Recife : Benoît XVI devient, une fois de plus,
la cible principale de la colère universelle |
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Le 13 mars 2009 -
(E.S.M.)
- L’archevêque de Recife au Brésil annonce publiquement
l’excommunication de la mère et des médecins, et sa décision est
approuvée par le cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la
congrégation pour les évêques à Rome. La nouvelle, diffusée sur tous les
continents, provoque une émotion considérable, et c’est le Pape Benoît XVI
qui devient, une fois de plus, la cible principale de cette colère
universelle.
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Le pape Benoît XVI
Benoît XVI devient, une fois de plus, la cible principale
de la colère universelle
Gare aux nouveaux Thénardier !
Le 13 mars 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Une première crise n’est pas encore éteinte… qu’une autre se déclenche ;
avec autant de virulence. Il est vrai que l’événement qui en est le point de
départ est atroce, à tel point qu’il faudrait le génie d’un Dostoïevski et
d’un Bernanos pour lui restituer son tragique et révéler sa dimension qui ne
relève que de la douce pitié de Dieu. Une petite fille de neuf ans, violée
par son beau-père, enceinte de deux vies qui la mettaient en danger de mort,
avortée du fait de la décision de la mère par une équipe médicale composée
de chrétiens. Fallait-il qu’un « fait divers » pareil soit exploité
médiatiquement ? C’est peut-être, hélas, la règle de notre monde qui peine à
distinguer ce qui relève du voyeurisme. Mais voilà qui lui confère encore
plus de force de scandale et de révolte. L’archevêque de Recife au Brésil
annonce publiquement l’excommunication de la mère et des médecins, et sa
décision est approuvée par le cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la
congrégation pour les évêques à Rome. La nouvelle, diffusée sur tous les
continents, provoque une émotion considérable, et c’est le Pape Benoît XVI
qui devient, une fois de plus, la cible principale de cette colère
universelle.
Que dire de cette excommunication ? Sans vouloir juger l’évêque qui en a
décidé en conscience, il est permis d’en contester le bien-fondé, en
revenant à l’évangile. Si Jésus se tait, plutôt que de répondre à
l’objurgation de ceux qui le pressent de condamner la femme adultère, c’est
qu’il se réclame d’une économie de la grâce et du pardon, supérieure à toute
prescription juridique. Il n’approuve pas le mal pour autant, il est venu
pour nous en délivrer. Je le dis, avec ma conviction personnelle. La
situation de cette petite Brésilienne et de ses proches réclame d’abord la
compassion, et la prière et je regrette qu’on ait pu donner le sentiment
d’une institution raide et froide, loin de la douceur évangélique. Les
défenseurs de la vie humaine ne sont nullement délégitimés dans leur bon
combat pour venir au secours de l’enfant à naître. Bien au contraire, c’est
la compassion qui guérit, rassure et sauve.
Mais, avouons-le aussi avec gravité. L’occasion est vraiment trop belle pour
que les Thénardier de toutes appartenances se déchaînent contre l’Église et
le Pape Benoît XVI avec la complicité de la bien-pensance. Les exploiteurs
de la détresse humaine croient avoir l’arme absolue contre l’objet de leur
ressentiment. Ils n’en sont pas moins dans le mensonge à l’égard d’une
Église dépeinte comme une marâtre et qui demeure la plus grande
dispensatrice de l’amour auprès des humbles, des déshérités de la vie.
L’Église de la bienheureuse Teresa est infiniment au-dessus des accusations
de ceux qui voudraient ériger Cosette ou Mouchette en témoins de leur haine
contre le Pape et l’Église qui président à la charité.
Gérard LECLERC
La petite Brésilienne, violée et avortée
Le calvaire d’une petite fille de 9 ans – comme on en déplore tant dans le
monde – a fait irruption dans le débat ecclésial et hexagonal sur
l’avortement. Ce cas exceptionnel, pour ne pas dire inimaginable, suscite
émotions et troubles de conscience. On est obligé d’en parler…
Victime d’un compagnon de sa mère depuis 4 années, la petite fille endurait
(comme sa sœur aînée handicapée) des viols à
répétition. On la découvre enceinte de plus de 3 mois. De jumeaux ! On la
dit chétive, à cause de la malnutrition. Elle mesure 1 m 33 et pèse 36 kg.
Que dire du tortionnaire pédophile dont on peut supposer la misère morale ?
Comment ne pas penser à Mère Teresa, envoyée par son appel « dans les
taudis des pauvres, où ils pèchent atrocement ». L’histoire est à couper
le souffle. Son issue, dramatique, imposerait soit l’engagement au service
des plus démunis, soit le silence.
Or, justement, voilà qu’elle devient emblématique d’un débat qui secoue le
Brésil et dont l’écho soudain envahit la planète, jusqu’à jeter le trouble
chez de nombreux fidèles catholiques. Le mot « excommunication »
prononcé à l’endroit des médecins qui ont pratiqué l’avortement et de la
mère de la petite fille sonne comme une injustice. Déjà incompréhensible
sans le regard de la foi et de la miséricorde, il semble fonctionner, dans
le cas d’espèce, comme un boomerang fragilisant le message de l’Église au
service de la vie. Si ce qu’on dit est vrai – mais qui a accès au dossier
médical ? – la poursuite de la grossesse gémellaire chez une petite fille à
peine pubère dont le viol à répétition aurait provoqué la fécondité précoce
mettait sa santé voire sa vie en danger. Tandis qu’on recherche, en vain, un
texte de la doctrine catholique qui envisage explicitement pareille
situation – mais les textes ne peuvent tout envisager – le cœur est saisi
d’effroi à l’idée qu’une enfant doive endurer une grossesse gémellaire à cet
âge, ne pouvant vraisemblablement aboutir, en l’absence d’une intervention
médico-chirurgicale, qu’à un avortement spontané dramatique en cours de
grossesse ou à la mort probable de la mère en couches, et ce par la faute
d’un beau-père violeur.
Dans la Charte des personnels de santé édictée en 1995 par le Conseil
pontifical pour la pastorale des services de la santé, il est précisé, à
l’article 141, que « en certains cas, en refusant l’avortement, on porte
préjudice à des biens importants qu’il est normal de vouloir sauvegarder
». Le texte évoque notamment « le cas de la santé de la mère » et
celui « d’une grossesse dont l’origine est le viol ». Sans «
méconnaître ou minimiser ces difficultés et les raisons qui les sous-tendent
», il confirme que « la vie, en fait, est un bien trop fondamental pour
être mis en comparaison avec certains inconvénients même graves ».
L’Église a reconnu à ce titre l’exemplarité d’une femme, sainte Gianna
Beretta-Molla. Opérée d’un fibrome dans l’utérus, elle a demandé
explicitement que l’on sauve son quatrième enfant avant de mourir quelques
jours après la naissance, en 1962. Mais cette mère héroïque n’était pas
moralement contrainte au choix auquel elle s’est sentie librement appelée.
Contrairement à certaines idées reçues, l’Église n’exige pas qu’une femme
enceinte sacrifie sa vie pour conduire une grossesse à son terme.
L’article 142 de la même charte évoque en effet certaines situations
particulières « quand l’avortement s’ensuit, comme conséquence prévue,
mais non convenue et non voulue, simplement tolérée, d’un acte thérapeutique
inévitable pour la santé de la mère, celui-ci est moralement légitime. »
Ce type de disposition s’applique-t-il au cas d’espèce ? À première vue,
non. L’avortement pratiqué par les médecins sur la petite fille violée ne
semble pas la conséquence d’un acte thérapeutique inévitable pour sa santé
mais l’acte lui-même. Il est, à ce stade, nécessaire de préciser la
définition de l’avortement tel que la rappelle l’Encyclique l’Évangile de la
vie : « meurtre délibéré et direct, quelle que soit la façon dont il est
effectué, d’un être humain dans la phase initiale de son existence, située
entre la conception et la naissance » (art. 58).
Cependant, certains vont répondre à cette définition que, dans le cas de la
petite fille de 9 ans, la mort des jumeaux n’était pas voulue en elle-même,
mais devait être considérée comme la conséquence d’une décision médicale
thérapeutique. Il s’agissait de mettre fin à un développement fœtal
incompatible avec un accouchement par les voies naturelles, et qui mettait
en jeu la vie de la mère sur tous les plans, cardiaque, rénal, hépatique,
nutritionnel, métabolique et endocrinien. Il s’agirait donc ici non pas d’un
« avortement délibéré », criminel, mais d’un « arrêt thérapeutique
de la grossesse », exceptionnellement légitime. La mort des jumeaux ne
serait en définitive que la conséquence inévitable du crime commis par leur
géniteur.
Ce raisonnement casuistique permettrait de dédouaner les médecins. Il ne
convainc pas vraiment, d’autant plus que l’interruption volontaire de la
grossesse n’était pas le seul moyen à la disposition des médecins pour
assurer la santé et la vie de la mère. En en restant à un niveau médical de
froide logique, en ignorant les circonstances extrêmes, humaines et sociales
dans lesquelles se déroulait le drame de cette grossesse d’origine
criminelle, et en ne prenant pas en compte le coût physique voire économique
d’une telle opération, on pourrait effectivement faire remarquer qu’une
délivrance très précoce par césarienne aurait pu être tentée dans ce cas,
sauvant la mère, et sauvegardant, ne fût-ce qu’un moment, l’existence des
enfants. Est-ce cela que le père de la petite fille (à ne
pas confondre avec le beau-père violeur) demandait ?
Quoi qu’il en soit de la justesse de la décision médicale – et nous ne nous
sentons pas le droit de la juger, en l’absence d’un minimum d’information
spécifique – on n’en reste pas moins perplexe devant ce cas, ne fût-ce que
par l’argumentation émotionnelle facile qu’il procure à ceux qui veulent que
s’effondre l’interdit du meurtre… De « cas limites » en « cas
limite », la situation française n’a-t-elle pas connu une banalisation
quantitative de l’IVG ?
Les réflexions qui précèdent peuvent choquer lorsqu’on prend la mesure de ce
qu’a enduré de sordide la première victime du drame, si nous laissons nos
cœurs parler. Mais la confusion voire le traumatisme que la médiatisation du
cas provoque chez les catholiques rend peut-être ces réflexions nécessaires.
Pour beaucoup, la question est : peut-on manifester un attachement absolu au
respect de la vie (et donc une opposition à tout
avortement) sans contester l’attitude des médecins et de la mère
de la petite fille enceinte ? La réponse dépend surtout de l’intention de
ceux qui l’ont avortée et, notamment du risque que sa grossesse lui faisait
encourir. Les révélations qui commencent à poindre sur la façon dont le
drame s’est dénoué laissent à penser que la petite fille et sa maman,
analphabètes, ont pu être manipulées.
Quand à l’excommunication – quelles que soient, dans le cas brésilien, sa
pertinence et la pertinence de son mode de communication – il faut souligner
ce qu’en dit l’article 145 de la même Charte : elle est motivée par « la
gravité du péché d’avortement et la facilité avec lequel on l’accomplit,
sous le couvert de la loi et de la mentalité courante ». Elle « a une
signification essentiellement préventive et pédagogique » qui vise à «
secouer l’insensibilité des consciences ». On voit mal, dans le cas
d’espèce, sa valeur pédagogique dans notre contexte hexagonal.
En France, où l’anesthésie des consciences se double de profondes
souffrances personnelles et sociales liées à l’avortement, il y a fort à
faire pour expliciter que l’excommunication est pour l’Église « un
constat » lorsqu’il y a objectivement une faute grave, afin que, sur le
lieu de cette faute, la miséricorde infinie de Dieu soit appelée et
accueillie. C’est donc en principe un « service » rendu à son
destinataire. Car aux yeux de l’Église « rien n’est perdu ». C’est ce
que dit Jean-Paul II dans l’Évangile de la vie aux femmes ayant avorté. Il
les invite à s’ouvrir au « Père de toute miséricorde ». N’est-ce pas
de ce message-là que tant de femmes – et d’hommes – ont besoin ?
Tugdual DERVILLE
Sources : francecatholique
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 13.03.2009 -
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