Message du Pape Benoît XVI pour la
Journée Mondiale des Missions 2008 |
|
Cité du Vatican, le 13 juillet 2008 -
(E.S.M.)
- A l’occasion de la Journée Mondiale des Missions, le pape
Benoît XVI nous invite à
réfléchir sur l’urgence qui demeure d’annoncer encore l’Evangile à notre
époque. Le mandat missionnaire continue d’être une priorité absolue pour
tous les baptisés, appelés à être « serviteurs et apôtres du Christ Jésus »
en ce début de millénaire.
|
Message du Pape Benoît XVI pour la Journée Mondiale des Missions 2008
Chers frères et sœurs,
A l’occasion de la Journée Mondiale des Missions, je voudrais vous inviter à
réfléchir sur l’urgence qui demeure d’annoncer encore l’Evangile à notre
époque. Le mandat missionnaire continue d’être une priorité absolue pour
tous les baptisés, appelés à être « serviteurs et apôtres du Christ Jésus »
en ce début de millénaire.
Mon vénéré prédécesseur, le Serviteur de Dieu Paul VI, affirmait déjà, dans
l’Exhortation apostolique
Evangelii
Nuntiandi que : « évangéliser est la
grâce et la vocation propre de l’Eglise, son identité la plus profonde »
(n°
14). Comme modèle de cet engagement apostolique, je voudrais indiquer en
particulier saint Paul, l’Apôtre des gentils, puisque nous célébrons cette
année un jubilé spécial qui lui est consacré. C’est l’Année Paulinienne qui
nous offre l’opportunité de nous familiariser avec cet insigne Apôtre, qui
eut pour vocation de proclamer l’Evangile aux Gentils, selon ce que le
Seigneur lui avait annoncé : « Va, c’est au loin, vers les païens, que moi,
je veux t’envoyer » (Ac 22, 21). Comment ne pas saisir l’occasion offerte
par ce jubilé spécial aux Eglises locales, aux communautés chrétiennes et
aux fidèles individuellement, pour propager jusqu’aux frontières les plus
reculées du monde l’annonce de l’Evangile, puissance de Dieu pour le salut
de quiconque croit (Rm 1, 16) ?
1. L’humanité a besoin de libération
L’humanité a besoin d’être libérée et rachetée. La création elle-même – dit
saint Paul – souffre et nourrit l’espoir d’entrer dans la liberté des
enfants de Dieu (cf. Rm 8, 19-22). Ces paroles sont également vraies dans le
monde d’aujourd’hui. La création souffre. L’humanité souffre et attend la
vraie liberté, elle attend un monde différent, meilleur ; elle attend la «
rédemption ». Et, au fond, elle sait que ce monde nouveau attendu suppose un
homme nouveau, suppose des « enfants de Dieu ». Voyons de plus près la
situation du monde d’aujourd’hui. Si, d’une part, le panorama international
présente des perspectives de développement économique et social prometteur,
de l’autre, il offre à notre attention de fortes préoccupations en ce qui
concerne l’avenir même de l’homme. La violence, dans de nombreux cas,
caractérise les relations entre les individus et les peuples ; la pauvreté
opprime des millions d’habitants ; les discriminations et, parfois même, les
persécutions pour motifs raciaux, culturels et religieux poussent beaucoup
de gens à fuir leurs pays pour chercher ailleurs refuge et protection ; le
progrès technologique, lorsqu’il n’est pas finalisé à la dignité et au bien
de l’homme, ni ordonné à un développement solidaire, perd sa potentialité de
facteur d’espérance et risque même plutôt d’aiguiser les équilibres et les
injustices déjà existantes. En outre, une constante menace existe au sujet
du rapport homme-environnement à cause de l’usage aveugle des ressources,
entraînant des répercussions sur la santé physique et mentale de l’être
humain. L’avenir de l’homme est ensuite soumis au risque des attentats
contre sa vie, attentats qui revêtent diverses formes et modalités.
Face à ce scénario, « une inquiétude nous saisit et nous nous interrogeons
avec un mélange d’espoir et d’angoisse » (cf. Const.
Gaudium et
Spes, 4) et,
préoccupés, nous nous demandons : « Qu’en sera-t-il de l’humanité et de la
création ? Y a-t-il une espérance pour l’avenir ou, mieux encore,
existe-t-il un avenir pour l’humanité ? Et comment sera cet avenir ? La
réponse à ces interrogations, pour nous, chrétiens, provient de l’Evangile.
Le Christ est notre avenir et, comme je l’ai écrit dans la Lettre encyclique
Spe Salvi, son Evangile est communication qui « change la vie », donne
l’espérance, ouvre toute grande la porte du temps et illumine l’avenir de
l’humanité et de l’univers (cf. n° 2).
Saint Paul avait bien compris que l’humanité ne peut trouver la rédemption
et l’espérance que dans le Christ. C’est pourquoi il ressentait,
impérieusement et avec urgence, la mission d’« annoncer la promesse de la
vie qui est dans le Christ Jésus » (2 Tm 1, 1), « notre espérance »
(1 Tm 1,
1), pour que tous puissent participer au même héritage et avoir part à la
promesse par le moyen de l’Evangile (cf. Ep 3, 6). Il était conscient que
privée du Christ, l’humanité est « sans espérance et sans Dieu dans le monde
– (Ep 2, 12) sans espérance parce que sans Dieu »
(Spe
Salvi, 3). En effet,
« celui qui ne connaît pas Dieu, tout en pouvant avoir de multiples
espérances, est dans le fond sans espérance, sans la grande espérance qui
soutient toute l’existence (cf. Ep 2, 12) »
(Ibid., 27).
2. La Mission est une question d’amour
C’est donc un impérieux devoir pour tous d’annoncer le Christ et son message
salvifique. « Malheur à moi – affirmait saint Paul – si je n’annonçais pas
l’Evangile » (1 Co 9, 16). Sur le chemin de Damas, il avait fait
l’expérience et compris que la rédemption et la mission sont l’œuvre de Dieu
et de son amour. L’amour du Christ le conduisit à parcourir les routes de
l’Empire romain comme héraut, apôtre, propagateur, maître de l’Evangile,
dont il se proclamait « ambassadeur dans les chaînes » (Ep 6, 20). La
charité divine le rendit « tout à tous, afin d’en sauver à tout prix
quelques-uns » (1 Co 9, 22). En considérant l’expérience de saint Paul, nous
comprenons que l’activité missionnaire est une réponse à l’amour par lequel
Dieu nous aime. Son amour nous rachète et nous aiguillonne vers la missio ad
gentes ; c’est l’énergie spirituelle capable de faire grandir dans la
famille humaine l’harmonie, la justice, la communion entre les personnes,
les races et les peuples, auxquelles tous aspirent (cf.
Benoît XVI, Enc.
Deus Caritas Est, 12). C’est donc Dieu, qui est Amour, qui conduit l’Eglise vers les
frontières de l’humanité et qui appelle les évangélisateurs à s’abreuver « à
la source première et originaire qui est Jésus Christ, du cœur transpercé
duquel jaillit l’amour de Dieu » (Deus
Caritas Est, 7). Ce n’est qu’à partir
de cette source que l’on peut puiser l’attention, la tendresse, la
compassion, l’accueil, la disponibilité, l’intérêt pour les problèmes des
gens, et les autres vertus nécessaires aux messagers de l’Evangile pour tout
quitter et se consacrer entièrement et inconditionnellement à la diffusion
dans le monde du parfum de la charité du Christ.
3. Toujours évangéliser
Alors que la première évangélisation reste nécessaire et urgente dans de
nombreuses régions du monde, le manque de clergé et de vocations affligent
aujourd’hui divers diocèses et Instituts de vie consacrée. Il est important
de réaffirmer que, malgré la présence de difficultés croissantes, le mandat
du Christ d’évangéliser tous les peuples demeure une priorité. Aucune raison
ne peut en justifier un ralentissement ou une stagnation, car « le mandat
d’évangéliser tous les hommes constitue la vie et la mission essentielle de
l’Eglise » (Paul VI, Exhort. ap.
Evangelii
Nuntiandi, 14). Mission qui « en
est encore à ses débuts et nous devons nous engager de toutes nos forces à
son service » (Jean-Paul II, Enc.
Redemptoris Missio, 1). Comment ne pas
penser ici au Macédonien qui, étant apparu en songe à Paul, criait : « Viens
en Macédoine et aide-nous » ? Ils sont nombreux aujourd’hui ceux qui
attendent aujourd’hui l’annonce de l’Evangile, ceux qui ont soif d’espérance
et d’amour. Ceux qui se laissent interpeller à fond par cette demande d’aide
qui se lève de l’humanité quittent tout pour le Christ et transmettent aux
hommes la foi et l’amour pour Lui ! (cf.
Spe Salvi, 8).
4. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile (1 Co 9, 16)
Chers frères et sœurs, « duc in altum » ! Prenons le large sur la vaste mer
du monde et, suivant l’invitation de Jésus, jetons sans peur nos filets,
confiants en son aide constante. Saint Paul nous rappelle que prêcher
l’Evangile n’est pas un titre de gloire (cf. 1 Co 9, 16), mais un devoir et
une joie. Chers frères Evêques, suivant l’exemple de Paul, que chacun se
sente « prisonnier du Christ à cause des païens » (Ep 3, 1), en sachant
qu’il peut compter, dans les difficultés et dans les épreuves, sur la force
qui nous vient de Lui. L’évêque est consacré non seulement pour son diocèse,
mais pour le salut du monde entier (cf. Enc.
Redemptoris Missio, 63). Comme
l’apôtre Paul, il est appelé à se pencher vers les lointains qui ne
connaissent pas encore le Christ ou qui n’ont pas encore fait l’expérience
de son amour libérateur ; ses efforts doivent tendre à rendre missionnaire
toute la communauté diocésaine, en contribuant volontiers, selon les
possibilités, à envoyer des prêtres et des laïcs à d’autres Eglises pour le
service de l’évangélisation. La missio ad gentes devient ainsi le principe
unificateur et convergent de toute son activité pastorale et caritative.
Vous, chers prêtres, premiers collaborateurs des évêques, soyez des pasteurs
généreux et des évangélisateurs enthousiastes ! Beaucoup d’entre vous, ces
dernières décennies, se sont rendus dans les territoires de mission à la
suite de l’Encyclique
Fidei Donum, dont nous avons récemment commémoré le
50e anniversaire et par laquelle mon vénéré prédécesseur, le Serviteur de
Dieu Pie XII, donna une impulsion à la coopération entre les Eglises.
J’espère que cette tension missionnaire ne faiblira pas dans les Eglises
locales, malgré le manque de clergé qui afflige beaucoup d’entre elles.
Et vous, chers religieux et religieuses, marqués par vocation par une forte
connotation missionnaire, portez l’annonce de l’Evangile à tous, en
particulier à ceux qui sont loin, grâce à un témoignage cohérent du Christ
et à une sequela radicale de son Evangile.
Chers fidèles laïcs, vous êtes tous appelés à prendre part à la diffusion de
l’Evangile, d’une manière toujours plus importante, vous qui œuvrez dans les
différents milieux de la société. Un aréopage complexe et multiforme à
évangéliser s’ouvre ainsi devant vous : le monde. Témoignez par votre vie
que les chrétiens « appartiennent à une société nouvelle, vers laquelle ils
sont en chemin et qui, dans leur pèlerinage, est déjà anticipée »
(Spe
Salvi,
4).
5. Conclusion
Chers frères et sœurs, que la célébration de la Journée Mondiale des
Missions vous encourage tous à prendre à nouveau conscience de l’urgente
nécessité d’annoncer l’Evangile. Je ne peux pas ne pas relever avec une vive
satisfaction la contribution des Œuvres Pontificales Missionnaires à
l’action évangélisatrice de l’Eglise. Je les remercie pour le soutien
qu’elles offrent à toutes les Communautés, en particulier aux plus jeunes
d’entre elles. Elles constituent un instrument valide pour animer et former
le Peuple de Dieu sous l’aspect missionnaire et elles alimentent la
communion des personnes et des biens entre les diverses parties du Corps
mystique du Christ. Que la collecte qui est effectuée dans toutes les
paroisses au cours de la Journée Mondiale des Missions soit un signe de
communion et de sollicitude mutuelle entre les Eglises. Enfin, que
s’intensifie toujours davantage au sein du peuple chrétien la prière,
indispensable moyen spirituel pour répandre parmi tous les peuples la
lumière du Christ, « lumière par antonomase » qui éclaire « les ténèbres de
l’histoire » (Benoît XVI,
Spe Salvi, 49). Tout en confiant au Seigneur le travail
apostolique des missionnaires, des Eglises dispersées dans le monde et des
fidèles engagés dans diverses activités missionnaires, et en invoquant
l’intercession de l’apôtre Paul et de la Très Sainte Vierge Marie, « la
vivante Arche de l’Alliance », Etoile de l’évangélisation et de l’espérance,
j’impartis à tous ma Bénédiction apostolique.
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
© Copyright 2008 - Libreria Editrice Vatican /11 mai 2008
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 13.07.2008 -
T/Eglise |