Le 13 juillet 2022 -
(E.S.M.)
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La scène était particulièrement émouvante. Devant une foule réunie
le 18 juin au château de Nymphenburg à Munich pour fêter le 95e anniversaire
de Benoît XVI (né un 16 avril), son secrétaire particulier,
l’archevêque Georg Gänswein, a prononcé un discours de quelques
minutes. Au moment d’évoquer l’état de santé du pape émérite et
quelques souvenirs marquants, le prélat n’a pu retenir ses larmes.
Benoît XVI : «
Je n’aurais pas pensé que le dernier bout de chemin entre le monastère et
les portes du ciel où se tient Pierre pouvait être aussi long »
Les larmes de « Padre » Georg
Crainte pour la santé de Benoit XVI ?
Le 13 juillet 2022 - E.
S. M. - Plus de neuf ans après la démission de Benoît
XVI du ministère pétrinien, ceux qui ont vécu à ses côtés les jours
qui ont séparé le Consistoire de la Declaratio du dernier
adieu aux fidèles depuis le balcon du Palais apostolique de Castel
Gandolfo n’ont cessé de s’en souvenir avec émotion. C’est le cas de
Mgr Georg Gänswein, préfet de la maison pontificale et secrétaire
personnel du pape émérite, qui n’a pu retenir ses larmes la semaine
dernière en prononçant un discours de remerciements lors de la
cérémonie pour le 95e anniversaire de Ratzinger organisée à Munich,
dans la salle Hubertus du palais de Nymphenburg. « Je n’aurais
pas pensé que le dernier bout de chemin entre le monastère et les
portes du ciel où se tient Pierre pouvait être aussi long », a
dit Mgr Gänswein [citant Benoît XVI, voir ci-dessous] devant un
public silencieux, devant s’interrompre trois fois sous le coup de
l’émotion avant de terminer sa phrase.
La cérémonie, organisée par l’Institut Joseph Ratzinger de
Ratisbonne, a été retransmise en direct par la chaîne de télévision
américaine Ewtn et a eu un spectateur d’exception à l’intérieur des
murs léonins : le pape émérite lui-même. Les images mêmes qui ont
immortalisé les larmes de Gänswein sont rapidement devenues virales
sur les canaux sociaux dédiés à Benoît XVI et ont fait craindre une
aggravation de l’état de santé du pape émérite de 95 ans. En
réalité, ceux qui ont eu la chance de le rencontrer récemment au
monastère Mater Ecclesiae l’ont trouvé lucide et de bonne humeur,
malgré les douleurs normales liées à la vieillesse.
L’année 2022 n’a pas été facile pour Joseph Ratzinger : une grande
déception est en effet venue en janvier de son Allemagne natale
après la publication du rapport sur la gestion des abus dans
l’archidiocèse de Munich et Freising qui mettait en cause sa
conduite en tant qu’archevêque pour des faits relatifs à 1980. Les
accusations d’avoir couvert un prêtre pédophile, déjà rejetées dans
un mémoire de défense de 82 pages envoyé au cabinet d’avocats qui a
traité le dossier, l’ont convaincu de prendre la plume et d’écrire
une lettre publique datée du 6 février dans laquelle il évoque la
possibilité de se retrouver « très bientôt devant le juge ultime de
la vie » et exprime sa gratitude au pape François pour la «
confiance, le soutien et la prière » qui lui ont été personnellement
exprimés. Ces derniers jours, la nouvelle est venue de Traunstein
d’une plainte civile déposée par une victime de ce prêtre contre
Ratzinger et son successeur à Munich, le cardinal Friedrich Wetter,
94 ans.
Il faut dire qu’avant même la publication du rapport en janvier, il
avait déjà été précisé que dans le cas en cause, Ratzinger, alors
archevêque, n’avait pas connaissance des violences commises par le
religieux et n’avait de toute façon pas autorisé sa participation à
des activités pastorales, mais seulement l’octroi d’un logement à
Munich.
Malgré cela, le pape émérite a été critiqué par une partie de
l’épiscopat allemand et notamment par le président de la Conférence
épiscopale, Mgr Georg Bätzing et son prédécesseur, le cardinal
Reinhard Marx.
Ce dernier, actuel patron à Munich comme archevêque , n’était pas
présent à la cérémonie organisée au château de Nymphenburg, pour
célébrer le 95e anniversaire. Outre Mgr Gänswein, il y avait par contre
le nonce apostolique en Allemagne, Nikola Eterović, et l’ancien
président du Land de Bavière, Edmund Stoiber qui a qualifié
Ratzinger de « plus grande personnalité » qu’il ait rencontrée dans
sa vie.
Le secrétaire de Benoît XVI pleure en
évoquant la santé du pape émérite
La scène était particulièrement émouvante. Devant une foule réunie
le 18 juin au château de Nymphenburg à Munich pour fêter le 95e anniversaire
de Benoît XVI (né un 16 avril), son secrétaire particulier,
l’archevêque Georg Gänswein, a prononcé un discours de quelques
minutes. Au moment d’évoquer l’état de santé du pape émérite et
quelques souvenirs marquants, le prélat n’a pu retenir ses larmes.
« Je n’aurais jamais cru que la dernière partie du chemin entre
le Monastère Mater Ecclesiae et la porte du ciel de saint Pierre… [
le prélat, inclinant son visage, s’arrête plusieurs secondes et
peine à cacher l’émotion qui le submerge… ] Et la porte du ciel
de Saint Pierre serait si longue », murmure-t-il d’une voix
chevrotante.
Et de poursuivre en sortant son mouchoir : « C’est ce que m’a
confié Benoît XVI…. [ il s’arrête de nouveau un moment, avant
de reprendre ] … Lorsque nous avons parlé du poids et de la
détresse de la vieillesse et des critiques récurrentes à l’encontre
de sa personne et de son action. C’était il y a quelques années.
Même après sa démission, Benoît XVI a répondu de manière franche et
convaincante aux questions et aux défis importants de l’époque,
toujours à la lumière de l’Incarnation. Et cela était
caractéristique chez lui. C’est là qu’il s’est senti interpellé.
C’est une exigence qu’il a maîtrisée avec brio, bon gré mal gré, en
faisant face à tous les assauts du monde jusqu’aux jours les plus
récents. Le ministère pastoral suprême n’était pas seulement un
fardeau pour lui, mais aussi une joie de l’âme. Et cette joie de
l’âme, il l’a conservée – au-delà de toutes les détresses et
déceptions. Elle est comme une lumière qui l’accompagne
intérieurement. »
Puis les larmes le reprennent lorsqu’il évoque plus spécifiquement
la santé faiblissante de Benoît XVI : « Entre temps, le pape
émérite… [ l’archevêque tente tant bien que mal de retenir ses
sanglots et laisse s’écouler quelques secondes de silence ] …
est devenu un homme très âgé, physiquement fragile, mais dont
l’esprit et le regard sont, Dieu merci, toujours aussi éveillés et
brillants. Même si sa voix est de plus en plus faible et
incompréhensible. Les dernières années ont eu raison de ses forces.
Mais malgré ses forces déclinantes, il a conservé l’humble sérénité
de son cœur. Comme elle se manifestait peut-être le plus clairement
autrefois devant le monde entier dans les moments où il répondait
aux questions des enfants, toujours de manière totalement libre et
rafraîchissante. »
Il conclut en saluant l’humour et la douceur de cette figure papale
qu’il connaît et admire particulièrement : « Son humour
inaltérable, enveloppé de sa douceur personnelle qui a toujours été
la marque de fabrique de sa personnalité, est également très
présent. Il s’est réjoui comme un enfant lorsqu’il a été informé de
la cérémonie d’aujourd’hui. Et il m’a demandé de vous envoyer à tous
des bénédictions chaleureuses. »