Synode : Cinquième Congrégation
Générale en présence de Benoît XVI |
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Le 13 octobre 2010
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(E.S.M.)
- À 16h30 aujourd’hui, mercredi 13 Octobre 2010, avec la prière
de l’Adsumus, a
débuté la
Cinquième
Congrégation
Générale, pour
la continuation
des
interventions en
Salle des Pères
synodaux. A
suivi un temps
pour les
interventions
libres, en
présence du pape
Benoît XVI.
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Synode : Cinquième Congrégation
Générale en présence de Benoît XVI
UNE DÉLÉGATION DE PÈRES SYNODAUX EN VISITE AU QUIRINAL
Le 13 octobre 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
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Le Président de la République italienne, S. Exc. Monsieur Giorgio Napolitano,
a reçu au Quirinal une délégation de l’Assemblée spéciale pour le
Moyen-Orient du Synode des Évêques.
Étaient présents le Président délégué ad honorem S.B. Ém. le Card. Nasrallah
Pierre Sfeir, Patriarche d’Antioche des Maronites, Évêque de Joubbé, Sarba
et Jounieh des Maronites, les Présidents délégués S. Ém. le Card. Leonardo
Sandri, Préfet de la Congrégation pour les Églises Orientales et S.B Ignace
Youssif III Younan, Patriarche d’Antioche des Syriens. Faisaient également
partie de cette délégation, le Rapporteur Général S.B Antonios Naguib,
Patriarche d’Alexandrie des Coptes, S.B Gregorios III Laham, B.S, Patriarche
d’Antioche des Grecs-Melkites, Archevêque de Damas des Grecs-Melkites, S.B.
Nerses Bedros XIX Tarmouni, Patriarche de Cilicie des Arméniens, Archevêque
de Beyrouth des Arméniens et S.B. Fouad TWAL, Patriarche de Jérusalem des
Latins.
Se sont également rendus au Quirinal, le Secrétaire général, S.Exc. Mgr
Nikola Eterović, Archevêque titulaire de Cibale, le Sous-Secrétaire, Rév.
Mgr. Fortunato Frezza et le Rév. Ambrogio Ivan Samus.
Après les interventions de l’Archevêque Nicola Eterović, des Patriarches
Antonios Naguib et Ignace Youssif III Younan et du Cardinal Leonardo Sandri,
le Chef de l’État italien a adressé ses salutations aux participants.
Étaient présents Madame Stefania Craxi, Sous-Secrétaire d’État aux Affaires
Étrangères et S.Exc. Monsieur Antonio Zanardi Landi, Ambassadeur d’Italie
Près le Saint-Siège.
►
Salutations du président Napolitano à une délégation de l’Assemblée synodale pour le Moyen-Orient
CARREFOURS - PREMIÈRE SESSION
(MERCREDI 13 OCTOBRE 2010, MATIN)
Ce matin, mercredi 13 octobre 2010, ont débuté les travaux des Carrefours de
l’Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Évêques, auxquels
étaient présents 165 Pères synodaux, pour l’élection des Modérateurs et des
Rapporteurs des Carrefours et pour le début de la discussion sur le thème
synodal.
Les noms des Modérateurs et des Rapporteurs des Carrefours élus, communiqués
par le Secrétaire général du Synode des Évêques au cours de la Cinquième
Congrégation Générale de cet après-midi, sont publiés dans ce Bulletin.
CINQUIÈME CONGRÉGATION GÉNÉRALE (MERCREDI 13
OCTOBRE 2010, APRÈS-MIDI)
- LISTE DES MODÉRATEURS ET DES RAPPORTEURS DES CARREFOURS
- INTERVENTIONS EN SALLE (CONTINUATION)
- INTERVENTION DE L’ INVITÉ SPÉCIAL, RABBIN DAVID ROSEN, CONSEILLER DU GRAND
RABBINAT D'ISRAËL, DIRECTEUR DU DÉPARTEMENT POUR LES AFFAIRES
INTERRELIGIEUSES DE L'"AMERICAN JEWISH COMMITTEE" ET DE L'INSTITUT HEILBRUNN
POUR L'ACCORD INTERNATIONAL INTERRELIGIEUX (ISRAËL)
À 16h30 aujourd’hui, mercredi 13 Octobre 2010, avec la prière de l’Adsumus,
a débuté la Cinquième Congrégation Générale, pour la continuation des
interventions en Salle des Pères synodaux sur le thème L'Église catholique
au Moyen-Orient:Communion et témoignage. "La multitude de ceux qui étaient
devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme" (Ac 4, 32).
Le Président délégué du jour était: S. Ém. le Card. Leonardo SANDRI, Préfet
de la Congrégation pour les Églises Orientales (CITÉ DU VATICAN).
A suivi un temps pour les interventions libres, en présence du pape Benoît
XVI.
À 18h30, le Président délégué a donné la parole à l’Invité spécial, Rabbin
David ROSEN, Conseiller du Grand Rabbinat d'Israël, Directeur du Département
pour les Affaires interreligieuses de l'"American Jewish Committee" et de
l'Institut Heilbrunn pour l'accord international interreligieux (ISRAËL),
qui est intervenu sur le thème: “La relation judéo-chrétienne et le
Moyen-Orient”.
À cette Congrégation générale, qui s’est achevée à 18h55 par la prière de
l’Angelus Domini, étaient présents 160 Pères.
INTERVENTIONS EN SALLE (SUITE)
Sont intervenus les Pères suivants:
- Rév. P. Umberto BARATO, O.F.M., Vicaire patriarcal émérite
de Jérusalem des Latins pour Chypre (CHYPRE)
- S. Exc. Mgr Béchara RAÏ, O.M.M., Évêque de Jbeil des Maronites (LIBAN)
- S. Exc. Mgr Gregory John MANSOUR, Évêque de Saint-Maron de Brooklyn des
Maronites (ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE)
- S. B. Nerses Bedros XIX TARMOUNI, Patriarche de Cilicie des Arméniens,
Archêveque de Beyrouth des Arméniens (LIBAN)
- S. Exc. Mgr Paul HINDER, O.F.M. Cap., Évêque titulaire de Macon, Vicaire
apostolique de Arabie (ÉMIRATS ARABES UNIS)
- S. Exc. Mgr Nicolas SAWAF, Archevêque de Lattaquié des Grecs-Melkites
(SYRIE)
- S. Exc. Mgr Guy-Paul NOUJAIM, Évêque titulaire de Césarée de Philippe,
Évêque auxiliaire et Syncelle pour Sarba (LIBAN)
- S. Exc. Mgr Elie Béchara HADDAD, B.S., Archevêque de Sidon des
Grecs-Melkites (LIBAN)
- Rév. P. Khalil ALWAN, M.L.M., Secrétaire général du "Conseil des
Patriarches Catholiques d'Orient" (C.P.C.O.) (LIBAN)
- S. Exc. Mgr Antoine AUDO, S.I., Évêque d'Alep des Chaldéens (SYRIE)
- S. Exc. Mgr Berhaneyesus Demerew SOURAPHIEL, C.M., Archevêque d'Addis
Abeba, Président du Conseil de l'Église Éthiopienne, Président de la
Conférence épiscopale (Éthiopie et Érythrée) (ÉTHIOPIE)
- S. Exc. Mgr Youssef Anis ABI-AAD, Archevêque d'Alep des Maronites (SYRIE)
- S. Exc. Mgr Bohdan DZYURAKH, C.SS.R., Évêque titulaire de Vagada, Évêque
de Curie de Kyiv-Halyč (UKRAINE)
- S. Exc. Mgr Virgil BERCEA, Évêque d'Oradea Mare, Gran Varadino des
Roumains (ROUMANIE)
- S. Exc. Mgr Youhanna GOLTA, Évêque titulaire d'Andropoli, Évêque de Curie
d'Alexandrie des Coptes (RÉPUBLIQUE ARABE D'ÉGYPTE)
Nous publions, ci-dessous, les résumés des interventions:
- Rév. P. Umberto BARATO, O.F.M., Vicaire patriarcal
émérite de Jérusalem des Latins pour Chypre (CHYPRE)
En juin dernier, Chypre a vécu des journées intenses et mémorables lorsque
Sa Sainteté Benoît XVI a visité l’île. Prions afin que l’effet
spirituellement bénéfique de la visite puisse se prolonger.
Chypre fait partie du Patriarcat de Jérusalem. À Chypre, il y a quatre
paroisses: trois administrées par les Franciscains de Terre Sainte et une
par un prêtre du Patriarcat.
Le nombre des catholiques latins est exigu. Les quatre paroisses, et les
quatre congrégations religieuses féminines, travaillent surtout pour les
immigrés et pour les touristes.
Les immigrés constituent une richesse ajoutée pour l’Église de Chypre. La
pastorale qui leur est destinée est particulière et délicate. Ils restent
peu d’années à Chypre et ne sont généralement libres que le dimanche. Mais
l’action pastorale doit par contre être conduite comme s’ils devaient rester
de manière permanente dans la paroisse. La catéchèse est fondamentale
surtout pour la préparation aux sacrements. Les groupes ecclésiaux (Legio
Mariae, charismatiques, néo-catéchuménaux, Ordre franciscain séculier,
groupes nationaux de prière, etc.) peuvent constituer une aide importante
pour le contact avec les fidèles, leur connaissance et la collaboration aux
activités paroissiales.
L’action pastorale doit s’inspirer de la charité et de l’acceptation
indiscriminée, en suivant l’exemple de Jésus.
- S. Exc. Mgr Béchara RAÏ, O.M.M., Évêque de Jbeil des
Maronites (LIBAN)
Nous lisons au n° 34 de l'Instrumentum Laboris: "Au Liban, les chrétiens
sont divisés au plan politique et confessionnel et personne n'a un projet
acceptable par tous". Il n'existe pas une division au plan confessionnel,
mais une diversité d'Églises sui iuris catholiques, orthodoxes et
évangéliques ayant chacune son propre patrimoine, liturgique, théologique,
spirituel et disciplinaire. Il existe par contre une division sur le plan
politique, qui ne touche pas l'essence mais les options stratégiques. Quant
à l'essence, les chrétiens sont d'accord autour des constantes nationales,
définies dans le document dit "les constantes" publié par le Patriarcat
Maronite le 6 décembre 2006, lequel a été accepté et signé par les chefs des
partis politiques chrétiens. Ces constantes ont été développées dans un
autre document paru en 2008 sous le titre: Charte de l'action politique à la
lumière de l'enseignement de l'Église et de la spécificité du Liban.
Quant aux options politiques, la division des Chrétiens est centrée sur la
stratégie relative à la protection desdites constantes et à la présence
efficace et effective des chrétiens. Cette division est causée par les
conditions politiques actuelles, tant internes que régionales et
internationales.
Car il existe dans le monde arabe une forte division entre les sunnites et
les chiites, apparente, sur le plan régional, dans la coalition, du côté
sunnite, entre l'Arabie Saoudite, l'Égypte et la Jordanie, et du côté chiite
entre l'Iran et la Syrie. Cette division s'est transformée en conflit
sanglant entre les sunnites et les chiites en Irak. Sur le plan
international, le conflit se situe entre les États-Unis et ses alliés en
faveur des sunnites d'un côté, et l'Iran de l'autre à cause de ses ambitions
régionales et de son programme nucléaire. Au Liban, c'est le conflit
politique entre les chiites et les sunnites, où se situe la division des
Chrétiens. Pour sauver le régime libanais et leur présence effective, une
partie choisit l'alliance avec les sunnites, une autre avec les chiites et
une troisième appelle à de bonnes relations avec les sunnites et les chiites
et à ne pas se laisser entraîner dans la politique des axes régionaux et
internationaux.
Le projet politique acceptable par tous consiste à parfaire l'État civil,
dont les éléments se trouvent dans les "Constantes", la "Charte de l'action
politique" et la Constitution. C'est ce qui différencie le Liban des autres
pays du Moyen-Orient, ayant tous de régimes religieux.
- S. Exc. Mgr Gregory John MANSOUR, Évêque de
Saint-Maron de Brooklyn des Maronites (ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE)
La Préface des Lineamenta (Grandes lignes), nous rappelle que la situation
liée à l’engagement missionnaire des premiers chrétiens est très semblable à
celle de nos jours. Au tout début de l’Église, les petites communautés
chrétiennes du Moyen-Orient devaient faire face à de nombreux défis et
étaient en minorité. Aujourd’hui, après des siècles d’histoire, nous sommes
encore en minorité et devons affronter de nombreux défis.
De la perspective d’un Maronite qui vit aux États-Unis, chaque fois que je
me rends au Moyen-Orient, je constate avec grande satisfaction combien les
catholiques réussissent à faire une différence profonde dans les vies de
ceux qui les entourent. Les écoles, les universités, les hôpitaux, les
cliniques, les centres de réhabilitation pour les toxicomanes, les hospices,
les orphelinats, ainsi que les autres structures qu’ils gèrent, sont ouverts
à tous, musulmans, juifs et chrétiens. Ces Catholiques sont le “sel de la
terre” et la “lumière du monde” (Mt 5, 13-14).
Tout comme les premiers Chrétiens, nous aussi nous affrontons des défis qui
semblent insurmontables, et nos chances de succès sont très minces. Mais
nous vivons dans la foi, non dans la vision (2Co 5, 7). Nous pourrions ne
pas réussir à convaincre, avec des mots, nos voisins musulmans ou juifs que
notre présence est vraiment une bénédiction pour eux, mais nous disposons du
même antidote qui a aidé les premiers Chrétiens à survivre et à surmonter
tous les défis: la participation au généreux Esprit Saint de Dieu et l’amour
apostolique réciproque qui a le pouvoir de nous rendre, une fois encore,
capables d’être “un seul coeur et une seule âme” (Ac 4, 32).
- S. B. Nerses Bedros XIX TARMOUNI, Patriarche de
Cilicie des Arméniens, Archêveque de Beyrouth des Arméniens (LIBAN)
La Parole de Dieu qui a été choisie comme thème pour cette Assemblée
synodale : “La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul
cœur et une seule âme” (Ac 4,32) est comme un phare venu éclairer la route
que nous devons prendre pour notre vie de foi, de témoignage chrétien, avec
nos confrères non pleinement unis avec le Siège de Pierre et avec nos autres
frères, bien que différents de nous dans la croyance.
Le retour à la première communauté chrétienne nous montre que les premiers
chrétiens n’ont pas eu une vie facile, exempte de difficultés et
d’adversités; bien au contraire, ils subirent outrages et persécutions. Mais
cela ne les a pas empêchés de proclamer l'enseignement de Jésus
intégralement et de pardonner.
Nous trouvons des situations similaires dans notre époque contemporaine. Les
chrétiens non éclairés par le Saint-Esprit croient qu'ils devraient être
épargnés par les difficultés. Ceci est important à relever, et dans ce sens
à réévangéliser nos fidèles, en leur proposant la foi vécue aux premiers
siècles du christianisme.
Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas lutter pour rétablir la justice et
la paix au Moyen-Orient. Mais il serait erroné de considérer que, sans cette
justice et cette paix, le chrétien ne peut pas vivre pleinement sa foi ou
devrait émigrer. D'ailleurs, personne n 'émigre pour rechercher une vie
chrétienne meilleure.
Le chrétien convaincu qu 'il est appelé, de par son baptême, à témoigner de
sa foi et qui mène une vie chrétienne en communauté, n'a pas comme première
préoccupation la recherche du bien-être matériel ou de la paix, ou bien
encore la fuite des problèmes pour sa tranquillité et celle des siens. Au
contraire, prenant exemple du témoignage de ses ancêtres du Moyen-Orient, il
travaille en groupe avec d'autres confrères chrétiens, pour témoigner par la
vie et par l’exemple, pour rendre plus convainquant le message d 'amour de
Jésus.
Partant de ce principe, le chrétien engagé du Moyen-Orient vivra, sous la
conduite de l'évêque et en communion avec d'autres chrétiens, pour faire
progresser l'esprit de communion des premiers chrétiens, qui avaient “un
seul cœur et une seule âme” (Ac 4,32) et qui mettaient leurs biens en
commun, comme le font de nos jours les membres de certaines communautés,
comme le Néocatéchuménat, les Focolari et le Renouveau Charismatique, qui
sont répandues dans plusieurs pays du Moyen-Orient.
Aux disciples qui vivront selon ces principes, Jésus promet “la joie et
l'allégresse ainsi qu'une grande récompense dans les cieux” (Mt 5,12).
- S. Exc. Mgr Paul HINDER, O.F.M. Cap., Évêque
titulaire de Macon, Vicaire apostolique de Arabie (ÉMIRATS ARABES UNIS)
Les deux vicariats de la péninsule Arabique, comprenant le Koweït, le
Bahreïn, le Qatar, les Émirats arabes unis, l’Oman, le Yémen et l’Arabie
saoudite, ne comptent pas de chrétiens originaires de ces pays. Les 3
millions de catholiques, sur une population de 65 millions d’habitants, sont
tous des travailleurs immigrés venant d’une centaine de pays, pour la
plupart des Philippines et de l’Inde. Environ 80% d’entre eux sont de rite
latin, les autres appartiennent aux Églises catholiques orientales. Les deux
Vicaires apostoliques sont l’un comme l’autre de rite latin; l’Ordre des
frères mineurs capucins a la ius commissionis pour le territoire; deux tiers
des 80 prêtres sont des frères capucins ressortissants d’Inde, des
Philippines, d’Europe et d’Amérique et appartenant à différents rites.
La situation particulière des vicariats du Golfe:
1. La présence catholique dans les pays arabes où l’Islam est la religion
d’État. Les lois restrictives relatives à l’immigration (restriction
concernant le nombre des prêtres) et le système de sécurité. Droits
individuels et assistance sociale très limités. Pas de liberté de religion
(un musulman ne peut pas se convertir, mais les chrétiens sont les bienvenus
dans l’Islam), liberté de culte limitée aux lieux désignés, accordée par des
dirigeants éclairés (sauf en Arabie saoudite). Un nombre trop petit
d’églises, un taux de présence très élevé; une seule paroisse accueille
jusqu’à 25 000 personnes le vendredi avec 10 messes voire plus. Pour un
grand nombre de fidèles, la participation est impossible à cause de la
distance de l’église, de leur emploi ou des règles du camp. L’Église
catholique est respectueuse de la loi et le gouvernement lui fait confiance.
2. L’unité de l’Église catholique dans la diversité des rites et des
nationalités. L’Église doit adapter ses structures et son action pastorale
aux limites imposées par les circonstances extérieures. Le Rescript ex
audientia , approuvé par Jean-Paul II en 2003 et confirmé par le Pape Benoît
XVI en 2006, donne juridiction sur tous les fidèles de n’importe quelle
Église, rite ou nationalité, aux deux Ordinaires sous la juridiction
desquels tous les prêtres des vicariats travaillent. Les Ordinaires sont
tenus d’assurer aux fidèles d’autres Églises sui iuris la possibilité de
pratiquer et d’observer les normes de leur rite, ce qu’ils font le mieux
possible. Le Rescript a aidé à maintenir et promouvoir l’unité, à éviter la
fragmentation et à assurer le mieux possible le ministère pastoral à tous
les fidèles catholiques. Tous les prêtres doivent rendre service à tous les
fidèles, aidés par les milliers de bénévoles laïcs dans la catéchèse, le
ministère des jeunes et de la famille, l’apostolat des hôpitaux et des
prisons et l’action sociale.
Grâce aux relations fraternelles entre les deux Vicaires apostoliques et les
chefs des Églises orientales sui iuris, la communion sera renforcée et des
accords de collaboration seront souscrits dans le respect de toute situation
particulière afin de rendre plus vibrant le témoignage de l’Église dans le
Golfe, qui est une Église composée uniquement de pèlerins et d’immigrés.
- S. Exc. Mgr Nicolas SAWAF, Archevêque de Lattaquié
des Grecs-Melkites (SYRIE)
“Les Chrétiens ne se distinguent des autre hommes, ni par le pays, ni par le
langage, ni par les vêtements. Ils n’habitent pas de villes qui leur soient
propres, ils ne servent pas de quelques dialecte extraordinaire, leur genre
de vie n’a rien de singulier...Toute terre étrangère leur est une patrie et
toute patrie une terre étrangère. En un mot, ce que l’âme est dans le corps,
les chrétiens le sont dans le monde”(Lettre à Diognète).
Nous vivons dans un monde sécularisé et globalisé, où le nombre des hommes
qui n’ont aucun intérêt pour la question de Dieu ou qui agissent sans
référence chrétienne est démesurée par rapport au nombre de ceux qui se
reconnaissent chrétiens et croyants.
Ceux auxquels s’adresse la catéchèse doivent s’établir dans une double
relation: relation d’appartenance à une communauté fondée sur l’unité de foi
et relation à une communauté fondée sur l’unité de l’acceptation du
pluralisme et de la diversité.
La foi chrétienne se dit toujours dans le champ des cultures humaines.
Nous manquons au Moyen-Orient d’une catéchèse qui tienne compte de notre
culture arabe, de nos traditions chrétiennes et de nos richesses
liturgiques.
Nous manquons d’un programme catéchistique pour les catéchumènes.
Nous demandons un effort dans la formation spirituelle des séminaristes.
- S. Exc. Mgr Guy-Paul NOUJAIM, Évêque titulaire de
Césarée de Philippe, Évêque auxiliaire et Syncelle pour Sarba (LIBAN)
L'Instrumentum Laboris (§ 76), citant le Concile Vatican II, déclare que la
division des chrétiens est objet de scandale et fait obstacle à la plus
sainte des causes : la prédication de l'Évangile. Plus loin (§ 78), il
rappelle que Sa Sainteté le pape Jean Paul II a souhaité une nouvelle forme
d'exercice de la primauté qui ne porte pas atteinte à sa mission, et qui
soit inspirée par les formes ecclésiales du premier millénaire qui, bien que
diverses, n'empêchaient pas les chrétiens de se sentir chez eux dans toutes
ces formes, qu'elles appartiennent à la spiritualité, à la vie morale, ou à
la structure.
C'est là une invitation à revoir le rôle et la place des patriarches
d'Orient en fonction des origines. Un principe régissait alors
l'organisation de l'Église : pour un même espace, une seule juridiction. Et
l'Église, qui en avait essaimé d'autres ou qui était plus centrale que
d'autres, étant élevée au rang de patriarcat et assurait l'unité. Le concile
de Nicée en 325 cite trois patriarcats : Rome, Alexandrie et Antioche. Au
cinquième siècle, la Pentarchie est atteinte selon l'ordre suivant: le Pape
de Rome en premier, puis le patriarche de Constantinople, puis celui
d'Alexandrie, puis celui d'Antioche et enfin celui de Jérusalem.
Un retour à l'unité suppose donc une théologie et une organisation juridique
de l'Église qui redonnent aux patriarches d'Orient leurs privilèges des
premiers temps dans l'Église universelle, auprès du pape, tête de toute
l'Église. Les principales difficultés pour un tel projet sont les suivantes
:
- la fondation, depuis le premier millénaire, de nouveaux patriarcats ;
- l'existence, pour un même siège, de plusieurs patriarches catholiques et
d'un orthodoxe;
- une curie romaine aux prérogatives mal définies par rapport à celles des
patriarches.
Proposition: Sa Sainteté charge une commission d'experts théologiens,
d’historiens et de pasteurs, qui propose des solutions concrètes à ces
difficultés et l'Église s'engage à les appliquer sans tarder.
- S. Exc. Mgr Elie Béchara HADDAD, B.S., Archevêque de
Sidon des Grecs-Melkites (LIBAN)
La vente de terrains des chrétiens au Liban devient un phénomène dangereux.
Il risque de menacer la présence chrétienne jusqu’à l’anéantir à un minimum
dans les quelques années qui viennent. Pour remédier à ce phénomène nous
proposons:
- De créer une stratégie de solidarité entre les Églises sous le patronage
du Saint-Siège.
- Modifier le discours de l’Église envers l’Islam afin de distinguer
nettement entre Islam et fondamentalisme. Ceci facilite notre dialogue avec
les musulmans en vue de nous aider à persévérer dans notre terre.
- Passer du concept d’aide aux chrétiens d’Orient au concept de
développement pour les enraciner dans leur terre et leur trouver des
emplois.
Notre expérience dans le diocèse de Saïda est prépondérante à ce niveau.
- Rév. P. Khalil ALWAN, M.L.M., Secrétaire général du
"Conseil des Patriarches Catholiques d'Orient" (C.P.C.O.) (LIBAN)
Le paragraphe 55 de l’Instrumentum laboris n’a pas pris en considération le
grand rôle que le Conseil des Patriarches catholiques d’Orient (CPCO) a joué
dans le renforcement de la communion entre les Églises catholiques et dans
l'encouragement du dialogue œcuménique et interreligieux.
Après l’énumération des activités du CPCO, à 20 ans de son existence, au
niveau de la théologie pastorale, de l'œcuménisme, de la pastorale commune
et de la coordination entre églises catholiques, je constate que le CPCO
souffre d'un handicap au niveau de la communication. Je propose donc à
l'Assemblée synodale:
- La modification des statuts du CPCO pour permettre aux assemblées des
évêques de chaque pays d'être représentée dans les congrès annuels du CPCO,
et que leur représentant ait le pouvoir de transmettre et d'exécuter les
décisions au sein de son assemblée.
- L'organisation des congrès des Patriarches et évêques Catholiques en Moyen
Orient.
Enfin, je constate que les autorités ecclésiastiques, à savoir les
dicastères romains, les conférences épiscopales en occident et leurs
associations, semblent ignorer cette instance par manque d'information.
C'est pourquoi, je propose aussi que le CPCO soit inclu dans l’Annuarium
Pontificium, à l'instar de toutes les instances pontificales et autres.
- S. Exc. Mgr Antoine AUDO, S.I., Évêque d'Alep des
Chaldéens (SYRIE)
Soigner la formation spirituelle et intellectuelle des futurs prêtres.
I - Formation
Malgré la diminution du nombre des vocations, éprouver les candidats avant
de les admettre au séminaire.
Former les séminaristes au sens profond de chaque liturgie et être capable
d'ouverture à l'universalité de l'Église. En théologie, se baser sur Vatican
II, répondre aux questions de la modernité dans le contexte arabo-musulman,
en donnant une attention particulière à l'usage correct de la langue arabe.
Enfin, à la suite et selon les conseils de Benoît XVI, accorder de
l'importance à une formation doctrinale solide et vivante, se traduisant
dans la vie quotidienne. La dimension pastorale: apprendre à prêcher,
enseigner le catéchisme, accompagner les familles, écouter les confessions,
sont des éléments vitaux dans la formation.
II - Accompagnement pastoral et spirituel au cours de l' exercice du
ministère sacerdotal.
a. Veiller à ce que le prêtre soit mobilisé par la passion d'annoncer la
Bonne Nouvelle.
b. Assurer une formation permanente de qualité.
c. Prodiguer des moyens de relecture du service pastoral et du progrès
spirituel et humain (retraite annuelle, sessions, etc .... ) Se souvenir que
le prêtre est avant tout un homme de Dieu.
III- Assurance, comptabilité transparente
a. Regarder objectivement les besoins des prêtres, et arriver à une
comptabilité transparente du diocèse qui aide à développer la confiance
parmi les prêtres et les fidèles.
b. Que la Congrégation pour les Églises orientales aide chaque Patriarcat et
diocèse à la mise en place d'un système d'assurance maladie et d'assurance
vieillesse. Les ressources sont là, manquent la compétence et la rigueur.
- S. Exc. Mgr Berhaneyesus Demerew SOURAPHIEL, C.M.,
Archevêque d'Addis Abeba, Président du Conseil de l'Église Éthiopienne,
Président de la Conférence épiscopale (Éthiopie et Érythrée) (ÉTHIOPIE)
L’Éthiopie compte quelques 80 millions d’habitants, dont la moitié a environ
moins de 25 ans. Le grand défi que ce pays est amené à affronter est celui
de la pauvreté et de ses conséquences, telles que le chômage. De nombreux
jeunes, désireux de fuir la pauvreté, tentent, par tous les moyens,
d’émigrer. Ceux qui émigrent au Moyen-Orient sont pour la plupart de jeunes
femmes qui vont, légalement ou illégalement, chercher un emploi de
domestique parce que, pour la plupart d’entre elles, elles manquent de
formation professionnelle. Afin de faciliter leurs voyages, les chrétiens
transforment leurs noms chrétiens en noms musulmans et s’habillent comme les
musulmans de manière à ce que leur demande de visa puisse aboutir plus
facilement. De cette façon, les chrétiens sont indirectement forcés à renier
leurs racines chrétiennes et leur héritage.
Selon les données du Ministère du Travail et des Affaires sociales , et
celles de l’Organisation mondiale pour les Migrations, 13 498 travailleurs
éthiopiens ont immigré au Moyen-Orient entre septembre 2005 et août 2006
(www.American Chronicle/Ethiopian Human Trafficking Hub in the Horn of
Africa.html). Leurs destinations sont généralement le Liban, les Émirats
Arabes Unis, le Koweit, le Yémen et l’Arabie Saoudite. En moyenne, environ
12 500 éthiopiens partent chaque année en direction du Moyen-Orient.
Même s’il existe des situations exceptionnelles dans lesquelles les
travailleurs sont bien traités, la grande majorité d’entre eux souffre
d’exploitations et d’abus. Beaucoup ont honte de revenir en Éthiopie où
leurs familles s’attendent à ce qu’ils reviennent avec beaucoup d’argent.
Cependant, certains sont contraints à rentrer chez eux, désespérés et
malades, souffrant de troubles mentaux. Les chrétiens qui meurent en Arabie
Saoudite ne semblent pas être autorisés à y être enterrés. Leurs corps sont
renvoyés en Éthiopie afin d’y être enterrés. Pourrait-on demander aux
autorités saoudites d’accorder un cimetière aux chrétiens en Arabie
Saoudite?
De nombreux éthiopiens se tournent vers les Églises catholiques au
Moyen-Orient pour en obtenir aide et conseil. Je désire remercier les
Hiérarchies catholiques du Moyen-Orient qui font de leur mieux pour assister
les victimes d’abus et d’exploitations. Nous sommes reconnaissants, par
exemple, pour le travail important réalisée par Caritas Liban. La migration
moderne est considérée comme un “esclavage moderne”. Mais laissez-nous
rappeler que les immigrés d’aujourd’hui seront les citoyens et les
responsables de demain, que ce soit dans leurs patries que dans les pays qui
les accueillent.
- S. Exc. Mgr Youssef Anis ABI-AAD, Archevêque d'Alep
des Maronites (SYRIE)
“ Nous ne pouvons accueillir ceux que Dieu met sur notre route, si nous n’
accueillons pas Dieu en personne. Plus nous découvrons Dieu, plus nous
découvrons la sainteté de l’homme”
Le lieu privilégié de l’accueil de nos frères, en l’occurrence nos frères
musulmans est, sans aucun doute, la prière.
Il est une prière qu’on appelle prière contemplative.
Contempler, c’est d'abord contempler Dieu Trinité. Contempler c’est aussi
contempler, dans l’Esprit, la vie des hommes, et, partant, l’offrir à Dieu
avec ses joies et ses peines, ses avancements et ses reculs... tout en ayant
à l'esprit que nous ne voyons pas tout de la vie de l’autre, laquelle
demeure pour nous un mystère.
Dans la contemplation, il arrive que nous croisions, dans un instant
fugitif, un reflet du regard de Dieu sur les gens . C’est un instant de
grâce, un instant de joie, car ce regard est créateur, sauveur et plein d
amour .
Il est de première nécessité de chercher à établir une présence avec nos
frères musulmans et aussi avec les autres, avec lesquels nous vivons:
présence simple, humble, fraternelle, qui pourrait favoriser le dialogue
sous toutes ses formes et une compréhension réciproque.
- S. Exc. Mgr Bohdan DZYURAKH, C.SS.R., Évêque
titulaire de Vagada, Évêque de Curie de Kyiv-Halyč (UKRAINE)
Je voudrais rappeler votre attention sur un aspect particulier de la
pastorale des vocations, à savoir la formation des Pères spirituels appelés
à remplir leur mission dans les séminaires et dans les instituts de
formation des religieux. Le Père spirituel remplit un rôle déterminant dans
le discernement de chaque vocation et a une responsabilité précise et
fondamentale dans le chemin de mûrissement de chaque vocation; un rôle qui,
à mon avis, ne cesse certainement pas au moment de l’ordination sacerdotale
ou de l’émission des vœux perpétuels. Je vous pose donc les questions
suivantes: dans quelle mesure nous préoccupons-nous de former les futurs
Pères spirituels pour les séminaires et les instituts religieux ? J’ai
l’impression que souvent le choix se fait sur la base d’urgences immédiates
et sur l’idée qu’un tel prêtre convient parce qu’il semble avoir une bonne
vie spirituelle personnelle. Mais qu’en est-il du reste des compétences
demandées et qui ne sont pas moins importantes ? Je me permets donc de nous
recommander à tous la plus grande attention à la formation de cette figure
précieuse et irremplaçable de la pastorale des vocations, en assurant aux
personnes vraisemblablement adéquates, tous les instruments de la théologie,
de la psychologie et de tout ce qui est demandé à travers des parcours de
formation spécialisés.
Avant tout, je voudrais exprimer la plus profonde gratitude aux Évêques
latins pour l’accueil fraternel réservé à nos fidèles, pour l’attention
qu’ils expriment à leur égard, mais il ne s’agit évidemment pas simplement
de garantir un “cadre liturgique” et de “renforcer - je cite textuellement -
le lien avec les fidèles des Églises orientales catholiques dans les pays
d’émigration”, mais plutôt de quelque chose de plus important et de plus
profond. Dans l’exercice de leur ministère, les Éparques ne peuvent pas
simplement se limiter à ces garanties ni même à une simple “visite”. Je pose
la question suivante: un père peut-il réduire sa fonction naturelle à
l’égard de ses enfants lointains à une simple “visite” ? La réponse est trop
évidente pour que je l’explicite. Alors, il faut approfondir de façon
responsable ce thème de la paternité des Patriarches et des Évêques
éparchiques et identifier les instruments juridiques et organisationnels
qui, en collaboration évidente avec les Ordinaires locaux, puissent porter à
un exercice effectif de leur responsabilité ministérielle là où vivent leurs
propres fidèles.
Je focalise mon attention sur les Ordres contemplatifs en rappelant leur
extrême importance au point que je me trouve dans l'obligation de citer
l'exemple de notre grand Métropolite, le Serviteur de Dieu Kyr Andrea
Szeptycky, qui désira, lui, Basilien, la constitution des Moines studites en
Ukraine, définissant la mission caractéristique de la vie de prière et de
contemplation comme "poumon de la vie de l'Église". Je me permets de
rappeler à tous les vénérables Pères synodaux ce don singulièrement précieux
au point que nous en ressentons la nécessité et que nous en cultivons avec
soin la présence et la croissance pour le bien de tous les composants de nos
Églises.
- S. Exc. Mgr Virgil BERCEA, Évêque d'Oradea Mare,
Gran Varadino des Roumains (ROUMANIE)
Plusieurs aspects unissent notre Église roumaine avec les Églises sœurs du
Moyen-Orient: en tout premier le fait d’être un “petit troupeau”. L’Église
gréco-catholique en Roumanie vit sa mission en étant une minorité; une
présence qui est pourtant très forte dans l’histoire de notre pays, en ce
qu’elle exprime cette heureuse et providentielle synthèse entre la pleine
communion avec le siège de Pierre et la richesse des trésors de la tradition
spirituelle, liturgique et disciplinaire byzantine.
Chers frères d’Orient, nous sommes appelés avec vous à affronter les défis
de notre époque: la forte vague d’émigration et la mondialisation avec
toutes ses provocations et ses idoles, dont nous a parlé le Pape Benoît XVI
et que nous sommes tous appelés à démasquer. En outre, cette situation
d’émigration - dont nous n’avons jamais fait l’expérience dans l’histoire de
notre peuple roumain - dans laquelle, sur une population totale de 22
millions de nationaux, presque cinq millions se trouvent désormais en Europe
et dans le monde, ouvre également la possibilité d’une confrontation féconde
et d’un enrichissement mutuel.
L’immigration dans le partage valorise tout un chacun; donc tenons toujours
les yeux fixés sur Jésus, le premier qui a dû se rendre en terre d’Égypte,
afin de lui demander et de recevoir de Lui cet élan toujours renouvelé que
nous devons ensuite communiquer à nos fidèles et à nos communautés.
- S. Exc. Mgr Youhanna GOLTA, Évêque titulaire d'Andropoli,
Évêque de Curie d'Alexandrie des Coptes (RÉPUBLIQUE ARABE D'ÉGYPTE)
Relations avec les Églises orthodoxes dans nos pays :
Elles sont nos racines, nos ancêtres, ce sont elles qui ont lutté pour
défendre la foi chrétienne et la garder pour nous jusqu'à aujourd'hui. Ce
sont elles qui ont offert les martyrs, des saints, des grands théologiens.
Par conséquent, l'unité de l'Église, qui est la prière de l'Église, reste
toujours l'espérance de l'histoire chrétienne.
Relation avec les citoyens musulmans :
Le moyen-âge nous a laissé des fruits amers faits de haine et de mépris, une
vraie tragédie.
Pouvons-nous, ensemble, chrétiens et musulmans écrire une nouvelle page
d'histoire, d'amour, de respect et de pardon pour construire ensemble pour
les générations futures un avenir sans tragédie?
INTERVENTION DE L’INVITÉ SPÉCIAL, RABBIN DAVID
ROSEN, CONSEILLER DU GRAND RABBINAT D'ISRAËL, DIRECTEUR DU DÉPARTEMENT POUR
LES AFFAIRES INTERRELIGIEUSES DE L'"AMERICAN JEWISH COMMITTEE" ET DE
L'INSTITUT HEILBRUNN POUR L'ACCORD INTERNATIONAL INTERRELIGIEUX (ISRAËL)
Nous publions, ci-dessous, la traduction en français du texte intégral de
l'intervention.
Aujourd’hui, les rapports entre l’Église catholique et le peuple juif
connaissent une heureuse transformation qui a lieu à notre époque et qui n’a
sans doute pas d’égal dans l’histoire.
Dans son discours à la grande synagogue, ici à Rome, en janvier dernier,
S.S. le Pape Benoît XVI a parlé de l’enseignement du Concile Œcuménique
Vatican II comme d’ “un point de référence vers lequel se tourner
constamment dans l’attitude et dans les rapports avec le peuple juif,
marquant une étape nouvelle et décisive”.
Naturellement, cette transformation frappante dans la façon dont le peuple
juif est vu et présenté, a dû et doit encore affronter l’influence de
siècles, voire de millénaires d’”enseignement du mépris” à l’égard des juifs
et du Judaïsme, qui ne peut être éliminé, bien évidemment, du jour au
lendemain, ni même en quarante-cinq ans. Inévitablement, les effets de cette
transformation sur les relations catholiques-juives varient considérablement
d’un contexte à l’autre, étant influencées par des facteurs sociologiques,
éducatifs et même politiques. L’intériorisation la plus évidente a sans
doute eu lieu aux États-Unis d’Amérique où les juifs et les chrétiens vivent
dans une société ouverte, côte à côte, en minorités vibrantes, sûres d’elles
et engagées sur le plan civil. Par conséquent, leurs relations ont progressé
de manière exceptionnelle, impliquant la coopération et les échanges entre
les communautés et leurs institutions éducatives; et aujourd’hui les
États-Unis se vantent d’avoir littéralement des dizaines d’institutions
académiques pour les études et les relations catholiques-juives, alors que
dans le reste du monde il n’y en a peut-être que trois. En effet, au sein
des communautés juives des États-Unis, l’Église catholique est largement
perçue comme une amie authentique ayant des valeurs profondes et des
intérêts communs. C’est pour moi un privilège d’être à la tête de la
représentation internationale interconfessionnelle de l’American Jew
Commitee, qui a été et qui continue d’être l’organisation juive la plus
importante de cette transformation historique remarquable.
Il existe toutefois de nombreux pays où ces facteurs sociaux et
démographiques ne sont pas présents. Dans la plupart des pays où le
Catholicisme est la force sociale dominante, les communautés juives sont peu
nombreuses, quand elles sont présentes, et on fait peu d’attention aux
relations entre l’Église et le Judaïsme. J’avoue avoir été surpris de
découvrir que le clergé catholique et parfois même la hiérarchie de certains
pays ignorent tout non seulement du Judaïsme contemporain, mais aussi de
Nostra Aetate, des documents du Vatican y découlant et, par conséquent, des
enseignements du Magisterium concernant les juifs et le Judaïsme.
Si, comme il a été indiqué, l’expérience juive aux États-Unis a fait
beaucoup pour atténuer les impressions négatives du passé tragique,
l’ignorance sur le Christianisme est encore très répandu dans le monde juif,
surtout là où les contacts avec les chrétiens modernes sont rares ou
inexistants.
Dans le seul espace politique du monde où les juifs représentent une
majorité, l’État d’Israël, ce problème est aggravé par le contexte politique
et sociologique. Au Moyen-Orient, comme dans la plupart des régions du
monde, les communautés ont tendance à vivre dans leurs milieux linguistique,
culturel et confessionnel, et Israël ne fait pas exception. Qui plus est,
les chrétiens arabes en Israël représentent une minorité au sein d’une
minorité: environ 120 000 sur une population arabe d’environ 1 million et
demi d’habitants, presque exclusivement musulmane et constituant près de
vingt pour cent de l’ensemble des citoyens israéliens (environ sept millions
et demi).
Il est vrai que les Israéliens arabes chrétiens représentent une minorité
religieuse particulièrement prospère sous différents aspects; leurs niveaux
socio-économique et éducatif sont bien au-dessus de la moyenne - leurs
écoles reçoivent les meilleures notes lors des examens annuels d’inscription
à l’université - et beaucoup d’entre eux ont joué un rôle de premier plan
dans la politique et ont vraiment su tirer parti du système démocratique
dont ils font partie intégrante. Cependant, pour la très grande majorité
d’Arabes et de Juifs, la vie au quotidien se déroule dans leurs contextes
respectifs. Il s’ensuit que la plupart des Israéliens juifs ne rencontrent
pas les chrétiens contemporains; et même quand ils voyagent à l’étranger,
ils ont tendance à rencontrer les non-juifs en tant que tels, et non pas en
tant que chrétiens modernes. Par conséquent, jusqu’à ces derniers temps, une
grande partie de la société israélienne ignoraient les changements profonds
qui ont eu lieu dans les relations catholiques-juives. Or, la situation a
commencé à changer considérablement ces dix dernières années pour diverses
raisons, dont deux en particulier méritent d’être mentionnées.La première,
ce sont les effets de la visite de feu Jean-Paul II en l’an 2000, à la suite
de l’établissement des relations bilatérales à part entière entre Israël et
le Saint-Siège six ans plus tôt. Si ce dernier fait avait déjà été perçu en
Israël, ce fut le pouvoir des images visuelles, dont Jean-Paul II avait si
bien compris l’importance, qui révéla clairement à la majorité de la société
israélienne la transformation qui s’était produite dans les attitudes et
dans les enseignements chrétiens à l’égard du peuple juif, avec qui le Pape
lui-même avait maintenu et renforcé l’amitié et le respect réciproque. Pour
les Israéliens, voir le Pape devant le Mur occidental, vestige du Second
Temple, se tenir là en signe de respect pour la tradition juive et y placer
le texte qu’il avait composé pour une liturgie de pardon, qui avait eu lieu
deux semaines plus tôt ici à Saint-Pierre et où il demandait le pardon divin
pour les péchés commis contre les juifs au cours des siècles, a eu des
effets stupéfiants et très touchants. Il reste un long chemin à faire avant
que la communauté juive d’Israël surmonte son passé négatif, mais il n’y a
pas de doute que les attitudes ont changé depuis cette visite historique.
Elle a conduit en plus à une nouvelle grande possibilité de dialogue, de
compréhension et de collaboration sous la forme d’une commission bilatérale
du Grand Rabbinat d’Israël et de la Commission du Saint-Siège pour les
relations religieuses avec la communauté juive, créée sur l’initiative de
Jean-Paul II et largement louée par le Pape Benoît XVI au cours de son
pèlerinage en Terre Sainte l’année dernière, ainsi que dans son discours à
la grande synagogue, ici à Rome, au début de l’année.
L’autre facteur important, c’est l’afflux de nouveaux chrétiens qui ont
doublé la composition démographique du christianisme en Israël.
Je fais référence tout d’abord aux quelques cinquante mille chrétiens
pratiquants qui ont fait partie intégrante de l’immigration vers Israël de
ces dernières vingt années provenant de l’ancienne Union soviétique. Étant
en même temps liés à la société juive par des liens familiaux et culturels,
on peut affirmer qu’ils représentent la première minorité chrétienne se
considérant comme partie intégrante de la majorité juive depuis la toute
première communauté chrétienne.
Ces chrétiens, comme les communautés arabo-chrétiennes, sont des citoyens
israéliens qui jouissent à plein titre du droit de citoyenneté et d’égalité
devant la loi. Il existe cependant une troisième population chrétienne en
Israël dont la position légale est parfois problématique.
Il s’agit de plusieurs milliers de chrétiens pratiquants parmi les près de
250 000 travailleurs immigrés, venant des Philippines, d’Europe de l’Est,
d’Amérique latine et d’Afrique sub-saharienne. La plupart d’entre eux
résident dans le pays de manière légale et temporaire, mais près de la
moitié sont entrés ou résident illégalement et leur position est précaire
sur le plan légal.
Néanmoins, la présence chrétienne consistante parmi cette population assure
une vie religieuse vibrante et constitue une troisième dimension importante
pour la réalité chrétienne en Israël aujourd’hui. Ces facteurs ont
contribué, parmi d’autres, à faire connaître de plus en plus en Israël le
christianisme contemporain. De plus, alors qu’il existe environ deux cent
organisations israéliennes visant à promouvoir la compréhension et la
coopération entre Arabes et Juifs d’une manière générale , il existe aussi
littéralement des dizaines d’organismes visant à promouvoir la rencontre
interreligieuse, le dialogue et les études, où la présence chrétienne est
exorbitante et très significative. Cela est dû, évidemment, essentiellement
à la présence d’institutions chrétiennes et de leur clergé, de spécialistes,
de représentants internationaux des Églises, et ainsi de suite, qui
contribuent de manière disproportionnée par rapport à leur nombre à ces
efforts, notamment dans le domaine du savoir. De surcroît, le fait que dans
l’État d’Israël les chrétiens, comme les musulmans, représentent une
minorité ayant besoin d’être acceptée et comprise par la majorité juive
concourt à donner l’élan vers un engagement inter-confessionnel
(contrairement à ce qui se passe souvent ailleurs).
Les chrétiens en Israël sont évidemment dans une situation très différente
par rapport à leurs communautés sœurs en Terre Sainte, qui font partie
intégrante d’une société palestinienne luttant pour son indépendance et qui
sont inévitablement prises tous les jours dans le conflit
israélo-palestinien. En effet, certaines de ces communautés étant placées
dans l’intersection entre la juridiction israélienne et celle palestinienne,
elles sont souvent les plus touchées par les mesures de sécurité que l’État
juif se voit dans l’obligation de maintenir afin de protéger ses propres
citoyens contre la violence continue venant des territoires palestiniens. Il
est tout à fait juste et opportun que ces chrétiens palestiniens expriment
leur détresse et leurs espoirs vis-à-vis de cette situation, mais il faut
noter avec regret que ces expressions ne sont pas toujours en accord avec la
lettre et l’esprit du Magisterium concernant les relations avec les juifs et
le Judaïsme. C’est ce qui semble se refléter dans un contexte géographique
plus vaste où l’impact du conflit arabo-israélien a bien trop souvent
entraîné un sentiment de gêne chez de nombreux chrétiens face à la
redécouverte de l’Église de ses racines juives et, dans certains cas, une
préférence pour le préjugé historique.
Néanmoins la détresse des Palestiniens en général, et des Chrétiens
palestiniens en particulier, devrait constituer une préoccupation profonde
pour les Juifs, tant d’Israël que de la Diaspora. D’abord, le Judaïsme a
fait connaître au monde que chaque personne humaine a été créée à l’image de
Dieu; et que par conséquent, comme les sages du Talmud l’enseignent, tout
manque de respect à l’égard d’une autre personne, est un acte de non respect
envers le Créateur lui-même; nous avons une responsabilité spéciale tout
particulièrement pour nos voisins qui souffrent. Cette responsabilité est
encore plus grande quand la souffrance provient d’un conflit dans lequel
nous avons une part et, paradoxalement, précisément là où nous avons le
devoir moral et religieux de nous protéger et de nous défendre.
Pour moi, personnellement, en tant qu’Israélien de Jérusalem, la situation
douloureuse en Terre Sainte et la souffrance de tant de personnes des
différents côtés du fossé politique, est une source de grande douleur; même
si je réalise pleinement qu’il a été usé et abusé pour accentuer les
diverses tensions qui ont débordé le contexte géographique du conflit
lui-même.
Pourtant, je remercie Dieu pour le nombre remarquable d’organisations qui,
dans notre société, oeuvrent pour soulager le plus de souffrances possibles
dans ce très difficile contexte.
Je suis fier d’être un fondateur d’une de ces organisations, Rabbins pour
les Droits de l’Homme, dont le directeur et les membres, précisément en tant
que loyaux citoyens israéliens, continuent de lutter pour préserver et
promouvoir la dignité humaine de tous, et spécialement des plus vulnérables.
Je suis bien sûr tout à fait conscient du carnage, tout récemment, dans les
rues de nos villes et des continuelles menaces toujours présentes dans le
but, bien évident, de détruire et d’exterminer Israël. Néanmoins, nous
devons nous efforcer de faire tout ce que nous pouvons pour alléger les
épreuves liées à cette situation et spécialement celles qui concernent les
communautés chrétiennes à Jérusalem et alentour.
En effet, au cours de ces récents mois, les conditions se sont nettement
améliorées, par exemple, en ce qui concerne la liberté de mouvement du
clergé, et l’on a pu constater récemment une plus grande compréhension des
besoins des communautés chrétiennes locales de la part des autorités, en
dépit des défis liés à la sécurité. Nous continuons à faire pression en ce
sens, étant convaincus qu’en définitive c’est dans l’intérêt de tous.
Effectivement, la responsabilité juive pour s’assurer que les communautés
chrétiennes s’épanouissent parmi nous, en respectant la réalité que la Terre
Sainte est la terre de la naissance du Christianisme et des lieux saints,
est renforcée par notre fraternité de plus en plus redécouverte.
Pourtant, en dehors de notre relation particulière, les chrétiens en tant
que minorité tant en contexte juif que musulman, tiennent un rôle spécial
dans nos sociétés en général. La situation des minorités est toujours le
reflet profond de la condition sociale et morale d’une société dans son
ensemble. Le bien-être des communautés chrétiennes au Moyen-Orient n’est
rien d’autre qu’une sorte de baromètre de la condition morale de nos pays.
Le degré auquel les Chrétiens jouissent des droits civils et religieux et
des libertés témoigne de la bonne santé ou non des sociétés respectives au
Moyen-Orient.
De plus, comme je l’ai déjà indiqué, les chrétiens jouent un rôle
disproportionné pour la promotion de la compréhension et de la coopération
interreligieuses dans le pays. En effet, je me permettrais de suggérer que
ceci est précisément le métier du chrétien, contribuer à surmonter le
préjudice et l’incompréhension qui apportent la confusion en Terre Sainte et
qui, naturellement, sont fortement renforcés dans la région en général. Bien
qu’il ne soit pas juste de s’attendre à ce que les petites communautés
chrétiennes locales soient en mesure de supporter seules une telle
responsabilité, nous devrions peut-être espérer qu’elles soient soutenues en
ce sens par leur Église universelle et ses autorités centrales, elles
pourraient devenir effectivement des pacificatrices privilégiées dans la
ville, dont le nom veut dire paix et qui possède cette signification pour
nos communautés. Déjà quelques premiers signes en ce sens se sont fait
sentir dans le rôle local de leadership catholique, comme la création au
cours de ces récentes années du Conseil des Institutions religieuses de
Terre Sainte, qui réunit ensemble le Grand Rabbinat d’Israël, les Tribunaux
de la Sharia et le Ministère des Affaires religieuses de l’Autorité
Palestinienne, ainsi que le leadership chrétien officiel en Terre Sainte. Ce
Conseil non seulement facilite la communication entre les diverses autorités
religieuses, mais il se consacre aussi à oeuvrer pour combattre les
malentendus, l’intolérance et la provocation, et cherche aussi à être une
force pour la réconciliation et la paix de sorte que deux nations et trois
religions puissent vivre sur la même terre en toute dignité, liberté et
tranquillité.
Le Document de travail de l’Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient cite le
Pape Benoit XVI dans son interview avec l’Osservatore Romano en route pour
la Terre Sainte comme ci-après: “Il est important d’avoir, d’une part, un
dialogue bilatéral - avec les juifs et avec les musulmans - et, d’autre
part, un dialogue trilatéral” (sect. 96). En effet, l’année dernière, et
pour la première fois, le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux
et la Commission pontificale pour les Relations religieuses avec le
Judaïsme, recevaient ensemble avec le Comité juif international de
Consultations interreligieuses (IJCIC) et la Fondation des Trois cultures à
Séville, en Espagne, notre premier dialogue trilatéral. J’ai éprouvé une
joie toute particulière du fait qu’il avait été proposé durant ma présidence
du IJCIC, et que j’espère ardemment qu’il ne s’agit que du début d’un
dialogue trilatéral beaucoup plus étendu, pour surmonter la méfiance, les
préjudices et les incompréhensions, afin que nous puissions mettre en
lumière les valeurs partagées dans la famille d’Abraham pour le bien-être de
toute l’humanité.
Selon moi, il semble que la commission bilatérale mentionnée précédemment
avec le Grand Rabbinat d’Israël et le Conseil des Institutions religieuses
de Terre Sainte offrent ensemble même une plus grande opportunité et défi à
cet égard.
Le Document de travail fournit aussi des éléments importants sur la nature
des relations des Chrétiens avec, à la fois, les Musulmans et les Juifs. Il
reprend les paroles du Pape Benoit XVI à Cologne, en août 2005, quand il
décrivait les relations avec l’Islam comme “une nécessité vitale... dont
dépend en grande partie notre avenir” (sect. 95). En effet, au Moyen-Orient,
ceci est une évidence. Si l’on comprend le concept de dar el Islam dans un
contexte seulement géographique/culturel ou bien dans un contexte
théologique, la demande critique pour l’avenir de nos communautés
respectives est de savoir si ou non nos frères musulmans peuvent considérer
la présence des chrétiens et des juifs comme faisant pleinement partie,
légitimement et intégralement, de la région dans l’ensemble. Vraiment le
besoin d’aborder cette question est non moins qu’ “une nécessité vitale...
dont... dépend notre avenir”.Effectivement, elle se relie à la vraie
question qui est celle des “racines” du conflit israélo-arabe. Ceux qui
déclarent que l’“occupation” est “à la base” du conflit sont complètement
dans l’erreur.
Ce conflit s’est poursuivi pendant des décennies bien avant la Guerre des
Six Jours en 1967 ayant comme résultat la mise sous contrôle israélien de la
Cisjordanie et de Gaza. “L’occupation”, en fait, c’est précisément une
conséquence du conflit, et la vraie raison qui en est à la base est celle de
savoir si le monde arabe peut tolérer une politique souveraine non-arabe en
son sein.
Cependant, le Document de travail commentant la Dei Verbum décrit le
dialogue de l’Église “avec ses frères aînés” non pas comme une juste
nécessité, mais comme “essentielle” (sect. 87). En effet, lors de sa visite
à la grande synagogue dans cette ville, cette année, le Pape Benoit XVI
citait le Catéchisme de l’Église catholique (sect. 839).
“C’est en méditant sur son propre mystère que l’Église, le Peuple de Dieu de
la Nouvelle Alliance, découvre son lien profond avec les Juifs, qui ont été
choisis par le Seigneur avant tous les autres pour revoir Sa parole”, et il
ajoutait que “la foi juive, contrairement aux autres religions
non-chrétiennes, est déjà une réponse à la révélation de Dieu”.
Ces paroles font écho à celles du feu Pape Jean-Paul II qui, au cours de sa
visite historique à ce même lieu de culte juif dans cette ville, en 1986,
déclarait que “la religion juive ne nous est pas extrinsèque mais est, dans
un certain sens, intrinsèque à notre propre religion. Nous avons donc, avec
le Judaïsme, une relation que nous n’avons avec aucune autre religion”. En
outre, dans son Exhortation Apostolique du 28 juin 2003, il décrivait “le
dialogue et la coopération avec les croyants de la religion juive” comme
étant “fondamentalement importants pour la connaissance de soi des
Chrétiens” en conformité avec l’appel du Synode “pour la connaissance des
racines communes liant le Christianisme et le peuple Juif, qui sont appelés
par Dieu à une alliance qui reste irrévocable”.
Comme je l’ai fait remarquer, les réalités politiques du Moyen-Orient ne
facilitent pas toujours la connaissance de ces exhortations de la part des
chrétiens de cette région. Toutefois, je prie pour que le miracle auquel se
référait Jean-Paul II comme “la floraison d’un nouveau printemps dans les
relations mutuelles” devienne de plus en plus évident au Moyen-Orient comme
partout dans le monde.
Enfin, consacrons-nous, avec encore plus de dévotion, à la fois par la
prière et le travail, pour la paix et la dignité pour tous. Prions avec les
paroles du Pape Jean-Paul II au Mur occidental de Jérusalem, celles avec
lesquelles le Pape Benoit XVI concluait sa présentation à la grande
synagogue de Rome.
“Envoie ta paix sur cette Terre Sainte, sur le Moyen-Orient, sur la famille
humaine toute entière; éveille le coeur de tous ceux qui invoquent ton nom,
afin qu’ils marchent humblement sur le chemin de la justice et de la
compassion”.
Et permettez-moi, comme quelqu’un qui vient à vous de la ville qui est
sainte et aimée de nous tous, pour conclure avec les mots du Psalmiste “Que
Yahvé te bénisse de Sion! Puisses-tu voir Jérusalem dans le bonheur tous les
jours de ta vie” (Ps 128,5).
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 13.10.2010 -
T/Synode
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