Benoît XVI à l'épiscopat italien |
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ROME, le 13 Juin 2007 -
(E.S.M.) - Le Vatican a publié aujourd'hui le
discours du pape Benoît XVI aux participants à l'Assemblée Générale de
la Conférence Épiscopale Italienne
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Le pape Benoît XVI aux
évêques italiens -
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Benoît XVI à l'épiscopat italien
Discours du pape Benoît XVI aux participants à l'Assemblée Générale de la
Conférence Épiscopale Italienne
Chers frères évêques italiens,
Nous avons aujourd'hui, à l'occasion de votre 57e Assemblée générale, une
nouvelle et heureuse opportunité de nous rencontrer et de vivre un moment
d'intense communion, déclare Benoît XVI. Je salue votre nouveau Président, Mgr Angelo Bagnasco,
et je le remercie de tout cœur pour les paroles courtoises qu'il m'a
adressées en votre nom à tous. Je renouvelle l'expression de ma gratitude au
Cardinal Camillo Ruini qui, pendant de très nombreuses années, a servi votre
Conférence en qualité de Président. Je salue les trois Vice-présidents et le
Secrétaire général. Je salue avec affection chacun de vous, en revivant à
nouveau les sentiments d'amitié et de communion que j'ai pu vous exprimer
personnellement à l'occasion de votre visite ad limina. Je garde pour ma
part un très beau souvenir de cette rencontre avec tous les Pasteurs de
l'Église qui est en Italie. J'ai ainsi appris la géographie, disons,
"extérieure", mais surtout la géographie "spirituelle" de la belle Italie.
J'ai pu réellement entrer dans l'intimité de la vie de l'Église, où il y a
encore tant de richesse, tant de vitalité de foi; où, en cette période
difficile, les problèmes ne manquent pas, mais l'on voit également que la
force de la foi est profondément active dans les âmes. Même là où la foi
semble éteinte, une petite flamme demeure; et nous pouvons la raviver.
C'est précisément de la visite ad limina que vous avez accomplie ces
derniers mois que je désire tout d'abord vous parler, parce qu'elle a été
pour moi un grand réconfort et une expérience de joie, en plus d'une
occasion de mieux faire votre connaissance, de mieux connaître vos diocèses
et de partager avec vous les satisfactions et les préoccupations qui
accompagnent la sollicitude pastorale. L'ensemble de ces rencontres que j'ai
eues avec vous m'a tout d'abord confirmé dans la certitude qu'en Italie, la
foi est vivante et profondément enracinée et que l'Église est une réalité
populaire, proche des personnes et des familles de manière ramifiée. Il
existe indubitablement des situations différenciées, dans ce pays si riche
d'histoire, notamment religieuse, et caractérisé par de multiples héritages
ainsi que par des conditions différentes de vie, de travail et de revenu. La
foi catholique et la présence de l'Église demeurent toutefois le grand
facteur d'unité de cette bien-aimée nation et un précieux réservoir
d'énergies morales pour son avenir.
Naturellement, ces réalités positives réconfortantes ne nous conduisent pas
à ignorer ou à sous-évaluer les difficultés déjà présentes et les pièges qui
peuvent grandir au fil du temps et des générations. Nous ressentons
quotidiennement, dans les images proposées par le débat public et amplifiées
par le système des communications, mais aussi, bien que dans une mesure
différente, dans la vie et dans les comportements des personnes, le poids
d'une culture marquée par le relativisme moral, pauvre en certitudes et
riche, en revanche, en revendications souvent injustifiées. Nous ressentons
également la nécessité d'un renforcement de la formation chrétienne à
travers une catéchèse plus profonde, pour laquelle
Le Compendium du Catéchisme de l'Église catholique peut
rendre un grand service. Il est également nécessaire de s'engager
constamment à mettre Dieu toujours davantage au centre de la vie de nos
communautés, en accordant la priorité à la prière, à l'amitié personnelle
avec Jésus et donc à l'appel à la sainteté. En particulier, il faut accorder
une grande attention aux vocations au sacerdoce et à la vie consacrée, ainsi
qu'à la sollicitude pour la formation permanente et pour les conditions dans
lesquelles vivent et œuvrent les prêtres: en effet, notamment dans certaines
régions, c'est précisément le nombre trop réduit de jeunes prêtres qui
représente dès à présent un sérieux problème pour l'action pastorale. Avec
toute la communauté chrétienne, nous demandons au Seigneur, avec confiance
et une humble insistance, le don de nouveaux et saints ouvriers pour sa
moisson (cf. Mt 9, 37-38). Nous
savons que, parfois, le Seigneur nous fait attendre, mais nous savons aussi
que celui qui frappe à sa porte ne le fait pas en vain. Et nous continuons
donc, avec confiance et avec patience, à prier le Seigneur afin qu'il nous
donne de nouveaux saints "ouvriers".
Chers frères évêques - poursuit Benoît XVI - peu avant le début de la visite ad limina, ces thèmes
ont été l'objet du Congrès qui a vu l'Église italienne réunie à Vérone. Je
conserve dans mon cœur un souvenir profond et reconnaissant de la journée
que j'ai passée avec vous à cette occasion et je suis heureux des résultats
qui ont mûri au cours du Congrès. Il s'agit fondamentalement de poursuivre
le chemin, pour rendre toujours plus efficace et concret ce "grand oui" que
Dieu, à travers Jésus Christ, a adressé à l'homme et à sa vie, à l'amour
humain, à notre liberté et à notre intelligence: dans ce "oui" est résumé le
sens même du Congrès. Partir de ce fait et le faire percevoir à tous -
c'est-à-dire que le christianisme est un grand "oui", un "oui" qui vient de
Dieu lui-même et qui est concrétisé dans l'Incarnation du Fils - cela me
semble d'une très grande importance. Ce n'est que si nous plaçons notre
existence chrétienne dans de ce grand "oui", si nous pénétrons profondément
dans la joie de ce "oui", que nous pouvons ensuite accomplir la vie
chrétienne dans les aspects de notre existence, même les aspects difficiles
de la vie en tant que chrétiens aujourd'hui.
Je suis donc heureux que, au cours de cette Assemblée, vous ayez approuvé la
Note pastorale qui reprend et relance les fruits du travail accompli lors du
Congrès. Il est très important que cette espérance en Jésus ressuscité, cet
esprit de communion et cette volonté de témoignage missionnaire, qui ont
animé et soutenu le chemin préparatoire puis la célébration du Congrès,
continuent d'alimenter la vie et l'engagement multiforme de l'Église en
Italie.
Le thème principal de votre Assemblée est, à son tour, étroitement lié aux
objectif du Congrès de Vérone. Vous réfléchissez en effet sur "Jésus Christ,
unique Sauveur du monde: l'Église en mission, ad gentes et parmi nous". Vous
embrassez donc - dans une perspective d'évangélisation articulée mais en fin
de compte à juste titre unitaire, parce qu'il s'agit toujours d'annoncer et
de témoigner le même Jésus Christ -, tant les peuples qui s'ouvrent pour la
première fois à la foi, que les fils de ces peuples qui viennent à présent
vivre et travailler en Italie, ainsi que notre peuple également, qui s'est
parfois éloigné de la foi et qui est, quoi qu'il en soit, soumis à la
pression de ces tendances sécularisatrices qui voudraient dominer la société
et la culture dans ce pays et dans toute l'Europe. C'est à tous et à chacun
que doivent s'adresser la mission de l'Église et notre sollicitude de
Pasteurs: il me semble particulièrement nécessaire de le rappeler en ce
cinquantième anniversaire de l'Encyclique
Fidei Donum de Pie XII.
Je me réjouis que vous ayez voulu placer à la base de l'engagement
missionnaire la vérité fondamentale selon laquelle Jésus Christ est l'unique
Sauveur du monde: la certitude de cette vérité a fourni en effet, dès le
début, l'élan décisif pour la mission chrétienne. Aujourd'hui aussi, comme
l'a réaffirmé la Déclaration
Dominus Jesus, nous devons avoir pleinement conscience que, du mystère
de Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, vivant et présent dans l'Eglise,
naissent l'unicité et l'universalité salvifique de la révélation chrétienne
et donc le devoir incontournable d'annoncer à tous, sans se lasser ou se
résigner, Jésus Christ lui-même, qui est le chemin, la vérité et la vie (Jn
14, 16). Il me semble que, si nous observons le panorama de la situation du
monde d'aujourd'hui, on peut comprendre - même humainement, dirais-je, sans
qu'il soit presque nécessaire de recourir à la foi - que le Dieu qui s'est
donné un visage humain, le Dieu qui s'est incarné, qui a pour nom Jésus
Christ et qui a souffert pour nous, ce Dieu est nécessaire pour tous, il est
l'unique réponse à tous les défis de notre temps.
L'estime et le respect envers les autres religions et cultures, avec les
semences de vérité et de bonté qui y sont présentes, et qui représentent une
préparation à l'Évangile, sont particulièrement nécessaires aujourd'hui,
dans un monde qui croît toujours davantage ensemble. La conscience de
l'originalité, de la plénitude et de l'unicité du vrai Dieu qui, en Christ,
nous a été définitivement donnée, ne peut toutefois pas diminuer, pas plus
que ne peut s'atténuer ou s'affaiblir la vocation missionnaire de l'Église.
Le climat culturel relativiste qui nous entoure rend toujours plus important
et urgent d'enraciner et de faire mûrir dans tout le corps ecclésial la
certitude que le Christ, le Dieu à visage humain, est notre vrai et unique
Sauveur. Le livre
"Jésus de Nazareth" - un livre très personnel, qui
n'est pas du Pape mais de l'homme - est écrit dans cette intention: que nous
pouvons à nouveau, avec le cœur et avec la raison, voir que le Christ est
réellement Celui que le cœur humain attend.
Chers frères, en tant qu'Évêques italiens, vous avez une responsabilité
précise non seulement à l'égard des Églises qui vous sont confiées, mais
également de la nation tout entière. Dans le respect plein et cordial de la
distinction entre Église et politique, entre ce qui appartient à César et ce
qui appartient à Dieu (cf. Mt 22, 21),
nous ne pouvons manquer de nous inquiéter en effet de ce qui est bon pour
l'homme, créature et image de Dieu: c'est-à-dire concrètement, du bien
commun de l'Italie. Vous avez clairement témoigné de cette attention au bien
commun à travers la Note approuvée par le Conseil épiscopal permanent
relative à la famille fondée sur le mariage et sur les initiatives
législatives en matière d'union de fait, en agissant en pleine harmonie avec
l'enseignement constant du Siège apostolique.
Dans ce contexte, la très récente manifestation en faveur de la famille, qui
s'est déroulée à l'initiative du laïcat catholique, mais également avec la
participation de nombreux non-catholiques, a été une grande et
extraordinaire fête populaire, qui a confirmé combien la famille elle-même
est profondément enracinée dans le cœur et dans la vie des Italiens. Cet
événement a certainement contribué à rendre visibles à tous la signification
et le rôle de la famille dans la société, qui ont particulièrement besoin
d'être compris et reconnus aujourd'hui, face à une culture qui croit à tort
favoriser le bonheur des personnes en insistant de façon unilatérale sur la
liberté des individus. C'est pourquoi toute initiative de l'État en faveur
de la famille en tant que telle ne peut qu'être appréciée et encouragée.
La même attention aux vrais besoins des personnes s'exprime dans le service
quotidien aux nombreuses formes de pauvretés, anciennes et nouvelles,
visibles ou cachées; c'est un service dans lequel se prodiguent de
nombreuses institutions ecclésiales, à commencer par vos diocèses, par les
paroisses, par la Caritas et par les nombreuses autres organisations de
volontariat. Insistez, chers frères Évêques, pour promouvoir et animer ce
service, afin qu'en lui resplendisse toujours l'authentique amour du Christ
et que tous puissent toucher du doigt qu'il n'existe pas de séparation entre
l'Église gardienne de la loi morale, écrite par Dieu dans le cœur de
l'homme, et l'Église qui invite les fidèles à devenir de bons samaritains,
en reconnaissant en chaque personne qui souffre son prochain.
Je souhaite, enfin, rappeler le rendez-vous qui nous verra à nouveau réunis
à Lorette, au début du mois de septembre, pour le pèlerinage et la rencontre
intitulée "Agora des jeunes italiens" et qui entend insérer plus
profondément les jeunes sur le chemin de l'Église après le Congrès de Vérone
et les préparer à la
Journée mondiale de la Jeunesse l'année prochaine à Sydney. Nous savons
bien que la formation chrétienne des nouvelles générations est peut-être la
tâche la plus difficile, mais extrêmement importante, qui attend l'Église.
Nous irons donc à Lorette avec nos jeunes pour que la Vierge Marie les aide
à aimer toujours plus Jésus Christ, à trouver leur place dans l'Église
considérée comme une structure à laquelle ils peuvent se fier, et à
transmettre à leurs frères la joyeuse certitude d'être aimés de Dieu.
Très chers Évêques italiens - conclut Benoît XVI - dans l'exercice de notre ministère, nous
rencontrons, aujourd'hui comme toujours, de nombreuses difficultés, mais
aussi des réconforts beaucoup plus abondants du Seigneur, qui nous sont
transmis également à travers les témoignages d'affection de notre peuple.
Rendons grâce à Dieu de tout cela et poursuivons notre chemin renforcés par
la communion qui nous unit et dont aujourd'hui, nous avons à nouveau fait
l'expérience. Dans cet esprit, je vous assure de ma prière pour vous, pour
vos Églises et pour l'Italie, et je vous donne de tout cœur, ainsi qu'à vos
fidèles, la Bénédiction apostolique.
Sources:
www.vatican.va
-
E.S.M.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana - 24.05.07
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 13.06.2007 - BENOÎT XVI -
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