrograde, car il
défendait la vie et l’amour chrétien. En 2000 il passait pour un pape
arriéré, car trop vieux, trop faible : il devrait céder sa place.
Curieusement ses funérailles ressemblèrent à un triomphe.
Benoît XVI en 2005 était défini comme irresponsable, car il mettait avec foi
et courage les musulmans fassent à leurs propres contradictions, quand
l’Europe adoptait une attitude lâche et peureuse. En 2008 il est à nouveau
irresponsable, car souhaite l’unité de l’Eglise avec ceux qui se sont
éloignés et à qui il tend la main avec douceur, charité et fermeté. Le geste
du père ne fait l’économie d’aucun effort pour se réconcilier ses enfants.
Le fils aîné de la parabole se scandalisera toujours devant la longanimité
de son Père et soupçonnera toujours son frère d’être intéressé.
L’Esprit Saint, qui souffle ou il veut, et qui est le maître de l’histoire
doit tout d’abord guérir les plaies de la société moderne. Quoiqu’en dise
une certaine presse manipulée, Benoît XVI est le Pape de la tolérance, le
paladin du dialogue entre les religions : il est allé en Turquie, il doit
faire le voyage de Jérusalem. Il n’est pas Jean-Paul II, acteur engagé de
l’actualité, mais il n’est pas, non plus, l’obscurantiste dénigré par la
presse.
Le rôle du Pape n’est pas d’adapter l’Évangile à l’état des mœurs actuelles,
il n’est pas sûr que l’Église y gagnerait en popularité, bien que dans
certaines circonstances, la miséricorde s’impose. On ne peut pas servi deux
maîtres : l’argent et Dieu, sa raison et ses pulsions. La crise économique
qui perturbe les riches de ce monde a créé un malaise généralisé. Il faut
donc trouver un exutoire. Le problème fondamental revient constamment : que
signifie dialoguer avec le monde ?
La crise actuelle m’a remis en mémoire le livre du Père M. Bellet au titre
significatif : Le meurtre de la parole ou l’épreuve du dialogue, publié à
Paris en 2006. Penser le dialogue à quelque chose de vertigineux, et engage
dans une ascèse de désappropriation de la Vérité au terme de quoi il est
difficile de se conduire en conquérant ou en dominateur. Il est vrai que le
christianisme d’hier qui était possession de la voie ineffable. On retrouve
dans le thème de la désappropriation les impasses de la théologie kénotique
: « Le passage de l’universel impérial à l’espace du dialogue peut être
l’occasion pour les chrétiens de mener plus loin ce processus de l’intuition
évangélique, se déchargeant de tout ce qui l’a encombré, se livrant sans
craintes à cette parole échangée qui ne sait que servir la Vérité au lieu de
croire la posséder. Autrement dit, le travail de désappropriation immanente
au dialogue réel coïnciderait en fait avec cette élimination créatrice. » Il
y a quelque chose de vrai dans ces propos.
La Vérité ne saurait être un enjeu de pouvoir, un levier pour une volonté de
puissance. N’empêche qu’elle est revêtue d’une autorité qui requiert
l’adhésion. Le danger est que l’autorité passe du côté de l’autoritarisme.
Mais la différence évangélique intervient pour « éliminer » tout processus
de captation perverse et la désappropriation est conversion, possibilité
donnée à la grâce de nous transformer comme nous ne nous y attendions pas.
L’exemple de Paul de Tarse est éclairant sous cet aspect. La kénose
correspond à la radicalité du dialogue et à l’abaissement. Bellet écrit : «
par rapport à la nécessité humaine et à l’enjeu du dialogue à chacun de voir
ce qui se donne et se montre là. C’est une prodigieuse déception des
disciples et du peuple. Ils attendent de Lui (Jésus) qu’il soit précisément
le support des principes de ce qui sera le règne de la Vérité : le grand
pouvoir enfin va se manifester au monde, réunir et dominer tout ! Et tout
s’effondre dans la mort ».
Méditer « le meurtre de la parole » est aussi revenir sur la nature de la
Passion du Seigneur. « Si tel est le cœur de la foi chrétienne, alors se
défait, dans la communion à Lui, toute espèce de prétention de pouvoir,
toute âpreté à dominer, à faire obéir, à faire taire ! Si jamais une parole
sort de là, ce ne pourra être qu’une parole infiniment humble, servante,
obéissante, de la seule obéissance qui vaut en ce lieu-là : d’obéir à cette
Vérité qui est don et encore don, générosité envers tout humain, désir,
immense désir que tout soit sauf ».
Ce langage peut être salutaire, et il peut conduire à une mystique du
détachement, d’une imitation christique jusqu’au fond de la déréliction.
Paul, Augustin et Newman se sont abandonnés au mouvement intime de
conversion le plus intense qu’il soit possible d’imaginer. Mais,
curieusement, ce sont aussi des maîtres en Vérité, qui expriment la doctrine
avec l’autorité que requiert la révélation du Dieu vivant et vrai. Pour eux
il n’y a pas de contradiction entre conversion et recherché de la Vérité.
Benoît XVI a proposé plus d’une fois leur modèle au cours de ses
catéchèses.
Frédéric Manns, ofm

Sources : custodia
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.03.2009 -
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