L'exhortation de Benoît XVI pour une
nouvelle ferveur eucharistique |
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Cité du Vatican, le 14 mars 2007 -
(E.S.M.) - Synthèse de l’Exhortation apostolique post-synodale du Pape
Benoît XVI "Sacramentum Caritatis" sur l’Eucharistie source et sommet de la
vie et de la mission de l’Eglise.
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Le pape Benoît XVI signant
l'exhortation "Sacramentum Caritatis"
L'exhortation du pape Benoît XVI pour une nouvelle ferveur eucharistique
Synthèse proposée par Fides et en seconde partie par Pro Liturgia
“Par l’Exhortation apostolique
post-synodale du pape Benoît XVI sur l’Eucharistie comme source et sommet de
la vie et de la mission de l’Eglise, “Sacramentum Caritatis”, l’itinéraire
long et articulé de la XIe Assemblée ordinaire du synode des évêques trouve
son fruit le plus mûr” a dit le card. Angelo Scola, Patriarche de
Venise, qui fut rapporteur général à la XIe Assemblée générale ordinaire du
Synode des évêques (2-23 octobre 2005), en présentant l’Exhortation
apostolique post-synodale. Était aussi présent S.E. Mgr Nikola Eterović,
secrétaire général du Synode des évêques.
“Si d’une part l’Exhortation Apostolique constitue le fruit mûr du chemin
parcouru - a dit encore le cardinal, de l’autre elle se donne explicitement
pour objectif d’ouvrir la voie à des approfondissements supplémentaires.
Elle vise, en effet, à “expliciter certaines lignes fondamentales
d’engagement, destinées à réveiller dans l’Eglise un nouvel élan et une
nouvelle ferveur eucharistique”. Une contribution précieuse dans ce sens
sera donnée aussi par la publication du Compendium eucharistique proposé par
les pères du synode”.
L’Exhortation est structurée en trois parties, dont chacune approfondit
l’une des trois dimensions de l’Eucharistie : Eucharistie,
mystère à croire;
Eucharistie, mystère à célébrer; Eucharistie,
mystère à vivre. Ces parties
“sont à tel point liées que leurs contenus s’éclairent les uns les autres.
Du reste un apport significatif du travail synodal est justement le
dépassement de certaines dualismes - par exemple entre la foi eucharistique
et le rite, entre la célébration et l’adoration, entre la doctrine et la
pastorale, parfois encore présents dans la vie de la communauté ecclésiale
et dans la réflexion théologique”.
Le card. Scola a mis ensuite en évidence l’importance de l’ars celebrandi
(art de célébrer) pour une participatio toujours plus actuosa (participation
active, pleine et fructueuse). “Particulièrement innovante apparaît en
effet, par rapport à la célébration, l’insistance du document sur la
dépendance de l’actuosa participatio de l’ars celebrandi”. Le pape Benoît
XVI affirme que “l’ars celebrandi est la meilleure condition pour l’actuosa
participatio. L’ars celebrandi jaillit de l’obéissance fidèle aux normes
liturgiques dans leur totalité, puisque c’est justement cette façon de
célébrer qui assure depuis deux mille ans la vie de foi à tous les croyants,
qui sont appelés à vivre la célébration en tant que peuple de Dieu,
sacerdoce royal, nation sainte”.
S’arrêtant sur la structure et sur les contenus de l’Exhortation, le card.
Scola a mis en évidence pour chacune des trois parties quelques thèmes
doctrinaux et indications pastorales. Dans la première partie le Saint-Père
illustre le mystère de l’Eucharistie à partir de son origine trinitaire qui
en assure le caractère permanent de don, rappelle l’institution de l’Eucharistie
en rapport avec la Cène pascale juive, indique clairement le critère de
l’authentique créativité liturgique. L’origine eucharistique de l’Eglise
explique ensuite qu’elle soit “communio” et assure la nature sacramentelle
de l’Eglise elle-même. Puis l’Exhortation approfondit la centralité de l’Eucharistie
parmi les sept sacrements.
La seconde partie de l’Exhortation illustre le déroulement de l’action
liturgique dans la célébration, indiquant les éléments qui méritent un plus
grand approfondissement, et proposant certaines suggestions pastorales
d’importance. En particulier est mis en évidence le bienfait de la réforme
liturgique lancée par le Concile Vatican II: quelques difficultés et abus
“ne peuvent obscurcir le bienfait et l’efficacité du renouvellement
liturgique, qui contient encore des richesses qui n’ont pas été pleinement
explorées”. A la description de la “beauté liturgique” suivent les
indications pratiques sur le rapport “ars celebrandi - actuosa participatio”.
Dans la troisième et dernière partie, l’Exhortation apostolique “montre la
capacité du mystère cru et célébré de constituer l’horizon ultime et
définitif de l’existence chrétienne”. “Benoît XVI réaffirme, dès les
premières lignes de l’Exhortation, que le don de l’Eucharistie est pour
l’homme, répond aux attentes de l’homme. De chaque homme et de chaque époque
évidemment, mais spécialement de notre contemporain. Le mystère
eucharistique représente le facteur dynamique qui transfigure l’existence.
Régénéré par le baptême et incorporé eucharistiquement à l’Eglise, l’homme
peut enfin s’accomplir pleinement, apprenant à offrir “son corps” - c’est à
dire lui tout entier - comme sacrifice en vivant saint et agréable à Dieu”.
Agence Fides 13/3/2007
Synthèse proposée par Pro Liturgia - L'ARS
CELEBRANDI
1. Obéissance aux normes liturgiques.
Au cours des travaux du Synode, on a recommandé à de nombreuses reprises la
nécessité de dépasser toute séparation possible entre l'ars celebrandi, à
savoir l'art de bien célébrer, et la participation pleine, active et
fructueuse de tous les fidèles. En effet, le premier moyen de favoriser la
participation du peuple de Dieu au Rite sacré est la célébration appropriée
du Rite lui-même. L'ars celebrandi est la meilleure
condition pour une actuosa participatio. L'ars celebrandi découle de
l'obéissance fidèle aux normes liturgiques dans leur totalité, puisque c'est
justement cette façon de célébrer qui a assuré, depuis 2000 ans, la vie de
foi de tous les croyants, qui sont appelés à vivre la célébration en tant
que peuple de Dieu, sacerdoce royal, nation sainte.
2. Respect des rôles spécifiques dans l'action
liturgique.
S'il est vrai que le peuple de Dieu tout entier participe à la Liturgie
eucharistique, cependant, en relation avec un ars celebrandi correct, une
tâche indéniable revient à ceux qui ont reçu le sacrement de l'Ordre.
Evêques, prêtres et diacres, chacun selon son degré, doivent considérer la
célébration comme leur principal devoir. Cela concerne avant tout l'Evêque
diocésain: en effet, en tant que "premier dispensateur des mystères de Dieu
dans l'Eglise particulière qui lui est confiée, il est le guide, le
promoteur et le gardien de toute la vie liturgique". Tout cela est décisif
pour la vie de l'Eglise particulière non seulement du fait que la communion
avec l'Evêque est la condition pour que toute célébration sur son territoire
soit légitime, mais aussi parce qu'il est lui-même le liturge par excellence
de son Eglise. Il lui revient de sauvegarder l'unité unanime des
célébrations dans son diocèse. L'Evêque doit donc faire en sorte "que les
prêtres, les diacres et les fidèles comprennent toujours plus le sens
authentique des rites et des textes liturgiques et qu'ils soient ainsi
conduits à une célébration de l'Eucharistie active et fructueuse". J'exhorte
en particulier à faire tout ce qui est nécessaire pour que les célébrations
liturgiques présidées par l'Evêque dans l'église cathédrale se déroulent
dans le plein respect de l'ars celebrandi, afin qu'elles puissent être
considérées comme le modèle pour toutes les églises présentes sur le
territoire.
En soulignant l'importance de l'ars celebrandi, on met par conséquent en
lumière la valeur des normes liturgiques. L'ars celebrandi doit favoriser le
sens du sacré et l'utilisation des formes extérieures qui éduquent à un tel
sens, comme par exemple l'harmonie du rite, des vêtements liturgiques, de
l'ameublement et du lieu sacré. Là où les prêtres et les responsables de la
pastorale liturgique s'emploient à faire connaître les livres liturgiques et
les normes liturgiques en vigueur, mettant en évidence les grandes richesses
de la Présentation générale du Missel romain et de la Présentation des
Lectures de la Messe, la célébration eucharistique en tire profit. Dans les
communautés ecclésiales, on croit peut-être déjà les connaître et pouvoir
porter un jugement éclairé sur elles, mais, souvent, il n'en est pas ainsi.
En réalité, ces textes contiennent des richesses qui conservent et qui
expriment la foi et le chemin du peuple de Dieu au long des deux millénaires
de son histoire. Pour un ars celebrandi correct, il est tout aussi important
d'être attentif à toutes les formes de langage prévues par la liturgie:
parole et chant, gestes et silences, mouvements du corps, couleurs
liturgiques des vêtements. En effet, la liturgie possède de par sa nature
une variété de registres de communication qui lui permettent de parvenir à
intégrer tout l'être humain. La simplicité des gestes et la sobriété des
signes, effectués dans l'ordre et dans les moments prévus, communiquent et
impliquent plus que le caractère artificiel d'ajouts inopportuns.
L'attention et l'obéissance à la structure propre du rite, tout en exprimant
la reconnaissance du caractère de don de l'Eucharistie, manifestent la
volonté du ministre d'accueillir, avec une docile gratitude, ce don
ineffable.
3. Veiller à la beauté des célébrations.
Le lien profond entre la beauté et la liturgie doit nous rendre attentifs à
toutes les expressions artistiques mises au service de la célébration. Un
aspect important de l'art sacré est certainement l'architecture des églises,
dans lesquelles doit ressortir l'unité entre les éléments constitutifs du
choeur: autel, crucifix, tabernacle, ambon, siège. A ce propos, on doit
garder présent à l'esprit que l'architecture sacrée a pour but d'offrir à
l'Eglise qui célèbre les mystères de la foi, en particulier l'Eucharistie,
l'espace le plus adapté au déroulement approprié de son action liturgique.
En effet, la nature du temple chrétien est définie par l'action liturgique
elle-même, qui implique le rassemblement des fidèles (ecclesia), qui sont
les pierres vivantes du temple.
(...) En définitive, il est nécessaire qu'en tout ce qui concerne
l'Eucharistie, on ait le goût de la beauté. On devra donc respecter et
soigner aussi les vêtements liturgiques, le mobilier, les vases sacrés, afin
que, reliés entre eux de façon organique et ordonnée, ils entretiennent la
vénération pour le mystère de Dieu, qu'ils manifestent l'unité de la foi et
qu'ils renforcent la dévotion.
4. L'importance du chant; le chant grégorien.
Dans l'ars celebrandi, le chant liturgique occupe une place importante.
Saint Augustin a raison, lorsqu'il affirme dans un sermon célèbre: "L'homme
nouveau sait quel est le cantique nouveau. Chanter, c'est exprimer sa joie
et, si nous y pensons avec un peu plus d'attention, c'est exprimer son
amour". Le peuple de Dieu rassemblé pour la célébration chante les louanges
de Dieu. L'Eglise, dans son histoire bimillénaire, a créé et continue de
créer des musiques et des chants qui constituent un patrimoine de foi et
d'amour qui ne doit pas être perdu. En réalité, dans la liturgie nous ne
pouvons pas dire qu'un cantique équivaut à un autre. A ce sujet, il convient
d'éviter l'improvisation générale ou l'introduction de genres musicaux qui
ne sont pas respectueux du sens de la liturgie. En tant qu'élément
liturgique, le chant doit s'intégrer dans la forme propre de la célébration.
Par conséquent, tout - dans le texte, dans la mélodie, dans l'exécution -
doit correspondre au sens du mystère célébré, aux différents moments du rite
et aux temps liturgiques. Enfin, tout en tenant compte des diverses
orientations et des diverses traditions très louables, je désire que, comme
les Pères synodaux l'ont demandé, le chant grégorien, en tant que chant
propre de la liturgie romaine, soit valorisé de manière appropriée.
5. L'unité dans la célébration liturgique.
Après avoir rappelé les éléments essentiels de l'ars celebrandi qui sont
apparus dans les travaux synodaux, je voudrais attirer l'attention de
manière plus spécifique sur quelques parties de la structure de la
célébration eucharistique, qui nécessitent, en notre temps, un soin
particulier, afin de demeurer fidèles à l'intention profonde du renouveau
liturgique voulu par le Concile Vatican II, en continuité avec toute la
grande tradition ecclésiale.
Avant tout, il est nécessaire de réfléchir à l'unité intrinsèque du rite de
la Messe. Il convient d'éviter que, dans les catéchèses ou dans les
modalités de la célébration, on laisse paraître une vision juxtaposée des
deux parties du rite. Liturgie de la Parole et liturgie eucharistique - mis
à part les rites d'introduction et de conclusion - "sont si étroitement
liées entre elles qu'elles forment un acte unique du culte". En effet, il
existe un lien intrinsèque entre la Parole de Dieu et l'Eucharistie. En
écoutant la Parole de Dieu, la foi naît ou se renforce; dans l'Eucharistie,
le Verbe fait chair se donne à nous comme nourriture spirituelle. Ainsi,
"des deux tables de la Parole de Dieu et du Corps du Christ, l'Eglise reçoit
et offre aux fidèles le Pain de vie". Par conséquent, on doit constamment
garder à l'esprit que la Parole de Dieu, lue par l'Eglise et annoncée dans
la liturgie, conduit à l'Eucharistie comme à sa fin naturelle.
6. La liturgie de la Parole.
Avec le Synode, je souhaite que la liturgie de la Parole soit toujours
dûment préparée et vécue. Je recommande donc vivement que, dans les
liturgies, on porte une grande attention à la proclamation de la Parole de
Dieu par des lecteurs bien préparés. Nous ne devons jamais oublier que
"lorsqu'on lit dans l'Eglise la sainte Écriture, c'est Dieu lui-même qui
parle à son peuple, et c'est le Christ, présent dans sa parole, qui annonce
son Évangile". Si les circonstances le requièrent, on peut penser à quelques
mots d'introduction qui aident les fidèles à en avoir une conscience
renouvelée. La Parole de Dieu, pour être bien comprise, doit être écoutée et
accueillie dans un esprit ecclésial et dans la conscience de son unité avec
le Sacrement de l'Eucharistie. En effet, la Parole que nous annonçons et que
nous écoutons est le Verbe fait chair et elle fait intrinsèquement référence
à la personne du Christ et à la modalité sacramentelle de sa permanence. Le
Christ ne parle pas dans le passé mais dans notre présent, comme il est
lui-même présent dans l'action liturgique. Sur cet arrière-fond sacramentel
de la révélation chrétienne, la connaissance et l'étude de la Parole de Dieu
nous permettent d'apprécier, de célébrer et de mieux vivre l'Eucharistie. Là
aussi se révèle dans toute sa vérité l'affirmation selon laquelle
"l'ignorance des Ecritures est l'ignorance du Christ".
7. L'homélie et l'offertoire.
(...) En relation avec l'importance de la Parole de Dieu, il est nécessaire
d'améliorer la qualité de l'homélie. En effet, elle "fait partie de l'action
liturgique"; elle a pour fonction de favoriser une compréhension plus large
et plus efficace de la Parole de Dieu dans la vie des fidèles. C'est
pourquoi les ministres ordonnés doivent "préparer l'homélie avec soin, en se
basant sur une connaissance appropriée de la Sainte Écriture". On évitera
les homélies générales et abstraites. (...) Il paraît opportun, à partir du
lectionnaire triennal, de proposer aux fidèles, avec discernement, des
homélies thématiques qui, tout au long de l'année liturgique, traiteront les
grands thèmes de la foi chrétienne, puisant à ce qui est proposé avec
autorité par le Magistère dans les quatre "piliers" du Catéchisme de
l'Eglise catholique et dans le récent Abrégé: la profession de foi, la
célébration du mystère chrétien, la vie dans le Christ, la prière
chrétienne. Les Pères synodaux ont aussi attiré l'attention sur la
présentation des dons. Il ne s'agit pas simplement d'une sorte de "pause"
entre la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique. Cela
supprimerait, entre autres, le sens de l'unique rite composé de deux parties
liées entre elles. Dans ce geste humble et simple, se manifeste, en réalité,
une signification très grande: dans le pain et dans le vin que nous
apportons à l'autel, toute la création est assumée par le Christ Rédempteur
pour être transformée et présentée au Père. Dans cette perspective, nous
portons aussi à l'autel toute la souffrance et toute la douleur du monde,
dans la certitude que tout est précieux aux yeux de Dieu. Ce geste, pour
être vécu dans sa signification authentique, n'a pas besoin d'être amplifié
par des complications inopportunes. Il permet de mettre en valeur la
participation que Dieu demande à l'homme, dès les origines, pour porter à
son accomplissement l'oeuvre divine en lui et pour donner ainsi un sens
plénier au travail humain, qui, par la célébration eucharistique, est uni au
sacrifice rédempteur du Christ.
8. La Prière eucharistique.
La prière eucharistique est "le centre et le sommet de toute la
célébration". Son importance mérite d'être soulignée de manière appropriée.
Les différentes prières eucharistiques contenues dans le Missel nous sont
parvenues par la Tradition vivante de l'Eglise et elles se caractérisent par
une richesse théologique et spirituelle inépuisable. Les fidèles doivent
être en mesure de l'apprécier. La Présentation générale du Missel romain
nous aide à le faire, nous rappelant les éléments fondamentaux de chaque
prière eucharistique: action de grâce, acclamation, épiclèse, récit de
l'institution, consécration, anamnèse, offrande, intercession et doxologie
finale. En particulier, la spiritualité eucharistique et la réflexion
théologique sont mises en lumière si l'on contemple la profonde unité dans
l'anaphore entre l'invocation de l'Esprit Saint et le récit de
l'institution, où "s'accomplit le sacrifice que le Christ lui-même institua
à la dernière Cène". En effet, "par des invocations particulières, l'Eglise
invoque la puissance de l'Esprit Saint, pour que les dons offerts par les
hommes soient consacrés, c'est-à-dire deviennent le Corps et le Sang du
Christ, et pour que la victime sans tache, que l'on reçoit dans la
communion, contribue au salut de ceux qui vont y participer".
9. Le geste de Paix.
L'Eucharistie est par nature Sacrement de la paix. Cette dimension du
Mystère eucharistique trouve dans la célébration liturgique une expression
spécifique par le rite de l'échange de la paix. C'est sans aucun doute un
signe de grande valeur. A notre époque, si terriblement éprouvée par le
poids des conflits, ce geste prend, même du point de vue de la sensibilité
commune, un relief particulier en ce que l'Eglise considère toujours plus
comme sa tâche propre, à savoir d'implorer du Seigneur le don de la paix et
de l'unité pour elle-même et pour la famille humaine tout entière. La paix
est certainement une aspiration irrépressible, présente dans le coeur de
chacun. L'Eglise se fait la voix de la demande de paix et de réconciliation
qui monte de l'esprit de toute personne de bonne volonté, en la faisant se
tourner vers Celui qui "est notre paix" et qui peut réconcilier peuples et
personnes, même là où les tentatives humaines échouent. A partir de tout
cela, on comprend l'intensité avec laquelle le rite de la paix est ressenti
dans la Célébration liturgique. A ce propos, durant le Synode des Evêques,
il a paru toutefois opportun de modérer ce geste, qui peut prendre des
expressions excessives, suscitant un peu de confusion dans l'assemblée juste
avant la Communion. Il est bon de rappeler que la sobriété nécessaire pour
maintenir un climat adapté à la célébration, par exemple en limitant
l'échange de la paix avec la personne la plus proche, n'enlève rien à la
haute valeur du geste.
10. La Communion.
Un autre moment de la célébration auquel il est nécessaire de faire
référence concerne la distribution et la réception de la sainte Communion.
Je demande à tous, en particulier aux ministres ordonnés et aux personnes
qui, préparées de manière appropriée et en cas de réelle nécessité, sont
autorisées à exercer le ministère de la distribution de l'Eucharistie, de
faire leur possible pour que le geste, dans sa simplicité, corresponde à sa
valeur de rencontre personnelle avec le Seigneur Jésus dans le Sacrement.
Pour ce qui est des prescriptions pour la pratique correcte, je renvoie aux
documents récemment publiés. Que toutes les communautés chrétiennes s'en
tiennent fidèlement aux normes en vigueur, voyant en elles l'expression de
la foi et de l'amour que tous doivent avoir pour ce sublime Sacrement. De
plus, que l'on n'omette pas le temps précieux d'action de grâce après la
Communion: outre l'exécution d'un chant opportun, il peut aussi être très
utile de se recueillir en silence.
A ce propos, je voudrais attirer l'attention sur un problème pastoral qu'il
est fréquent de rencontrer de nos jours. Je fais référence au fait que, en
certaines circonstances, comme par exemple lors de Messes célébrées à
l'occasion de mariages, de funérailles ou d'événements analogues,
participent à la célébration non seulement des fidèles pratiquants, mais
aussi d'autres qui, malheureusement, ne s'approchent plus de l'autel depuis
des années, ou qui peut-être se trouvent dans une situation de vie qui ne
permet pas l'accès aux sacrements. Il arrive aussi que des personnes
d'autres confessions chrétiennes ou même d'autres religions soient
présentes. Des situations similaires se rencontrent dans des églises qui
sont des buts de visite, surtout dans les grandes villes d'art. On comprend
la nécessité de trouver alors des moyens brefs et incisifs pour rappeler à
tous le sens de la communion sacramentelle et les conditions de sa
réception. Là où se rencontrent des situations dans lesquelles il n'est pas
possible de garantir la clarté qui s'impose sur le sens de l'Eucharistie, on
doit évaluer l'opportunité de remplacer la célébration eucharistique par une
célébration de la Parole de Dieu.
11. L'Ite missa est.
Je voudrais souligner pour terminer ce que les Pères synodaux ont dit sur la
salutation du renvoi à la fin de la célébration eucharistique. Après la
bénédiction, le diacre ou le prêtre renvoie le peuple avec les paroles: Ite,
missa est. Dans ce salut, il nous est donné de comprendre le rapport entre
la Messe célébrée et la mission chrétienne dans le monde. Dans l'Antiquité,
"missa" signifiait tout simplement "envoi" (dimissio). Dans l'usage
chrétien, ce mot a trouvé une signification bien plus profonde. En réalité,
l'expression "envoi" se transforme en "mission". Ce salut exprime de manière
synthétique la nature missionnaire de l'Eglise. Par conséquent, il est bon
d'aider le peuple de Dieu à approfondir cette dimension constitutive de la
vie ecclésiale, en s'inspirant de la liturgie. Dans cette perspective, pour
la prière sur le peuple et pour la bénédiction finale, il peut être utile de
disposer de textes dûment approuvés, qui expliquent ce lien.
12. La "participation active".
Le Concile Vatican II avait opportunément voulu un développement particulier
de la participation active, pleine et fructueuse du peuple de Dieu tout
entier à la célébration eucharistique. Le renouveau mis en oeuvre au cours
de ces années a bien certainement favorisé des progrès notables dans la
direction souhaitée par les Pères conciliaires. Nous ne devons pas cependant
nous cacher qu'une certaine incompréhension, précisément sur le sens de
cette participation, s'est parfois manifestée. Il convient par conséquent de
dire clairement que, par ce mot, on n'entend pas faire référence à une
simple attitude extérieure durant la célébration. En réalité, la
participation active souhaitée par le Concile doit être comprise en termes
plus substantiels, à partir d'une plus grande conscience du mystère qui est
célébré et de sa relation avec l'existence quotidienne. Demeure encore
totalement valable la recommandation de la Constitution conciliaire
Sacrosanctum Concilium qui exhortait les fidèles à ne pas assister à la
liturgie eucharistique "comme des spectateurs étrangers et muets", mais à
participer "de façon consciente, pieuse et active à l'action sacrée".
Développant la réflexion, le Concile poursuivait: que les fidèles "se
laissent instruire par la Parole de Dieu, refassent leurs forces à la table
du Corps du Seigneur, rendent grâces à Dieu, et qu'offrant la victime sans
tache non seulement par les mains du prêtre, mais aussi en union avec lui,
ils apprennent ainsi à s'offrir eux-mêmes et soient conduits de jour en
jour, par le Christ Médiateur, à la perfection de l'unité avec Dieu et de
l'unité entre eux".
La beauté et l'harmonie de l'action liturgique trouvent une expression
significative dans l'ordre par lequel chacun est appelé à participer de
manière active. Cela comporte la reconnaissance des différents rôles
hiérarchiques présents dans la célébration elle-même. Il est utile de
rappeler que la participation active à la célébration ne coïncide pas en soi
avec l'accomplissement d'un ministère particulier. Surtout, une confusion
qui serait engendrée par l'incapacité de distinguer, dans la communion
ecclésiale, les diverses tâches qui reviennent à chacun, ne sert pas la
cause de la participation active des fidèles. Il est en particulier
nécessaire que soient clarifiées les tâches spécifiques du prêtre. Ce
dernier est de manière irremplaçable, comme l'atteste la Tradition de
l'Eglise, celui qui préside la célébration eucharistique tout entière,
depuis le salut initial jusqu'à la bénédiction finale. En vertu de l'Ordre
sacré qu'il a reçu, il représente Jésus Christ, chef de l'Eglise et, selon
son mode propre, il représente aussi l'Eglise elle-même. Toute célébration
de l'Eucharistie est en effet dirigée par l'Evêque, "soit par lui-même, soit
par les prêtres qui le secondent". Il est aidé par le diacre, qui accomplit
dans la célébration certains rôles spécifiques: préparer l'autel et assister
le prêtre, annoncer l'Évangile, éventuellement faire l'homélie, proposer aux
fidèles les intentions de la prière universelle, distribuer l'Eucharistie
aux fidèles. En relation avec ces ministères, liés au sacrement de l'Ordre,
on trouve aussi d'autres ministères liés au service liturgique, accomplis de
manière appréciable par des religieux et par des laïcs formés.
A partir des affirmations fondamentales du Concile Vatican II, l'importance
de la participation active des fidèles au Sacrifice eucharistique a été plus
d'une fois soulignée. Pour favoriser cette implication, on peut faire droit
à certains aménagements appropriés aux divers contextes et aux différentes
cultures. Le fait qu'il y ait eu certains abus n'entache pas la clarté de ce
principe, qui doit être maintenu selon les nécessités réelles de l'Eglise,
qui vit et qui célèbre le même mystère du Christ dans des situations
culturelles différentes. En effet, le Seigneur Jésus, précisément dans le
mystère de l'Incarnation, naissant d'une femme comme homme parfait, s'est
mis en relation directe non seulement avec les attentes présentes dans
l'Ancien Testament, mais aussi avec celles que nourrissent tous les peuples.
De cette façon, il a montré que Dieu entend nous rejoindre dans notre
contexte de vie. Par conséquent, pour une participation plus efficace des
fidèles aux saints Mystères, la poursuite du processus d'inculturation dans
le cadre de la célébration eucharistique est utile, compte tenu des
possibilités d'adaptation offertes par la Présentation générale du Missel
romain, interprétées à la lumière des critères fixés par la IVème
Instruction de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des
Sacrements Varietates legitimae du 25 janvier 1994, et par les
directives exprimées par le Pape Jean-Paul II dans les exhortations
post-synodales Ecclesia in Africa, Ecclesia in America, Ecclesia in Asia,
Ecclesia in Oceania, Ecclesia in Europa. Dans ce but, je recommande aux
Conférences épiscopales d'agir en favorisant le juste équilibre entre les
critères et les directives qui existent déjà et les nouveaux aménagements,
toujours en accord avec le Siège apostolique.
Considérant le thème de l'actuosa participatio des fidèles au rite sacré,
les Pères synodaux ont mis aussi en relief les conditions personnelles dans
lesquelles doit se trouver tout fidèle pour une participation fructueuse.
L'une d'elles est assurément l'esprit de constante conversion qui doit
caractériser la vie de tous les fidèles. On ne peut attendre une
participation active à la liturgie eucharistique si l'on s'en approche de
manière superficielle, sans s'interroger auparavant sur sa propre vie. Le
recueillement et le silence, au moins quelques minutes avant le début de la
liturgie, le jeûne et, lorsque cela est nécessaire, la Confession
sacramentelle, favorisent, par exemple, cette disposition intérieure. Un
coeur réconcilié avec Dieu permet la vraie participation. Il convient en
particulier de rappeler aux fidèles le fait qu'une actuosa participatio aux
saints Mystères ne peut pas se réaliser si l'on ne cherche pas en même temps
à prendre une part active à la vie ecclésiale dans son intégralité, qui
comprend aussi l'engagement missionnaire de porter l'amour du Christ dans la
société.
Sans aucun doute, la pleine participation à l'Eucharistie se réalise quand
on s'approche aussi personnellement de l'autel pour recevoir la Communion.
Toutefois, on doit veiller à ce que cette juste affirmation n'introduise pas
parmi les fidèles un certain automatisme, comme si par le seul fait de se
trouver dans une église durant la liturgie on avait le droit ou peut-être
même le devoir de s'approcher de la Table eucharistique. Quand il n'est pas
possible de s'approcher de la communion sacramentelle, la participation à la
Messe demeure cependant nécessaire, valable, significative et fructueuse.
Dans ces circonstances, il est bon de cultiver le désir de la pleine union
avec le Christ, par exemple par la pratique de la communion spirituelle,
rappelée par Jean-Paul II et recommandée par de Saints maîtres de vie
spirituelle.
Avec le thème de la participation, nous avons inévitablement à traiter la
question des chrétiens appartenant à des Églises ou à des Communautés
ecclésiales qui ne sont pas en pleine communion avec l'Eglise catholique. A
ce sujet, on doit dire que, d'une part, le lien intrinsèque existant entre
l'Eucharistie et l'unité de l'Eglise nous fait désirer ardemment le jour où
nous pourrons célébrer la divine Eucharistie avec tous ceux qui croient au
Christ et exprimer ainsi visiblement la plénitude de l'unité que le Christ a
voulue pour ses disciples. D'autre part, le respect que nous devons au
sacrement du Corps et du Sang du Christ nous empêche d'en faire un simple
"moyen" à utiliser sans discrimination pour atteindre cette unité elle-même.
L'Eucharistie, en effet, ne manifeste pas seulement notre communion
personnelle avec Jésus Christ, mais elle implique aussi la pleine
communio avec l'Eglise. C'est donc là le motif pour lequel nous
demandons, avec souffrance, mais non sans espérance, aux chrétiens non
catholiques de comprendre et de respecter notre conviction qui se réfère à
la Bible et à la Tradition. Nous considérons que la Communion eucharistique
et la communion ecclésiale sont si intimement liées que cela rend
généralement impossible, pour les chrétiens non catholiques, d'accéder à
l'une sans jouir de l'autre. Une concélébration véritable avec les ministres
d'Églises ou de Communautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine communion
avec l'Eglise catholique serait plus encore privée de sens. Il reste vrai
toutefois qu'en vue du salut éternel, il est possible d'admettre des
chrétiens non catholiques individuellement à l'Eucharistie, au sacrement de
la Pénitence et à l'Onction des malades. Cela suppose cependant de vérifier
qu'il s'agit de situations déterminées et exceptionnelles selon des
conditions précises. Elles sont clairement indiquées dans le Catéchisme de
l'Eglise catholique et dans son Abrégé. C'est le devoir de chacun de s'y
tenir fidèlement.
13. Les messes retransmises par la télévision.
En raison du développement formidable des moyens de communication, au cours
des dernières décennies, le mot "participation" a acquis une signification
plus ample que dans le passé. Nous reconnaissons tous avec satisfaction que
ces instruments offrent aussi de nouvelles possibilités pour la célébration
eucharistique. Cela requiert des agents pastoraux de ce secteur une
préparation spécifique et un vif sens de la responsabilité. En effet, la
Messe transmise à la télévision prend inévitablement un certain caractère
d'exemplarité. On doit donc être particulièrement attentif à ce que la
célébration, non seulement se déroule dans des lieux dignes et bien
préparés, mais respecte les normes liturgiques.
Enfin, pour ce qui concerne la valeur de la participation à la Messe, rendue
possible par les moyens de communication, celui qui assiste à ces
retransmissions doit savoir que, dans des conditions normales, il ne
satisfait pas au précepte dominical. En effet, le langage de l'image
représente la réalité, mais il ne la reproduit pas en elle-même. S'il est
très louable que les personnes âgées et les malades participent à la Messe
dominicale par les retransmissions radio-télévisées, on ne pourrait en dire
autant de celui qui, par ces retransmissions, voudrait se dispenser de se
rendre à l'église pour participer à la célébration eucharistique dans
l'assemblée de l'Eglise vivante.
14. La participation des fidèles âgés ou malades.
Considérant la condition de ceux qui, pour des raisons de santé ou d'âge, ne
peuvent pas se rendre dans les lieux de culte, je voudrais attirer
l'attention de toute la communauté ecclésiale sur la nécessité pastorale
d'assurer l'assistance spirituelle aux malades, à ceux qui restent chez eux
ou qui se trouvent à l'hôpital. A plusieurs reprises, au cours du Synode des
Évêques, leur condition a été mentionnée. Il faut faire en sorte que nos
frères et soeurs puissent s'approcher fréquemment de la communion
sacramentelle. Renforçant de cette façon leur relation avec le Christ
crucifié et ressuscité, ils pourront ressentir leur existence comme
pleinement insérée dans la vie et dans la mission de l'Eglise par l'offrande
de leur souffrance en union avec le sacrifice de notre Seigneur. Une
attention particulière doit être réservée aux personnes handicapées; là où
leur condition le leur permet, la communauté chrétienne doit favoriser leur
participation à la célébration dans le lieu de culte. A ce propos, on fera
en sorte d'enlever des lieux de culte d'éventuels obstacles architecturaux
qui empêchent l'accès aux personnes handicapées. Enfin, la communion
eucharistique doit aussi être assurée, autant que possible, aux handicapés
mentaux, baptisés et confirmés: ils reçoivent l'Eucharistie dans la foi
également de leur famille ou de la communauté qui les accompagne.
15. L'Eucharistie et les prisonniers.
La tradition spirituelle de l'Eglise, se fondant sur une parole précise du
Christ, a reconnu dans la visite aux prisonniers l'une des oeuvres de
miséricorde corporelle. Les personnes qui se trouvent dans cette situation
ont particulièrement besoin d'être visitées par le Seigneur lui-même dans le
sacrement de l'Eucharistie. Faire l'expérience de la proximité de la
communauté ecclésiale, participer à l'Eucharistie et recevoir la sainte
Communion dans une période de la vie si particulière et si douloureuse peut
certainement contribuer à la qualité de son propre cheminement de foi et
favoriser la pleine réinsertion sociale de la personne. Interprétant les
désirs exprimés par l'assemblée synodale, je demande aux diocèses de faire
en sorte que, dans les limites du possible, il y ait un investissement
approprié de forces dans l'activité pastorale concernant l'assistance
spirituelle des détenus.
16. L'Eucharistie pour les personnes éloignées de
leur patrie.
Abordant le problème des personnes qui, pour divers motifs, sont contraintes
à laisser leur terre, le Synode a exprimé sa particulière gratitude envers
ceux qui sont engagés dans l'assistance pastorale des migrants. Dans ce
contexte, une attention spécifique doit être portée aux migrants qui
appartiennent aux Églises catholiques orientales et pour lesquels, à
l'éloignement de chez eux, s'ajoute la difficulté de ne pas pouvoir
participer à la liturgie eucharistique selon leur rite d'appartenance. C'est
pourquoi, là où c'est possible, on doit leur accorder d'être assistés par
des prêtres de leur rite. En tout cas, je demande aux Évêques d'accueillir
ces frères dans la charité du Christ. La rencontre entre fidèles de rites
différents peut aussi devenir une occasion d'enrichissement mutuel. Je pense
en particulier au bénéfice qui peut découler, surtout pour le clergé, de la
connaissance des diverses traditions.
17. La célébration de l'Eucharistie lors des grands
rassemblements.
L'assemblée synodale a pris en considération la qualité de la participation
dans les grandes célébrations qui se déroulent dans des circonstances
particulières, où il y a aussi, en plus d'un grand nombre de fidèles,
beaucoup de prêtres concélébrants. Il est facile, d'une part, de reconnaître
la valeur de ces moments, spécialement quand c'est l'Évêque qui préside
entouré de son presbytérium et des diacres. D'autre part, en de telles
circonstances, des problèmes peuvent se poser quant à l'expression visible
de l'unité du presbytérium, spécialement dans la Prière eucharistique, et
quant à la distribution de la sainte Communion. On doit éviter que ces
grandes concélébrations ne créent la dispersion. On pourvoira à cela par des
moyens de coordination appropriés et en installant le lieu de culte de
manière à permettre aux prêtres et aux fidèles une participation pleine et
réelle. Il faut donc se souvenir qu'il s'agit de concélébrations à caractère
exceptionnel et limitées à des situations extraordinaires.
18. Les célébrations en latin et en grégorien.
Ce qui vient d'être dit ne doit pas, toutefois, cacher la valeur de ces
grandes liturgies. Je pense en ce moment, en particulier, aux célébrations
qui ont lieu durant des rencontres internationales, aujourd'hui toujours
plus fréquentes. Elles doivent justement être mises en valeur. Pour mieux
exprimer l'unité et l'universalité de l'Eglise, je voudrais recommander ce
qui a été suggéré par le Synode des Évêques, en harmonie avec les directives
du Concile Vatican II: excepté les lectures, l'homélie et la prière des
fidèles, il est bon que ces célébrations soient en langue latine; et donc
que soient récitées en latin les prières les plus connues de la tradition de
l'Eglise et éventuellement que soient exécutés des pièces de chant
grégorien. De façon plus générale, je demande que les futurs prêtres, dès le
temps du séminaire, soient préparés à comprendre et à célébrer la Messe en
latin, ainsi qu'à utiliser des textes latins et à utiliser le chant
grégorien; on ne négligera pas la possibilité d'éduquer les fidèles
eux-mêmes à la connaissance des prières les plus communes en latin, ainsi
qu'au chant en grégorien de certaines parties de la liturgie.
19. Célébrations eucharistiques par des petits
groupes de fidèles.
Une situation très différente est créée dans certaines circonstances
pastorales où, justement pour une participation plus consciente, plus active
et plus fructueuse, les célébrations en petits groupes sont favorisées. Tout
en reconnaissant la valeur formatrice sous-jacente à ces choix, il est
nécessaire de préciser qu'ils doivent être harmonisés avec l'ensemble de la
proposition pastorale du diocèse. En effet, ces expériences perdraient leur
caractère pédagogique si elles donnaient l'impression d'être en opposition
ou en parallèle avec la vie de l'Eglise particulière.
A ce sujet, le Synode a souligné quelques critères auxquels se conformer:
les petits groupes doivent servir à unifier la communauté, non à la
fragmenter; cela doit trouver confirmation dans la pratique concrète; ces
groupes doivent favoriser la participation fructueuse de l'assemblée tout
entière et préserver le plus possible l'unité de la vie liturgique dans
chaque famille.
20. Ne pas tomber dans le ritualisme: le rôle de la
catéchèse mystagogique.
La grande tradition liturgique de l'Église nous enseigne qu'en vue d'une
participation fructueuse, il est nécessaire de s'engager à correspondre
personnellement au mystère qui est célébré, par l'offrande à Dieu de sa
propre vie, unie au sacrifice du Christ pour le salut du monde entier. Pour
cette raison, le Synode des Évêques a recommandé de s'assurer de l'accord
profond des gestes et des paroles des fidèles avec leurs dispositions
intérieures. Si cela faisait défaut, nos célébrations, bien que vivantes,
s'exposeraient à la dérive du ritualisme.
C'est pourquoi il faut promouvoir une éducation de la foi eucharistique qui
dispose les fidèles à vivre personnellement ce qu'ils célèbrent. Face à
l'importance essentielle de cette participatio personnelle et consciente,
quels peuvent être les instruments de formation appropriés? A l'unanimité,
les Pères synodaux ont indiqué, à ce sujet, la voie d'une catéchèse à
caractère mystagogique, qui pousse les fidèles à entrer toujours mieux dans
les mystères qui sont célébrés. En particulier, concernant la relation entre
l'ars celebrandi et l'actuosa participatio, on doit avant tout affirmer que
"la meilleure catéchèse sur l'Eucharistie est l'Eucharistie elle-même bien
célébrée". En effet, de par sa nature, la liturgie a son efficacité
pédagogique propre pour introduire les fidèles à la connaissance du mystère
célébré. Toujours à ce sujet, dans la tradition la plus antique de l'Eglise,
le chemin de formation du chrétien, sans négliger l'intelligence organique
du contenu de la foi, comportait toujours un caractère d'initiation où la
rencontre vivante et persuasive avec le Christ, annoncé par des témoins
authentiques, était déterminante. En ce sens, celui qui introduit aux
mystères est avant tout le témoin.
Cette rencontre s'approfondit assurément dans la catéchèse et elle trouve sa
source et son sommet dans la célébration de l'Eucharistie. De cette
structure fondamentale de l'expérience chrétienne, naît l'exigence d'un
itinéraire mystagogique, dans lequel trois éléments doivent toujours être
présents:
a) Il s'agit d'abord de l'interprétation des rites à la lumière des
événements salvifiques, conformément à la tradition vivante de l'Eglise. En
effet, la célébration de l'Eucharistie, dans son infinie richesse, contient
de continuelles références à l'histoire du salut. Dans le Christ crucifié et
ressuscité, il nous est donné de célébrer vraiment le centre qui récapitule
toute la réalité. Depuis ses origines, la communauté chrétienne a lu les
événements de la vie de Jésus, en particulier le mystère pascal, en relation
avec toute l'histoire vétéro-testamentaire.
b) La catéchèse mystagogique devra, par ailleurs, se préoccuper d'introduire
au sens des signes contenus dans les rites. Ce devoir est particulièrement
urgent à une époque fortement technicisée comme la nôtre, où il existe un
risque de perdre la capacité de percevoir les signes et les symboles. Plutôt
que d'informer, la catéchèse mystagogique devra réveiller et éduquer la
sensibilité des fidèles au langage des signes et des gestes qui, associés à
la parole, constituent le rite.
c) Enfin, la catéchèse mystagogique doit se préoccuper de montrer la
signification des rites en relation avec la vie chrétienne dans toutes ses
dimensions, travail et engagement, réflexion et sentiments, activité et
repos. Mettre en évidence le lien des mystères célébrés dans le rite avec la
responsabilité missionnaire des fidèles fait partie de cet itinéraire
mystagogique. En ce sens, le résultat final de la mystagogie est la
conscience que sa propre existence est progressivement transformée par la
célébration des saints Mystères. De fait, le but de toute l'éducation
chrétienne est de former le fidèle, comme "homme nouveau", à une foi adulte,
qui le rend capable de témoigner dans son milieu de l'espérance chrétienne
qui l'anime.
21. Le rôle des formateurs compétents.
Pour pouvoir accomplir, au sein de nos communautés ecclésiales, une telle
tâche éducative, il faut disposer de formateurs préparés de manière
appropriée. Le peuple chrétien tout entier doit assurément se sentir engagé
dans cette formation. Toute communauté chrétienne est appelée à être un lieu
d'introduction pédagogique aux mystères qui se célèbrent dans la foi.
A cet égard, durant le Synode, les Pères ont souligné l'opportunité d'une
plus forte implication des Communautés de vie consacrée, des mouvements et
des groupes qui, en vertu de leur charisme propre, peuvent offrir un nouvel
élan à la formation chrétienne. En notre temps aussi, l'Esprit Saint répand
largement ses dons pour soutenir la mission apostolique de l'Eglise, à
laquelle il revient de diffuser la foi et de l'éduquer jusqu'à sa pleine
maturité.
22. Le respect dû à l'Eucharistie.
Un signe convaincant que la catéchèse eucharistique est efficace chez les
fidèles est certainement la croissance, en eux, du sens du mystère de Dieu
présent parmi nous. Cela peut être vérifié à travers des manifestations
spécifiques de respect envers l'Eucharistie, auxquelles le parcours
mystagogique doit introduire les fidèles. Je pense, d'une manière générale,
à l'importance des gestes et des postures, comme le fait de s'agenouiller
pendant les moments centraux de la prière eucharistique.
En s'adaptant à la légitime diversité des signes qui sont posés dans le
contexte des différentes cultures, que chacun vive et exprime la conscience
de se trouver dans toute célébration devant la majesté infinie de Dieu, qui
nous rejoint de manière humble dans les signes sacramentels.
Exhortation post Synodale du pape Benoît XVI
Texte intégral du Vatican:
Benoît XVI: Exhortation post Synodale "Sacramentum Caritatis"
"Sacramentum Caritatis" en format Pdf
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Sources:
www.vatican.va
-
Pro Liturgia
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.03.2007 - BENOÎT XVI |